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Analyses du combat
de la bataille de la Croisette
.

chevalier à cheval

(Archives départementales des Hautes-Pyrénées.)



Sceau
00036426
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(Extrait du Lieutenant Grasset)


D'après la "Chronique de France", cette bataille de la Croisette, dans laquelle trois mille cinq cents hommes en enveloppèrent complètement huit mille est la victoire la plus complète de toutes celles que remportèrent les généraux de Charles VII.

Elle fut, de plus, très habilement conduite et elle fait le plus grand honneur à Barbazan. On y trouve l'application méthodique de tous les grands principes de la tactique moderne : reconnaissance, combat de préparation, démonstration, attaque décisive soigneusement préparée en dehors des vues de l'ennemi et occasionnant, au moment propice une surprise irrésistible, judicieux emploi des réserves et poursuite acharnée après la victoire ; rien n'y manque, tout a été combiné avec une sûreté de coup d'œil et une précision remarquables. Une seule particularité de cette journée pourrait nous choquer et constituerait effectivement aujourd'hui une faute : c'est la manière molle dont les arbalétriers ont mené le combat démonstratif. Il est nécessaire, en effet, que le combat démonstratif soit conduit avec une exceptionnelle rigueur, de manière à captiver l'attention de l'ennemi et à l'amener à immobiliser ses réserves tandis que l'attaque décisive se produit ailleurs. Mais il ne faut pas oublier qu'à cette époque personne ne manœuvrait, à l'exception de quelques capitaines d'élite, et que les armées ne quittaient pas volontiers leur position ; aussi Barbazan savait bien s'il n'avait pas besoin d'un combat démonstratif très vif pour maintenir dans l'inaction toute la ligne anglaise... Pour un empire, ces troupes n'auraient pas abandonné leurs tranchées ; il suffisait, pour les ancrer dans leur erreur de leur montrer qu'une attaque était sur le point de se produire sur leur front ; c'est ce que fit le général français.

Il convient de signaler que ce genre de combat démonstratif a souvent été couronné du plus grand succès contre des armées peu manœuvrières. A Cannes, Annibal obtint la victoire en dirigeant lui-même une attaque molle de son centre contre le centre romain, puis en reculant, de manière à entraîner l'ennemi dans la tenaille formée par les ailes de son armée.

Du Guesclin suivit la même tactique à Cocherel ou le Captal de Buch n'eut même pas la prudence du capitaine bourguignon ; il abandonna ses lignes pour se porter au devant de l'ennemi qui paraissait hésitant et il fut écrasé dans la plaine. A la Croisette, si les Anglo-Bourguignons avaient abandonné leurs lignes pour courir sus aux arbalétriers, ils se seraient heurtés à la puissante réserve que Barbazan avait conservée dans le plus grand ordre sous son commandement direct et qui comptait 2.500 hommes d'élite ; le désastre aurait probablement été tout aussi grand. L'ennemi laissa 1.500 hommes sur le terrain et 2.000 prisonniers entre les mains des vainqueurs ; les Français n'avaient perdu que 80 hommes.

Comme Barbazan n'avait pas d'argent pour entretenir et payer ses troupes, il aima mieux les licencier que de les laisser vivre sur le pays et il ne garda auprès de lui que ses Gascons qui lui étaient dévoués, corps et bien.



Extrait écrit par
le lieutenant Grasset,
le 27 octobre 1905.



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© Marie-Pierre MANET








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