Arnault-Guilhem de Barbazan bataille de la croisette.

Barbazan déploie ses arbalétriers et fait couvrir la position ennemie d'une grêle de flèches ; il fait, prudemment, mettre pied à terre à ses chevaliers, pour que, ceux-ci, dans un moment d'ardeur irréfléchie ne se précipitent pas en avant, bousculant la "pietaille" et ne viennent pas se faire massacrer devant des chariots renversés, comme à Crécy et à Poitiers.

L'affaire marche à souhait : l'ennemi résiste vaillamment et rend coup pour coup aux arbalétriers dont l'attaque lui paraît molle; mais, tout à coup, le désordre se met dans les rangs anglo-bourguignons et la panique s'empare d'eux... Leur arrière-garde vient d'être surprise et écrasés par les cavaliers de Vignolles qui arrivent en ce moment sur eux comme une trombe. Sauve qui peut ! Les plus braves jettent leurs armes et s'enfuient éperdus, criant à la trahison ; les chevaliers à qui on avait fait mettre pied à terre et dont on avait fait réunir les chevaliers en arrière, se trouvent démontés et voient avec désespoir leurs coursiers affolés courir dans la campagne... Les mercenaires, paralysés par la peur, demeurent blottis derrière leurs tranchées sans oser faire un mouvement et demandent merci. Il est temps d'en finir : Barbazan pousse vigoureusement ses archers en avant, met ses hommes d'armes à cheval et les lance au galop à droite et à gauche pour achever de cerner de qui reste de l'ennemi.

D'après la "Chronique de France", cette bataille de la Croisette, dans laquelle trois mille cinq cents hommes en enveloppèrent complètement huit mille est la victoire la plus complète de toutes celles que remportèrent les généraux de Charles VII.

Elle fut, de plus, très habilement conduite et elle fait le plus grand honneur à Barbazan. On y trouve l'application méthodique de tous les grands principes de la tactique moderne.

La bataille de la Croisette.

(Archives départementales des Hautes-Pyrénées.)

© Marie-Pierre MANET