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La monographie d'Aubarède
Hautes-Pyrénées
Département 65.

(ADHP - Monographie établie en 1887)



Sceau
00036426
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I


La commune d'Aubarède est située sur la rive droite de l'Arros, à l'est du canton de Pouyastruc. Elle est limitée au nord par la commune de Chelle-Debat, à l'est par celle de Mun, au sud par celle de Peyriguère et à l'ouest par celle de Cabanac.

La commune est éloignée de 7 kilomètres du chef-lieu de canton et de 16 kilomètres du chef-lieu d'arrondissement qui est en même temps chef-lieu du département. Le pays se compose de deux parties : la plaine ou vallèe d'Arrros et la région des coteaux. La plaine est consacrée à peu près toute entière à la culture des céréales et aux prairies naturelles. Le sol est argilo-calcaire. Les coteaux comprennent toute la partie est du territoire. Le sous-sol est formé de marne, de tuf, le sol est argilo-siliceux. Les gorges sont boisées, les flancs et les croupes sont couverts de vignobles qui donnent un vin blanc assez estimé et font suite aux coteaux plus renommés de Peyriguère. Chaque gorge donne naissance à un torrent qui s'enfle et déborde rapidement pendant les pluies d'orage et est presque toujours à sec pendant les fortes chaleurs. Ils vont tous se jeter dans l'Arros perpendiculairement au cours de la rivière. On ne peut utiliser ni les eaux de ces torrents ni celles de l'Arros pour l'irrigation de la plaine parce qu'ils sont trop encaissés. Il est très difficile de donner le débit de ces cours d'eau.

Toutes les eaux de la commune sont potables. Les sources naturelles sont peu nombreuses et les habitants ont été obligés de creuser des puits pour suppléer au manque de sources.

Il n'y a pas de sources thermales.

L'altitude moyenne de la commune est de 125 mètres. Le climat est tempéré : les vents qui soufflent le plus souvent sont le vent du nord toujours frais et le vent du Sud-Ouest.

Les pluies sont assez fréquentes en hiver et au commencement du printemps. On redoute les orages en été parce qu'ils sont souvent accompagnés de grèle et toujours de chute d'eau très abondantes qui entraînent la terre des vignes dans la plaine et dans la rivière. La température moyenne est de 11°C. La température minima est d'environ 7° au dessous de O et la température maxima ne dépasse pas 39°C.

La salubrité est excellente. Aucune épidémie sérieuse n'est a déclaré jusqu'à ce jour.



II


La commune comptait 426 habitants à l'époque du recensement de 1886. Ce chiffre tend plutôt à diminuer qu'à s'accroître. On peut attribuer ce fait d'émigration de la jeunesse dans les villes et en Amérique, où les conditions matérielles de l'existence paraissent préférables à celles de nos campagnes, car depuis 1870, les récoltes ont été médiocres ou mauvaises.

La commune n'a ni section, ni hameau ; elle est divisée en quartiers qui sont :

    1- Lourtau - 44 habitants - 7 maisons - 10 ménages.
    2- St Christ - 63 habitants - 15 maisons - 20 ménages.
    3- Clouzets - 39 habitants - 10 maisons - 15 ménages.
    4- Goudon - 37 habitants - 7 maisons - 7 ménages.
    5- Padouen - 43 habitants - 9 maisons - 12 ménages.
    6- Soumagut - 40 habitants - 10 maisons - 12 ménages.
    7- Lascassies - habitants - maisons - ménages.
    8- Papette - 20 habitants - 4 maisons - 4 ménages.
    9- Peyramale - 20 habitants - 5 maisons - 4 ménages.
    10- Rivezy - 23 habitants - 6 maisons - 8 ménages.
    11- Lhaumude - 16 habitants - 4 maisons - 5 ménages.
    12- Castagnaous - 23 habitants - 4 maisons - 4 ménages.
    13- Esquerres - 36 habitants - 6 maisons - 6 ménages.
    14- Cintat - 6 habitants - 1 maison - 1 ménage.

La commune est administrée par un maire, assisté d'un adjoint et de huit conseillers municipaux. Les fonctionnaires résidant dans la commune sont l'instituteur, l'institutrice et le curé. La commune est desservie par un prêtre catholique. Pour les finances, la commune est desservie par un précepteur en résidence de Cabanac. Pour les postes , par le bureau de Cabanac et pour les télégraphes par celui de Pouyastruc. La valeur du centime est de 23,50 frs ; Les revenus ordinaires de la commune s'élèvent en moyenne à 5.600 frs.



III


On cultive la vigne, le blé, le maïs, l'avoine, les pommes-de-terre et les divers légumes nécessaires à la consommation. On récolte à peu près environ 900 hectolitres de tous grains et 2000 hectolitres de pommes de terre. La principale culture est celle de la vigne dont le rendement dans les années moyennes est de 300 hectolitres.

Les machines agricoles ne s'introduisent que très difficilement dans le pays. Les engrais font un peu défaut, cependant on a commencé à introduire les engrais chimiques. La commune possède 26 hectares de bois taillis exploités sous la surveillance de l'Administration forestière. Les essences principales sont : le chêne, le hêtre et le châtaignier. Le produit annuel des forêts atteint environ le chiffre de 1.500 frs. On a constaté la présence du phylloxera, il y a 5 ans mais ses ravages ne sont pas considérables et il semble plutôt disparaître que s'étendre.

On n'élève dans la commune que les animaux nécessaires au travail. On trouve à peine quelques troupeaux de brebis dont le total des bêtes ne dépasse pas 200.

La commune est traversée par un chemin de grande communication où on trouvait un pont établi sur l'Arros et détruit par les inondation au commencement de 1886. La route et le pont ont été construits en 1853.

Il n'y a pas de moyen de transport pour le chef-lieu de canton, pour le chef-lieu d'arrondissement qui est en même temps chef-lieu de département. Nous avons une diligence qui passe trois fois par semaine dans la commune.

Il n'y a pas de commerce local, mais nous avons tous les samedis un marché et quatre foires par an, le tout de création récente ; néanmoins, les affaires traitées jusqu'à ce jour font bien augurer de l'avenir.

Les mesures locales encore en usage dans la commune sont : l'aune, le pied, le pouce et la ligne, le journal pour les surfaces, la livre et l'once pour les poids, pour les grains l'ancienne mesure et le boisseau.



IV


Aubarède vient du latin " auba " (saule) et du celte " rède " (abondant) et signifie par suite "lieu où abondent les saules". Actuellement le nombre des saules est très restreint ; mais il y a cinquante ans on en trouvait en assez grande quantité près de la scierie et le long du ruisseau de Barbara. Les traditions et les légendes étaient nombreuses au commencement de ce siècle, mais il n'en reste presque plus de traces. La croyance aux sorcières et aux revenants à persister malgré le développement de l'instruction. On croit en particulier que certaines personnes (les femmes surtout) ont le pouvoir de jeter des sorts, c'est à dire d'appeler des malheurs sur leurs ennemis ou sur des personnes qui les ont contrariées. En revanche, les sorciers auraient aussi le pouvoir de faire cesser les malheurs. Cette croyance est exploitée par des gens peu scrupuleux qui font grassement payer leurs conseils. Elle n'est pas prêt de disparaître.

La commune ne compte aucune personne célèbre parmi ses enfants.

L'idiome du pays local est le patois qui est le même à peu près dans tout le département. Une particularité de la région c'est l'emploi de l'article français (lou, la, lous, las) au lieu de (et, éro, és, éros). Ceci laisserait supposer que l'instruction du français remonte à un temps plus reculé que dans les autres parties du département.

Les chants anciens ont peu survécu. Par les quelques couplets qui nous restent plus ou moins dénaturés, nous voyons que nos ancêtres aimaient surtout la pastorale et presque toujours on voit des chasseurs mêlés à des bergères. Celles-ci n'étaient pas tellement effarouchées à la vue de ces messieurs, qui n'étaient autre que leurs seigneurs et maîtres. Dans les souvenirs du pays, ils ne sont pas restés trop impopulaires. Nos ancêtres ne dédaignaient pas la gaudriole et la grivoiserie.

Les mœurs sont douces ; nos paysans sont à demi citadins, ce qui n'a rien d'étonnant, car notre commune a été chef-lieu de canton pendant la révolution et elle possédait alors un marché qui a été supprimé à cette époque et qui a été ouvert de nouveau, il y a trois ans. Notre population est constamment en contact avec les populations voisines.

Le culte est le culte catholique.

Le costume ne présente rien de particulier : la coiffure la plus commune est cependant le béret ; mais les jours de fête la jeunesse laisse volontiers le béret pour le chapeau.

L'alimentation est assez saine. Le pain est fait habituellement de froment, quelquefois de méteil, on consomme très peu de pain de maïs. La pomme de terre, le haricot et le chou sont les légumes qui apparaissent le plus souvent sur la table. Depuis quelques années, la viande fraîche et de conserve (porc salé) entrent pour une part importante dans l'alimentation. On consomme encore une grande quantité d'oies, de canards, de dindons et de poulets. En somme, l'alimentation est hygiénique et à peu près suffisante.

La commune ne possède actuellement aucun monument. Il y a une cinquante d'années, on aurait pu voir sur les bords de l'Arros, un vieux château du Moyen-Age à demi ruiné ; aujourd'hui il est complètement démoli. La cour a été traversée par la route de grande communication et à la place des vieilles tours s'élève une élégante maison de campagne. Les archives ne renferment aucun document sur le château. Les personnes les plus âgées de la commune savent que le château appartenait en dernier lieu à M. de Châteaurenard qui épousa la fille du Marquis de Roquepine. Celui-ci donna à sa fille le château en dot. M. de Châteaurenard n'habitait jamais Aubarède, il résidait à Agen. Sous la Révolution et le premier Empire le château appartenait à son beau-père qui comme son gendre ne l'habitait jamais et faisait exploiter les terres qui en dépendaient par un régisseur. Chaque fois que le seigneur venait après une absence prolongée, ses sujets allaient à sa rencontre et lui faisait une ovation triomphale, à quoi il répondait : " Merci mes braves gens d'Aubarède ".



Annexe au titre IV : Enseignement


La première école ouverte à Aubarède date de1802 avec M. Flaché pour instituteur ; l'école était mixte. En 1843, la commune a eu un instituteur et une institutrice libre. Ce n'est qu'en 1856 qu'une institutrice communale a remplacé l'institutrice libre. Si les besoins ne sont pas sastifaits autant qu'on serait en droit de l'exiger, c'est que la commune n'a pas les ressources nécessaires actuellement, mais elle est partie en de bonne volonté. L'instruction est assez bonne, mais elle serait bien meilleure si la fréquentation était aussi régulière pendant l'été qu'elle l'est pendant l'hiver.

Il n'y a pas eu la dernière année de conscrits illettrés ni de conjoints qui n'ont pas su signer leurs noms. La commune possède aue armoire bibliothèque depuis cette semaine.

Le traitement de l'instituteur est de 1000 frs et de l'institutrice 800 frs. La commune doit payer 150 frs par an pour le local affecté à la salle d'école des filles et au loyer de l'institutrice.

Les sacrifices à demander sont la construction d'une maison d'école des filles et le renouvellement de tout le matériel scolaire.

L'instituteur d'Aubarède.

J.HOMMERE




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© Marie-Pierre MANET








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