I
La commune de Gavarnie est une commune française, frontalière de l'Espagne, limitrophe de la province d'Aragon et située vers l'ouest de la chaîne des Pyrénées.
Ses limites sont :
- À l'Est et au Sud, la province espagnole d'Aragon ;
- à l'Ouest, la commune de Cauterets,
- et au Nord, la commune de Gèdre.
Gavarnie fait partie du canton de Luz, arrondissement d'Argelès, département des Hautes-Pyrénées.
Étendue :
Longueur, de Gèdre au port de Gavarnie, onze kilomètres environ ; largeur, inconnue, n'ayant trouvé personne qui ait pu me fournir ce renseignement. Le cadastre m'a pourtant fait savoir que la superficie du territoire communal est de 7.531 hectares se divisant comme suit :
32 ha 32 ares. 30 ca.
144 ha 27 a 50 ca.
6906 ha 83 a 00 ca.
186 ha 87 a 70 ca.
1 ha 12 a 00 ca.
116 ha 78 a 50 ca.
43 ha 68 a 90 ca.
31 a 70 ca.
5 ha 94 a 10 ca.
90 ha 06 a 00 ca.
2 ha 54 a 70 ca.
La distance de la commune au chef-lieu de canton est de dix-neuf kilomètres sept cents mètres ; au chef-lieu d'arrondissement, trente-huit kilomètres, et au chef-lieu du département, soixante-huit kilomètres.
Ce pays est tout à fait montagneux. On peut en juger, puisque c'est à Gavarnie et dans un tout petit rayon environnant que se trouvent les plus hautes montagnes du versant pyrénéen français. Je l'ai déjà dit, très peu de labourable, quelques maigres prairies, enfin une petite quantité de tristes forêts ou bois. Tout le reste du terrain en montagnes qui, à force d'étendue, donne d'assez bons pâturages à la belle saison. Comme il est dit ci-dessus, le sol est des plus abrupts.
Les montagnes principales de la commune sont :
- Le Marboré, au sud-est, hauteur 3.327 mètres,
- Le Taillon, au sud, hauteur 3.146 mètres,
- Le Vignemale, à l'ouest, hauteur 3.298 mètres,
- Enfin, le Pimené, au nord-est, hauteur 2.863 mètres.
Il y a bien, dans le territoire communal, une foule d'autres pics qui mériteraient peut-être d'être cités ; mais la nomenclature en serait trop longue.
La nature des roches constituant nos montagnes est :
1°- le schiste
2°- le calcaire
3°- le marbre blanc
Ce sont là les trois qualités dominantes.
Comme curiosités naturelles, on va voir que Gavarnie est assez bien partagé :
1)- Le Cirque dit de Gavarnie.
Ce cirque, formé par la nature, défié, en le dépassant, tout ce que les hommes anciens et modernes ont fait de travaux en ce genre. Aussi, fait-il l'admiration du monde entier. Sa hauteur varie de 1.400 à 1.700 mètres. Son développement au fond, est d'environ 3.600 mètres. Treize cascades versent leurs eaux au fond du Cirque. L'une d'elles, la troisième à gauche, une des plus belles du monde, puisque les eaux tombent d'une hauteur de 422 mètres, est la célèbre cascade qui fait l'admiration des nombreux visiteurs français et de toute nationalité qui viennent la contempler tous les ans. Aux mois de Juillet et l'Août, lorsqu'elle coule dans toute sa force, c'est une véritable merveille.
2)- La Brèche de Roland -
Altitude : 2.804 mètres. Vers l'Ouest de la Cascade, et dans le Cirque, se trouve une sorte d'entaille ayant au moins, cent mètres de long sur environ 60 mètres de large, faite sur le roc. Les parois de cette brèche sont à pic.
La tradition rapporte que cette entaille fut faite par Roland, d'un coup de la fameuse épée, Durandal. Les gens du pays prennent cela comme un article de foi. On serait mal venu ici de feindre de douter de l'exactitude de la légende. Et Roncevaux, donc ? La légende ajoute encore que lorsque Roland eut fait la brèche, dont il vient d'être parlé, se sentant poursuivi par les ennemis, il monta sur son cheval et lui fit franchir, d'un bond, la distance qui sépare la Brèche, du Chaos de Gavarnie environ 9 kilomètres, et que, par la force du saut, le cheval, de ses pieds, démolit le roc, ce qui forma le Chaos.
Ce Chaos n'est autre chose qu'un grand amas des débris d'un contrefort d'une montagne appelée le Coumélie, qui s'est écroulé, dans le temps, en fragments énormes, probablement à la suite de quelque violent tremblement de terre. Quoiqu'il en soit, la prétendue brèche de Roland peut servir de passage aux touristes pour passer du Cirque au voisinage espagnol. Elle aurait servi autrefois, au dire des gens du pays, de passage aux nombreux contrebandiers, exerçant alors leur triste industrie sur une grande échelle.
- Hauteur du Col de la Cascade : 2.948 mètres.
Cours d'eau de la commune : Le Gave.
Ce torrent prend naissance au cirque de Gavarnie et est destiné à devenir le Gave de Pau, après avoir reçu dans son cours plusieurs de ses congénères et plusieurs ruisseaux descendant des montagnes, avant d'arriver à Argelès. Quant au débit du torrent, il est fort difficile d'établir ici une moyenne, vu qu'il suffit du moindre vent d'Espagne ou d'un peu de pluie pour fondre la neige et par conséquent y grossir le cours d'eau. Aussi, les crues ne sont pas rares, surtout depuis les premiers jours de beau temps jusque vers la fin de juillet. Le Gave n'est guère guéable, il n'y a point de gué sûr pour le traverser. Pour ce qui est des canaux, à part quelques petits filets d'eau dérivés du Gave pour alimenter quelques moulins insignifiants, qu'on pourrait appeler moulins de famille, on ne trouve pas ici de canal méritant d'être cité. On n'y trouve point, non plus, de lacs. Seulement, deux étangs d'une certaine importance, le premier nommé étang de Luou de Loubos et l'autre étang de la Bernatoire. Ces étangs ne sont poissonneux ni l'un ni l'autre, bien qu'on ait essayé à plusieurs reprises de les en rendre. Toutes les eaux de la commune, sans exception, sont potables. Gavarnie n'a point de sources thermales ni autres méritant une mention.
Altitude de la commune : 1.350 mètres au-dessus du niveau de la mer.
Le climat : est froid, même très froid et rigoureux.
Les vents dominants sont : les vents du Sud et du Nord. Ceux de l'Est et de l'Ouest soufflent rarement.
Pluies : assez fréquentes et le plus souvent amenées par le vent du Sud.
Neige : en moyenne pendant 5 ou 6 mois de l'année au village et à une certaine hauteur ; éternelle au haut de plusieurs pics et dans certains endroits de la montagne.
Température moyenne : de huit à neuf degrés au-dessous de zéro. Cette année, au coeur de l'hiver, mois de janvier, nous avons constaté jusqu'à treize degrés au-dessous de zéro. Chaleur moyenne de 20 à 22 degrés, pendant environ un mois d'été. C'est le mois d'Août.
Salubrité : bonne. Endroit très sain ; air des plus purs. Rarement on a vu des maladies graves ou des épidémies. Aussi compte-t-on, dans la commune plusieurs personnes plus qu'octogénaires et qui promettent encore de vivre de longs jours.
II
D'après le recensement de 1886, la population de Gavarnie est de trois cent dix habitants (310). Ce chiffre tend à s'accroître, la mortalité n'atteignant pas, depuis quelque temps, le nombre des naissances annuelles.
La commune se divise en trois quartiers, savoir :
1°- Quartier du Centre - population 162 habitants - Nombre de feux : 30
2°- Quartier Rivière-dessus - population 48 habitants - Nombre de feux : 7
3°- Quartier Rivière-Debat - population 100 habitants - Nombre de feux : 15
La commune est administrée par un Maire assisté d'un Adjoint et de huit autres Conseillers Municipaux.
Autres fonctionnaires : un curé, un instituteur public, une institutrice publique, un facteur rural, un cantonnier et un garde forestier, un garde champêtre. Le culte est catholique. La commune est desservie par un prêtre résidant.
Pour les finances : la perception se trouve au chef-lieu de canton, Luz.
Postes et télégraphes :
Les bureaux de ces deux administrations se trouvent aussi à Luz.
Valeur du centime au principal des quatre contributions directes : 7 francs 40 c.
Revenus ordinaires : 2.476 francs.
III
On cultive :
1°- le seigle.
2°- de l'orge.
3°- la pomme-de-terre.
4°- enfin le sol produit du foin.
Quantités moyennes de la production :
1°- seigle, 200 hectolitres.
2°- Orge, 200 hectolitres.
3°- pommes-de-terre, 400 hectolitres.
4°- Foins, 3000 quintaux.
Ces chiffres dénombrent qu'à l'endroit de la production, la commune est loin de se suffire à elle-même ; il faut qu'elle s'approvisionne ailleurs.
Procédés de culture : Hélas ! la routine, la vieille routine. On se sert de charrues en bois des plus primitives.
Bois et forêts :
Environ 240 hectares se divisant en taillis, 105 hectares et futaies 135 hectares. Les taillis servent au chauffage des habitants. On fait une coupe régulière tous les ans. Valeur moyenne de la coupe : 800 francs. Quant aux futaies, on ne peut les exploiter, faute de chemins de vidange. Les arbres sont donc généralement condamnés à mourir sur place ou à être enlevés par les avalanches. D'ailleurs, ces futaies ne donnent que des arbres rabougris, faute de nourriture, puisqu'elles sont placées à peu près sur des rocs nus. On ne compte point sur les futaies comme revenu. Quant aux essences qui constituent les taillis ou les futaies, on trouve le hêtre, le pin, le sapin. Le hêtre constitue à peu près, à lui seul, les taillis. Donc, le pin et le sapin pour les tristes futaies.
Régime forestier : Les forêts sont sous le patronage de la haute administration forestière et protégées aussi par la surveillance quotidienne de gardes cantonaux.
Reboisement des montagnes : Malheureusement, le reboisement n'est ici qu'à l'état de projet.
Vignes : La vigne n'est point cultivée dans ces montagnes. Cela s'explique, vu le climat et la rigueur du temps.
Animaux divers : On peut porter les animaux de la commune aux chiffres suivants à savoir :
1°- Vaches, 250
2°- Veaux, 120
3°- Moutons, brebis ou agneaux, 1800
4°- Chevaux, 60
5°- Mulets et mules, 10
6°- Anes, 50
7°- Porcs, 50
Les animaux, dont il est parlé ci-dessus, ne sont pas réunis en troupeaux. Chaque propriétaire a les siens qu'il élève et soigne à sa façon. Comme volailles, on ne trouve que des poules et le nombre en est encore très restreint puisqu'il y en a à peine 300 dans toute la commune. On n'élève point d'autres oiseaux de basse-cour, ni dindon, ni oies, ni canards, etc.
Chasse : On peut chasser ici l'isard ou chamois, la perdrix rouge, blanche et grise.
Quant à la pêche : on ne rencontre d'autre poisson que la truite. Ce poisson est assez abondant, la pêche en est assez fructueuse.
Produits de toute nature : Mines et carrières exploitées ou à exploiter. On n'en exploite plus aujourd'hui ; mais, dans le temps, on en a exploité de plomb argentifère et de baryte. Ces mines pourraient, au dire des gens du pays, s'exploiter encore avec avantage, les filons étant loin d'être épuisés et les voies de communications étant devenues meilleures, et bien plus, par la construction de la route nationale N° 21. On prétend ici que les frais d'exploitation seraient largement compensés par les produits donnés.
Usines : IL n'y a point d'usines dans la commune.
Moulins : Il se trouve dans la commune plusieurs petits moulins qu'on pourrait appeler moulins de ménage. Ils ne servent, en effet, qu'aux besoins des propriétaires locaux.
Manufactures : Il n'en existe pas ici.
Voies de communication :
1°- Route de grande communication n° 21, de Luz à Gavarnie, construite en 1863 et 1864.
2°- Chemin muletier communiquant avec l'Espagne par le port de Gavarnie à Boucharo.
3°- Chemin muletier de Gavarnie au Cirque de ce nom et à la Cascade.
Toutes les autres voies de communication consistent en de petits sentiers plus ou moins bien tracés dans la montagne et servant aux touristes ou excursionnistes ainsi qu'aux pâtres et bergers.
Ponts :
Il n'y a ici qu'un pont méritant d'être cité ; c'est le joli pont de Gavarnie, construit en 1867 avec du marbre extrait des carrières situées sur le territoire communal. A ce sujet, j'avais omis de dire plus haut que le marbre est abondant à Gavarnie. Les carrières pourraient s'exploiter assez facilement. On y trouverait du marbre blanc d'une assez grande valeur.
Point de voies ferrées, ni autres moyens de transport, tout se fait à dos d'âne, de cheval ou de mulet. Pour communiquer avec les chefs-lieux du canton, de l'arrondissement et du département, il y a la route, dont il est parlé plus haut, de Gavarnie à Pierrefitte-Nestalas et depuis cette dernière localité, la voie ferrée pour Argelès et Tarbes. Il n'y a point ici de voitures publiques ni diligences d'aucune sorte, etc.
Commerce local :
Beurre estimé, fromages, laine, moutons et vaches, quelques mulets et chevaux.
Produit moyen des ventes de l'année :
20.000 francs.
Foires et marchés :
Une foire se tient à Gavarnie le 22 juillet de chaque année. Elle est spéciale aux chevaux et mulets. Ces animaux y sont conduits de toutes les communes du canton et quelquefois de plus loin. Le débouché est l'Espagne. Les espagnols arrivent en grand nombre pour se pourvoir. Malgré tout, cette foire perd beaucoup de son ancienne importance. Comme marchés, les habitants de Gavarnie ne peuvent guère se rendre qu'à celui de Luz qui se tient régulièrement le lundi de chaque semaine.
Mesures locales encore en usage :
A part quelques vieilles femmes qui pour peser leur beurre, se servent encore de l'ancienne romaine de la livre ou de la prime, la grande majorité de la population fait usage aujourd'hui du système légal des poids et mesures.
IV
Étymologie probable du nom de la commune :
Gave, parce que ce torrent prend naissance au fameux cirque dit de Gavarnie.
Histoire municipale :
Autrefois, sous le nom de la Madeleine, Gavarnie était une propriété de l'Ordre du Temple dont quelques membres, échappés d'Auch, seraient venus chercher un refuge ici. Cette propriété appartint ensuite aux Hospitaliers de St Jean de Jérusalem. Les Templiers construisirent ici une église et un hôpital dont on trouve encore des vestiges en remuant le sol à une petite profondeur. Ce qui rappellerait un peu, au dire de la tradition, le passage ici des Hospitaliers de St Jean, c'est qu'il existe, entre le village de Gavarnie et le Cirque, un vaste terrain vague, un peu marécageux, qui aurait été autrefois un lac appartenant aux Hospitaliers et que l'on désigne aujourd'hui sous le nom de Prade de Saint-Jean. Après la destruction ou la disparition des Ordres susnommés, Gavarnie devint colonie de Luz. Plus tard, on en fit une section de Luz, et cette section fut administrée par un adjoint spécial. Enfin, par ordonnance royale du 4 Août 1842, Gavarnie fut érigée en commune.
Traditions :
- Les crânes de l'église de Gavarnie.
On montre dans l'église de Gavarnie douze crânes conservés dans une sorte de coffre, crânes que l'on dit avoir appartenu à douze hospitaliers qui auraient été décapités ici.
Qu'y a-t-il de fondé dans ce dire ? Je crois qu'il serait fort difficile de répondre d'une manière sûre. Toujours est-il que lorsqu'on voulut, il y a environ quarante ans construire une chapelle et un clocher à l'église actuelle qui a été bâtie sur une partie du terrain occupé par l'ancien hôpital des Templiers, tout en faisant des fouilles pour asseoir les fondations, on trouve, à une certaine profondeur et enfermés dans un carré construit et recouvert de dalles, douze squelettes. Ne seraient-ils point ceux ayant appartenu aux douze Templiers dont il est parlé plus haut et dont on montre les crânes ?
Et tout en démolissant un mur, ancienne ruine de l'hôpital desdits Templiers, on trouva encore, dans un pan de ce mur, deux autres squelettes entiers renfermés là-dedans. On les trouva placés dans une position verticale. Ils avaient été crucifiés, car les clous des mains, des genoux et des pieds étaient encore à la place où ils avaient été plantés, traversant les os. Bien des personnes dignes de confiance qui ont été témoin de cette trouvaille m'ont certifié le fait et sont prêtes à en témoigner si c'était nécessaire. L'une d'elles, et des plus respectables, ajoutait même que si elle était riche, elle chercherait le moyen de se faire autoriser à pratiquer des fouilles sous l'église actuelle et dans les terrains touchant à cet édifice, dans un petit rayon. Personnellement, j'ai cru devoir noter tous ces dires, sans commentaires.
Moeurs de la localité : bonnes, simples et pastorales.
Culte : Exclusivement catholique.
Costumes :
On porte ici le costume ordinaire des montagnards pyrénéens. L'antique cape en laine persiste. C'est le principal vêtement de toilette. Elle n'est pas prête de disparaître.
Alimentation :
Le laitage, le pain de seigle et l'orge et la pomme-de-terre forment la principale nourriture des habitants.
Monuments :
il n'y en a point ici qui méritent d'être cités.
Archives communales :
Elles sont en assez bon état depuis l'érection de Gavarnie en commune, (1842). Celles antérieures à cette dernière date doivent se trouver à la mairie de Luz. Mais, pour ce qui est de documents officiels pouvant servir à établir l'histoire de la commune, il n'y a rien ici.
Point d'ouvrages, point de monographies, pas le moindre écrit sur la commune. On est forcé de croire à ce que l'on voit et de s'en rapporter aux dires des braves habitants.
Annexe au titre IV - Enseignement
Historique de l'enseignement - et des écoles dans la commune aux diverses époques :
Avant l'érection de Gavarnie en commune, il est impossible de dire comment l'enseignement y était donné. Personne n'a pu produire le moindre renseignement à cet égard. Les documents font totalement défaut.
Depuis 1842, il y a eu toujours ici, à ce que l'on assure, des instituteurs et des institutrices publics. Un bâtiment construit en 1876, a été destiné et approprié pour tenir l'école de garçons. Avant cette dernière date, l'instituteur faisait sa classe dans des maisons louées, à cet effet, par la commune et dont elle payait le loyer.
Pour l'école de filles :
la commune n'a pas encore de bâtiment spécial. L'institutrice fait sa classe et loge dans une maison dont la commune a loué deux chambres, moyennant un loyer annuel de quatre-vingt francs, inscrits au budget municipal.
J'avais oublié de dire que l'école de garçons comprend aussi un logement bien modeste pour l'instituteur.
Les besoins :
Des deux écoles de cette commune sont à demi satisfaits. On devrait procéder à des achats de mobilier et de matériel scolaires.
Fréquentation des écoles de la commune :
Il est infiniment pénible de constater sérieusement que les écoles de Gavarnie sont loin d'être fréquentées avec l'assiduité désirable, l'école de garçons surtout. Cela tient à deux causes principales. D'abord, pour les deux sexes, la grande quantité de neige qui tombe et reste ici pendant quatre à cinq mois, empêche les enfants éloignés de l'école de quitter leurs foyers. Ensuite, pendant la belle saison, les garçons sont employés par leurs parents à suivre les troupeaux dans la montagne. Si nous joignons à cela peut-être un peu trop d'indifférence de la part des parents à l'endroit de l'instruction, nous avons à peu près justifié et fait connaître le véritable état de l'instruction ici. Les absences sont tellement nombreuses qu'il y a véritablement de quoi en gémir. Je le répète, c'est surtout sur les garçons qu'elles portent. C'est avec le plus vif regret que j'exhale ces plaintes qui malheureusement sont trop fondées. Et pourtant, la loi de l'obligation est votée depuis de longs jours !
Malgré le triste état de choses que je viens de signaler, tous les conscrits de l'année dernière et tous les conjoints ont pu signer leurs noms.
Institutions scolaires :
Une bibliothèque scolaire est en voie de formation à l'école de Gavarnie. Une concession de livres vient, en effet, d'être accordée par M. le Ministre de l'instruction publique, à la date du 27 6bre 1886. N'ayant point eu encore l'occasion de pouvoir faire retirer ces livres de la Préfecture où ils sont en dépôt, il est impossible de faire connaître le nombre des ouvrages concédés. Ils seront cependant retirés dans peu de jours et catalogués. Le soussigné à l'espoir que la commune et lui trouveront de quelque façon les moyens d'agrandir ou d'augmenter ce que Monsieur le Ministre, dans sa bienveillance, a daigné commencer.
La caisse des écoles ne fonctionne pas encore ici, pas plus que la Caisse d'Épargne scolaire. Le pays est pauvre. Il est fort difficile d'engager la plupart des familles à faire quelque sacrifice, même pour leur propre intérêt ou celui de leurs enfants.
Traitement des maîtres :
L'instituteur actuel jouit d'un traitement de 1.200 francs. L'institutrice a 600 francs. La commune paye en outre, sur ses revenus ordinaires et annuellement une somme de 80 francs pour loyer de la salle d'école des filles et le logement de l'institutrice.
Enfin, pour améliorer le mobilier et le matériel des deux écoles, la commune devrait s'imposer le sacrifice d'une somme d'environ 200 francs. Après cette petite dépense, les titulaires donneraient l'enseignement avec beaucoup d'aisance ou de facilité. Cet enseignement produirait de meilleurs fruits.
L'instituteur public
Gavarnie, le 20 avril 1887.
Planté.
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[Commune de Gavarnie.]
[Généralités sur les Communes]
[Sommaire]
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