La monographie d'Azet
Hautes-Pyrénées
département 65.

(ADHP - Monographie établie en 1887)




00036426
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La commune d'Azet se trouve sur un magnifique plateau assez vaste, et traversé par un petit cours d'eau, appelé la Mousquère, lequel coule du Sud au Nord et de l'Est à l'Ouest, et va se jeter dans la rivière Neste de la vallée d'Aure, en dessous de Vielle. La commune est limitée au Midi par des montagnes escarpées qui bornent avec l'Espagne. A l'Est par une haute colline, appelée Serre, qui borne les communes d'Adervielle, Génost et autres (Louron). Du Nord avec les montagnes des communes de Estensan, Camparan, Grailhen et Gouaux. Et du couchant, avec les terrains, montagnes et terres arables, des communes d'Ens et Bourisp. Son étendue est de 23 kilomètres carrés 48 hectares 37 ares 49 centiares. Sa distance à Vielle-Aure son chef-lieu de canton, est de 4 kilomètres.

A Bagnères-de-Bigorre, son arrondissement, 48 kilomètres.

A Tarbes, son chef-lieu de département, 68 kilomètres.


Description physique du pays :

Un magnifique plateau avec des ravines profondes, entouré du Midi et de l'Est, de hautes montagnes rocheuses et abruptes, où pacages pendant l'été de nombreux troupeaux de bêtes à laine et de bêtes à cornes. ces montagnes sont recouvertes en certains endroits de forêts de sapins, pins, hêtres et petits arbustes, tels que noisetiers, génévriers, buis et genêts. Le schiste domine dans les roches qui constituent ces montagnes. Le sol de ce vallon est assez fertile surtout la partie travaillée, parce qu'elle est bien cultivée, bien fumée par les nombreux bestiaux qu'on y élève et qui font l'aisance ordinaire des habitants. Les prairies sont irriguées par le ruisseau de la Mousquère et diverses sources, toujours assez abondantes, excepté à la fonte des neiges des hautes montagnes, et dans cette saison il est nuisible aux propriétaires riverains. Toutes les eaux de la commune sont potables, excellentes mêmes. L'altitude de la commune d'Azet (place publique) est de 1172 mètres. Le climat y est tempéré, trèc chaud même en été, à cause de son exposition au Midi. Les vents dominants sont ceux du Midi (ou d'autan) et du couchant, lesquels amènent après eux presque toujours la pluie. Pays salubre, air pur quoique cette année 1886-1887 soit marquée par une épidémie terrible qui décime la population, surtout la jeunesse, la fièvre typhoïde, qui a atteint presque toute la population, et qui a déjà fait jusqu'à ce jour une vingtaine de victimes sur 386 habitants. Le reste de la population est terrifiée. A quoi attribuer ce terrible fléau dans un pays naturellement sain ? Évidemment au peu de propreté qui existe dans les maisons qui sont basses, mal aérées par de petites fenêtres, aux tas de fumiers qui existent dans les basses-cours devant les portes et sous les croisées, aux boues infectées et stagnantes que l'on rencontre dans les rues et place publique, et aussi, disons-le au peu de propreté qui règne dans leurs habits et sur leurs personnes. Je suis obligé d'envoyer des élèves à la fontaine pour se nettoyer les mains et la figure. Malgé l'épidémie qui règne toujours, ils observent très peu l'hygiène.


Le chiffre de la population, d'après le recensement du 30 Mai 1886 est de 386 habitants. Ce chiffre est inférieur de 26 à celui de 1880, et il tend à diminuer pour les causes que je viens d'énumérer, les fièvres, et encore parce que la jeunesse déserte la campagne pour aller peupler les villes, ou bien souvent, hélas ! Elle n'y rencontre que des déboires, des déceptions, au lieu des avantages qu'elle espérait y trouver. Il y a même pénurie de bras pour travailler la terre.


La petite instruction primaire que la jeunesse reçoit dans nos écoles primaires publiques, sert trop souvent à en faire de petits déclassés. Est-ce donc à dire que l'instruction et l'éducation, donnée par les instituteurs et institutrices de France est mauvaise ? Je me garderai bien de le dire, je pense tout le contraire. Je ne fais ici que constater le résultat de mes observations.


La population d'Azet ne forme qu'une agglomération de 80 maisons ou feux allumants. Son organisation municipale est semblable à celle de la plupart des communes de France. Les fonctionnaires municipaux sont le Maire, Mr Trescazes, ancien instituteur retraité, premier notable de la commune, faisant fonction de ministère public devant la justice de paix du chef-lieu de canton, de Vieille-Aure, son adjoint est Monsieur Fourton, homme sensé et tranquille, et dix membres du conseil municipal, le garde-chapêtre, Monsieur Dominique Carrot, le valet commun et le sommeur de cloches et fossoyeur. Un instituteur, une institutrice. La commune est dessservie pour les cultes par un jeune prêtre, Monsieur l'abbé F. Fontan, digne à tous égards et homme fort capable. Pour les finances, par un précepteur, Monsieur Sabathé, dont la résidence est à Vielle-Aure. Il vient dans la commune de temps en temps pour faire le recouvrement des impôts. Le bureau de poste et télégraphe est situé au chef-lieu de canton ; et occupé par une receveuse. Chaque jour un facteur zélé et pénible nous apporte très régulièrement les correspondances.


La valeur du centime de la commune est :

- Foncier 0.30336
- Portes et fenêtres 0.3.336
- Propriétés non bâties 0.3109
- Non Bâties 0.303358
- Revenues ordinaires 0.030336


Les productions de la commune sont : le froment, le seigle, le méteil, l'orge, l'avoine, le sarrasin ou millet carré (mimourou), haricots, pois, fèves, pommes de terre, navets, lin, choux, foin et regain.


Les procédés de culture nouvelle n'ont pas encore pénétré dans la localité, la routine y règne en souveraine et ne tend pas à dispar&a&icir;tre. L'essence de bois qui existe dans les forêts communales est le sapin, le pin, le hêtre ; leur produit est trè minime, à cause du peu d'étendue d'abord et ensuite du faible rendement, vu la stérilité du sol rocailleux sur lequel elles sont assises. Les animaux qu'on élève dans la commune sont nombreux ; ils consistent en troupeaux de bêtes à laine, vaches, chevaux et ânes.


La chasse à l'izard est aimée dans la commune.


La commune possède dans son territoire indivis avec Adervielle (Louron) des mines de manganèse, très abondantes dans le temps exploitées par Monsieur Denières, agissant en qualité de président du Conseil d'administration de la société minière et industrielle, dont le siège est à Paris n°56, Rue de Provence, et qui aujourdhui demande à renoncer à la concession des mines de manganèse, dites de la Serre d'Azer, situées sur le territoire des communes d'Azet, de Pouchergues et d'Adervielle. Date de la pétition du 6 février 1874. Étendue superficielle 5 kilomètres carrés 35 hectares. Ces mines ont produit dans le temps de grands avantages pour les habitants de la commune qui allaient en faire le charroi et d'autres en extraire le minerai. La commune possède moulins à farine sus sur le ruisseau de la Mousquère, qui servent uniquement pour moudre le grain à l'usage des habitants, moulins quie le commune afferme chaque année à un meunier qu'on paye une somme déterminée, moyennent retenir pour lui une pugnère de grain pour une quantité déterminée et pour chaque personne qui y apporte son grain à moudre.


La commune d'Azet ne possède qu'une seule route carrossable, tirant vers Estensan, Camparan et aboutissant au Pont-neuf de Bazus-Aure, construite durant les dernières années de l'Empire de Napoléon III. Les autres vieux chemins qui existent dans la commune en très mauvais état, et en nombre insuffisant, servent exclusivement pour l'exploitation des propriétés. La commune communique avec le chef-lieu de canton au moyen de la nouvelle route dont je viens de parler plus haut jusqu'à Estensan, ensuite on abandonne cette voie pour suivre le vieux chemin étroit, à pente trè rapide qui conduit à Bourisp, et de là à Vielle-Aure, par un autre bon chemin qui traverse la vallée. Pour se rendre de la commune au chef-lieu d'arrondissement et de département, on suit toujours la nouvelle route jusqu'à Bazus-Aure. Là on prend la rive gauche de la rivière-Neste si l'on veut se rendre à Bagnères ou à Tarbes, en traversant le col de la Fourquette d'Aspin,où il y a une bonne route carrossable, ou bien celle d'Ancizan, descendre la belle montagne des quatre véziaux (Guchen, Grézian, Ancizan et Cadéac) et longer le fleuve de l'Adour, prenant sa source au pied du pic d'Arbizon, et qui coule rapidement le long de la riante, fertile et pittoresque vallée de Campan. Ou bien, partant toujours de Bazus-Aure, point de ralliement des nouvelles routes construites par Napoléon III, on descend par la rive droite jusqu'à Arreau, chef-lieu de canton et point de jonction des deux belles vallées d'Aure et Louron, où les deux rivières Nestes, se réunissent pour n'en former plus qu'une seule, jusqu'à ce qu'elles reçoivent, non loin de Montréjeau, deux petits cours d'eau, le Gar et l'Onne, d'où l'on a formé le mot Garonne, qui passe à Toulouse, Agen, etc.


Les mesures locales encore en usage sont :

- le coupeau pour les grains,
- la romaine pour le poids.
- la livre de 500 grammes ou 16 onces,
- l'once 31 grammes.
- La couperade de 1 a 82 c 50 pour les surfaces agraires,
- et aussi la pugnère de 11 mètres40, subdivision de la couperade.
- le journal qui vaut 21 a 89 c ou 12 couperades.
- La Canne courante qui vaut 6 mètes de long.
- L'empan qui vaut 0 mètre 22 et
- la canne carré qui vaut 8 x 8 empans = 64 empans carrés.
- Le petit quintal, poids de 100 livres (ou 50 kilos) moitié de quintal métrique, ou 200 livres, ou 100 kilos.


Étymologie probable du nom :

Adet, adou, ados, âne, asou, Azet; lieu où l'on pouvait arriver autrefis quà dos d'âne, et dont le terrain ne s'exploite guère qu'à dos d'âne ou de chevaux. L'histoire municipale n'offre rien de saillant. Un maire, un adjoint et dix membres du Conseil municipas régissent et administrent la commune.


L'Abbé Civrie, né dans la commune, a été longtemps chamoine à Tarbes ; il est décédé depuis trois ou quatre ans, et enterré à Azet, sa commune natale. C'était un esprit distingué, dit-on.


L'idiome est un patois grossier, ressemblant beaucoup au patois versant espagnol, ou catalan. Les chants montagnards de Rolland y sont connus et exécutés par la jeunesse qui aime passablement ces chants criards. Les moeurs y sont encore assez pures, sans cependant y être iréprochables. Le culte catholique exclusif y est pratiqué avec assez de régularité.

Les costumes y sont presque tous identiques pour les deux sexes : draps de laine du pays, couleur grise, ou burel, ou teints en noir.

L'alimentation locale est toute grossière : bonne soupe au lard, de choux, pois, lentilles, haricots, pommes de terre, pain ou froment, le plus généralement de méteil ; viande porc salé, et brebis salée. Pas de volaille , presque pas de boucherie, presque pas de vin, vu sa cherté et sa mauvaise qualité, qui n'est autre chose que de la drogue, c'est-à-dire, du vin sans raison, ou des compositions qui sont nuisibles à la santé. Les employés de la régie devraient y veiller, dans l'intérêt de la santé des consommateurs.


Il n'existe aucun monument remarquable dans la commune, sauf l'église qui date du XIII è siècle. Le clocher qui a été exhaussé, il y a quelques années, au moyen de secours accordés par le gouvernement, et sollicités par le conseiller général, Monsieur Paul Duffo, aujourd'hui trésorier payeur général, à Chambéry, est surmonté d'une flèche trè élégante et très hardie, d'une hauteur proportionnée au reste de l'édifice. C'est le seul monument, dans la commune, digne d'être cité.


Archives communales :

Rien d'important qui mérite d'être signalé, n'a été trouvé dans les archives communales, ni documents officiels, etc, etc.


Annexe au titre IV - Enseignement :

Il existe deux écoles primaires dans la communes, l'une spéciale aux garçons et l'autre aux filles. Les plans des locaux à 0 m 01 par mètre, de la nouvelle maison d'école, ont été produits et adressés à l'académie, à Tarbes. Par suite de la construction, de la nouvelle maison pour les garçons, l'ancienne servira pour l'école des filles et le logement de l'institutrice, qui est logée ailleurs, ainsi que l'instituteur, parce que dans l'ancienne maison d'école où l'institutrice fait encore la classe, il y a juste la salle du rez-de-chaussée pour les filles, et celle du 1 er étage pour les garçons, il y a le logement de l'instituteur, ainsi qu'une salle pour la mairie, de la sorte tous les besoins seront pleinement satisfaits.


La fréquentation est tout à fait irrégulière. Les enfants manquent la classe pour le moindre prétexte. Les parents semblent attacher peu d'importance à leur instruction. Ils n'ont de goùt que pour l'élevage de leurs bestiaux, en suivant toujours la routine, bien entendu, et ne faisant aucun progrès de ce côté-là ; les illettrés il n'y en a pas ; des conjoints qui n'ont pas pu signer leurs noms, pas davantage ; mais une instruction très restreinte.


Pas de bibliothèque, pas de caisse des écoles, pas de caisse d'Épargne scolaire. Les enfants n'ont pas même l'argent pour acheter les livres et cahiers nécessaires.


Traitement de l'instituteur : 1.200 frs.


Traitement de l'institutrice : 700 frs.


Le loyer de l'instituteur est payé 30 frs, celui de l'institrutrice 40 frs.


Quand la nouvelle maison d'école sera habitable, tous ces loyers cesseront d'être payés; il faudra que la commune s'impose quelques sacrifices pour réaliser des améliorations nécessaires, c'est à dire la confection des bancs-tables pour les garçons, le renouvellement des planchers pour la vieille maison d'école, destinée désormais aux filles et au logement de l'institutrice.


Azet, le 8 avril 1887

L'instituteur public

B. Ferras
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© Marie-Pierre MANET









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