La monographie de 1887 de Bours
Hautes-Pyrénées
département 65.

(ADHP - Monographie établie en 1887)




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I


Bours est une commune des Hautes-Pyrénées, arrondissement de Tarbes, canton de Tarbes nord. Ce lieu est situé dans la partie septentrionale de cette ville ; cinq kilomètres le séparent de la préfecture.

Il est bordé au midi, par Aureilhan ; à l’ouest par Bordères et Bazet ; au nord, par Bazet et Aurensan ; à l’est, par Chis et Orleix. Sa superficie est de 448 ha 9570.

Le territoire de Bours est assis au sein de la belle plaine de l’Adour. Le village en occupe le centre. Il a ses maisons groupées autour du clocher gothique qui les domine.

Ce petit bourg très gracieux se dérobe de loin au regard. Les bordures d’aulnes mêlés aux peupliers d’Italie à la taille élancée, protègent les propriétés qui l’environnent et forment autour de lui un véritable nid de verdure pendant la belle saison.

Ici, la plaine est vaste et unie ; pas le moindre accident de terrain. Aussi de nombreux cours d’eau parcourent le territoire dans tous les sens et y entretiennent la fraîcheur et la vie. Ces cours d’eau sont : l’Adour qui coule à deux cent mètres à l’ouest de la localité. Sur la rive gauche du fleuve, un canal appelé communément l’Agaou de Bazet, arrose les propriétés limitrophes, et se dirige vers le village voisin. Un second canal dérivé du fleuve en amont du territoire, limite le bourg au couchant ; il fait mouvoir le moulin Castaing, autrefois le château du seigneur de Bours, et alimente le canal de l’Aiguillon qui traverse le nord-ouest du territoire. A l’est, le ruisseau de l’Ailhet coule à trois cents mètres. Il est alimenté par un petit bras de l’Adour puisé auprès du pont à Tarbes, et fait mourir la scierie Lartigue et le moulin Barzun, situés l’un et l’autre à proximité des habitations. De nombreux ruisseaux sont dérivés de l’Ailhet : les uns parcourent le village dans tous les sens et y font régner une propreté salutaire ; les autres coulent le long des routes et à travers les prairies, en y apportant une heureuse fertilité. L’Adour et ces divers canaux sont traversés par des ponts solidement construits ; par ailleurs ils sont guéables partout. Le fleuve subit des crues parfois assez considérables, soit à l’époque de la fonte des neiges, soit à la suite de pluies continues dans les régions montagneuses. Grâce aux nombreux taillis qui entourent son lit, les terres voisines sont à Bours assez préservées contre les ravages de l’inondation. L’eau des canaux est aussi réglée par des écluses qui peuvent mettre à l’abri de tout danger.

Le sol de Bours est sablonneux. Il est recouvert d’une légère couche de terre d’alluvion ; aussi sa fécondité n’est que moyenne. Il n’y a pas d’eau de source. Mais l’eau des puits qui sont très nombreux est potable grâce à sa filtration à travers le sable.

L’altitude de Bours est de deux cent quatre vingt mètres au-dessus du niveau de la mer. Son climat est tempéré. Les vents du sud-ouest et de l’ouest y soufflent avec violence ; ils sont ordinairement les précurseurs du mauvais temps tandis que les vents de l’est et surtout du nord-est maintiennent des jours sereins. Ces courants atmosphériques qui sont les plus fréquents soufflent d’ordinaire alternativement. L’air y est salubre. La population possède toujours plusieurs octogénaires et même des nonagénaires.

II


D’après le recensement de 1886, la population de Bours est de 407 habitants. Ce chiffre reste stationnaire depuis de longues années, parce qu’il y a une petite immigration parmi l’excédent des naissances.

Comme le village est groupé, il n’y a ni sections, ni hameaux. Toutefois on distingue des quartiers selon la position que l’on occupe relativement à la mairie. Ces quartiers sont au nombre de cinq . On appelle quartier sud, les maisons situées sur la route de Tarbes au sud de la mairie, quartier nord, celles qui sont placées sur la route qui conduit à ce village ; quartier du Couvent, celles qui entourent cet établissement. Le quartier sud compte 108 habitants, le nord 69, l’ouest 65, le chemin de Bazet 97 ; le quartier du couvent 68. Le nombre total des feux est de 93.

Notre Conseil municipal se compose de dix membres. Il y a comme fonctionnaires municipaux : un maire, un adjoint, un garde champêtre, un valet commun. Bours possède une section de compagnie de pompiers.

La religion catholique est seule reconnue : le culte est célébré par un desservant.

Bours dépend de la perception de Tarbes nord. Il est desservi par cette dernière ville pour les postes et les télégraphes. Le facteur y fait une levée et une distribution par jour ; la valeur du centime pour les propriétés bâties est de 0 frs.1097 et de 0,10912 pour les propriétés non bâties.

Les revenus ordinaires s’élèvent à 4038.

III


Le terrain de Bours n’est pas également fertile. La portion du territoire située à l’est des habitations est plus calcaires et se compose d’une plus grande quantité de terre végétale. Dans l’une et l’autre part, les plantes agricoles y sont cependant nombreuses. Outre le seigle, le froment et les variétés spéciales de blé, on cultive le maïs sur de grandes surfaces, grâce à la faculté d’irrigation. Cette dernière production qui nous intéresse le plus présente par hectare les chiffres de 48 hectolitres, soit 624, tandis qu’un hectare de blé ne produit que 24 hectolitres, et son rendement ne peut être évalué qu’à la somme approximative de 480.

Le climat de Bours se prête d’une manière toute particulière à la culture maraîchère.

Le lin et le tabac sont les seules cultures industrielles.

Le communal de Bours n’est point soumis au régime forestier. C’est le Conseil municipal qui s’occupe des plantations et des ventes, en se conformant à des décisions préfectorales. Plusieurs essences d’arbres croissent dans nos forêts : le peuplier commun, le platane et l’acacia longent les deux rives de l’Adour sur une largeur de cent mètres ; l’aulne, le chêne, l’orme, le noyer et le peuplier d’Italie occupent un grand espace.

D’autres arbres, tels que les arbres fruitiers dépérissent de bonne heure. Les fruits qui décorent aujourd’hui nos jardins et nos vergers se réduisent à quelques espèces : la poire, la pomme, le coing, l’abricot, la pêche, la cerise, la prune, la noix, la noisette et la châtaigne.

Le figuier dont le bois est très poreux, tendre, dont la sève est très abondante, est très délicat et gèle dès que la température s’abaisse insensiblement. Aussi, il n’est pas rare de le voir surpris par la gelée pendant les nuits claires de mai.

Les nombreuses causes de dangers que font courir à la fleur délicate de la vigne les intempéries des saisons, et à son fruit la maladie récente de l’oïdium font que les vins deviennent une faible ressource locale. Avant l’apparition de celui-là jusqu’en 1880, la vigne produisait en abondance, mais seulement la qualité de nos vins laissait toujours à désirer.

A Bours, pas de troupeaux de moutons.

Actuellement, il y a soixante onze chevaux de deux cent quatre vingt douze vaches. Les habitants élèvent beaucoup de volailles et notamment des oies.

La truite, l’anguille, le brochet, le goujon, la loche et le vairon peuplent nos rivières. La pêche pourrait devenir assez importante si la loi était respectée. Chaque année, et chose regrettable, en juillet et en août, le chlore jeté par la main des pêcheurs porte ses ravages chez la gent poissonneuse.

Quatre usines importantes fonctionnent dont deux moulins, une scierie et un matériel à battre.

Les routes sont les seules voies de communication ; elles sont bien entretenues. Une route départementale n° 1 parcourt la commune du nord au sud, et seule nous permet de communiquer avec le chef-lieu, tandis qu’un chemin vicinal n° 14 qui va de Bordères à Orleix la partage en deux parties égales. Le chemin de Bazet, non classé, prend naissance au centre du village et va aboutir au chemin vicinal n° 5, dans un territoire étranger. Deux courtes voies dites de jonction partent de la route départementale et la relient : la première au chemin de Bazet, l’autre à la route nationale n° 21.

Le pont en bois qui est sur l’Adour fut reconstruit en 1877, l’ancien ayant été renversé par l’inondation de 1875. Plusieurs aqueducs sont jetés sur divers canaux, le plus utile est le pont de la Carbonne construit en 1804 et restauré en 1839.

Chaque propriétaire a pour ainsi dire son break. Le commerce par ce moyen de transport trouve une source de richesses dans la vente du lait et des légumes.

Les mesures non soumises aux principes de la numération décimale ont complètement disparu.

IV


Bours, d’après les linguistes, est un nom d’origine celtique. Ce mot, d’après eux, signifie terre, bourbier. Cette signification pouvait bien s’appliquer avec justesse à ce lieu. Sa situation au sein d’une vaste plaine, au milieu de nombreux cours d’eau, rendait autrefois son terrain marécageux.

La terre de Bours située à cinq kilomètres de Tarbes, capitale de l’ancienne Bigorre, a toujours suivi le sort de cette province. Mais à quelle date remonte la fondation du village ? Il n’y a pas de titres pour nous fixer sur ce point. Son étymologie donne à entendre cependant que Bours était un lieu connu dès la plus haute antiquité. D’après cette opinion, ses premiers habitants auraient fait partie de la tribu Riparia Aturensis, alentours de Tarbes, qui était l’une des tribus de la plaine du pays des Bigourdans (Bigorre) signalés par Jules César. Ils auraient subi la domination romaine lorsque la Novempopulanie fut à son tour soumise par ces maîtres du monde.

Les Barbares vinrent au Ve siècle renverser l’empire de Rome. La Bigorre ne fut pas à l’abri de leurs ravages. Elle vit passer, tour à tour, les Vandales, les Wisisgoths qui y séjournèrent 80 ans, les Musulmans vers 730, les Normands au IX° siècle. Ces derniers remontaient les fleuves sur leurs barques légères. Lorsqu’ils vinrent saccager Tarbes, ils suivirent le cours de l’Adour plus important à cette époque qu’aujourd’hui. Les nombreux canaux qui arrosent la plaine de nos jours coulaient en ce moment dans le lit du fleuve. Ces Barbares si redoutables détruisaient tout sur leur passage. Bours, placé sur les bords de l’Adour ne fut pas certainement épargné.

Dès le Xe siècle, après les désastres causés par les invasions des Barbares les populations se groupérent autour d’un château, d’un monastère ou d’une cité fortifiée pour se préserver des surprises de l’ennemi. Bours eu aussi son château. IL était situé au nord-ouest du village. C’est aujourd’hui le moulin de Lucien Castaing, portant encore le nom de " mouli dou castet " moulin du château. La maison d’habitation est en partie conservée. Elle est d’une construction très ancienne et possédait récemment au sud-est une tourelle qui rappelait les vieilles constructions féodales. Les châteaux de cette époque se trouvaient sur des hauteurs ou sur des terrains propres à la défense. Quoique Bours soit au sein d’une vaste plaine non interrompue, le château est sur une légère éminence par rapport aux terrains qui le bornent au sud, à l’ouest et au nord. A l’est la porte d’entrée défendue par un canal large et profond.

La terre de Bours relevait à cette époque de la seigneurie de Dours. Au XIIIe siècle, la dame de ce lieu était mariée au vicomte de Lavedan. La maison vicomtale de Lavedan était la première de la province de Bigorre après celle du comte du pays. Elle accomplit d’importantes missions auprès des rois d’Aragon et fut alliée aux Bourbons vers le XIV°siècle. Cette circonstance nous dit assez que la terre de Bours était sous la dépendance d’une maison brillante.

Cependant au XIIIe siècle, Bours eut pour seigneur les religieux de l’Escale-Dieu. Pour expliquer la présence de ces nouveaux maîtres, il y a la légende et l’histoire.

D’après la légende, la châtelaine de Bours devenue veuve fut atteinte de la lèpre. Cette maladie contagieuse et redoutable l’obligea à se séquestrer du monde. Retirée dans son vieux castel, abandonnée de tout le monde, elle attendait dans la douleur et dans les larmes la fin de sa triste destinée. Un moine bénédictin qui voyageait pour les affaires de son monastère, vint à passer au village. Instruit de l’affreux malheur qui pèse sur la Dame de Bours, il se présente à la porte du manoir où il est reçu avec une grande surprise. Après avoir donné à la malheureuse recluse toutes les consolations que sa charité pouvait lui inspirer, le religieux lui promet que son monastère ne l’abandonnera pas désormais. Heureuse du secours qui lui venait dans son infortune, la châtelaine reconnaissante fit don de ses terres aux religieux de l’Escale-Dieu, d’où dépendait le bénédictin qui vint le premier chercher à adoucir son malheur.

Cette légende est détruite par un acte plus authentique. Les archives des Hautes-Pyrénées, dans les titres de l’Escale-Dieu disent :

" Le 13 février 1252, Simone Dame de Dours. Raymond Garcie et Péregrin de Lavedan, ses fils, firent donation de la terre de Bours au monastère de l’Escale-Dieu, à charge d’un anniversaire pour le repos de l’âme de Péregrin de Lavedan, leur époux et père ".



L’abbaye de l’Escale-Dieu avait à cette époque la faveur de toute la noblesse de la Bigorre. Fondée en 1140 par les comtes du pays, elle eut bientôt une renommée immense : Saint-Bertrand-de-Comminges, Saint Raymond le fondateur des chevaliers de Calahava, s’étaient élevés dans ce monastère. Plusieurs comtes de la province le choisirent pour le lieu de leur sépulture, ce qui le fit appeler " le Saint Denis des comtes de Bigorre " . Aussi les nobles du pays le comblaient de leurs libéralités ; et ce fut sous l’influence de ce courant que la dame de Péregrin de Lavedan lui fit don de sa terre de Bours. C’était donc au XIIIe siècle que le village de Bours fut placé sous la dépendance des religieux de l’Escale-Dieu.

En 1342, Mgr Pierre Raymond de Montbrun, évêque de Tarbes divisa le diocèse en diaconés et archidiaconés. Le Pouillé du diocèse, publié par Larcher, place Bours dans l’archidiaconé de Ste Marie de Tarbes et dans l’archiprêtré d’Orleix.

L’histoire locale ne fait plus mention de Bours jusqu’au XVIe siècle. En 1569, la Bigorre passa par une tourmente qui rappelait les désastres des Barbares . Les protestants, sous la conduite de Montgommery, font une irruption soudaine dans ce pays. Toutes les églises de la plaine furent brûlées. C’était en septembre 1569. Avec les églises disparurent la plupart des titres qui pouvaient servir à l’histoire de chaque lieu. Aussi le nom de Huguenot (Huganaou) est encore un nom maudit parmi les gens du peuple.

Le seigneur de Bours était loin d’être le propriétaire de toutes les terres de la communauté. Il existe deux livres terriers dressés d’un commun accord par les religieux et les habitants. D’après ces documents, la superficie du territoire était de 1281 journaux. 98 composaient la propriété des religieux, le reste était divisé entre les particuliers. Ces livres font mention de la redevance que le village faisait au seigneur. Ils nous disent encore que toute la communauté tenait des assemblées plénières, lorsqu’il fallait discuter sur des affaires d’un grave intérêt.

Les habitants se réunissaient au son de la cloche sur la place publique, à jour et heure fixes, après avoir été convoqués à l’église huit jours à l’avance.

Voici, d’après les anciens livres terriers, la redevance faite au seigneur par chaque feu allumant et par chaque arpent de terre, suivant les quartiers à titre de fief : Une 1re note datée de 1561 s’exprime ainsi :

" Dans le lieu de Bours chaque feu allumant paye trois quartiers d’avoine, une poule, un soul quatre deniés et demy payables à la Toussaints. Et le reste des autres terres payent les fiefs, sçavoir : les vergiers et les preds six deniers par journal ; la terre labourable quatre deniers et demy sauf le parsan d’Arti guebernét qui comprend devant, au cap dernier le bois de Bours, au Brequeronat et aux prads deu saq, qui paye trois deniers par journal. La terre labourable de l’Artiguebernét ne paye point de fiefs. Et c’est suivant la recognaissance faite à Messire Jean de Moustier, Mre des Requestes, conseiller du Roy, évesque de Bayonne et abbé de l’abaye de l’Escale-Dieu, seigneur du dit Bours et autres places. La dite Recognaissance dattée du quatrième jour de juin mil cinq cent soixante-un et signée de Maurolis notaire de Saint-Gaudens. "



Un siècle plus tard une seconde note donne la valeur des fiefs, pour les terres :


" L’An mil six cent soixante-un dans le mois de mars et d’avril du vouloir et consantement de dom Alexandre de Sarramca de Montarredon, prieur de l’Abbaye de l’Escale-Dieu, faisant tant pour le seigneur abbé que chapitre de ladite abbaye, seigneurs de Bours et autres places et à la Requisition du Pey Descamps, dit Pey de charron, de Jean Dufouich Mousset consuls ; ensemble de tous les habitants et la plus grande partie des bien tenans, ainsi qu’appert de l’acte reccu par Me Nicolas Mauran, notaire de Tarbe. Je Raymond Lafontan de Saint Bouès en la jurisdiction de Marciac soussigné, certifie avoir agrémensé le territoire de Bours, scis en la comté de Bigorre, lequel arpantement ay fait bien et justement faisant l’arpent de quatre journaux : le journal quarré de seize lattes, la late de quatorze pams qui est conformément à la persche et mesure de Rabastens comme estant le dit Bours du quarteronnage de la dite ville, divisant le journal en seize places et après avoir rédigé par escrit le présent livre et en avoir fait la supputation du dit arpantement ay trouvé estre le territoire du dit Bours de la contenance de mille deux cent huitante-un journal un quart une place. Et c’est sans y comprendre nonante-huit journaux trois quarts demi places trois quarts de terre noble que les dits seigneurs religieux pocèdent au dit Bours, ainsi qu’est Mentionné en leur livre du présent arpantement, lesquelles terres nobles de n’ay pas excrit au présent livre pour n’être point subjetes au département des affaires de la communauté. Les fiefs se payent sçavoir les vergiers, preds, bois et saligas à raison de six deniés par journal ; les terres labourables, quatre deniés et demy par journal, fors le parsant d’Artiguebernét que les terres auvertes payent trois deniés par journal se montent vingt-quatre livres seize souls huict deniés un sixième, un vingt-quqatrième, un trente-deuxième, un soixante-quatrième et un trois cent huitante quatrième. Et pourtant le dit arpantement ay toujours eu pour indiquateur Pey Descamps et Barthélémy Bugar du dit Bours, ayant été choysis par les dits habitants et bien tenants des plus intelligents pour c’est effet. En foy de quoy me suis signé ; sans préjudice de treize livres din sols qu’ils me restent de compte fin.

Fait à Bours le treizième jour de janvier mil six cent soixante-quatre.

Signé : fafontan agrimenseur. "



Le livre terrier de 1713 ne signale aucun changement pour la valeur des redevances au seigneur. D’après ces divers écrits, nous avons la vérité à propos des charges qui ont pesé pendant des siècles sur les habitants de Bours vis-à-vis de leurs maîtres.

Vers 1740 le pont de l’Adour de Tarbes renversé par l’inondation de 1875, commença à être construit.

Plusieurs villages situés sur la rive droite du fleuve concoururent à cette édification. Bours fut de ce nombre. Ces villages furent en reconnaissance dispensés du droit de péage. Nous voyons par cette particularité que Bours eut toujours avec son chef-lieu des relations de haut intérêt.

Nous arrivons à la Révolution française dont la première étape fut l’assemblée des États-Généraux de 1789. La société se transforme sur notre France. Le pays de Bigorre fit un accueil enthousiaste aux idées nouvelles, et Bours entra avec ardeur dans ce mouvement.

De nombreux écrits de cette époque conservés dans la localité témoignent de l’intelligence, de l’énergie et du patriotisme de ses habitants.

La municipalité y est organisée selon les instructions de l’Assemblée Nationale. Elle fonctionne avec une vigilance digne d’éloges. Le 14 juillet 1790 - l’an second de la Liberté - elle célèbre la fête de la Fédération avec toute la pompe dont elle peut disposer.

" Considérant, dit le rapport à ce sujet, que la journée du 14 juillet courant étant consacrée par le décret de l’Assemblée nationale pour le pacte d’union universel qui doit assurer à jamais la Révolution qu’opèrent les immortels travaux de nos augustes représentants, cette journée soit solennisée par une fête qui sera ordonnée dans ce lieu ; en conséquence le procureur de la commune requiert les Maire et officiers municipaux de délibérer incessamment que le 14 juillet sera célébré en ce lieu comme une fête sacrée, et qu’à cet effet les travaux seront suspendus... ".

La messe solennelle à dix heures, la prestation du serment fédératif fait par chaque citoyen à la fin de l’office aux membres municipaux réunis par l’organe du Maire, des salves de mousqueterie exécutés à la porte de l’église par seize jeunes gens pendant ce moment solennel : telle est la première partie de cette fête. Le soir du méme jour, à cinq heures, chant du Te-Deum, nouvelles salves de mousqueterie et feux de joie sur la place publique. Ce souvenir nous dit que Bours accueillit avec enthousiasme les idées du jour.

Il participe généreusement aux réquisitions que la Nation lui impose pendant plusieurs années. Les habitants notables de cette époque furent de plus non des rêveurs, mais des hommes pratiques. Grâce à leur initiative, Bours put creuser sur le territoire d’Aureilhan et de Tarbes des canaux pour alimenter le ruisseau de l’Ailhet.

Ces travaux furent terminés l’An VIII de la République. Les vacants qui occupaient la rive gauche de l’Adour sur le voisinage des terres de Bazet et de Bordères furent défrichés et partagés par les habitants. Ils rachetèrent encore les biens des religieux devenus biens nationaux. La première soumission offrait à la nation quarante-huit mille livres. Cette affaire longue et difficile à traiter arriva cependant à bonne fin.

Après la tourmente révolutionnaire, vient la grande époque militaire. Pendant les guerres de la première République et du 1er Empire, les enfants de Bours se trouvent eux aussi sur tous les champs de bataille de l’Europe. Ils furent braves et dévoués à la patrie, et le souvenir de quelques uns de ces obscurs soldats du devoir est encore conservé dans plusieurs de leurs familles.

En 1814, notre pays subit les humiliations de l’invasion. Ce fut au mois de mars de cette année que Bours vit arriver les Alliés (Anglais, Espagnols, Portugais). Une partie de l’arrière-garde du maréchal Soult placée sur la colline d’Oléac autour du château actuel de M. Ségur d’Aguesseau, et sur la colline d’Orleix à Sarrouilles livra un combat qui dura toute la journée et arrêta un instant la marche de l’ennemi. Il y eut de part et d’autre beaucoup de tués et de blessés. La plupart des morts furent ensevelis dans une tranchée qui fut pratiquée auprès d’un bois, dans un lieu nommé Castériou. Les officiers supérieurs anglais suivaient du clocher de Bours les péripéties de la lutte. Depuis cette époque aucun événement extraordinaire ne s’est produit dans le village.

Les habitants de Bours s’intéressent aux progrès qui signalent notre siècle, et sont fidèles aux lois du pays.

Bours n’a pas donné le jour à des personnages célèbres. Néanmoins à côté des seigneurs du lieu, cette terre a vu des personnages notables. Nous signalerons rapidement ces familles marquantes.

La plus ancienne nous paraît être la famille Duffourc de Piémontais. Sa terre est signalée sur la carte de l’État-Major ; elle appartient aujourd’hui à M. Louis Cazères, descendant de cette famille.

Au commencement du XVIIIe siècle noble Duffourc de Piémontais était marié à Noble Anne de Fornets, qui possédait aussi de belles terres à Bours. Leur fils épousa Melle Marie Dupont. De ce mariage naquirent seulement plusieurs filles ; c’est ainsi que disparaît le nom de Duffourc de Piémontais.

Ce dernier Duffourc est au nombre des bienfaiteurs de l’hospice de Tarbes. Son nom figure à la date de 1788 sur la plaque de marbre qui perpétue le souvenir des bienfaiteurs de cet établissement.

La famille Duffourc de Piémontais était parente de la famille Duffourc d’Antist, ancien seigneur du village de ce nom.

En 1745, M. Cazères, avocat au parlement de Toulouse épousa Mlle Marie Duffourc de Piémontais, fille de noble Duffourc et de Marie Dupont. M. Louis Cazères, avocat lui aussi de la faculté de Toulouse, leur arrière petit-fils, est en ce moment le représentant de cette famille. L’étude du droit est donc en honneur dans cette maison. Elle conserve encore l’estime et la considération des habitants de Bours qui ont toujours trouvé auprès de ces maîtres des bienfaits nombreux et de sages et utiles conseils.

Entre Aureilhan et Bours, se trouve la baronnie de Hiis. Le baron de Hiis (de Finibus) paraît dans l’histoire de la Bigorre dès le XIe siècle. Une de ses terres était sur le territoire de Bours au sud du village et appartenait jusqu’en 1862 à une branche de cette famille éteinte aujourd’hui. C’était M. Salles de Hiis. M. Salles était conseiller du sénéchal de Bigorre en 1790.

Cette terre a été achetée en 1863 par M. Duboé, neveu du Général Lafaille de Pouzac, cousin du Gé,néral Lafaille de Hiis. M. Duboé fut élève de Saint-Cyr. Promu sous-lieutenant à l’examen de sortie, capitaine à vingt-quatre ans et intendant peu après. Sa santé ne lui permettant pas de continuer la carrière militaire, l’obligea à prendre un emploi civil, et fut nommé sous-Préfet d’Argelès. Il est mort à Bours en 1877, laissant le souvenir d’un homme de bien.

La famille Dupont était encore une famille de Bours très distinguée. Elle a compté des officiers. En 1748, M. Dupont signe au registre de l’état-civil avec la mention : capitaine d’infanterie. Aujourd’hui la Maison Dupont toujours remarquable par ses vieilles constructions encore debout, est un couvent de soeurs de St Joseph.

Pierre Bonnefont né à Bours en 1754 était chanoine de la cathédrale de Tarbes en 1780.

Au moment de la Révolution, il émigra et se réfugia, tour à tour, en Espagne, en Angleterre et en Allemagne. A son retour de l’exil ses terres qui avaient été d’abord confisquées par la nation, appartenaient à M. Depène, plus tard Maison Barzun. Il trouva cependant une généreuse hospitalité auprès de ces nouveaux maîtres et mourut à Bours en 1824.

Telles sont les notabilités de ce village dont le souvenir est encore conservé.

Le patois bigourdan est le langage usuel des gens de Bours. Le français y est compris et même assez bien parlé aujourd’hui. Il n’y a pas de chants locaux.

Le culte catholique est seul reconnu. Le service religieux est fait par un desservant.

L’habitant de Bours est simple, naïf, pacifique, laborieux, économe. Cette localité n’a pas connu jusqu’à cette heure les divisions qui règnent dans tant d’autres endroits. Toutefois l’égoïsme, cette grande plaie de notre époque, y pénètre en ce moment et refroidit les rapports de famille autrefois pleins d’une si franche cordialité.

Le costume de l’habitant de Bours est celui de l’habitant de la plaine de Tarbes. Depuis quelques années, le luxe y fait quelques progrès, néanmoins le béret demeure la coiffure privilégiée de l’homme, le mouchoir celle de la femme.

Le maïs joue un grand rôle pour l’alimentation, surtout pendant l’hiver. Le blé est cependant la nourriture prédominante.

Il n’y a pas de monuments. Une pierre sur laquelle est sculpté le monogramme du Christ est le seul souvenir d’antiquité qu’on y trouve. Elle sert de margelle au puits de la maison commune. D’où provient-elle ? On l’ignore. Les pierres de ce genre se trouvaient dans les constructions des monastères du XIe au XIVe siècle et dans les édifices des Templiers.

Les archives communales sont assez pauvres. Cependant il y a quelques documents qui peuvent aider à établir l’état de la commune depuis trois cents ans. Ces documents sont :

1- un livre terrier de 1661.
2- un second livre de 1713.
3- les registres de la paroisse depuis 1743 jusqu’à nos jours.
4- un registre de délibérations du Conseil Général et révolutionnaire de la commune de Bours.
5- les cahiers des délibérations du Conseil Municipal depuis cette époque.

Il n’y a pas d’ouvrages ni de monographies de cette localité.

Annexe IV : Enseignement


L’enseignement primaire était donné à Bours avant la Révolution par des instituteurs ne possédant aucun titre. Il était distribué par un maître d’école nommé régent et fréquenté seulement par les garçons. Ce fait résulte de plusieurs écrits de la commune.

Pendant la Révolution cet enseignement fut organisé suivant l’ordonnance du 29 frimaire. L’école était fréquentée par vingt-sept garçons. Le maître s’engageait à leur apprendre la lecture, l’écriture et les premières règles de l’arithmétique.

Voici la soumission faite à cette époque par le citoyen Dantin de Bours, régent de l’époque.

" Je, soussigné Jean Pierre Dantin géomètre, en vertu du premier décret de la Convention nationale du 29e jour de frimaire dernier, sur l’organisation publique, je déclare à la commune de Bours que je suis dans l’intention d’ouvrir une école et je me propose d’y enseigner à lire, à écrire, et à y donner les premières d’arithmétique, en me conformant dans mes enseignements aux livres élémentaires adoptés et publiés à cet effet par la représentation nationale.

Bours le neuf germinal deuxième année républicaine.

Signé : Dantin.
"



A la suite se trouve le procès verbal d’installation du citoyen Dantin en qualité d’instituteur public et dans les délibérations de l’année d’après, le traité conclu entre lui et la commune.


Procès verbal d’installation :

" Séance publique et révolutionnaire du Conseil Général de la commune de Bours du dix-neuf Floréal, 2e année républicaine.

Présents les citoyens Jean Cazères, Maire, Président, Verges officier municipal, Ducos agent national, Carrère, Vignes, Duco, Pouey, Lartigue notables.

L’agent national a dit que sur le registre ouvert par la municipalité à l’effet de recevoir les inscriptions des Citoyens et Citoyennes qui voudraient user de la liberté d’enseigner en vertu de la loi du dix-neuf Frimaire dernier sur l’organisation de l’instruction publique, le Citoyen Jean Pierre Dantin, géomètre, ci-devant régent ou maître d’école, si inscrivit le 9e Germinal dernier, l’agent national requiert : attendu que les registres sont restés ouverts et qu’aucun Citoyen ni Citoyenne ne s’est présenté ; que le citoyen Dantin fait toujours les foncions d’instituteur depuis son inscription conformément à sa déclaration ; qu’il a été agréé et choisi par les pères, mères, tuteurs ou curateurs des enfants qui sont tenus d’envoyer aux écoles du premier degré d’instruction ; l’assemblée procède séance tenante à l’établissement dudit instituteur en se conformant à la loi précitée. Surquoi, vu le réquisitoire ci-dessus, l’assemblée pénétrée du zèle quelle doit porter à l’instruction publique, conformément aux lois républicaines, il est de toute nécessité de pourvoir à l’établissement d’un instituteur dans la présente commune, et le certificat de civisme et de bonnes moeurs en date du 30 Ventôse dernier signé et approuvé par nous et par les administrateurs, membres du district de Tarbes, visé, ratifié et signé par sept membres du Comité de surveillance du département des Hautes-Pyrénées, le 7e Germinal dernier.

Vu aussi qu’il a toujours fait les fonctions d’instituteur depuis son inscription, conformément à sa déclaration.

Vu encore ses talents, ses lumières et son zèle pour faire apprendre et publier les lois et la morale républicaine, l’Assemblée a adopté et adopte unanimement pour instituteur de la dite commune le dit citoyen Jean Pierre Dantin géomètre.

Ont signé tous les membres présents
. "



Traité

" Le douze Prairial An III de la République française dans la commune du lieu de Bours, la majeure partie des citoyens y étant assemblés, et tous convoqués par l’ordre du Maire pour leur annoncer qu’il y a un an écoulé que le citoyen Dantin commença ses fonctions d’instituteur et de secrétaire dans la présente commune et qu’à ces fins l’Assemblée est invitée à délibérer s’ils sont dans l’intention de continuer à prendre pour la seconde année déjà commencée le dit citoyen Dantin, celui-ci a été de son côté invité à déclarer s’il veut continuer les dites fonctions pendant le cours de la présente année sous les gages de l’année dernière qui étaient d’une mesure froment pour chaque enfant qu’il a enseigné à lire et de deux mesures du même grain pour ceux qu’il a enseigné à lire, à écrire et à calculer dans l’ancien et le nouveau genre, moyennant encore sept cent cinq centimes par char de vin qu’il devra mesurer ou jauger, vingt-cinq centimes pour chaque messe funéraire et enfin moyennant la somme de cent-vingt francs payables par moitié de six en six mois de service par le Percepteur de l’Arrondissement en vertu des mandats tirés sur lui à prendre sur le fond du budget.

En conséquence le citoyen Dantin et les habitants présents ont répondu affirmativement de remplir pendant le courant de l’année les devoirs qu’à chacun concerne ; les tous obligeants leurs biens et salaire à justice
. "



Les noms des Instituteurs depuis cette époque nous sont connus. Les voici par ordre de succession :

- M.M. Dantin 1790 à 1801
- Brau 1801 à 1804
- Soulez 1804 à 1827
- Baqué 1827 à 1828
- Dorat 1828 à 1866
- Moret D. 1866 à 1886
- Moret J. 1886

A côté de l’école de garçons une école de filles fut fondée vers 1840. Trois institutrices y ont professé jusqu’en 1868. Ce sont : Melles Fernandez ; Barus ; Sastourné.

Depuis cette époque l’instruction est donnée aux jeunes filles dans une école dirigée par les soeurs de St Joseph de Tarbes.

La maison d’école de garçons a été reconstruite en 1868. Elle est convenable, elle n’exige pas encore d’amélioration à réaliser.

La salle de classe qui est fort bien aérée a 6m70 de long sur 6m40 de large et 3m40 de haut, soit 145m3702. Au premier de trouve la salle de la Mairie.

Le logement de l’Instituteur n’est pas contigu à la maison d’école, la cour l’en sépare. Une cuisine et une salle à manger séparées par un corridor prolongé jusqu’au jardin forment le rez-de-chaussée, deux chambres composent le premier, et enfin arrivent les combles. A l’extrémité sud du jardin dont la surface est de 126 m2 sont situés le hangar et les volières.

Les enfants assistent assidûment aux classes, pendant une très bonne partie de l'année ; ce n’est qu’à la saison des travaux pressants qu’ils sont obligés de venir en aide à leurs parents et de s’absenter parfois.

L’instruction se propage dans les campagnes. Aujourd’hui à Bours, toutes les personnes savent lire, écrire et calculer, elles s’intéressent aux livres qu’elles puisent à la Bibliothèque cantonale de Tarbes et à la petite bibliothèque scolaire qui malheureusement renferme peu de volumes.

Sur l’initiative de l’ex-instituteur, le Conseil municipal dans la session de Mai 1873 vota la somme de 124 frs 60 pour achat de vingt-et-un volumes et d’une armoire bibliothèque. M. le Ministre accorda deux années plus tard cinquante-deux autres volumes.

Le nombre de prêts en 1886 est de soixante-dix-sept.

La caisse des écoles ne fonctionne pas, une caisse dite d’épargne existe.

L’Instituteur de Bours est aux appointements de 900. Il ne se plaint pas du local ; les besoins seraient même satisfaits si la commune avait pour indemnité de jardin maintenu l’allocation des années précédentes.



L'instituteur public

Moret.




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Chacun peut apporter son aide concernant les monographies de 1887 des communes
de la Bigorre devenue Hautes-Pyrénées
département 65.
© Marie-Pierre MANET









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