Dans l'excès de son malheur, la France y trouva sa résurrection. N'oublions pas que le Dauphin, devenu roi de Bourges à la mort de Charles VI, n'avait plus qu'un trésor vide et une armée ridiculement réduite quant la Pucelle vint lui porter l'appoint de tout le patriotisme français. La France ne fut pas assassinée par Jean Sans Peur, elle trouva, au contraire, dans le sang de ce prince qui lui avait fait tant de mal et qui tombait victime d'une odieuse trahison, le germe d'une nouvelle vie !Le nouveau duc de Bourgogne, Philippe de Bon, mit à venger la mort de son père avec ardeur, un acharnement et une opiniâtreté inouïs. Il contracta avec le roi d'Angleterre le honteux traité de Troyes que le malheureux Charles VI eut le temps de ratifier avant "d'achever" de mourir. Le Dauphin était déshérité ; le roi d'Angleterre était déclaré "régent et héritier de France" et il promettait solennellement de labourer de tout son pouvoir à remettre en obéissance du roi, des villes, cités, châteaux, lieux, pays et personnes désobéissants et rebelles au roi, étant de la partie vulgairement appelée du Dauphin et d'Armagnac.
Au moment où cette abdication nationale était signé, les Anglais avaient déjà conquis la Normandie, le Beauvaisis, la Perche, le Vexin, Paris leur ouvrait ses portes, vaincu par la misère, la Guyenne leur était acquise et le Languedoc recommençait à s'agiter sous l'influence du Comte de Foix.
Une nouvelle constitution du royaume fut publiée, qui faisait de la France un "appendice" de l'Angleterre : les deux royaumes n'en formaient qu'un, en conservant toutefois chacun leurs coutumes particulières... Heureusement, toute l'énergie française n'était pas éteinte : elle se réveilla dans un splendide élan, et bien avant que Jeanne d'Arc ne vint donner une âme au patriotisme, le pays de la Loire et de la Gascogne firent un suprême effort pour repousser l'étranger.
Enfin, dégagé des scrupules que faisait naître dans son esprit la hantise de la guerre civile, scrupules qui ont souvent jusqu'ici arrêté le bras de l'homme de guerre pour faire de cet homme un diplomate, Barbazan va se jeter à corps perdu dans la mêlée, montrant tout de qu'il est : à la fois un grand cœur, prudent et expérimenté.
Extrait écrit par
le lieutenant Grasset,
le 27 octobre 1905.
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