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La monographie de 1887 de la commune d'Aureilhan
Hautes-Pyrénées
département 65.

(ADHP - Monographie établie en 1887)



Sceau
00036426
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Livre écrit à la plume
I


La commune d'Aureilhan, canton de Tarbes nord, département des Hautes-Pyrénées, est située au centre de la vaste plaine de Bigorre, sur la rive droite de l'Adour qui lui sert de limite à l'ouest.


Elle est bornée au nord par Bours et Orleix ; à l'est par Sarrouilles et Boulin ; au sud par Séméac et à l'ouest par Tarbes.


Son territoire forme une figure très irrégulière dont la plus grande longueur et la plus grande largeur atteignent environ trois kilomètres et demi.


Sa superficie est de 944 hectares. Le terrain est plat, sauf à l'est où une colline assez élevée domine la belle plaine de la Bigorre. Du sommet de cette colline la vue s'étend au loin et les villages épars que l'on aperçoit forment un panorama magnifique. Les nombreux promeneurs des environs et surtout ceux de Tarbes se plaisent à aller le contempler.


Le village d'Aureilhan est propre, ses rues sont bien entretenues, ses maisons bien construites et souvent entourées de parterres élégants et fleuris. Il n'est séparé du chef-lieu du département que par le pont de l'Adour, une partie de ses maisons touchent à la ville et le centre du village lui-même n'en est distant que d'un kilomètre.


Une belle route nationale bordée d'arbres forment une allée ombragée, relie Aureilhan à Tarbes. C'est la promenade favorite des citadins dont la présence les dimanches et les jours de fête donnent une animation particulière à la localité.


Quand on jette des regards vers le Sud, on aperçoit les Pyrénées qui forment un horizon indescriptible. C'est d'Aureilhan que les montagnes se présentent sous l'aspect le plus grandiose et le plus pittoresque. Cet aspect, qui varie selon l'état de l'atmosphère et le plus ou moins de clarté du jour est modifié presque à chaque instant, sans jamais cesser de plaire.


Le territoire d'Aureilhan se divise en trois parties bien distinctes et parallèles dans le sens de la longueur :

1°- sur le bord de l'Adour des prairies verdoyantes, productives et souvent entourées d'aulnes, des peupliers et des saules.

2°- les terres labourables où l'on cultive toutes sortes de céréales.

3°- la colline actuellement complantée en vignes, sauf une partie boisée.


Le territoire est très morcelé et il est bien rare d'y trouver des parcelles de la contenance de un hectare. Cette division de la propriété donne au pays un aspect très pittoresque, car les champs sont bordés de haies vives dont les fleurs et les feuilles recréent la vue et embaument l'air pendant le printemps.


Au centre du village les enclos sont convertis en jardins. On y cultive des légumes que le matin on va vendre à la ville. Le tiers des ménages ne possède pas de terres ; les maris sont ouvriers, charpentiers, maçons, employés de bureau, etc. Ils vont tous les jours à la ville et les femmes s'occupent spécialement du ménage.


Les cours d'eau qui arrosent Aureilhan sont l'Adour, l'Ailhet et l'Alaric, dérivés de l'Adour, et le canal du moulin dérivé de l'Alaric. Ces cours d'eau qui coulent du sud au nord servent à arroser les prairies et à faire marcher les usines.

Il est difficile d'établir leur débit moyen, car, à certaines époques, l'Adour seul fournit un peu d'eau ; les canaux sont à sec en faute d'une réglementation intelligente ; les propriétaires se voient dans l'impossibilité d'irriguer leurs prairies.

L'Adour a parfois de grandes crues. En 1875, on l'a vu envahir la plaine sur une largeur d'un kilomètre, renversant sur son passage les ponts et les maisons, entraînant des matériaux de toute sorte dévastant les propriétés, champs et prairies.

Il ne se trouve dans la commune qu'une seule fontaine et encore est-elle d'un débit très faible ; les eaux de puits sont potables et généralement de bonne qualité.


L'altitude d'Aureilhan est de 306 mètres, et son climat est sain et doux. L'hiver est rarement rigoureux, le printemps tempéré et parfois pluvieux, l'été sec et orageux et l'automne très agréable.

Les vents dominants sont le sud-ouest, précurseurs de la pluie et des orages ; le sud, ordinairement accompagné d'une chaleur lourde et accablante.

Les vents du nord et du nord-ouest présagent le beau temps. Bien que la localité soit à proximité de la montagne, la neige n'y fait pas souvent son apparition, et quelquefois plusieurs années se succèdent sans que la terre en ait été recouverte.

Parfois au printemps une bise froide vient compromettre les primeurs dans les jardins. Elle influe aussi sur le rendement des arbres fruitiers. J'ai dit que le climat est sain. Il y a dans la commune plusieurs nonagénaires, et les maladies épidémiques y sont inconnues.

II


Le chiffre de la population d'Aureilhan d'après le recensement de 1886 est de 1.793 habitants. Ce chiffre tend de plus en plus à s'accroître. Il a augmenté d'environ 500 âmes dans l'espace de dix ans.


Pendant ce laps de temps deux usines importantes se sont fondées. Elles occupent de 150 à 200 ouvriers qui se sont installés dans la localité avec leurs familles. De plus beaucoup d'ouvriers de l'arsenal de Tarbes, des petits rentiers, les employés préfèrent aussi la campagne à la ville.


Ils paient leurs loyers moins chers, les emplacements des maisons sont à plus juste prix et la vie y est moins coûteuse puisqu'il n'y a pas d'octroi. Ils respirent un air plus pur et peu éloignés de la ville, ils jouissent de tous les avantages, sans en avoir les inconvénients. La jeunesse n'émigre pas comme dans la plupart des localités du département ; jeunes gens et jeunes filles trouvent à s'occuper dans les ateliers de Tarbes et restent dans leurs familles.


Les naissances donnent aussi un excédent sur les décès. Telles sont les principales causes de l'augmentation graduelle de la population.


La commune se divise en deux sections distantes de 500 mètres et reliées par la route nationale : le centre du village et le Bout du Pont. Cette dernière qui n'est en apparence que la continuation de Tarbes se trouve à l'intersection de quatre routes très fréquentées.

La population est de 500 âmes. L'ensemble de Bout du Pont compte bien au moins 1100 âmes, mais la différence appartient soit à Séméac, soit à Tarbes.

Le centre du village a 1.300 âmes et sa population diffère essentiellement de celle du Bout du Pont. Celui-ci est ville, celui-là est campagne. Le premier compte 348 feux et le second 131.



Le service des cultes est fait par un desservant et un vicaire. Une somme de 250 f. est inscrite annuellement au budget communal pour le traitement de ce dernier.


La commune fait partie de la perception de Tarbes et est desservie pour les postes et télégraphes par le bureau de cette ville.


Le facteur rural fait deux distributions quotidiennes, le matin à huit heures et le soir à cinq heures, il y en a une troisième du soir. Dans chacune des deux sections de la commune, il y a une boîte aux lettres.


La valeur du centime communal est de 78 francs et le montant des revenus ordinaires s'élève à 8550 francs.

L'organisation municipale comme dans toutes les communes de France est réglée par la loi.


La commune est divisée en deux sections électorales. En fait de fonctionnaires municipaux il n'y a qu'un secrétaire de mairie, un garde champêtre et un valet commun.


Il a été dit plus haut que le territoire d'Aureilhan se divise en trois parties bien distinctes : les prairies, les terres labourables et les vignes.

Les prairies donnent un fourrage gras et abondant. On fait ordinairement deux coupes par an, la première de foin et la seconde de regain. Le fauchage et le fanage se font à la main, à cause du peu d'étendue de chaque parcelle. Un hectare prairie donne annuellement en moyenne 35 quintaux de foin et 32 quintaux de regain. Après l'enlèvement du regain il pousse une troisième herbe nommée vulgairement rebord. C'est un pacage précieux pour les animaux de l'espèce bovine.

Les terres labourables produisent toutes espèces de céréales. La culture principale est celle du maïs qui donne le meilleur rendement. La culture du froment, du seigle, des pommes de terre occupe le second rang, mais pour des causes qui seront expliquées plus loin, le cultivateur ne retire pas de ces divers produits de la terre le revenu qu'il en espère.


L'assolement est biennal : après le maïs froment ou pommes de terre ; après le froment maïs et ainsi de suite.


Entre ces deux récoltes la terre est occupée soit par le trèfle noir, soit par le trèfle incarnat. Ce produit constitue un pacage dont on ne saurait se passer. Le rendement moyen par hectare des diverses céréales peut être fixé ainsi qu'il suit :

- froment 15 hectolitres ;
- seigle 18 ;
- méteil 16 ;
- pommes de terre 140 ;
- maïs 28 ;
- orge et avoine 23.


On laboure la terre au moyen de la charrue, soit en sillons, soit en planches, soit à plat. La plupart des céréales sont coupées à la faux ou à la faucille. On bat le blé au moyen de batteuses ; le seigle, l'orge et l'avoine au fléau.


En hiver on opère les terrages, c'est-à-dire le transport à l'intérieur des champs, de la terre que la charrue ou les eaux pluviales ont amenée sur les cheintres.


La charrue dont on se sert dans la localité et la charrue ordinaire avec un âge très long dont l'extrémité s'appuie sur le joug ; le versoir de cet instrument est situé sur le côté gauche des étançons. Les autres instruments aratoires principalement en usage sont le croissant, la herse, le rayonneur à trois pieds etc...


On fait dans la localité peu de prairies artificielles, les prairies naturelles et le trèfle incarnat donnent une nourriture suffisante pour les bestiaux.


Le maïs, culture principale atteint un développement considérable, deux mètres environ. Lorsque le sol a été bien préparé, ordinairement à plat, et qu'on a convenablement fumé, on quadrille le sol avec le rayonneur et on enterre deux à chaque intersection.


Ces semis se font au commencement de Mai. On associe toujours le haricot au maïs et le rendement de ce produit est important. Dans un champ de maïs on a donc deux récoltes simultanées.


Quant au maïs a quatre ou six feuilles, on le bine et lorsque ses tiges ont environ cinquante centimètres on le butte à la charrue.


Les sommités floréales sont coupées, séchées et données aux bestiaux. Pour faciliter l'action du soleil, on effeuille les tiges trois semaines avant la récolte qui a lieu en Octobre. Les haricots sont recueillis au fur et à mesure de leur maturité. Un hectare de terrain donne environ 24 hectolitres de maïs.


Dans les terres cultivées on fait encore mais en quantité presque insignifiante, des pois, des fèves, des betteraves, des navets, du millet.


Ces récoltes se font dans l'intervalle des récoltes principales formant l'assolement.


Les vignes occupent la colline. Elles sont exclusivement dirigées en vignes basses, mais à souches, de moyenne hauteur. Il n'y a plus de vignes en hauteur depuis 1852, époque de l'apparition de l'oïdium. On les arracha toutes sans exception. On cultive la vigne en plein. Quelquefois on la provigne mais généralement on la propage par boutures enracinées ou non. On la taille en Février ou Mars, à coursons courts sur deux ou trois yeux. On la fertilise avec du fumier et des composts. En Avril on la déchausse, en Mai on la butte. La vendange a lieu en Octobre. On foule les raisins on les met au pressoir. Avec le mare et de l'eau on fait une deuxième boisson qui se nomme piquette ou respéou. Le rendement de la vigne est d'environ 18 hectolitres de vin par hectare.


Le phylloxéra n'a pas encore fait son apparition, mais le mildiou a complètement détruit l'avant-dernière récolte. Cette année encore il a causé un préjudice considérable. Certains propriétaires ont aspergé leurs vignobles avec une dissolution de sulfate de cuivre et de chaux. Les feuilles ne sont pas tombées et les raisins ont mûri.


Le cultivateur ne retire, plus de son fond un produit rémunérateur. Le rendement de la terre va toujours en diminuant. Elle ne se repose jamais, constamment elle donne ; les jachères sont inconnues ; aussi le sol arable est-il épuisé.


Le propriétaire n'a pas assez de bestiaux pour fournir le fumier nécessaire. L'installation des fumiers est tout à fait défectueuse, le purin se perd. Comme le cultivateur n'est pas capitaliste, il ne peut acheter les engrais. Et du reste, le pourrait-il qu'il ne le ferait pas. Il est routinier, et routinier il restera jusqu'à ce que des champs d'expériences soient fondés, jusqu'à ce qu'il puisse voir les meilleurs résultats provenant des meilleurs procédés de culture. Il perdra alors sa routine et son bien-être s'en ressentir. La vue d'un champ d'expérience bien compris produira d'autres effets que les rares conférences d'un professeur d'agriculture dont on ne suit les conseils.


Les propriétaires ne possèdent pas de forêts. La commune a une vue peu étendue. C'est un taillis, à essences de chênes, soumis au régime forestier en donnant un revenu annuel d'environ 1000 francs. La coupe ordinaire est loin de suffire au chauffage des habitants, ceux-ci utilisent les aulnes des prairies ou s'approvisionnent dans les forêts des localités voisines.


A la colline on trouve des carrières de marne peu exploitées et des carrières d'argile utilisées dans les usines de poterie, briqueterie et produits céramiques. Il y a à Aureilhan de ces usines dont l'installation, la production et l'état de vente n'ont rien à envier aux établissements similaires. C'est pour sa spécialité l'un des plus importants de la région du sud-ouest.


Aureilhan possède aussi une usine où l'on fabrique des pressoirs, des machines à battre, des instruments aratoire, etc.. La supériorité de ces produits est attestée par les nombreuses récompenses obtenues dans tous les concours. Quant aux autres usines, il suffit de les citer : un martinet, deux moulins, deux scieries, un moulin à trèfle, une batteuse hydraulique, une fabrique de vins.


Les animaux que l'on rencontre principalement dans la localité sont les vaches, les juments, les ânesses, les porcs et les oiseaux de basse-cour.


On nourrit beaucoup de vaches et elles sont surtout destinées à produire du lait. La proximité de la ville fait que l'on en retire un sérieux revenu. On ne faisait ni beurre ni fromage. La race de Lourdes est en général celle que l'on préfère. Ces vaches donnent un lait abondant et sont employées pour le travail des champs. Les juments sont nombreuses, de la race de Tarbes, et leurs poulains sont recherchés. Les ânesses sont élevées pour leur lait que l'on vend 0f.50 le verre soit 2f.50 le litre. Dans la plupart des ménages on nourrit des porcs. C'est l'habitude d'en engraisser un par maison et de le saler au mois de février. Comme oiseaux de basses-cours on n'élève guère que des poules, pour leur chair surtout pour leurs œufs.


Les voies de communication qui relient le village au chef-lieu du département et aux communes voisines dont une route nationale, leurs chemins de grande communication et les chemins d'intérêt commun. De plus, le territoire est sillonné de nombreux chemins vicinaux. Toutes ces routes et chemins sont bien entretenus et dans un état parfait de viabilité.


Des ponts et des aqueducs ont été construits partout où les besoins s'en sont fait sentir.


Un service spécial de moyens de transport serait tout à fait inutile : les fiacres et les omnibus de Tarbes font le service comme dans l'intérieur de la ville.


Le commerce local est assez restreint. Chaque ménage retire de ses terres à peu près ce dont il a besoin pour s'entretenir, ou vit du produit de la journée, soit du mari soit d'un membre quelconque de la famille.


La localité n'a pas de commerce particulier. Elle possède plusieurs magasins d'épicerie, beaucoup de débits (cafés, restaurants, etc...).


Les mesures locales encore en usage sont la lisse (1/2 kilogramme), l'aune (1m 20), le journal (22 ares 43) et la barrique (420 litres). L'emploi de ces diverses mesures tend de plus en plus à disparaître tout à fait du vocabulaire local.


IV



Avant 1825, il n'y avait pas de maison commune, les maires étaient dépositaires des archives communales.


Jusqu'à cette époque, plusieurs maires s'étaient succédé et son intérêt, soit incurie soit, soit tout autre motif, ont gardé ou laissé égarer les documents qui auraient pu permettre d'établir l'étymologie du nom de la localité et l'histoire municipale. Toutefois les délibérations et les actes de l'état-civil depuis la Révolution ont été conservés. Les registres qui les renferment sont si volumineux qu'il était impossible de les laisser disparaître. Les archives ne présentent donc aucun intérêt historique.


Dans l'indicateur des Hautes-Pyrénées (années 1856) rédigé par M. Abadie de Sarrancolin, on lit :


" on fait dériver Aureilhan de Vicus Aurdianus, du nom de Marc-Aurèle , empereur romain. Cette assertion paraît fondée en la rapprochant de la découverte des traces d'un établissement près duquel on trouve une pierre votive avec cette inscription.


DIS

T. Porc. Opta+



C'est sans doute près de l'ancien couvent de la Commanderie de Malte qui hérita des biens de la Commanderie des Templiers de Bordères ; on voyait encore il y a quelque temps des vestiges de la chapelle de ces couvents. "



L'église paroissiale est dédiée à St Gérin.

La tradition rapporte que Saint Gérin fut décapité par les Visigoths sur le pont de l'Adour, à Tarbes, dans les premiers siècles de christianisme. Sa tête roula dans le flanc et les eaux l'entraînèrent jusqu'à Aureilhan. Une femme aveugle lavait des choux vers le bois de l'Adour, et la tête de Saint Gérin frôla le panier de légumes. A ce moment cette femme lava les yeux avec les eaux du fleuve, et aussitôt elle retrouvra la vue.


Le patois bigourdan dénaturé est l'idiome local. C'est un langage peu harmonieux assez difficile à prononcer surtout à écrire.


On chante peu à Aureilhan, mais on chante assez convenablement. On n'entend jamais sur les rues des chansons obscènes ni d'une morale douteuse et depuis que la musique est obligatoire dans les écoles, on chante ou fredonne les airs qu'on y a étudiés et appris, surtout les airs patriotiques.


Les belles chansons patoises de Despourins n'y sont plus connues que de nom et il est permis de le regretter. Les vieillards seuls ont souvenance de ces mélodies populaires dues à la plume d'un compatriote. Les jeunes gens fréquentent le théâtre. Ils n'exécuteront pas un passage de chant, mais ce conteur influe sur la façon dont ils interprètent toutes sortes de chants.


Les habitants d'Aureilhan sont vifs, gais, alertes et polis. Ils ont des habitudes d'ordre d'économie. Leurs mœurs sont pures, autant du moins que le permet le voisinage d'une grande ville. Ils professent le culte catholique et ils sont plutôt indifférents que pratiquants. Leurs costumes sont ceux de la ville. Les hommes sont proprement et correctement vêtus ; les femmes surtout les jeunes et les demoiselles sont d'une coquetterie parfois poussée à l'excès.


Depuis quelques années le système d'alimentation a complètement changé. On ne connaît plus le grain de maïs, on consomme du pain de froment. La garbure traditionnelle est en honneur dans la localité ainsi que le porc salé, les légumes occupant une place très large dans le menu des repas.


Les oiseaux de basse-cour sont consommés par ceux qui les élèvent et la viande de boucherie devient de plus en plus d'un usage fréquent.


La boisson en usage est le vin ; il figure à la table de l&appos;ouvrier comme a` celle du rentier.


IV annexe



On ignore comment et pourquoi l'enseignement était donné avant 1792 dans la commune d'Aureilhan. A cette date un instituteur fut chargé de l'instruction des enfants. Il recevra 80 livres d'appointements et des denrées (seigle et maïs).


La délibération par laquelle il fut agréé énumère les divers services qu'il devait rendre. En la lisant on se demande à juste titre comment il devait établir sa distribution de travail journalier pour y comprendre les heures de chacun. En effet, il y est dit :

" l'instituteur fera le catéchisme deux fois par semaine, il assistera aux offices divins, aux enterrements ; il fera les écritures de la commune, le rôle des impositions, il sera secrétaire, greffier etc. ".

On lui donnait une chambre pour logement et cette chambre devait servir de salle de classe .




Depuis 1792, il y a eu 16 institutrices. Vers 1830 il y eut une école spéciale pour les filles et trois institutrices se sont succédée dans la localité.


Actuellement l'école des garçons comprend deux maîtres et celle des filles deux maîtresses.


En outre il a été créé en 1884 à la section du Bout du Pont une école spéciale pour chaque sexe. De 1792 à 1830 l'école était mixte et comptait 150 élèves. On y apprenait seulement la lecture, l'écriture et les quatre règles fondamentales de l'arithmétique, sans exercice d'application .


Les maisons où ont été successivement installées les classes existent encore. Elles nous diront brutalement ce que devrait être l'enseignement et le dégoût que ces classes devaient inspirer : 25 mètres carrés de superficie pour plus de 100 élèves ; 70 mètres cubes d'air ; la porte d'entrée et une petite ouverture pour tout système de ventilation ; les tables incommodes et un nombre insuffisant ; les alentours malsains et d'un aspect repoussant.


Voilà l'état des écoles avant 1825. A cette époque on construisit une salle, pour les garçons : elle est vaste et bien aérée. Depuis lors ceux-ci furent bien installés. Mais les filles !

En 1882 encore, elles étaient entassées au nombre d'une centaine dans la petite cuisine de l'institutrice, privées d'air et de mouvement.


La nouvelle classe comprend deux salles séparées par une cloison vitrée ; une vaste cour et deux préaux devenus des lieux de récréation.


Une pompe donnant de l'eau potable est installée à la cour. Au nord se trouve la place communale ; elle est ombragée et elle donne un air coquet à la nouvelle construction.


Les logements des maîtres sont convenables sous tous les rapports. A l'école des filles il n'y a qu'une vaste salle pour deux maîtresses. Elle va être prochainement divisée en deux parties. Les logements des maîtres sont dans un bon état d'entretien. Le mobilier scolaire de toutes les écoles est défectueux et insuffisant.


Le conseil municipal vient de voter une somme de 4.000 francs pour achat de mobilier et réparations à l'école de filles. Dans peu de temps l'installation des classes ne laissera rien à désirer.


Les élèves garçons et filles fréquentent la classe assez régulièrement et sauf les cas de force majeure on n'a pas à constater de nombreuses absences. L'état de l'instruction est satisfaisant. Depuis de longues années tous les conscrits savent signer leur nom. Il en est de même pour les conjoints dans les mariages. Une bonne partie des jeunes gens travaillent à Tarbes, voir dans les administrations, soit dans divers bureaux.


L'école possède une bibliothèque fondée en 1880 au moyen d'une souscription. Elle renferme 44 volumes dont 22 accordés par l'État, et le nombre de prêts annuels s'élève à une quinzaine.


On ne sera pas étonné de ce petit chiffre si l'on considère que la commune d'Aureilhan ayant participé à la fondation de la bibliothèque populaire cantonale tous les habitants ont le droit de s'y faire inscrire en qualité de lecteurs.


Cette bibliothèque possède un millier d'ouvrages divers. Les gens d'Aureilhan vont posséder là les volumes qu'ils aiment à lire et on peut constater que le nombre des prêts est relativement élevé, ce qui prouve que les habitants de la commune ont le goût de la lecture et qu'ils aiment à s'instruire.


La commune ne donne pas de supplément de traitement aux maîtres et aux maîtresses. Ils n'ont que le traitement afférent à la classe à laquelle ils appartiennent.

L'instituteur public

Dupont.




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© Marie-Pierre MANET









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