Ibos, primitivement Ivos, à six kilomètres de Tarbes, dans la direction de l'Ouest, était au Moyen-Âge une ville remarquable par ses foires et par ses marchés, aussi importante, sinon davantage, que Tarbes. Ce n'est plus aujourd'hui qu'un simple village, qui compte à peine 1.300 habitants. Dans sa Description sommaire du Païs de Bigorre, Guillaume Mauran dit : " La ville d'Ibos a perdu tous les ornements qui décorent une ville, n'ayant plus aucune foire ny marché, aucune fermure de fossés ny murailles, hormis le nom de ville qui lui est resté. Au demeurant, elle a l'aspect d'un village. "Ibos était autrefois l'une des six villes maîtresses ou chefs de Bailliage ou de Quarton[2] que comptait la Bigorre, soit : Tarbes, Bagnères, Lourdes, Vic, Rabastens et Ibos. Comme telle, elle possédait une Cour Comtale.
Une assez grande partie de l'agglomération était défendue par des murailles et constituait ce que certaines vieilles chartes appellent " le Château " (castellum, ville ou enceinte fortifiée). En, l'an 1300, cette enceinte renfermait 200 feux. Le même Guillaume Mauran, parlant de fortifications d'Ibos dit : " Les marques des fossés et les ruines des murailles qui subsistent encore, montrent assez qu'il y a eu cy devant quelque forteresse bien garnie et peuplée. Même il est probable que les Comtes de Bigorre ont fait état de cette ville pour la défense des frontières puisqu'ils lui ont donné de beaux privilèges, d'abord en janvier 1304, régnant Philippe, roy de France et comte de Bigorre, ensuite, en considération des dommages soufferts pendant les guerres, tout le territoire occupé avec permission de le partager moyennant un fief annuel de 300 deniers de Tolose. Enfin, le 24e jour de novembre de l'an 1370, Jean de Grailly, captal de Buch et conétable d'Aquitaine pour le roi d'Angleterre, confirma lesdits privilèges aux habitants d'Ibos et leur en attribua d'autres. D'où se collige que les Anglais ont tenu et fortifié cette ville. "
[4]
Ibos possédait aussi une église Collégiale ou Archipresbytérale [3] fondée au XIVe siècle et restaurée il y a quelques années. Elle était dédiée à saint Laurent, fortifiée et entourée de défenses hautes et solides qu'elle conserva jusqu'en 1594. " Présentant des dehors plutôt d'une forteresse qu'un édifice religieux, dit M. Charles des Moulins, dans sa Notice sur quelques Monuments de la Bigorre, l'église d'Ibos est régulièrement orientée.
Une tour carrée, surmontée d'un clocher obtus en ardoise, précède la nef à l'occident. La nef est soutenue au nord comme au midi, par trois contreforts montant jusqu'au toit et qui datent probablement du XVe siècle.[4]
L'aspect antique de ses murs en moëllon, l'arc de dégagement plein-cintre qui surmonte la porte, les trois petites fenêtres romanes qui se dessinent au dessus, la tourelle ronde de l'escalier au midi, sont autant de témoignages qui concourent à faire remonter sa construction à la fin de l'époque romane. "
[4] L'abside, très élevée au dessus du toit de la nef et surmontéee d'un clocheton en forme d'éteignoir, ressemble à une tour énorme. De loin, elle paraît avoir une forme polygonale. mais ses huit contreforts empêchent de s'en rendre un compte exact. Ceux-ci peu saillants, successivement étagés en retrait, s'élèvent exactement jusqu'au bord du toit polygonal en charpente très surbaissée.. " " Donjon de défense plutôt que chocher, dit à son tour M. Cénac-Moncaut, dans son Voyage historique dans le Comté de Bigorre, la tour carrée placée au couchant et élevée de quatre étages, est entourée d'un même nombre de contreforts à sept retraites qui butent chacun de ses angles.La nef de l'église d'Ibos, profonde de trois travées et privée de bas-côtés, est accompagnée de six chapelles latérales ogivales, et éclairée par deux étages de petites fenêtres en plein-cintre. La voute large, modérément élevée, est sillonnée de nervures croisées, retombant sur modillons, et se relève à chaque travée comme dans la Cathédrale de Tarbes. Simple et massive, cette nef paraît être tant soit peu antérieure à l'abside, œuvre élégante du XVe siècle.
Celle-ci embrasse dans sa largeur la nef et les chapelles, et égale presque la tour en hauteur. On y remarque sept belles fenêtres à meneaux et à quatre lobes. [...]
En 1569, l'église d'Ibos fut en partie incendiée par Montgomery appelé à l'aide par Jeanne d'Albret, menacée par le barron de Rarride, Antoine de Lomagne. Elle fut réparée sommairement peu de temps après, mais pour subir de nouveaux dommages en 1594.
Arnaud de Abbatia fut recteur de l'église d'Ibos en 1301 ; Pierre de Palemario, en 1317.
Elle fut érigée en archiprêtré en 1342, par Pierre-Raymond de Montbrun, évêque de Tarbes.
Vers la fin du XIIe siècle, Centulle III, comte de Bigorre et vicomte de Marsan, fils de Béatrix II, comtesse de Bigorre et de Pierre, vicomte de Marsan, érigea Ibos en commune et lui octroya une charte d'affranchissement, afin de permettre à ses habitants de devenir possesseurs définitifs de leurs maisons, de se gouverner eux-mêmes et de se défendre contre les brigands qui infestaient le pays. A partir de ce moment, la population et, par suite, la prospérité d'Ibos s'accrurent rapidement et considérablement. Aussi,, lorsqu'en 1284, profitant de la querelle soulevée par la mort d'Esquivat, pour la possession de la Bigorre, entre Constance, petite-fille de Pétronille, et Laure de Chabanais, sœur et héritière universelle d'Equivat, Edouard, roi d'Angleterre, maître d'une partie de la Gascogne, trouvant l'occasion bonne de mettre la main sur la Bigorre, s'empressa de rendre un arrêt de sequestre ordonnant à Jean de Grailly, son sénéchal en Gascogne, de se saisir de ce Comté, ce dernier déclara-t-il que tous les fors et privilèges des habitants seraient respectés. [...]
En 1783, l'Évêque de Tarbes, Mgr François II de Gain-Montagnac, voulant se rendre un compte exact de l'importance des paroisses de son diocèse, adressa à chacune d'elles un " Questionnaire contenant les demandes concernant l'état de l'Église et de la Paroisse " et auquel le Curé était prié de donner dans les quinze jours sa réponse écrite en regard de chaque article.
l'Archiprêtre d'Ibos, répondant à ce questionnaire, fait connaître, entr'autres renseignements, qu'il se nomme Jean Darrieu et qu'il est natif de Tarbes, âgé de 34 ans et 5 mois, bachelier de l'Université de Toulouse, prêtre depuis 11 ans, archiprêtre à Ibos depuis le 4 avril 1773, après avoir passé un an comme vicaire dans la paroisse de Saint-Martin. Il possède une petite Prébende de 200 livres dans l'église Saint-Jean de Tarbes, à laquelle il a été nommé par les Consuls de cette ville. M. Darrieu explique ensuite qu'Ibos appartient au domaine royal, dépend de la Sénéchaussée de Bigorre, du Parlement de Toulouse, de l'Intendance d'Auch et de la Subdélégation de Tarbes, et ne reconnaît d'autre maîtrise que celle du Grand-Maître des Eaux et Forêts vis-à-vis duquel seuls les Consuls de la Ville sont comptables.
L'Archiprêtre fait connaître ensuite que l'Archidiacre (des Angles), l'Archiprêtre et les 5 Prébentiers d'Ibos sont les possesseurs des grosses dîmes, sur lesquelles la Fabrique et le Chapitre reçoivent une menue portion.
L'Archiprêtré vaut 1.600 livres. Le quartier de Benebergons renferme un bénéfice de 60 livres attribué à M. Rivière, de Tarbes, vicaire de Bordères.
Le cimetière est atttenant à l'église ; cette situation, qui n'offre aucun inconvénient, existe, depuis un temps immémorial. Il y a à Ibos 1.100 communiants. Tout habitant âgé de 18 ans a fait sa première communion, et tout enfant âgé de 12 ans a été confirmé.
La paroisse d'Ibos possède un vicaire, M. Henri de Péré, originaire de Pouyastruc et prêtre depuis le 29 mai 1779. Il habite à Ibos, dans la maison d'un particulier, le presbytère étant trop restreint. Son honoraire est de 250 livres, payé, suivant arrêt du Parlement de Toulouse, par les Prébendiers à qui l'Archiprêtre abandonne à cet effet une partie de sa dime. En outre, la paroisse lui fournit surabondamment des Messes, ainsi qu'aux autres prêtres, pendant toute l'année.
En sus de l'Archiprêtre et du Vicaire, il y a trois autres prêtres résidant sur la paroisse : M. Jean-Baptiste Lébé, du diocèse de Lombez, âgé de 40 ans, qui fait le service de la Prébende dont il est titulaire à Ibos ; M. Boirie, ancien curé de Sarriac, âgé de 80 ans, retiré dans sa famille ; et M. l'abbé la Quintinie, âgé de 60 ans, qui se consacre à l'éducation de quelques enfants.[...]
Il y a un maître d'école de fondation ; c'est une ecclésiastique qui jouit d'un revenu égal à celui des prébendiers, c'est-à-dire d'environ cent écus. Ce régent est amovible, nommé chaque année le jour de la Saint-Jean et approuvé par l'Évêque. L'école se tient à la Maison de la ville et ne reçoit que des garçons ; chaque habitant peut y envoyer gratuitement ses enfants quel que soit le nombre.
Il y a dans la paroisse deux sage-femmes approuvées et suffisamment instruites.
Le Bureau de la Fabrique, présidé par l'Archiprêtre, se compose des Marguilliers en excercice, des anciens Marguilliers, des Consuls et d'autres notables de la Commune.[...]
La paroisse d'Ibos compte 5 confréries : Notre-Dame du Saint-Sacrement ; Notre-Dame des Agonisants ; Sainte-Eutrope ; Saint-Nicolas ; Saint-Jacques, qui ont chacune une chapelle dans l'église. Il y a, en outre, une sixième chapelle consacrée à Saint Jean-Baptiste, à la charge de la Fabrique, tandis que les autres sont entretenues de luminaire et de linge au moyen du produit des quêtes faites pendant la messe les dimanches et jours de fêtes, et au moyen des cotisations des confrères. Ces chapelles sont administrées par deux prieurs choisis annuellement parmi quatre candidats présentés par les anciens et nommés par l'Archiprêtre après la vêpre du jour de la fête du patron de chaque chapelle.
En plus de l'église paroissiale, il existe à l'intérieur de la Ville une chapelle dédiée à Saint-Roch où l'on se borne à dire une messe solennelle le jour de la fête de ce Saint.
Il y a aussi un presbytère logeable, quoique assez restreint, à proximité de l'église ; il est pourvu d'un jardin d'une assez grande contenance. [...]
Il y a enfin à Ibos un hôpital dont le revenu de 11 pistoles provient de legs faits par les habitants. On emploie ce revenu au soulagement des malades indigents de la commune ou au transport à Tarbes des étrangers pauvres, estropiés ou infirmes. Un syndic administre cet établissement et en rend les comptes chaque année aux administrateurs, c'est-à-dire à L'Archiprêtre et aux Consuls.
Suivant M. Darrieu, les habitants d'Ibos, sont doux, pacifiques, laborieux, adonnés à la culture de la terre à laquelle ils sont profondément attachés et qui constitue leur principale occupation.
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Notes
[1] Source : Gallica.bnf.fr
Bibliothèque Nationale de France
Bulletin de la Société académique
des Hautes-Pyrénées
Société académique
des Hautes-Pyrénées - Juillet 1931 - p 41.
[2] Chaque chef-lieu de Baillage ou de Quarton
se composait de 30 à 40 villages.[3] Les églises collégiales ou archipresbytérales étaient
des églises destinées à doter certains lieux d'un culte
dont l'importance et la fréquence exigeaient un clergé spécial
plus nombreux que celui des églises ordinaires ; et qui visait
à ressembler au culte des cathédrales. Elles possédaient
un chapitre de chanoines, sans avoir un siège épiscopal.[4] Images © Google map 2017.
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