Je crois pouvoir lire rien que sous le nom même de Beyrède cette topographie (présumée) : une vallée de la Neste d'Aure encombrée par les alluvions même de la rivière, avec formation de bancs dans son lit ou de banquettes en bordure (avec même éventuellement - pas nécessairement - apparition d'îles entre lesquelles les eaux doivent - ou devaient - se faufiler )La question est donc celle-ci. Cette image de lieux correspond(ait)-elle à ce qu'on peut encore en voir ou en deviner, abstraction faite évidemment des gros aménagements qu'a connu le cours de la rivière (barrage, etc...) et qui risquent d'avoir "rectifié" ou noyé tout cela (en fait il faudrait retrouver des cartes antérieures à ces changements ?
Le nom de Beyrède est intéressant particulièrement dans la mesure où on peut le comparer (pour l'opposer !) à un autre toponyme de la même région qui est Bernède.
Le suffixe étant identique (c'est le suffixe collectif -eta), l'opposition est entre deux radicaux bern- et beyr-, autrement dit, si l'on tient compte de l'évolution phonétique habituelle en Aquitaine où le v- initial devient b, vern- et veyr-.
Le première racine est celle du gaulois "verno", "aulne" ; Bernède, c'est "L'Aulnaie" ; pour la racine "veyr", elle a été diversement expliquée, mais comme dit un occitan :
"Mistral n'en douno tambèn uno esplicacieun que n'en vòu bèn uno autro : Veyre vendrié de Veyro : terro inculto abandounado"
(C'est d'ailleurs aussi l'hypothèse de Dauzat qui, dans son dictionnaire étymologique des noms de lieux en france, écrit à propos de Beyrède : "cf.prov. veire "terre inculte, jachère").Mais pour moi, même si ce sens de "terre inculte" existe effectivement, ce n'est qu'un sens dérivé et le premier sens qui se cache sous cette racine "veyro" devenue chez vous "beyro", c'est celui de terre(s) qui frise(nt) l'eau, donc "banc dans une rivière, île", suite à une accumulation d'alluvions comme dans le cas des "varennes" des Pays de Loire de d'Allier (et je ne choisis pas ce mot au hasard puisqu'en pays de langue d'oc, une "varenne" n'est autre qu'une "veyrune", mot dérivé de "veyro" : cf Laveyrune ou Lavérune qu'on trouve aussi sous la forme La Vérune). Étant par nature inondables, ces terres n'étaient pas exploitées et on se contentait d'y mener paître les bêtes quand cela était permis par la saison ( et le seigneur des lieux au Moyen-Âge !). C'est pourquoi on en parlait comme de friches.
Souvent ces lieux ont par le suite été drainés et mis en culture ; parfois même, ils ont été urbanisés, transformés en zones commerciales, industrielles, etc. Il est très probable que cela a été le cas à Beyrède, puisque j'ai vu qu'il y était question de barrages, d'usines hydro-mécaniques... Pourtant, il n'est pas exclu que de vieux plans ou même les lieux-dits ou encore les cartes IGN au 1/25000 e avec leurs courbes de niveau continuent à parler, d'autant qu'après tous les barrages sont souvent construits en aval d'un endroit où la vallée s'élargit et où les eaux ont tendance à divaguer entre des bas-fonds.
Pourriez-vous me dire si, pour Beyrède, la topographie du fond de vallée correspond(ait) à l'image que j'essaie d'en donner ici en partant du sens premier de l'occitan "veyro", sachant que cela est d'autant plus important qu'il s'agit en fait de retrouver là une racine perdue en langue d'oïl mais encore présente en langue d'oc ?
Copie de : Mr Jean Franville.
S'agissant d'une hypothèse liant toponymie et topographie, M. Franville aimerait savoir si déjà cette image des lieux (qu'il ne connaît pas) peut s'accorder ou non avec le site - actuel ou ancien - de la vallée au pied de Beyrède.
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