Les opérations de la fin 1430 en Champagne furent ni moins habiles ni moins heureuses que les précédentes. Le général français s'attacha à la conquête méthodique de la province, s'emparant successivement des places occupées par les Anglais, avec l'aide des forces communales et des auxiliaires que sa réputation ne manquait jamais de lui procurer en grand nombre au moment du besoin.Il enleva soit de vive force, par intimidation Norinville, Voisines, Sens, Villeneuve l'Archevêque ; il se contentait de laisser dans chacunes des places prises un officier sûr et il en confiait la défense aux bourgeois armés dont il avait pu à la fois apprécier la valeur et le dévouement pour la Patrie. Ce procédé lui permit de ne pas affaiblir son petit noyau de Gascons et ce noyau lui assurait, dans toutes les armées, qu'il pouvait avoir à former, une troupe d'élite d'une valeur approuvée.
Arrivé à Troyes, Barbazan organisa la défense de la ville et appela les communes aux armes ; un grand nombre répondirent à son appel et désormais, partout où il eut à les employer, ces volontaires firent merveilles. Décidément, un souffle inconnu, jusqu'à ce jour, passait sur la France : Jeanne d'Arc, la fille du peuple transformée en guerrière, défendait, à ce même moment, sa vie, dans les cachots de l'Inquisition, contre les lâches embûches de quelques traités vendus à l'Angleterre, mais sa foi rayonnait bien loin à travers les murs épais de sa prison, et son sacrifice n'avait pas été vain. Partout, sur toute l'étendue du territoire, on courait aux armes, et comme la Champagne et en même temps qu'elle, la Normandie, l'Ile de France, le Poitou, trouvaient des chefs pour diriger la croisade contre l'étranger maudit :
"Mieux vaut, s'écraient les gens des communes, un anglais mort que dix anglais prisonniers".
(...)Si on songe à la misère qui désolait le pays depuis plus d'un demi-siècle, aux assassinats que depuis si longtemps on perpétrait au nom d'un parti politique qui était devenu le parti de l'étranger, on comprend et on excuse toute l'horreur de cette guerre au couteau !
Voyant que la Champagne, où ils s'étaient si solidement installés, leur échappait, les Anglais et les Bourguignons songèrent à "recourre" leur garnisons. Il ne leur restait plus guère dans cette région que Chappes sur la Seine et Auglure, sur l'Aube ; mais c'étaient là deux places à la conservation desquelles ils tenaient absolument, car elles gardaient les deux seuls points de passage qui restassent en leur pouvoir pour franchir les deux importantes lignes d'eau qui couraient Troyes. Barbazan veut leur fermer ces deux portes de la Champagne et il marche sur Chappes. Chappes est une petite localité que la Seine traverse, et qui est située à trois lieues environ en amont de Troyes. Elle avait été soigneusement fortifiée et était entourée d'un mur élevé et d'un large fossé dans lequel coulait un des bras du fleuve.
Extrait écrit par
le lieutenant Grasset,
le 27 octobre 1905.
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© Marie-Pierre MANET