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Le château de Beaucens
ou le donjon des aigles.



Sceau
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Le château de Beaucens    Le château de Beaucens
(© Marie-Pierre Manet)

[1] Le ministre Fould, propriétaire du château, eut l'heureuse idée de remplacer par une belle route carossable ce sentier fait pour les chèvres bien plus que pour les millionnaires. En assurant sa commodité, M. Fould travaillait également à celle d'autrui. Malheureusement on n'obtient point le confort sans nuire au pittoresque ; il a fallu combler les fossés pour tracer au faite une plateforme bien nivelée, qui est d'ailleurs un admirable belvédère.[...] En même temps, on demeure surpris de l'apparence légère d'une maison forte si renommée que Beaucens. Ce n'est point la tournure massive et redoutable des demeures féodales du nord de la France, avec leurs énormes tours rondes et leurs revêtements de murailles cyclopéennes. Ces tours carrées du midi ont des élégances qui n'éveillent pas le sentiment de la crainte. Et ce n'est pas tout : en longeant les constructions de Beaucens, on s'aperçoit qu'elles sont formées de schistes et de cailloux à peine cimentés, qui se fendent et roulent au moindre choc.[...]

Beaucens, qui commande l'entrée des deux vallées de Luz et de Cauterets, correspond avec le château de Sainte-Marie au dessus de Luz. Les deux forteresses sont cachées l'une à l'autre par les replis de la gorge de Luz, et l'on ne rencontre point de traces de tours intermédiaires ; mais les feux pouvaient s'allumer au sommet des roches, et les signaux arrivaient. D'ailleurs, Sainte-Marie, qui fut bâti par les Anglais, et où se voit, par exception, une tour cylindrique, communiquait avec Lourdes. Beaucens était plus particulièrement destiné à la surveillance de la grande vallée, de l'entrée de la gorge de Cauterets, et de l'accès du val d'Azun. Le château recevait les envois télégraphiques de la tour de Gélos, d'abord, dont la ruine se dresse sur un promontoire détaché, suivant les mêmes règles que Beaucens. Gélos est situé que la rive droite du Gave, à trois mille mètres seulement de Lourdes. Plus loin, c'est Vidalos, au sommet d'un cône ; de là, les signaux couraient sur Vieuzac, qui transmettait ses feux des deux côtés du bassin ; à Beaucens, sur la rive gauche ; sur la rive droite, au grand établissement militaire de Saint-Savin, composé d'une église fortifiée et d'un donjon disparu ; puis, un peu plus en arrière, au château du Prince Noir, qui dominait la vallée d'Azun ; plus en arrière encore, dans la même vallée, au donjon d'Arras, où nous rencontrerons la même exception qu'à Sainte-Marie, une tour ronde.[...]

A Beaucens,un chemin couvert fait le tour de la montagne ; on entre dans l'enceinte par une porte ogivale en marbre ; à droite est un réduit voûté qui devait en loger le gardien. L'ogive donne à peu près l'époque de cette première construction. A Dix ou douze pas plus loin, une autre porte cintrée se présente, et l'on y voit encore la coulisse de la herse. Elle est relativement moderne, du XVe siècle, peut-être du XVIe. Une sorte de barbacane lui sert de défense, comme à la première porte ; cet ouvrage est percé de meurtrières à fusils. Voilà sa date. Vers 1569, le comte de Montgomery pour la reine Jeanne de Navarre, mère de Henri IV, ravagea la Bigorre, et même brûla Tarbes en se retirant.[...]

Beaucens appartient aux comtes de Bigorre [...] Les Lavedan paraissent n'être devenus seigneurs de Beaucens que vers la moitié du XIVe siècle.[...] Le riche domaine, ensuite, passa par héritage dans la Maison d'Orléans, puis dans celle de Rohan, peu avant la Révolution. Dès ce moment, Beaucens, abandonné depuis la mort du dernier Bourbon-Lavedan, c'est-à-dire depuis un siècle et demi, n'était plus que ruine.

Ruine charmante. Franchissons une troisième porte qui donne que un chemin couvert, puis une quatrième et dernière qui est le véritable accés à la place. Elle est couronnée de restes de mâchicoulis, et flanquée d'une tourelle angulaire, d'une époque plus récente que la voûte même de l'entrée. Nous sommes maintenant dans la cour, au pied du donjon.[...]

Le donjon de Beaucens, une tour carrée qui s'élève dans l'angle septentrional du monument, n'a décidément point l'aspect colossal. Toute l'architecture militaire de ce pays est d'allure sarrasine ; c'est hardi, mais c'est grêle. Une petite fenêtre est percée à l'étage de la tour ; nulle part, on ne voit de portes, il semble qu'on ne pouvait pénétrer dans cette partie du donjon qu'au moyen d'échelles. Des mâchicoulis couronnent la crête de l'édifice, ils reposent sur de belles consoles. En arrière, règne une sorte de parapet, derrière lequel se postaient les archers, et qui furent garnis de meurtrières pour les mousquets, lorsque l'invasion arriva.

Le donjon de Beaucens est séparé par le préau du bâtiment d'habitation qui regardait le sud, l'ouest et le levant. De ce dernier côté apparaît encore l'encadrement de quelques fenêtres moresques, c'était le goût d'Espagne. Au couchant, quelques débris gisant dans l'enceinte, et qui présentent des bases de colonettes, semblerait indiquer l'existence d'une chapelle. Elle aurait été construite vers la fin du XVe siècle. Au sud-ouest est une tour d'angle, éventrée, croulante.[...]

Le tremblement de terre de 1854, causa de grands dommages dans le Lavedan : sans quoi cette tour serait encore solide. [...]



Oiseau château de Beaucens    oiseau câteau de Beaucens

Oiseau château de Beaucens
(© Renée et Henri Browers)

Présentation de rapaces au donjon des aigles


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Notes

[1] Sources : Gallica.bnf.fr
Bibliothèque Nationale de France
Les Pyrénées françaises.
Lourdes, Argelès, Cauterets, Luz, Saint-Sauveur, Barèges.
Perret Paul (1830-1904) Auteur du texte.
Date d'édition 1881-1884.



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département 65.

© Marie-Pierre MANET









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