de Marie-Pierre Manet |
HISTOIRE :
L'histoire du département se rattache à celle de la Gascogne. - Le pays compris dans la province Narbonnaise par les Romains eut pour habitants primitifs des peuples que César nomme Tarbelli, Bigerriones et Flussates. - De la domination romaine il passa successivement à celle des Visigoths, des Francs, des Gascons. - La Bigorre, ainsi que le pays des Quatre-Vallées, eut des comtes à l'époque du gouvernement féodal. - Ces diverses provinces, réunis au Béarn en 1252, en ont depuis suivi le sort, et faisaient partie du patrimoine de Henri IV. - Après avoir appartenu aux comtes de Bigorre, les vallées du Lavedan eurent, vers l'an 1000, des vicomtes particuliers ; elles furent plus tard réunies à la Gascogne.Avant la Révolution, la Bigorre était un pays d'États ; il avait divers privilèges : ses députés, présidés par l'Évêque de Tarbes, se réunissaient tous les ans pour traiter de la répartition des impôts et des objets qui pouvaient intéresser le pays
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ANTIQUITÉS :
Les Monuments antiques autres que ceux du Moyen-Âge sont rares dans le département ; cependant, parmi les débris de l'époque romaine, on peut citer les établissements thermaux voisins de Cauterets, et que l'on nomme, l'un Bains des des Espagnols, l'autre Bains de César. - Dans le premier, on voit encore la voûte antique ; le reste des anciennes constructions est tout-à-fait en mauvais état. - Les Bains de César offraient autrefois une large piscine surmontée d'une voûte, éclairée par deux ouvertures de forme ovale ; aujourd'hui, cette distribution est changée et appropriée à l'usage que l'on fait de cette source. - Dans un pâturage, auprès de Laurès (arrondissement de Bagnères), on a découvert, il y a vingt ans, un beau pavé en mosaïque riche de couleurs diverses assez bien conservé, et plusieurs cuves en marbres. - La ville de Saint-Bertrand, ancienne capitale du Comminges, passe pour l'ancien Lugdunum Convenarum de Strabon et de Pline.On trouve dans les environs de cette ville, qui, au moment de la révolution, était encore un évêché, beaucoup de débris antiques, tels que vases, statuettes, tronçons de colonnes, restes d'aqueducs, médailles, briques, poteries, etc. - Un grand nombre d'autels votifs découverts dans le département sont consacrés à des dieux locaux, inconnus mêmes aux plus habiles mythologues. Ainsi, dans les inscriptions, on lit les noms de Héliougmouni, Armaston, Bocchus, Astoïlunnus, Abellion, Arardus, Iscitus, etc. - Une voie romaine qui conduisait de Dax à Toulouse traversait le département, on en voit encore des traces ; et l'on trouve non loin de Saint-Martin d'Arcizac en Bigorre, l'Estelou de Vielle, espèce d'obélisque tel que les Romains en plaçaient le long de leurs grandes routes ; c'est une masse carrée de 309 pieds de haut sur 8 d'épaisseur, bâtie par assises de briques et de pierres presque cubiques ; les revêtements en sont encore conservés dans quelques parties. - Une pierre levée (celle des Créchets, près de Barousse) n'appartient pas à l'époque druidique, et ne paraît être qu'un accident naturel.
MŒURS, CARACTÈRE, ETC :
Les mœurs et le caractère des habitants de Tarbes et des principales villes du département où affluent les étrangers qui fréquentent les eaux thermales sont empreintes d'urbanité et de politesse. L'esprit de sociabilité y est répandu. On trouve chez les Bigourdans une imagination vive, un esprit ardent, une sensibilité qui dégénère souvent en susceptibilité. Les Béarnais, leurs voisins, leur reprochent de manquer de franchise, et ceux qui citent avec orgueil le proverbe Bearnès "faus et courtès", ne manquent jamais d'ajouter "Bigordan pir que can". Mais ce n'est pas dans ce proverbe d'un jaloux voisinage qu'il faut chercher la véritable peinture des mœurs. Nous préférons citer l'opinion de M. La Boulinière, qui, ayant rempli des fonctions publiques dans le pays, a été, à portée de l'étudier.
"Le caractère des habitants de ce département est trop vif, trop léger, trop mobile, pour que la haine puisse s'enraciner dans les cœurs et y causer de grands ravages. Les habitants des Hautes-Pyrénées mettent plus de piquant que de méchanceté dans leurs offenses ; ils recherchent plutôt le triomphe de leur amour-propre que la vengeance ; et si cet amour-propre était bien dirigé et plus éclairé, la source la plus féconde de petites discussions domestiques serait tarie. Les femmes ont beaucoup contribué, dans cette contrée, à adoucir les mœurs".
"Quant aux habitants des campagnes, ils se divisent en trois classes : ceux des vallées et des montagnes, ceux des collines et ceux de la plaine. Les premiers sont en général vifs, laborieux, actifs, sobres et tempérants, mais tous fort ignorants et très superstitieux. Ils se nourrissent presque entièrement de légumes, de farine et de laitage, et ne boivent que très peu de vin. Leurs mœurs n'ont plus cette antique simplicité qui les caractérisait autrefois ; la fréquentation des eaux thermales les a modifiées ".
"Les habitants des collines mènent une vie moins frugale que les montagnards, et font un usage plus fréquent du vin. - Quant à ceux de la plaine, ils sont plus lents, paresseux et oisifs, aiment le vin, mais moins que ceux des collines. On rencontre plus de mendiants parmi eux ; ils sont ignorants et crédules. - On peut dire qu'en général les habitants des Hautes-Pyrénées sont simples, bons et généreux, un peu portés à l'ivrognerie ; ils aiment l'indépendance et ils ont du courage et de la fierté ; ils partagent la vive gaité des habitants du midi, et mettent dans leurs démonstrations cette chaleur, cet empressement qui caractérise la vivacité, et qu'anime un langage passionné, rapide et métaphorique".
COSTUMES :
Le costume des habitants des Hautes-Pyrénées est simple et commode : fait d'étoffes du pays, ce qu'il offre de plus remarquable chez les hommes comme chez les femmes est la coiffure. Pour les hommes, cette coiffure est, dans le pays de plaine, le berret aplati des Béarnais, et dans la montagne un haut bonnet de laine assez ferme pour rester droit sur la tête : les hommes portent pendant la mauvaise saison de larges capes à l'espagnole. La coiffure des femmes se compose d'une espèce de chaperon de drap rouge, bordé de noir, qui se pose sur la tête et qu'on nomme capulet. C'est une parure qui encadre d'une façon piquante le visage d'une jolie femme.
LANGAGE :
Le langage des habitants du département des Hautes-Pyrénées, comme la plupart des idiomes du midi, est vif, hyperbolique, bizarrement syncopé, dur quelquefois, mais toujours expressif et fortement accentué, ce qui lui donne de la prosodie et de l'expression. On y trouve, ainsi que dans la langue romane, beaucoup de mots latins, français, italiens, espagnols et quelques mots anglais, dont il s'est probablement enrichi pendant que la nation anglaise possédait la Guienne. Enfin, on y remarque des mots qui n'ont aucun rapport avec les langues méridionales et qui se rapprochent de celles du Nord : on croit qu'elles viennent des races celtiques qui ont habité cette contrée, ou des Goths et des Wisigoths qui l'ont occupée ensuite. - Cet idiome est riche, abondant, propre à exprimer toutes les idées, toutes les sensations, tous les besoins, et doué sous certains rapports d'une netteté et d'une finesse difficiles à atteindre..Si Toulouse a eu son Goudouly, poéte lauréat de l'Académie des Jeux-Floraux, le département des Hautes-Pyrénées se glorifie aussi d'un poète dont les œuvres en langage local sont l'honneur littéraire du pays. Dans le siècle dernier, Despourrins, grand-père d'un auteur qui de notre temps s'est aussi occupé avec succès des poésies patoises, a fait des chansons où l'on trouve des pensées vraiment poétiques, ornées de toutes les grâces du langage. Il a écrit avec le goût et la finesse que pourraient comporter les langues les plus harmonieuses, les plus propres à pendre les idées passionnées et les tableaux champêtres. Ses poésies sont répandues dans le pays et chantées comme m'étaient celles des troubadours il y a quelques siècles ; comme celles d'Homère et d'Ossian, elles sont confiées à la mémoire et à la tradition. Pour donner une idée du patois moderne du Bigorre, nous en citerons quelques vers :
D'U MEDECI.
Aci, debat aqueste peyre,
Repaüse lou plus gran de touts lous médecis,
Sui de poü d'està chens besis,
En a remplit lou cimeteyre.
on pourrait traduire littéralement ces quatre vers patois par un quatrain français :
Ici, sous cette pierre,
Repose le plus grand de tous les médecins,
Qui, de peur d'être sans voisins,
En a rempli le cimetière.
L'ancien patois béarnais présentait peu de différence avec cette langue moderne. Voici le couplet que chanta Jeanne de Navarre lorsqu'elle accoucha de Henri IV :
"Nouste Dame deü cap deü poün,
Adyudat-me à d'aquest'hore ;
Pregats au Dioü deü ceü
Qu'emboulle bié délioura leü,
D'u maynat qu'em hassie lou doun ;
Tou d'inqu'aü haüt doüs mounts l'implore,
Noustre Dame deü cap deü poün,
Adyndat-me à d'acquest'hore".
"Notre-Dame du bout du pont,
- secourez-moi à cette heure ;
- priez le Dieu du ciel qu'il veuille bien me délivrer promptement ;
- Qu'il me fasse le don d'un garçon ;
- tout, jusqu'au haut des monts l'implore.
- Notre-Dame du bout du pont,
- secourez-moi à cette heure"NOTES BIOGRAPHIQUES :
Parmi les hommes qui, nés dans le département, ont quelques droits à ce que la postérité s'occupe d'eux, on cite : MICHEL DE CASTELNAU, ambassadeur à Rome et en Angleterre dans le XVIe siècle, et dont les Mémoires historiques méritent d'être consultés ; l'abbé TORNÉ, archevêque constitutionnel de Bourges, ancien aumônier du roi Stanislas, bon mathématicien et prédicateur ayant obtenu de grands succès en province ; DESPOURRINS, poète distingué dont nous avons cité quelques vers, et dont les chansons en langue béarnaise passent pour des modèles de grâces et de naïveté. Despourrins appartient aussi au siècle dernier : en se rapprochant de notre époque, on trouve : le conventionnel BARRÈRE DE VIEUZAC, homme de talent, sans doute, mais qui a laissé une triste célébrité ; un autre conventionnel, PICQUE, géographe instruit, auteur de plusieurs ouvrages sur les Pyrénées.Les Hautes-Pyrénées ont fourni à l'art de guérir plusieurs hommes distingués : tels sont LARREY, chirurgien militaire, cité par Napoléon dans son testament avec cette honorable annotation : "Le plus honnête homme que j'aie jamais rencontré " ; LORDAT, ami du célèbre Barthez, et professeur lui-même à la faculté de Montpellier, auteur de plusieurs ouvrages sur la science médicale ; RIBES, membre de l'Académie de Médecine, qui, après s'être distingué dans les campagnes de la grande armée, était devenu chirurgien du roi Louis XVIII ; enfin le département, qui a fournit un grand nombre de braves à nos armées, compte parmi eux le Général MARANSIN. M. de Jouy, dans son Ermite en province, cité aussi comme appartenant à la ville de Tarbes, le courageux LOUSTANAU, commerçant béarnais devenu dans le siècle dernier, général au service du grand Mogol, et qui, après un séjour de vingt-cinq ans aux Indes orientales, était revenu dans sa patrie avec une fortune considérable et une réputation militaire égale à celle du fameux général Martin
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TOPOGRAPHIE :
Le département des Hautes-Pyrénées est un département frontière, région sud. Il est formé du Bigorre, de l'Armagnac et de quelques autres pays dépendants de l'ancienne Gascogne ; ses limites sont ; au nord, le département du Gers ; à l'est, celui de la Haute-Garonne ; au sud, l'Espagne, et à l'ouest, le département des Basses-Pyrénées. Il tire son nom de la position dans la partie la plus élevée des Pyrénées. Sa superficie est de 463,000 arpents métriques.
SOL. - Entrecoupé de plaines, de vallées, de collines et de montagnes, sillonné dans toute son étendue, du nord au sud, par des rivières et des torrents nombreux, le sol présente un aspect très varié et de grandes différences par rapport à sa nature. On peut le diviser en trois régions très distinctes : celle des montagnes ; celle des collines et celle des plaines. - La première offre un grand nombre de sommités dont les plans dénudés sont impropres à aucune culture. - Les croupes secondaires, les ravins et vallons ont un sol végétal formé des débris de rocs et d'un mélange de matières animales et végétales triturées et dissoutes par l'action des eaux. - Dans la seconde région, l'argile domine généralement. - Le sol est sablonneux dans les plaines.
MONTAGNES. - Nous consacrons, en parlant de la Haute-Garonne, un article détaillé à la description générale de la chaîne des Pyrénées, dont le département renferme quelques-uns des plus hauts sommets. (Voir t. II, feuille 6, pages 41 à 46).
VALLÉES. - Les principales vallées du département (nous décrivons les plus intéressantes en parlant des communes qu'elles renferment) sont celles d'Argelez, d'Arreau, de Campan, de Lourdes, de Luz, d'Azun, de Héas, d'Ossoue, de Louron, de Barousse, etc.
FORÊTS. - On évalue à 89,638 hectares l'étendue des forêts, presque le cinquième de la superficie du département. Elles sont distribuées fort inégalement ; il n'y en a dans la plaine qu'un petit nombre et d'une étendue resserrée ; sur les montagnes, leurs masses, comme l'espèce de bois, varie suivant la situation. Les essences dominantes sont, dans la plaine, le chêne, dans les montagnes, le sapin.
LACS. - Ils sont fort poissonneux, mais de très petite étendue ; les principaux sont ceux de Lourdes, de Gaube, d'Arrens, d'Estaigne, d'Escouboux, d'Aiglecluse, du Couret et de Camon. - Le département ne renferme ni marais ni étangs.
RIVIÈRES. - On y trouve un grand nombre de cours d'eau, mais aucune rivière navigable. - La cascade de Gavarnie est la source du Gave de Pau. Le Gers et l'Adour ont leur source dans le département.
CANAUX. - Les seuls que possède le département servent à l'irrigation, dont le système est d'ailleurs fort bien entendu. Les deux plus considé,rables sont le canal d'Alaric, qui s'étend de Pouzac jusqu'au-delà de Rabastens ; il a environ 22 lieues de long et a reçu son nom d'une tradition qui en attribue la première construction à Alaric, roi des Wisigoths : le canal de la Gespe, qui unit l'Adour au Chez, sert à l'arrosement de la prairie de Tarbes et fait tourner de nombreux moulins.
ROUTES. - Le département est traversé par 9 grandes routes royales et départementales .
MÉTÉOROLOGIE :
CLIMAT. -La température du département est douce, mais très variable. - Les vents, les orages, la grêle, tous les phénomènes atmosphériques s'y succèdent avec une rapidité et une inconstance remarquables. Le printemps est tempéré mais pluvieux, l'été sec et orageux, l'automne beau et agréable ; l'hiver doux vers le pied du versant de la chaîne, mais long et rude dans les vallées supérieures.
VENTS. -Le vent du sud-ouest est celui qui souffle le plus fréquemment. Il amène les pluies et les orages. Le vent du sud est d'une chaleur lourde et accablante. Celui du nord est une garantie de beau temps.
MALADIES. -L'air du département est généralement sain. - On ne voit pas dans les Hautes-Pyrénées d'épidémies meurtrières. Les fièvres dans quelques parties de la plaine de Tarbes et des goîtres dans les vallées sont les maladies les plus communes .
HISTOIRE NATURELLE :
RÈGNE ANIMAL. -Parmi les races d'animaux à l'éducation desquelles l'homme consacre ses soins, les espèces des chevaux et de la brebis sont les plus belles du département. La variété de l'espèce canine, appelée chiens de bergers, est aussi très remarquable. Ces chiens des Pyrénées sont d'une taille et d'une force vraiment extraordinaires. Ils combattent avec courage et avec succès contre les loups, et même contre les ours qui deviennent de plus en plus rares. - Les Isards vivent par troupes sur les rochers les plus escarpés. - Les oiseaux ont leurs régions comme les plantes. Le coq de bruyère, la fauvette des Alpes, la gélinotte des Pyrénées, le faucon et le merle de roche, se contentent des régions inférieures, et cèdent les sommets des Pyrénées aux aigles et aux vautours. - Les lacs et les rivières du département sont très poissonneux. On trouve des anguilles et des truites colossales dans certains lacs situés dans les vallées reculées.
RÈGNE VÉGÉTAL. -Il est très varié dans le département, en raison de la diversité des expositions ; on y trouve les plantes de la Suède et celles de l'Espagne ; mais à mesure qu'on s'élève sur le flanc et sur les sommets des montagnes, on voit la végétation diminuer. Après avoir quitté les vallées parfumées de l'odeur du thym, du serpolet, du romarin, les coteaux où la vigne se marie au cerisier, les forêts de châtaigniers, de chênes et de hêtres, on arrive dans la région des arbres résineux ; bientôt ces végétaux cessent de se montrer, le genièvre seul prospère encore. Dans la haute région, on ne trouve que des herbacés tels que le safran multifide, le carniller moussier et la gentiane ; cependant plusieurs saxifrages, des renoncules et d'autres plantes alpines bravent même les glaces et les neiges.
RÈGNE MINÉRAL. -Les richesses minérales du département sont nombreuses ; néanmoins il n'y a pas d'exploitation de mines métalliques : bien qu'il en existe de cuivre, de fer, de zinc, de plomb, et bien qu'il soit probable qu'on'puisse y en trouver d'or et d'argent, comme dans les départements voisins. - Les montagnes renferment du cobalt, de la plombagine, du bismuth, du grenat, de l'ocre, de la marne, du kaolin, etc. Mais, sa plus grande richesse en ce genre consiste dans les exploitations de marbre qui, depuis quelques années, y ont repris une nouvelle activité. - La plupart des marbres des Hautes-Pyrénées ne sont point susceptibles de recevoir un beau poli. Cependant il y existe trois carrières qui fournissent de très beaux marbres : ce sont celles de Campan, de Sarrancolin et de Beyrède. La première donne un marbre vert panaché, avec des taches et des veines blanches, grises et rouges ; malheureusement ce marbre, dont la beauté est remarquable, ne résiste pas beaucoup aux injures de l'air, et ne peut être employé qu'à des ouvrages intérieurs. Cette marbrière, exploitée sous Louis XV, a fourni les marbres qui décorent Trianon. - La montagne qui la renferme, étant toute de marbre, offre une extraction facile et abondante. - La carrière de Sarrancolin fournit un marbre d'un rouge foncé, avec des veines et des taches blanches et grises. - Celle de Beyrède offre un marbre d'un rouge très vif, veiné comme le précédent, et ayant les mêmes tâches : ce marbre est plus connu sous le nom de marbre d'Antin.
EAUX MINÉRALES ; -Il n'y a pas de département, en France, où elles soient aussi communes que dans celui des Hautes-Pyrénées. Indépendamment des sources isolées dont les effets sont constatés, on y compte quatre grands établissements de bains, et quelques autres d'une moindre importance. Les premiers sont ceux de Bagnères, de Barèges, de Saint-Sauveur et de Cauterets ; ; les seconds sont ceux de Cap-Vern, de Cadéac, de Siradan et de Sainte-Marie. - Toutes ces sources sont plus ou moins abondantes, mais en général elles sont chaudes ; leur température n'est cependant pas, à beaucoup près, la même. La moins chaude fait monter le thermomètre de Réaumur à 14 degrés et demi, et la plus chaude à 48.
CURIOSITÉS NATURELLES :
CIRQUE DE GAVARNIE. - Les cirques sont au nombre des merveilles les plus extraordinaires de la nature et des caractères les plus distinctifs des Pyrénées. Le cirque de Gavarnie est le plus remarquable de tous. Qu'on se représente un mur semi-circulaire, coupé à pic, de 500 mètres de haut, de 3,500 mètres de circonférence, surmonté et vastes et nombreux gradins, sur lesquels repose une zone de neige perpétuelle. Des rochers façonnés en tours couronnent ces gradins, lèvent leurs têtes jusqu'à 9,500 pieds de hauteur, et sont eux-mêmes dominés par des sommets de plus de 10,000 pieds d'élévation. Douze cascades tombent des divers points de l'amphithéâtre. Leur nombre comme leur volume varie selon la saison ; il en est deux qui ne tarissent jamais. La plus considérable est la fameuse chute de Gavarnie, ou de Marboré, nom du mont d'où coulent ses sources ; c'est la plus haute chute d'eau connue en Europe. Si le volume de ses eaux répondait à son élévation, elle serait sans égale au monde ; néanmoins, telle qu'elle est, elle ajoute beaucoup à l'impression inexprimable produite par l'aspect du cirque de Gavarnie. Ce cirque est un objet d'admiration et de curiosité pour tous les voyageurs que la saison des eaux attire dans le département ; il n'en est aucun qui crût avoir dignement employé son temps, s'il ne visitait cette merveille des Pyrénées. Les naturalistes et les géologues n'y font pas de moins fréquents pélerinages. Le célèbre Ramond, dans ses Observations sur nos Montagnes, n'a pas manqué de décrire ces lieux imposants. La peinture qu'il en a tracée a de l'éclat et de l'exactitude.
- "Imaginez-vous, dit-il, une aire semi-circulaire, dont l'enceinte est un mur vertical, et dont le sol se creuse en entonnoir. Figurez-vous ce mur haut de quatorze cents pieds, surmonté par les vastes gradins d'un amphithéâtre blanchi de neiges éternelles, et couronné lui-même par des rochers élevés en tours dont la cime horizontale en est aussi surchargée. Plusieurs torrents tombent de cet amphithéâtre dans le cirque. Un deux, beaucoup plus considérable que les autres, se précipite du haut d'une roche superplombée, en touche une saillie vers les deux cinquième de sa chute, et se brise, plus bas, sur une projection plus saillante de la même roche. C'est ce torrent que l'on considère comme la source du Gave de Pau. Telle est la grandeur des objets environnants, que la chute, dont les voyageurs croient peut-être exagérer la hauteur en lui donnant 300 pieds, et qui, à mes yeux plus accoutumés aux dimensions de cette espèce, paraissait n'en avoir que trois fois autant, mesurée géométriquement, est élevée de 1266 pieds, et disparaît, en quelque sorte, sous les rochers énormes dont elle est surmontée. C'est, après une chute d'eau de 1,800 pieds, qui se trouve en Amérique, la plus haute qui ait été mesurée. Elle excède de plus de 300 pieds celle du Lauterbronnen. - Le fond de l'entonnoir, rarement visité par le soleil, conserve des neiges permanentes, mais seulement dans les parties les plus abritées. Une portion de ces neiges, sous laquelle le gave se fraie un passage et dont la voûte reçoit les eaux d'un torrent auxiliaire, est ce que l'on appelle le Pont-de-Neige ou de glace".
Avant la révolution, le village de Gavarnie, par où l'on passe pour aller au cirque, était une propriété de l'ordre de Malte. il avait auparavant appartenu aux templiers. En 1833, le presbytère présentait encore quelques pans de murs, qui avaient fait partie de leur maison ; d'autres vestiges existaient auprès, et dans l'église, sur une poutre voisine de la tribune, on montrait les crânes blanchis de douze malheureux chevaliers décapités sur le lieu même, le jour où l'on ensevelit dans le même tombeau l'ordre entier et les mystérieux motifs de cette grande et générale proscription.
BRÈCHE DE ROLAND. - La célèbre brèche de Roland est une vaste coupure de 300 pieds de haut et d'autant de large dans la crête des rochers qui forment l'enceinte supérieure du cirque de Gavarnie. On ne peut y monter qu'en courant de grands périls : c'est pourtant un des passages fréquentés par les contrebandiers.
- "Qu'on se figure, dit Ramond, une muraille de rochers de 300 à 600 pieds de haut, barrière formidable élevée entre la France et l'Espagne. Qu'on se figure cette muraille courbée en forme de croissant, en sorte que la convexité en soit tournée vers la France. Que l'on s'imagine enfin, qu'au milieu même, Roland, monté sur son cheval de bataille, a voulu s'ouvrir un passage, et que, d'un coup de sa fameuse épée, il y a fait une brèche de 300 pieds d'ouverture, et l'on aura une idée de ce que les montagnards appellent la brèche de Roland. Le mur a peu d'épaisseur ; mais il en acquiert davantage du côté des tours de Marboré, qui s'élèvent majestueusement au-dessus de la porte et de toutes ses avenues, comme une citadelle placée là pour en défendre le passage. Outre les portes, deux fenêtres sont ouvertes dans le même mur, au milieu des deux cornes du croissant, et vis-à-vis les deux pointes de ces deux cornes, deux monts pyramidaux servent comme d'avant-corps à l'édifice ; car ici, tout est symétrique. - C'est d'ailleurs un affreux désert que ce lieu. Point de végétation ; des neiges accumulées du côté de la France à une hauteur considérable, plus rares du côté de l'Espagne, et moins durables, mais qui découvrent, en cédant aux ardeurs du midi, de longs ravins et de vastes éboulements, que la nature n'a pas encore fécondés ; des rochers de toutes parts, plus âpres et plus hérissés du côté de la France, plus dégradés du côté de l'Espagne, et suspendus sur le précipice d'une manière plus menaçante, partout des monts plus entassés et plus hauts au nord, où la forme et la blancheur des sommets rappellent l'idée des vagues courroucées ; plus prompts à s'abaisser au midi, où leurs croupes vertes et arrondies semblent être les ondes d'une mer tranquille".
OULE DE HÉAS. - Les paysans appellent oules 1 les vastes entonnoirs en forme de cirques que l'on trouve fréquemment dans les montagnes, et auxquels certains auteurs donnent pour origine l'écroulement de cavernes intérieures. Nous avons parlé du cirque de Gavarnie, remarquable par son voisinage des neiges et des glaciers éternels. L'oule d'Esaubé a aussi de la réputation, mais quoique beaucoup plus développé, il nous paraît moins digne de remarque. Un cirque d'une nature toute différente, c'est l'oule de Héas, situé au milieu du plateau de Troumousse. Deux chaînes de rochers, après avoir resserré une étroite vallée ou plutôt une fissure profonde, s'écartent tout à coup et s'arrondissant en formant un vaste croissant : l'une des branches du croissant se termine par deux énormes rochers entre lesquels passe la rampe qui conduit au port de Caneau et dont la blancheur éclatante contraste avec le ton rembruni des falaises qui les accompagnent. L'autre branche est une longue montagne aride et dépouillée, dont le sommet, vaste plate-forme, est surmonté d'un roc tronqué qu'on appelle la tour des Aiguillons. Ce rocher ressemble au Marboré, quoique son élévation soit bien moindre, mais il grandit par son isolement même. La montagne de Troumousse, chargée de glace, hérissée d'aiguilles, sillonnée de profondes déchirures, réunit les deux branches du croissant : l'espace renfermé dans une pareille enceinte serait un gouffre, s'il n'était immense. Cette enceinte n'offre nulle part moins de 8 à 900 mètres de hauteur, mais elle a plus de deux lieux de circuit. L'air est libre, le ciel ouvert, la terre parée de verdure ; de nombreux troupeaux s'égarent dans l'étendue, dont ils ont peine à trouver les limites.
"Trois millions d'hommes ne rempliraient pas l'oule de Héas ; dix millions de spectateurs trouveraient place sur cet amphithéâtre qui l'environne ; et ce superbe cirque se trouve à la crête des Pyrénées, à 1,800 mètres d'élévation, au fond d'une gorge hideuse, où le voyageur se glisse, en tremblant, le long d'un misérable sentier penché sur les précipices".
GROTTE DE LA PEZ. - On voyait naguère, et nous doutons qu'on puisse s'en approcher encore à cause de la rapide dégradation des roches feuilletées sur lesquelles le chemin avait été tracé, une grotte remarquable ouvrage des hommes, mais auquel la nature avait imprimé son cachet. C'était le résultat d'une étrange tentative faite vers le milieu du siècle dernier dans le port de la Pez. Des entrepreneurs avaient conçu l'idée de percer la montagne, à sa hauteur moyenne, d'un long couloir qui, débordant au milieu des forêts de la vallée espagnole de Gistan, devait leur offrir la facilité d'amener facilement les sapins dans la vallée française de Louron, dont les débouchés sont faciles. Cette entreprise achevée, devait avoir en outre, pour la vallée de Louron, d'autres avantages ; mais elle était au-dessus des forces de ceux qui la tentèrent et elle fut abandonnée. Ce qu'il y eut de fait se borna à une galerie horizontale, d'environ 200 pieds de longueur sur une trentaine de largeur et de hauteur, galerie creusée dans des couches de schiste dur, dont la situation n'est pas fort éloignée de la perpendiculaire. Les eaux y filtrent de toutes parts, et forment, au fond, une jolie cascade : elles sortent de la partie supérieure excavée en dessous, et semblent jaillir d'une espèce de niche ; la cascade tombe ensuite en nappe autour d'une table de pierre, de plusieurs pieds de haut, parcourt la galerie, et va se perdre dans les précipices qui sont au-dessous de son ouverture. - Cette galerie est très élevée sur le flanc des Pyrénées. Les cabanes des bergers, habitables seulement pendant six semaines des plus fortes chaleurs, sont encore à plus d'une lieue au-dessous. Elle touche à la limite des neiges perpétuelles.
VILLES, BOURGS, CHÂTEAUX, ETC :
TARBES, sur la rive droite de l'Adour, chef-lieu. de département, à 204 lieues Sud-Sud-Ouest de Paris. Population 9,706 habitants. - On ignore par qui cette ville a été fondée, et jusqu'à l'étymologie de son nom ; on présume qu&appos;elle a succédé à l'ancienne Begora ou Castrum Begorense, qui avait donné son nom à la province et eut le sort de toutes les villes de la Gascogne, qui ont été détruites lors de l'invasion des Barbares. - En 1750, elle souffrit beaucoup d'un tremblement de terre. - C'est une singularité, dans le département des Hautes-Pyrénées, qu'une ville plus remarquable par sa construction que par sa situation. C'est cependant le cas pour Tarbes qui, gisant au milieu d'une plaine, n'offre rien de pittoresque. Cette plaine est d'ailleurs riche et verdoyante, bien que parsemée de masses de débris schisteux, calcaires et granitiques que les torrents ont charriés des Pyrénées. Tarbes, d'aspect si monotone, jouit en revanche de perspectives variées autant que ravissantes ; le pic du midi de Bigorre, superbe et imposant, s'élève à quelques lieues de distance. - Elle est d'ailleurs une de nos villes les mieux bâties et les plus propres. Les maisons, construites en marbre et en briques, couvertes en ardoises, ont une apparence agréable ; presque toutes possèdent de beaux et grands jardins. Les rues sont larges et bien percées ; plusieurs, et surtout la grande rue, qui traverse la ville de part en part, sont arrosées par de rapides ruisseaux où les habitants ont la commodité de puiser à leur porte toute l'eau qui leur est nécessaire. - Les édifices publics sont peu remarquables. Le vieux château sert aujourd'hui de prison, comme la câthédrale servait jadis de citadelle. On remarque, dans cette câthédrale, des colonnes de brèche antique apportée d'Italie, elles supportent, au-dessus du maître-autel, un baldaquin magnifique. - Tarbes a, sur l'Adour, un pont de pierre de six arches. - Le long du gave est la promenade nommée le Prado. La place du Marcadieu, près du Pont, est très grande et le paraît d'autant plus qu'elle est nue et mal entourée ; la place Maubourguet, au centre de la ville, est plus petite mais plus régulière et rendue plus agréable par une promenade de hauts arbres qui borde un de ses côtés. On doit remarquer encore la quantité de cafés, d'hôtels et d'auberges dont la grande rue est remplie.
Marché de Tarbes. - Cette ville possède un marché très fréquenté. La foule des acheteurs et des marchands s'y réunit tous les quinze jours. Nous en empruntons l'intéressante description à un écrivain spirituel (M. Thiers) que nous avons eu occasion de citer plusieurs fois en parlant des départements pyrénéens :
"Tarbes, dit-il, placé dans une plaine et en vue de toute la chaîne des Pyrénées, se trouve à 3 lieues de Bagnères-de-Bigorre, à 4 de Campan, à 5 d'Argelez, à 10 de Pau ; et, de cette manière, est le centre des grandes Pyrénées. C'est là que toutes les peuplades si variées de notre versant se réunissent, pour échanger ce qu'elles ont de trop contre ce qu'elles ont de moins. Les costumes les plus pittoresques vous y enseignent les premiers documents de l'économie politique, et on peut y apprendre cette science comme les enfants apprennent à lire avec des images. Les Béarnais, avec leur blouse blanche, leur berret bleu, leurs cheveux ronds et pendants, comme aux temps des Rois chevelus, viennent vendre leurs mouchoirs et leurs toiles aux habitants des vallées, qui leur donnent en retour des laines, des bestiaux, des bois et des fers. Ces Béarnais, vifs, agiles, élancés, ont un extérieur d'esprit et de gaîté qui rappelle bien leur Henri IV ; et je ne sais si l'imagination m'abusait, mais je croyais y retrouver je ne sais quels airs de ce roi si facile et si spirituel. Là se trouvent amoncelées les laines en suint ou filées, des blés, des pommes de terre, des fromages de toute espèce, des viandes salées, des fourrages, des instruments de labourage, des bœufs, des moutons, des chèvres, des chevaux, des draps, de la bure, des toiles, et une modeste quincaillerie qui réjouit fort la simplicité de ces bons montagnards, et qu'ils aiment comme on aime toujours ce superflu, chose si nécessaire. C'est là que l'on voit combien de variétés renferment les Pyrénées, en fait de mœurs et de races. Les femmes ont, ce jour-là, leurs plus beaux atours, et le soir elles retournent dans leurs chalets en chantant des couplets de leur barde Despourrins, et sur un air qui ressemble fort au Ranz des Vaches. Beaucoup de ces familles parcourent 20 lieues pour retourner chez elles ; et j'ai vu des pâtres qui font un trajet de tout un jour pour échanger une pièce de lard, tant les moindres choses ont de valeur dans ces pays si simples. Une circonstance particulière donnait, il n'y a pas longtemps encore, une grande importance au marché de Tarbes ; c'était l'affluence des Espagnols qui venaient s'y approvisionner en mules et en bestiaux, souvent même en blés. C'est leur présence qui produisait une espèce d'opulence dans ce marché ; car ils y apportaient leurs quadruples si enviés, et, dans ces pays où le numéraire est si rare, un peu d'or répandait la joie".
OSSUN, chef-lieu de canton, à deux lieues et demie de Tarbes. Population de 3,243 habitants. - La maison d'Ossun, qui prit son nom de celui du bourg, tenait dans le Bigorre, et dès le XVe siècle, un rang très distingué. Ce furent les seigneurs d'Ossun qui firent construire le fort, maintenant seul objet remarquable qu'offre le bourg. - Près de ce château, sur une hauteur, on distingue les vestiges d'un camp romain où, selon la tradition, se fortifia Crassus, lieutenant de César. C'est un carré long, ayant quatre ouvertures ou portes, entouré de fossés d'une largeur et d'une profondeur considérables ; il pouvait contenir 4 à 5.000 hommes, environ une légion romaine. - Il y a aussi, près d'Ossun, une plaine nommée Lanne Maurine, par corruption de Landes des Maures ; elle est célèbre par une sanglante bataille qui eut lieu, au VIIIe siècle, entre les Sarrasins et les habitants du pays. - On y trouve encore en fouillant la terre des ossements et des crânes humains d'une épaisseur extraordinaire.
RABASTENS, chef-lieu de canton, à quatre lieues et demie de Tarbes. Population de 1,374 habitants. - Le souvenir d'une catastrophe horrible est ce que cette petite et triste ville offre de plus intéressant. En 1540, Blaise de Montluc assiégeait Rabastens, et fut blessé d'un coup d'arquebuse qui lui fracassa le visage et l'obligea à porter un masque jusqu'à sa mort en 1557. Sa férocité naturelle, augmentée sans doute par sa blessure, lui fit violer envers les habitants les lois de la guerre, et surtout celles de l&appos;humanité : il ordonna un massacre général : hommes, femmes, vieillard, enfants, tout prit, soixante députés protestants furent par ses ordres précipités d'une tour, et la ville fut brûlée. - Rabastens a été, en 1814, le théâtre d'un combat entre les Français et les Anglais, combat dont l'issue fut glorieuse pour nos armes.
ARGELÈS, près du gave d'Azun, chef-lieu d'arrondissement, à neuf lieues Sud-Sud-Ouest de Tarbes. Population de 1,357 habitants - Argelès est dispersé comme un village normand ; mais ce village est formé de groupes de jolies maisons mêlées à des massifs de verdure ; la partie principale et centrale de l'endroit forme une place presque régulière ; les environs de la ville abondent en sites délicieux. Elle est située, sur la pente d'un coteau, au débouché de la vallée d'Azun dont le gave impétueux court se précipiter dans celui de Pau qui traverse une vallée magnifique à laquelle Argelès donne son nom ; cette vallée est sans égale dans les Pyrénées et même dans la France entière ; c'est un bassin d'une demi-lieue de large sur deux lieues de long ; il offre à l'œil des champs couverts de la plus riche culture, parsemés de vergers et de groupes de hauts arbres. Sur ses riants coteaux la nature répand avec profusion les feuillages des teintes les plus variées ; on remarque surtout ceux de châtaigniers énormes et de nombreux noyers. Là se groupe un joli hameau ; ici languissent les ruines d'édifices gothiques, débris aussi décharnés, aussi tristes que leur site est riant et plein de vie. Un entourage de montagnes agrave; sommets pelés et déchirés encadre admirablement ce tableau.
ARRENS, rue Gave d'Azun, à trois lieues et demi d'Argelès. Population de 1.200 habitants. - Quoique Arrens ne donne pas son nom à la vallée d'Azun, c'est le plus beau et le plus grand des villages de cette vallée ; c'en est aussi le plus élevé, car il est situé à l'extrémité supérieure de la vallée et au pied du port, au col d'Azun, entre deux énormes montagnes : le pic d'Arrens, haut de 6,000 pieds, et le pic de Gabisos, haut de 8,820 pieds, et qui domine toutes les Pyrénées voisines. - Près du village, à la jonction de la vallée et du port, s'élève un mamelon qui semble fermer et garder le passage ; un ancien édifice religieux, qu'on nomme à présent la chapelle d'Arrens ou de Pouey-la-hue (littéralement Montagne de la porte), couronne le mamelon. L'édifice est grand et de bon style ; mais abandonné, il tombe en ruine et n'est plus fréquenté que par les douaniers, qui en ont fait un poste d'observation redouté des contrebandiers du col d'Arrens.
LOURDES, près de la rive droite du gave de Pau, chef-lieu de canton à trois lieues Nord-Nord-Est d'Argelès. Population de 3,818 habitants. - Cette capitale du ci-devant Lavedan-en-Bigorre se nommait anciennement Miranbel, mot qui, dans le patois du pays, signifie belle-vue. - Ce n'était originairement qu'un village situé au pied d'un roc, couronné par le château qui subsiste encore aujourd'hui ; ce château résista, en 1373, aux troupes de Charles V, commandées par le duc d'Anjou. il servait, sous l'ancienne monarchie française, à renfermer les prisonniers que la cour y envoyait par lettre de cachet ; il vient d'être remis à neuf et les réparations en étaient à peine terminées il y a huit mois. - Le roc qui le porte s'élève presque à pic à 300 pieds au-dessus du gave. Son sommet étroit supporte le château et en resserre l'étendue. Une grosse tour carrée forme sa masse principale ; le logement du gouverneur, une chapelle et une caserne pour une garnison de cent soldats composent le reste. La ville entoure le roc du côté opposé au gave ; elle s'étend dans un ravin que traverse un torrent. Proprement bâtie, mais irrégulière, aucun édifice remarquable ne la décore ; mais elle est située avantageusement à la jonction de quatre vallées que parcourent les routes de Pau, de Tarbes, de Barèges et de Bagnères.
LUZ, chef-lieu de canton, à cinq lieux Sud d'Argelès. Population 2,357 habitants. - Luz est situé dans un bassin triangulaire, que traversent les gaves de Pau et de Barèges dont la jonction a lieu au centre du bassin. Celui-ci est peu boisé mais très bien cultivé, ainsi que le premier étage des monts environnants. Luz, vieux bourg délabré, bien moins intéressant que son voisinage, n'offre de remarquable que quelques maisons modernes et une église qui ressemble à une noire forteresse. Un véritable fort, mais en ruine, s'élève d'une fa on pittoresque sur un roc, près du bourg ; de l'autre côté, le fort Saint-Michel parsème de ses débris un autre mamelon qui borde le gave de Pau. - Le charmant village de Saint-Sauveur et son bel établissement thermal sont situés sur la rive opposée et communiquent avec Luz par un beau pont de pierre, d'une seule arche hardie, jeté sur le gave au débouché de l'affreux défilé de Gèdre. Les bains Saint-Sauveur sont très fréquentés des malades et des amateurs fashionables ; ils s'y rendent de bonne heure, car la température du lieu est douce, quoique son élévation absolue soit de 2,500 pieds. Saint-Sauveur possède plusieurs beaux édifices, surtout le bâtiment des bains, celui du grand cercle, quelques hôtels, l'église, jolie rotonde au bord d'une falaise, et deux obélisques ; mais la nature a fait les principaux frais de décoration : Saint-Sauveur a sa cascade, ses précipices, ses bois, ses rocs et d'autres beautés qui en font un séjour délicieux.
BAGNÈRES-DE-BIGORRE, sur l'Adour, chef-lieu d'arrondissement, à cinq lieues Sud-Sud-Est de Tarbes. Population de 7.586 habitants - dès le temps des Romains les eaux minérales de Bagnères étaient très fréquentées, et sans doute, déjà à cette époque, les sources furent entourées d'édifices somptueux ; mais aucun vestige ne nous en a été conservé.
- Bagnères est maintenant, en population, la seconde ville du département des Hautes-Pyrénées. C'est la première ville de toute la France, le Bath de notre pays, pour la quantité comme pour la qualité de ses baigneurs. - La plupart y viennent, plutôt amenés par le plaisir que par la souffrance ; car Bagnères est moins célèbre encore par ses guérisons que par ses amusements. Chaque été y réunit ce qui fait le charme, l'honneur de la société, mais aussi ce qui en fait l'opprobre, car nulle population n'est plus diversifiée, plus hétérogène que celle de Bagnères-de-Bigorre à l'époque des eaux. - Bagnères est située au débouché de la vallée de Campan, en plaine, entre le gave et la colline de l'Olivet ; construite à diverses époques, elle s'est accrue comme l'affluence de ses baigneurs, mais sans suivre aucun plan. Aussi ses quartiers sont-ils aggloméreacute;s avec la plus grande irrégularité ; elle n'a pas une belle vue, pas une belle place, pas un édifice remarquable, excepté le nouvel hôtel des Thermes, construit seulement depuis quelques années. En revanche elle possède beaucoup de maisons grandes et jolies, de bons hôtels, propres et commodes. Le site n'est pas romantique, mais fort agréable. La ville, entourée de charmantes promenades, est le centre d'excursions chères au botaniste, au minéralogiste, à l'amant du pittoresque sublime. Le grand hôtel ou palais des Thermes est un édifice construit en marbre bleuâtre, de deux étages ; la façade est décorée d'un péristyle, au centre du second étage est le salon du cercle, salon spacieux et magnifiquement décoré. L'hôtel est adossé à la colline de l'Olivet que couvrent des bosquets charmants et touffus. - Une longue avenue de peupliers mène aux bains du salut, dans un ravin à un quart de lieue de la ville. - Plusieurs autres petits vallons voisins offrent des promenades agréables ; deux de ces vallons, l'Élysée Cottin et l'Élysée Azaïs, ont acquis de la célébrité à cause du séjour qu'y ont fait deux auteurs connus à divers titres. - Au-delà de la vallée de Campan, les monts montrent leurs chaînes nombreuses et sont dominés par le pic du Midi qui s'élève à quatre lieues de Bagnères. - Au centre de la ville est une petite place ombragée nommée improprement le Parc ; pendant les belles soirées de l'été, c'est le rendez-vous des baigneurs, le théâtre de la toilette et de la coquetterie. Sur cette place est l'église paroissiale, ancien édifice vaste et propre, et un haut clocher à flèche aiguë, seul débris une église plus ancienne encore.
ARREAU, sur la Neste d'Aure, à sept lieues de Bagnères-de-Bigorre. Population 1,550 habitants - Situé à la jonction de la Neste et du Gave du Louron, Arreau est divisé en plusieurs quartiers par ses belles eaux et offre un aspect fort pittoresque de quelque côté qu'on l'aborde. Ses bâtiments les plus remarquables sont quelques grandes maisons modernes, les deux églises et la halle, sur la place principale. Arreau est l'entrepôt du commerce de la vallée qui porte son nom et de celle de Bordères ; c'est là seulement qu'elles peuvent se procurer la plupart des denrées et des choses nécessaires à la vie et surtout du pain blanc. C'est là que se trouvent les industries et les ouvriers de toutes espèces. - Une grande route qui conduit en Espagne traverse Arreau et ses vallées, et passe par les ports du Plan et de Vielsa. - Le val d'Arreau est le plus beau des Pyrénées, après l'incomparable bassin d'Argelès ; il est si peuplé que les villages et les hameaux se touchent et qu'il produit à peine assez pour la nourriture de ses habitants, bien qu'il soit cultivé avec le plus grand soin et très haut sur les flancs des montagnes. Ses récoltes sont le maïs, le sarrasin et le seigle ; le froment y croit mal et les fruits y sont rares. - On remarque, près d'Arreau, la vieille tour de Cadéac, qui couvre de ses ruines le sommet d'un mamelon ; au-dessus se dressent les immenses falaises du pic d'Arbison, vaste montagne granitique, dont le sommet déchiré est presque inaccessible à 8,300 pies d'élévation. Il s'arrondit en cirque, comme la cime de tant d'autres monts dans les Pyrénées ; un accident naturel donne à ce cirque un aspect extraordinaire : c'est une énorme aiguille de granit isolée, nue, et d'un brun rougeâtre qui s'élève du milieu des neiges dont le fond du cirque est toujours rempli.
BARÉGES, établissement thermal, à huit lieues Sud de Bagnères-de-Bigorre. - Barèges est élevé de 1,282 mètres au-dessus de la mer et situé dans la vallée du Bastan, au centre des Pyrénées et au milieu de débris de ces montagnes. Son existence date seulement de 1744, jusqu'alors il n'y avait que quelques masures accessibles seulement aux piétons et aux personnes à cheval ; à cette époque on construisit la route qui y conduit de Luz. La nature est hideuse à Barèges, mais ses sources font des miracles ; et celui qui y retrouve la santé y voit seulement des eaux salutaires et non pas ces montagnes arides, images du chaos ou de la destruction, ce terrible Bastan dont le lit n'est formé que de débris de rochers. Barèges se compose d'une seule rue que forment environ 60 maisons dont la moitié sont assez belles ; toutes sont destinées aux étrangers, car il n'y a pas de population fixe ; à l'approche de l'hiver on démolit la plupart des maisons généralement construites en planches, et quelques hommes seulement, gardiens de ce village abandonné, y restent jusqu'au printemps. - Les hivers y sont si rigoureux que souvent l'endroit a été caché sous 15 pieds de neige. Barèges possède un hôpital militaire qui, dans la saison, peut contenir 100 officiers et 400 sous-officiers et soldats. Le beau monde y vient tard et n'y reste pas longtemps, à moins d'y être attiré par le seul désir de guérir ; car la vie y est fort chère et fort ennuyeuse.
CAMPAN, sur l'Adour, à deux lieues de Bagnères, chef-lieu de canton - Population de 4,171 habitants - Le bourg de Campan donne son nom à la riche et belle vallée dont il occupe le centre ; il est construit en croix, sur la rive gauche du Gave vers lequel s'étend une de ses rues ; l'autre borde la route de Bagnères-de-Bigorre. La vallée est bien cultivée et abonde surtout en pâturage ; ses deux versants ont un caractère opposé et dont le contraste est frappant. La pente gauche est douce, couverte de métairies, de vergers et de bosquets : l'autre est nue, déchirée, escarpée ; ce sont les falaises de Pène de Lheyris, longue montagne dont le point culminant, en face de Campan, à 5,920 pieds d'élévation. A sa base, près du bourg, est une caverne remarquable par des stalactites d'albâtre, et plus vers le haut de la vallée se trouve la célèbre marbrière de Campan.
CAUTERETZ, se situe sur la rive droite du Gave de Pierrefitte, à quatre lieues d'Argelès. Population de 1,100 habitants - Cauteretz, naguère encore chétif, sale, presque inconnu, voit s'accroître rapidement ses constructions ainsi que la réputation de ses eaux minérales. Ce village obscur s'est transformé depuis peu d'années en un bourg peu régulier dans son plan, mais propre, bien bâti, et qui possède une jolie rue, de bons hôtels et la plupart des établissements qui peuvent rendre agréable et amusant un séjour de quelque durée. Il est situé à la jonction de trois vallées, dans un bassin étroit et encaissé par de vastes montagnes. Au-dessus de Cauteretz s'élève une falaise immense qui le menacerait d'une ruine prochaine s'il n'était protégé par une épaisse forêt de hêtres ; elle embellit le site dont l'aspect général est mélancolique. Les vallées sont profondes et sauvages, leurs escarpements hérissés de noirs rochers et sillonnés par des torrents impétueux. Une nature si fière et si sombre attriste l'âme, et la charme par son pittoresque majestueux. Des pics de 8 à 9,000 pieds dominent ces vallées et pendant plusieurs mois de l'année y précipitent de dangereuses avalanches. Pendant l'été Cauteretz jouit de jours délicieux ; mais l'hiver y est long, glacé, désolé. Le bourg a plusieurs établissements de bains ; d'autres, plus beaux et les plus fréquentés, se trouvent sur le haut de la vallée, sur la route du pont d'Espagne, du lac de Gaube et du cirque de Vignemale, sites célèbres, d'un pittoresque magnifique, et but des excursions de la plupart des baigneurs de Cauteretz.
DIVISION POLITIQUE ET ADMINISTRATIVE :
POLITIQUE.
- Le département nomme 3 députés.
- Il est divisé en 3 arrondissements électoraux, dont les chefs-lieux sont :
Tarbes (2 arrond.), Bagnères.
- Le nombre des électeurs est de 450.
ADMINISTRATIVE.
- Le chef-lieu de la préfecture est Tarbes.
- Le département se divise en 3 sous-préfectures ou arrondissements communales.
Tarbes - 11 cantons - 197 communes - 104,022 habitants.
Argelès - 5 cantons - 100 communes - 39,785 habitants.
Bagnères-de-Bigorre - 10 cantons - 204 communes - 89,031 habitants.
Total : 26 cantons - 501 communes - 233,031 habitants.
Service du trésor public.
- 1 receveur général et 1 payeur (résidant à Tarbes), 2 receveurs particuliers, 3 percepteurs d'arrond.
Contributions directes.
- 1 directeur (à Tarbes) et 1 inspecteur.
Domaines et Enregistrement.
- 1 directeur (à Tarbes), 1 inspecteur, 2 vérificateurs.
Hypothèques.
- 3 conservateurs dans les chefs-l. d'arr. comm.
Contributions indirectes.
- 1 directeur (à Tarbes), 1 direct. d'arr. (à Bagnères), 3 receveurs entreposeurs.
Forêts.
- Le département fait partie du 39 e arrondissement forestier, dont le chef-lieu est Pau. - 1 insp. à Tarbes.
Ponts-et-Chaussées.
- Le département fait partie de la 8e inspection, dont le chef-lieu est Bordeaux.
- Il y a 1 ingénieur en chef en résidence à Tarbes.
Mines.
- Le département fait partie du 17 e arrondissement et de la 5 e division, dont le chef-lieu est Montpellier.
Haras.
- Tarbes est le chef-lieu du 8e arrond. de concours pour les courses de chevaux.
- Il y a à Tarbes un dépôt royal où se trouvent 140 chevaux, étalons, etc.
Loterie.
- Les bénéfices de l'administration de la loterie sur les mises effectuées dans le département présentent (pour 1831 comparé à 1830) une augmentation de 2,232 francs.
MILITAIRE.
- Le département fait partie de la 10 e division militaire, dont le quartier général est Toulouse.
- Il y a à Tarbes 1 maréchal de camp commandant la subdivision et 1 sous-intendant militaire.
- Le château de Lourdes compte au nombre des places de guerre.
- Le dépôt de recrutement est à Tarbes.
- La Compagnie de Gendarmerie départementale fait partie de la 13 e légion, dont le chef-lieu est à Toulouse.
JUDICIAIRE.
- Les tribunaux du département sont compris dans le ressort de la Cour Royale de Pau.
- Il y a 3 tribunaux de 1re instance : à Tarbes (2 chambres), à Bagnères, à Lourdes, et 2 tribunaux de commerce : à Tarbes et à Bagnères.
RELIGIEUSE.
- Culte catholique. Ce culte est le seul exercé dans le département qui forme le diocèse d'un évêché érigé dans le IVe siècle, suffragant de l'archevêché d'Auch, et dont le siège est à Tarbes.
- Il y a dans le département ;
- à Tarbes, un séminaire diocésain ;
- à Saint-Pé, une école secondaire ecclésiastique. Le département renferme 3 cures de 1re classe, 23 de 2e, 206 succursales et 75 vicariats.
UNIVERSITAIRE.
Le département est compris dans le ressort de l'Académie de Pau.
Instruction publique.
Il y a dans le département ;
- 4 collèges ; à Argelès, à Bagnères, à Tarbes, à Vic-de-Bigorre.
- Le nombre des écoles primaires du département est de 561, qui sont fréquentées par 15,597 élèves, dont 13,329 garçons et 2,268 filles.
- Les communes privées d'écoles sont au nombre de 111.
- Il existe à Tarbes une école gratuite de dessin et d'architecture pour 40 élèves, fils d'artisans.
POPULATION :
D'après le dernier recensement officiel, elle est de 233,031 h. et fournit annuellement à l'armée 613 jeunes soldats.
Le mouvement de 1830 a été de :
Mariages : 1,295
Naissances :
Enfants légitimes :
- Masculins : 2,981
- Féminins : 2,752
Enfants naturels :
- Masculins : 263
- Féminins : 229
Total 6,225
Décès.
- Masculins : 2,096
- Féminins : 1,882
Total 3,968
Dans ce nombre 4 centenaires.
GARDE NATIONALE :
Le nombre des citoyens inscrits est de 46,398 ;
Dont :
- 12,281 contrôle de réserve.
- 34,117 contrôle de service ordinaire.
Ces derniers sont répartis ainsi qu'il suit :
- 33,706 infanterie.
- 83 cavalerie.
- 127 artillerie.
- 201 sapeurs-pompiers.
On en compte :
- armés, 6,431 ;
- équipés, 1,845 ;
- habillés, 2,969.
- 14,977 sont susceptibles d'être mobilisés.
Ainsi sur 1,000 individus de la population générale :
200 sont inscrits au registre matricule, et 64 dans ce nombre sont mobilisables ; sur 100 individus inscrits sur le registre matricule, 74 sont soumis au service ordinaire, et 26 appartiennent à la réserve.
Les arsenaux de l'État ont délivré à la garde nationale :
- 6,150 fusils,
- 159 mousquetons,
- 6 canons,
et un assez grand nombre de pistolets, sabres, etc.
IMPÔTS ET RECETTES :
Le département a payé à l'État (en 1831) :
Contributions directes : 1,378,127 f. 63 c.
Enregistrement, timbres et domaines : 835,839 f. 37 c.
Douanes et sels : 2,760 f. 15 c.
Boissons, droits divers, tabacs et poudres : 577,882 f. 25 c.
Postes : 99,280 f. 58 c.
Produit des coupes de bois : 2,872 f. 19 c.
Loterie : 2,938 f. 95 c.
Produits divers :19,965 f. 20 c.
Ressources extraordinaires : 198,390 f. 06 c
Total : 3,118,056 f. 38 c
Il a reçu du trésor 2,490,477 f. 47 c., dans lesquels figurent :
- La dette publique et les dotations pour : 353,413 f. 46 c.
- Les dépenses du ministère de la justice : 94,738 f. 13 c.
- de l'instruction publique et des cultes : 272,211 f. 47 c.
- de l'intérieur : 953 f. 70 c.
- du commerce et des travaux publics : 507,657 f. 32 c.
- de la guerre : 670,375 f. 57 c.
- de la marine : 175 f. 04 c.
- des finances : 73,488 f. 28 c.
- Les frais de régie et de perception des impôts : 428,711 f. 78 c.
- Remboursem. restitut. non valeurs et primes : 88,752 f. 72 c.
Total : 2,490,477 f. 47 c.Ces deux sommes totales de paiements et de recettes représentent à peu de variations près le mouvement annuel des impôts et des recettes, le département, quoique pauvre et sans autre ressource industrielle que celle de ses bains, paie encore au gouvernement central 627,578 fr. 91 c. de plus qu'il ne reçoit.
DÉPENSES DÉPARTEMENTALES :
Elles s'élèvent (en 1831) à 249,887 f. 61 c.
SAVOIR :
- Dépenses fixes : traitements, abonnements, etc. : 58,399 f. 99 c.
- Dépenses variables : loyers, réparations, encouragements, secours, etc. : 191,487 f. 62 c.
Dans cette dernière somme figurent pour :
- 15,245 f. 00 c. : les prisons départementales,
- 47,727 f. 07 c. l : les enfants trouvés.
- Les secours accordés par l'État pour grêle, incendie, épizootie, etc., sont de 20,750 f. 00 c.
- Les fonds consacrés au cadastre s'élèvent 45,481 f. 00 c.
- Les dépenses des cours et tribunaux sont de 74,610 f. 68 c.
- Les frais de justice avancés par l'État de 22,801 f. 20 c.
INDUSTRIE AGRICOLE :
Sur une superficie de 463,000 hectares, le départ. en compte :
210,000 mis en culture.
85,658 forêts.
15,297 vignes.
140,000 landes.
Le revenu territorial est évalué à 7,769,000 francs.
Le département renferme environ
15,000 chevaux mulets et ânes.
60,000 bêtes à cornes (race bovine).
7,000 chèvres.
30,000 porcs
250,000 moutons mérinos, métis et indigènes.
Les troupeaux de bêtes à laine
en fournissent chaque année environ 375,000 kilogrammes.Le produit annuel du sol est d'environ :
En vins 278,000 hectolitres
En maïs 230,000 id.
Les habitants du département de l'Ariège sont plutôt laboureurs, vignerons, pasteurs et bûcherons qu'industriels.
La récolte en céréales est insuffisante pour la consommation, mais le pays produit un excédant considérable en vins, qui sont livrés au commerce ou convertis en eaux-de-vie.
On y élève beaucoup de bestiaux ; on y engraisse beaucoup de volailles estimées, notamment des oies dont les cuisses, conservées dans la graisse, sont un objet d'exportation, et on y nourrit des porcs pour la salaison qui, préparés à Saliès (Basses-Pyrénées), fournissent ces excellents jambons vendus sous le nom de jambons de Bayonne.
- La race des chevaux Navarrins, élevés dans le Haras et dans la plaine de Tarbes, est estimée pour la cavalerie légère.
- Les Haras particuliers du département fournissent une grande quantité de mules et de mulets à l'Espagne.
- On s'adonne dans quelques localités à l'éducation des abeilles. Douze mille ruches fournissent annuellement environ 100,000 litres de miel et 6,000 kilogrammes de cire.
Le département est d'ailleurs un pays de petite culture : la plupart des paysans sont propriétaires, et la plupart des propriétaires font valoir eux-mêmes.
- Les propriétés y sont extrêmement divisées, et à cause du peu d'industrie et de commerce, le terrain y est très cher.
- L'hectare, dans les parties cultivables, se vend de 3 à 4,000 francs. On évalue le produit moyen des terres labourables à quatre pour un.
- Les prairies sont de bonne qualité, et l'on cultive avec succès le ferouch, ou trèfle rouge du Roussillon.
- On fait avec le lait des troupeaux qui vont chaque saison dans les pâturages de la montagne du beurre d'excellente qualité, qu'on livre au commerce fondu en petits pots : on vante celui de la vallée de Campan. On fait aussi des fromages de lait de vaches, de brebis, etc., qui sont assez recherchés.
INDUSTRIE COMMERCIALE :
L'industrie manufacturière n'a pas encore pris un grand essor : des étoffes de laine, des cuirs et des peaux, des toiles et des mouchoirs de coton, des papiers communs, des fers et des clous sont à peu près les seuls articles qu'elle livre aux exportations.
- Nous avons parlé de l'exploitation des marbres des Pyrénées ; il convient de citer aussi celle des ardoisières de Lourdes.
- Les forêts fournissent des bois de construction à la marine et du merrain pour la fabrication des futailles.
- Parmi les étoffes de laine il en est d'une qualité particuli re et qui méritent une mention. Ce sont les voiles ou crêpes dits barèges.
Les objets que le commerce est obligé de demander au dehors sont :
- les blés,
- les huiles,
- les savons,
- les drogues : pour la teinture, les épiceries, la faïencerie, la verrerie, les draps fins, les soieries, les toiles, les cuirs, la quincaillerie, l'orfèvrerie, les métaux, etc.
- On y importe d'Espagne des laines en suint, des vinaigres, de l'alun, de la garance, etc.
Avec une industrie aussi arriérée, il n'y a pas lieu de s'étonner de ce qu'à la dernière exposition des produits de l'industrie, les Hautes-Pyrénées n'ait obtenu aucune mention : néanmoins il convient de rapporter au département la MEDAILLE D'OR obtenue pour l'exploitation des marbres par MM. Pougens et comp. (de Toulouse), qui exploitent dans les départements de la Haute-Garonne, des Hautes-Pyrénées et de l'Ariège plus de trente carrières. Les beaux marbres de couleur qui décorent la Bourse de Paris proviennent de ces exploitations.
DOUANES :
Le bureau d'Argelès, dépendant de la direction de Saint-Gaudens, a produit en 1831 :
- Douanes, 2,737 fr. ;
- Sels, 23 fr. ;
TOTAL : 2,760 fr.
FOIRES :
- Le nombre des foires du département est de 77.
- Elles se tiennent dans 24 communes, dont 1A7 chefs-lieux, et durant pour la plupart 2 3 jours, remplissent 110 journées.
- Les foires mobiles, au nombre de 30, occupent 31 journées.
- 377 communes sont privées de foires.
Les articles de commerce sont :
- les chevaux, mules, mulets, bestiaux, porcs, etc. ;
- les toiles et étoffes du pays ;
- les vaisseaux vinaires ; les monnaies d'Espagne, etc.
BIBLIOGRAPHIE :
- Annuaire et Manuel statistique du départ. des Hautes-Pyrénées, par La Boulinière ; 1807 et 1813.
- Itinéraire descriptif et pittoresque dans les Hautes-Pyrénées françaises, par le même ; 3 vol. in-8. Paris, 1825.
- Statistiques des Hautes-Pyrénées, par Peuchet et Chanlaire ; in-4. Paris, 1811.
- Itinéraire topographique et historique des Hautes-Pyrénées, etc., par A. A**. (Abbadie) ; in-8. Paris, 1819.
- Guide du voyageur aux bains de Bagnères, Barèges, etc. par J. B.J. ; in-12. Paris, 1819.
- Voyage dans les Pyrénées en 1818, in-8. Paris, 1820.
- Annuaire du départ. des Hautes-Pyrénées, in-18. Tarbes, 1821.
- Essais historiques sur le Bigorre, par A. Davezac Macaya ; 2 vol. in-8 ? Bagnères, 1823.
- Voyage aux Pyrénées françaises et espagnoles, par J.P.P** ; in-8. Paris, 1829 ; - Etc., etc.
A. HUGO On souscrit chez DELLOYE, éditeur, place de la Bourse, rue des Filles-S.-Thomas, 13.
Paris. - Imprimerie et Fonderie de RIGNOUX et Comp., rue des Francs-Bourgeois-Saint-Michel, 8. 1 Oule est un mot gascon d'origine latine, qui, comme le mot espagnol olla, signifie chaudière ou marmite.
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