La monographie de Labatut-Rivière
Hautes-Pyrénées
département 65.

(ADHP - Monographie établie en 1887)




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I


La commune de Labatut surnommée Rivière pour la distinguer de Labatut-Figuière (Basses-Pyrénées), est située au nord du département.

Elle est limitée : au nord par la commune de Tieste (Gers) ; à l'est par Ladevèze (Gers) ; au sud par Auriébat et Estirac (Hautes-Pyrénées ) ; et à l'ouest par Caussade et Hères et Soublecause. Elle mesure 5 kilomètres du Nord au Sud et 5 Kilomètres de l'est à l'ouest. La superficie Totale est de 2500 hectares environ. La distance de Labatut au chef-lieu de canton est de 7 kilomètres et de 34 kilomètres au chef-lieu de département et de l'arrondissement.

Le pays est plat. Néanmoins on pourrait diviser l'aspect physique du sol en deux parties bien distinctes. La partie située sur la rive droite de l'Adour est en quelque sorte un plateau légèrement incliné vers la rivière ; tandis que la partie située sur la rive gauche est de quatre ou cinq mètres en contre-bas.

La partie est bornée par la colline située presque dans toute sa longueur dans le Gers, qui est la prolongation de la colline de Sarrouilles, qui sépare la plaine de l'Adour de la région des coteaux ; elle s'éteint à Plaisance (Gers) à 10 kilomètres au nord de Labatut. Elle est constituée par des terres compactes, argileuses, occupées presque en totalité par les vignobles, et des masses granitiques employées dans les constructions.

Le terrain de la plaine est de nature compacte propre spécialement aux céréales, surtout au blé ou froment.

L'Adour, descendant des Pyrénées, traverse le village de Labatut du sud au nord. Son cours assez rapide, dans un terrain plat, sablonneux et par suite trop friable change souvent de place. Il fournit le sable, les cailloux et le gravier nécessaire aux communes situées sur les coteaux voisins. L'Estouès, petit cours d'eau qui prend sa source dans le plateau de Lannemezan, a son confluent dans l'Adour à Labatut. Dans les temps d'orage à l'époque des pluies, son lit donne passage à un torrent impétueux.

Au printemps, à l'époque où les neiges des Pyrénées se résolvent en eau, l'Adour devient un voisin incommode ; ses eaux débordent, couvrent les terres basses, situées sur la rive gauche, et endommagent considérablement les champs et les prés. Les crues dignes de mémoire sont celles de 1855 et de Juin 1875

La partie nord-est de la commune est séparée du département du Gers par un canal de dérivation de l'Adour, nommé l'Alaric, qui traverse le département sur une longueur de 45 kilomètres et se jette à l'Adour entre Tieste et Labatut. La tradition rapporte qu'il fut autrefois creusé par le roi des Wisigoths, Alaric, lors de son invasion dans la Gaule méridionale.

La rivière ou plutôt le fleuve de l'Adour n'a pas un lit bien profond, on peut dans beaucoup d'endroits, surtout en été , le traverser dans des passages fixes appelés gués.

Les eaux potables sont en quantité suffisante pour les besoins de la population. Chaque habitation est pourvue d'un puits, source d'eau, dont la profondeur moyenne varie entre cinq et sept mètres.

Labatut est à 170 mètres environ au-dessus du niveau de la mer. Le climat est froid en hiver et chaud en été. Il se ressent du voisinage du golfe de Gascogne. Le pays supporte le contre-coups de toutes ses colères : orages, tempêtes, grêles. La température par suite est fort variable. Quoi qu'il en soit le climat n'est pas trop malsain ; les fièvres épidémiques y sont fort rares.



II


La population, d'après le dernier recensement, est de 690 habitants. Il y a diminution constante de ce chiffre depuis fort longtemps. Les statistiques annuelles, faites en vue du mouvement de la population, donnent le plus souvent la priorité aux décès sur les naissances. Il faut aussi mettre en ligne de compte quelques cas d'émigration.

La commune est divisée en trois sections, savoir le chef-lieu de la commune, c'est-à-dire les habitations agglomérées, et les hameaux, au nombre de deux, le hameau de Soubagnac et celui de Labarthe. Le premier est situé au sud-est de la commune ; il comporte 19 maisons et 87 habitants. Le dernier est situé au nord-ouest de la commune ; il se compose de 8 habitations renfermant 34 habitants.

Le chef-lieu de la commune est divisé en quatre quartiers, savoir, celui de Téchénérats au nord, celui des Peyrès au sud du précédent, le quartier du village au centre et celui de Champagne au sud. La population du chef-lieu de commune est de 569 habitants répartis dans 155 foyers.

La commune est administrée par un maire assisté dans ses fonctions par un adjoint et 10 conseillers municipaux. Il y a aussi un garde champêtre, un valet commun, un cantonnier communal pour les chemins ruraux, un cantonnier pour les chemins vicinaux. L'instruction publique est donnée par un instituteur et une institutrice. Il y a aussi une école privée dirigée par des religieuses.

La commune est desservie pour les cultes par un curé, pour les finances par un percepteur résidant au chef-lieu de canton, et pour les postes et télégraphes par le bureau de poste de Maubourguet.

La valeur du centime est de 42,69 ; les revenus ordinaires tels que taxes sur les chiens, sur les chevaux et voitures, patentes, permis de chasse etc ..., atteignent approximativement le chiffre.



III


Ainsi qu'il a été dit plus haut, le sol de la commune peut-être divisé en deux parties bien distinctes. Les terres situées sur la rive droite sont de nature compacte, l'argile y domine, elles produisent du seigle, de l'orge, de l'avoine, du maïs, mais principalement du blé 14 à 16 hectos en moyenne à l'hectare. Ce chiffre est quelquefois dépassé, mais aussi n'est pas souvent atteint. Les terres situées sur la rive gauche de l'Adour sont de nature bien différente de celles qui précèdent, la silice y domine. Ces terrains sont particulièrement propres à la culture du maïs et des plantes fourragères. Aussi toutes les prairies de la commune sont-elles situées sur cette partie du territoire. On y conduit dans les mois de sécheresse les eaux de l'Adour par des canaux de dérivation.

Les bois sont morcelés, épars ; réunis en bloc ils formeraient une assez vaste étendue. Ils appartiennent é des particuliers et se trouvent sur les bords de l'Adour. Les différentes espèces d'arbres qui les composent sont le chêne, l'orme, le peuplier, le saule et l'aulne. Dans les collines les bois ont été convertis en vignes. Il est à craindre qu'il ne faille opérer inversement, c'est-à-dire remettre les vignes en bois et forêts.

Les bois communaux sont sur le bord de l'Adour ; ils sont de peu d'étendue ; ils produisent du bois d'aulne, de chêne et de peuplier. L'été les propriétaires y conduisent leurs bestiaux moyennant un droit de pacage.

Les vignes étaient la principale richesse de la contrée. Si dans certaines parties de la France elles sont mortes, ici elles ne produisent presque plus de feuilles ni de raisins. A quoi attribuer ce dépérissement ? En majeure partie aux intempéries, grêle, gelée, coulure, mildiou.. Le phylloxéra n'a pas encore été signalé.

Les habitants tirent encore du revenu de l'élevage, principalement de celui du mulet et du cheval, qui figure avec honneur dans les concours. Il y a encore quelques troupeaux de brebis mais de médiocre valeur.

La chasse produit fort peu vu l'absence de gibier. L'Adour est poissonneuse ; elle fournit beaucoup de poissons tels que la truite, le brochet, le goujon, l'anguille et le poisson blanc ou brême.

Le sol de la commune est pauvre en produits minéraux. Il y a cependant sur la colline quelques maigres carrières de pierres à bâtir . Comme usines la commune possède trois moulins et une scierie. Le moulin le plus important est situé sur un canal de dérivation de l'Adour, ainsi que la scierie qui travaille beaucoup. Les deux autres sont situés sur l'Alaric. Ils chôment pendant les mois de sècheresse.

Les voies de communication sont nombreuses et faciles. Les chemins vicinaux sont bien tenus et mettent en communication la commune avec ses voisines Les communes situées sur la rive droite et sur la rive gauche sont mises en communication par un pont en pierre construit en 1864. Il est fort fréquenté à cause de la gare de Caussade. Il n'y a point de voies ferrées ni de diligences. Les propriétaires se rendent aux foires ou aux marchés voisins avec leurs voitures. La route départementale de Tarbes à Plaisance (Gers) traverse le village du sud au nord. Elle est très fréquentée par les roulages parce qu'elle est dans un pays plat. Mais elle l'était davantage il y a quelques années : tous les vins récoltés dans le Gers suivaient cette route pour être transportés soit à Tarbes, Lourdes, Bagnères.

Le commerce local consiste en fourrages, objets d'épicerie, mercerie, quincaillerie, boulangerie etc. Autrefois, lorsque les vignes donnaient du vin, la commune en exportait beaucoup.

Les échanges se font principalement à Maubourguet ou le marché a lieu tous les mardis ; ils consistent en veaux, bœufs, vaches, porcs, chevaux, volailles, œufs, légumes. Quelques marchés situés dans les environs sont assez fréquentés surtout pour l'achat ou la vente des bestiaux.

Les anciennes mesures encore en usage dans la commune sont : longueur : pouce ligne empan (4 empans 1/2 font 1 mètre) ; mesures agraires : le journal (37 ares 64) surfaces des planches, maçonneries, la canne (carré de 8 empans de côté), pour les poids le quintal (50 kilogrammes) la livre ou 400 grammes ; capacités (matières sèches) la mesure ou 25 litres ; liquides la cruche ou 20 litres et la tasse ou 1/2 litre.



IV


Labatut s'appelait autrefois la ville du Réchou. Son étymologie vient de l'abattue, d'où Labatut. Plusieurs versions circulent sur l'origine de Labatut. L'ouvrage de Monsieur Abadie de Sarrancolin dit que du temps de la guerre des Albigeois la ville du Réchou fut abattue par Simon de Monfort ; de là lui viendrait le nom de Labatut :1 ère version.

Plusieurs vieillards de Labatut m'ont rapporté la suivante : Poncet de Rivière seigneur de la ville était d'une taille colossale ; ses bottes d'une ampleur peu commune sont encore au château. On le disait doué de pouvoirs occultes, mystérieux entre autres de faire danser les pierres, etc ... Un jour on lui dépêcha trois envoyés, était-ce à cause de ces pouvoirs dont je viens de parler ou pour quelque autre motif, on l'ignore toujours est-il reconnu que le résultat de cette ambassade fut le suivant : dans un combat singulier Poncet de Rivière tua les trois envoyés. Pour perpétuer le souvenir de cet exploit on fit sculpter trois têtes celles des vaincus ; elles sont enchassées sous les escaliers du château actuel. A la suite de cette défaite, le château fut livré à la guerre ainsi que la ville qui fut détruite ; il ne resta debout que la tour circulaire qui fait encore partie de la construction du château actuel et que les boulets de canon ne purent démolir à cause de l'épaisseur des murs. C'est de cette époque incertaine que la ville du Réchou aurait changé son nom contre celui de L'abattue ou Labatut.

L'idiome local est le patois ; la religion suivie est la religion catholique.

Le costume ne diffère guère du costume national, il n'y a d'exception que pour la coiffure, le béret qui se fabrique dans les Pyrénées et les sabots, chaussures avec des semelles en bois. Les hommes portent des blouses qui ressemblent beaucoup aux saies des anciens Gaulois, et les femmes pour se rendre aux pratiques de la religion se vêtent d'un capuchon en drap noir qui les recouvre de la tête aux pieds.

L'alimentation est généralement bonne ; ici le paysan se nourrit de pain, vin, viande (salée) légumes.

Il n'y a pas de monument remarquable que le château ; il était autrefois un château féodal, sans cet édifice il ne reste pour souvenir des temps anciens qu'une forte tour circulaire rattachée aux restes de la construction.

Les archives communales sont fort pauvres, on ne connaît pas d'écrit sur la commune.

Annexe au titre IV : Enseignement


La fondation des écoles dans la commune remonte vers le commencement de ce siècle mais pour les garçons seulement.

Actuellement il y a deux écoles publiques, l'une pour les garçons, l'autre pour les filles. La création de l'école des filles ne date que du 1er janvier 1882. Elle est établie dans le local de l'ancienne école des garçons pour lesquels une construction nouvelle a été faite et livrée à l'enseignement en 1882. L'école des filles est convenable, plus que suffisante pour la population scolaire actuelle ; le logement de l'institutrice seul nécessiterait des réparations.

L'école des garçons est entièrement gâtée ; le logement de l'instituteur, la salle de classe et la mairie sont situés dans le même local. L'exposition du levant est défavorable, l'école ou plutôt la salle de classe, située au midi, a constamment le soleil en regard, tandis que les pièces à l'usage de l'instituteur sont sur le nord. Elles ne voient jamais le soleil et sont par conséquent froides et malsaines.

Actuellement l'école est dépourvue de tous les accessoires indispensables, tels que préau couvert, remise pour l'instituteur. Fort heureusement la municipalité n'est pas réfractaire aux besoins scolaires. Elle fait construire un vaste préau couvert pour les élèves avec remise et bûcher pour le maître. Avant peu l'école de garçons sera pourvue des choses indispensables.

La fréquentation scolaire est irrégulière, surtout pendant le printemps et l'été : les familles dont les membres sont en général insuffisants, emploient les enfants à la garde des bestiaux.

Néanmoins, l'instruction est satisfaisante ; il y a peu d'illettrés. Les conscrits de la classe actuelle ont tous signé leurs noms ; il en est de même pour les conjoints de la dernière année.

L'école est pourvue d'une armoire bibliothèque contenant quarante deux volumes. Elle a été créée en 1882. Elle a assez de lecteurs, quatre vingt depuis sa fondation. Les livres existants ayant été lus et relus, il serait à désirer, en l'insuffisance des revenus communaux, que l'État fit une nouvelle concession de livres.

La commune n'ayant pas ou peu de revenus, ne fournit que peu pour le traitement de l'instituteur qui est de 1.100F le traitement fixe et 200F le traitement éventuel, le reste est fourni par l'État.




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département 65.

Entraide apportée par :
- M. Robert Maisonneuve
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© Marie-Pierre MANET









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