La monographie de Barbazan-Dessus.


Situation géographique

(ADHP - Monographie établie en 1887)




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I


Barbazan-Dessus se trouve sur une hauteur. Cette commune fait partie du canton de Tournay et est située à la partie la plus occidentale de ce canton. Elle se trouve au levant de la station de Bernac-Debat et en est distante d'environ quatre kilomètres.

Barbazan-Dessus a pour limites : au nord, le territoire de Montignac ; au nord-est, celui de Fréchou-Fréchet ; à l'est, celui de la Hitte ; au midi, celui de Bernac-Dessus (hameau de l'Arrêt) ; à l'ouest, celui de Bernac-Debat, et au nord-ouest celui d'Allier.

Cette même commune a une étendue de 423 hectares, 37 ares 06 centiares. Elle est à une distance de 13 kilomètres du chef-lieu de canton et à 12 kilomètres du chef-lieu du département.

Elle est traversée du nord au midi par le chemin d'intérêt commun qui la partage en deux parties presque égales :

1. La partie occidentale, en pente vers le couchant, et qui est couverte de près, bois taillis, terres labourables et quelques incultes.

2. La partie orientale, en pente vers le levant et qui est couverte de près, vignes, châtaigneraies et terres labourables.

Tout à fait, en bas de ce versant, se trouve un vallon, appelé vallon de l'Arrêt, nom qu'il tire du ruisseau qui arrose les prairies naturelles qui s'y trouvent. Ce cours d'eau ne coule qu'accidentellement et ne grossit que pendant les grandes pluies. L'eau potable est puisé dans des puits. Je conclue donc, tout naturellement, de mes observations, que la commune de Barbazan-Dessus, en égard à l'aspect du sol, peut se diviser en quatre parties bien distinctes :

1. la partie occidentale.
2. La crête, marquée par le chemin d'intérêt commun nº25.
3. le versant oriental.
4. Le vallon de l'Arrêt.

En raison de son altitude qui est de 507 mètres environ, Barbazan-Dessus a une température plus froide que dans la plaine surtout quand le vent d'Ouest y domine.

Le climat de la commune est presque tempéré ; on n'y ressent ni chaleurs excessives, ni froids intenses, ni vents secs ou humides d'une trop longue durée ou périodiques ; on y voit rarement des maladies contagieuses.



II


Le chiffre de la population, d'après le recensement de 1886 est de 208 habitants. Ce chiffre a diminué depuis quelques années. Plusieurs familles ont quitté cette localité pour aller s'établir ailleurs comme métayers.

La commune est divisée en cinq sections ou quartiers :

1.Dans le quartier dit du village au marque dit mey, il y a 103 habitants.
2.Dans la marque-dessus..............................44 habitants.
3.Dans la marque-Debat..............................42 habitants.
4.Dans la lassarence...................................15 habitants.
5.Dans l'Église............................................4 habitants.

Total 208 habitants.

Le nombre de feux est actuellement de 46. Le conseil municipal se compose de dix membres : d'un maire, d'un adjoint et de 8 conseillers.

Les autres fonctionnaires sont : le vicaire, en résidence ; l'instituteur communal ; le percepteur de Bordes et le garde-champêtre.

La commune est desservie par le bureau de poste de Bernac-Debat.

La valeur totale des centimes est de 47 f 85.

Les revenus ordinaires sont de 320 frs. En 1887, la commune a dû s'imposer pour insuffisance de revenus ordinaires une somme de 36 frs.



III


Barbazan-Dessus est une commune agricole, la terre argileuse y domine. La marne, que l'on va chercher à Montgaillard, produit de bons effets : elle divise les terres argileuses trop compactes.

Les productions y sont de deux sortes : végétales et animales. On y récolte, quoique en petite quantité, du froment, du méteil, de l'orge, du maïs, de l'avoine, des châtaignes, des pommes de terre, du vin et beaucoup de fourrages.

L'arboriculture fruitière commence à y faire quelques progrès ; on y plante beaucoup de pommiers, surtout depuis l'apparition de l'oïdium et du mildess.

On a calculé que sur l'étendue du territoire de cette commune, la moyenne des produits en froment est de 12 hectolitres par hectares, en maïs de 15 hectolitres, en avoine 13 hectolitres, en pommes de terre 65 à 70 quintaux et en fourrage 14 quintaux par hectare.

Cette infériorité en rendement ne tient qu'à l'imperfection des méthodes ou procédés sur l'agriculture. Les arbres d'essence forestier sont, en première ligne, le chêne ; en second, le frêne, l'orme, le bouleau etc.

Les bois couvrent une surface d'environ 85 hectares et ne sont pas soumis au régime forestier. Le bois de construction devient de plus en plus rare. Depuis quelques temps, on exploite beaucoup et l'on ne repeuple pas, en proportion, ce qui est un tort.

Les principaux animaux qu'on élève dans la commune sont : le bœuf, la vache, le veau, le mouton, la jument, l'ânesse, le porc et la volaille. On y engraisse des bœufs, quelques vaches, des veaux, quelques moutons, beaucoup de porcs et de la volaille.

Le nombre des têtes de bétail, élevées dans la commune est toujours en rapport avec l'abondance des fourrages. Depuis quelques temps, le gibier y est rare.

Les chemins ruraux, les chemins vicinaux ordinaires et ceux de moyenne communication laissent beaucoup à désirer, ils manquent d'être entretenus convenablement ; aussi, le commerce y est, à peu près nul, à cause de la difficulté des transports.

Pour se rendre aux marchés de Tarbes, on utilise souvent, la voie ferrée, à partir de la station de Bernac-Debat ; pour ceux de Bagnères et de Tournay, on s'y rend, au moyen de voiture de montures ou à pied. Dans la localité, on n'emploie plus que les mesures légales.



IV


Barbazan tire son nom des illustres barons de Barbazan. On lui a donné le nom de "dessus" parce qu'il se trouve sur une hauteur.

Arnaud-Guilhem de Barbazan , le chevalier Sans reproches, se signala donc dans un combat entre six chevaliers français et six chevaliers anglais. En 1404, il fut un des meilleurs généraux des rois Charles VI et Charles VII ; il vainquit les Anglais réunis aux Bourguignons, et à la bataille de la Croisette (Champagne) et mourut en 1432 des suites de ses blessures qu'il avait reçues à la bataille de Bulgneville, près de Nancy. Arnaud-Guilhem de Barbazan a eu l'honneur d'être enseveli à Saint Denis, à côté des dépouilles des Rois de France, avec le titre de Sauveur de la France.

Les habitants de Barbazan-Dessus parlent le patois du pays ; en général, ils sont bons, liants et d'un commerce assez facile. La terre est, pour eux, une bonne mère ; dans leurs moments de loisirs, ils aiment beaucoup la causerie ; ils ne connaissent que le culte catholique et les costumes qu'ils portent sont semblables à ceux qu'on porte à Tarbes et dans ses environs.

Quelques vieilles personnes croient encore aux puissances surnaturelles, aux bons et aux mauvais génies ; mais tous les habitants, indistinctement, sont actifs, hospitaliers et intrépides. Ils se nourrissent de végétaux et de viandes.

Au midi du village, se trouve un pilier géodésique construit en 1884, qui est situé à 6 mètres à l'ouest du méridien du pic du midi.

On trouve, encore, dans la commune, les restes d'un château construit par les Romains d'après les découvertes de quelques inscriptions semblables à celle qui suit :

IV IMP - AV
L - VICTOR = C
CENSOR . I C
ET = BILL OSSI
MIANTI ET PEIA?TLV - SIN
ET VERINAVERA

Dans les archives communales, on trouve une Reconnaissance générale des fonds et communautés de Barbazan-Dessus en Bigorre, datée de 1662.

On trouve, dans cette reconnaissance, que la baronnie de Barbazan-Dessus, était la première baronnie de Bigorre, laquelle consistait en six consulats, villages et communautés savoir : Barbazan-Dessus, Fréchou-Fréchet qui ne font qu'un même consulat, Mascaras, Bernac-Dessus, Bernac-Debat et Allier ; que les baronnies de Barbazan-Dessus et d'Esparros appartenaient au Roi de Navarre et furent par lui, baillés en engagement aux prédécesseurs du seigneur de Barbazan en 1584, et en propriété par le Roi Louis XIII et toute justice en 1334, pour lui tenir lieu des droits et prétentions qu'ils avaient sur les vallées d'Aure, Magnoac, Neste et Barousse.

On y trouve, encore, comment se faisait la nomination des officiers de justice, comment elle était exercée par les consuls, l'étendue de la basse justice, comment se faisait l'élection des consuls, comment devait se faire le guet et la garde des prisonniers dans le château, la barnalité des moulins ; que le seigneur était obligé de tenir les moulins et les chemins en bon état ; que lors des mariages, les époux étaient tenus de bailler une paire de volaille au seigneur et celui-ci de les gratifier d'une charretée de bois, tant que quatre bœufs en peuvent traîner...etc. On trouve aussi dans Larcher que le seigneur de Barbazan-Dessus usait du droit d'empêchement du mariage, pour toutes les filles qui auraient voulu épouser sans sa permission et exigeait de chaque habitant, une corvée par an pour le transport d'un char de bois dans le château.

On distingue, encore, les traces des fossés qui entouraient les châteaux. A l'est des traces du fossé, on trouve un verger, désigné sous le nom de granÿa ; les anciens de la localité disent que les granges du seigneur étaient sur ce terrain ; ils disent, de même, que le champ qui se trouve à l'ouest du château était l'ancien jardin. Non loin de là, et à l'ouest, encore, on trouve un tumulus arrondi, désigné sous le nom de Tucoo ou la Molte, d'où on a un très joli point de vue.



Annexe au titre IV : Enseignement


La commune de Barbazan-Dessus a toujours eu depuis plus de cent ans une école mixte.

A partir de 1870, il y a eu une école pour chaque sexe.

L'école des garçons a toujours été publique, tandis que celle des filles n'a été communale que depuis 1864.

Dix instituteurs ont successivement occupé ce poste depuis 1800. L'un des deux premiers était, à la fois, tisserand et instituteur. Tous les deux tenaient leur nomination de l'évêque. L'instituteur étaient payés avec des denrées jusqu'en 1870 ; une mesure de froment et une autre de méteil pour chaque élève qui écrivait et les autres, une mesure seulement.

L'instituteur qui est en résidence dans la commune occupe ce poste depuis vingt neuf ans.

Depuis 1870, onze institutrices y ont exercé leurs fonctions.

La commune, avec beaucoup de peine, de bonne volonté et à l'aide de l'État, est parvenue, malgré ses faibles ressources, à ériger une maison d'école de garçons. Par suite de sa situation financière, en 1882, elle a été dans l'obligation de scinder le projet, c'est à dire elle a dû forcément ajourner, faute de fonds :

1. Les planchers du galetas.
2. Les plafonds.
3. Le préau, un hangar, lieux, mûrs de clôture.
Et la basse-cour et du jardin.
4. Le mobilier scolaire.

L'école se trouve dans un point central. Les trois portes extérieures du rez de chaussée ont chacune 3 mètres de hauteur sur un mètre de largeur ; les 7 fenêtres, 2 mètres de hauteur sur 1 mètre de largeur. Les 3 portes intérieures 2 m 10 cm de haut sur 0,90 m de largeur.

La salle d'école a 6 m 30 de long et 5 mètres de large et 4 mètres de hauteur. La cuisine a 5 m 70 de longueur, 4 m 30 de largeur et même hauteur que la précédente...

La fréquentation de l'école est assez régulièrement suivi. Les familles comprennent que nous travaillons dans l'intérêt de leurs enfants. Il y a vingt ans, environ, que l'instituteur actuel faisait, à peu près, toutes les correspondances pour les habitants de la commune, aujourd'hui grâce aux progrès réalisés, il y a peu de maisons où l'on ne trouve un membre capable de faire les écritures nécessaires.

C'est grâce, encore, aux progrès de nos écoles que la superstition, compagne de l'ignorance, disparaît. Dans nos campagnes, on n'y entend parler que rarement de fées, de loups garous, de tables parlantes. Il n'y a plus à Barbazan-Dessus de conscrits illettrés ni de conjoints qui n'ont pu signer leur nom.

L'institution d'une bibliothèque scolaire date du 12 juin 1882. Il n'y a pas encore d'armoire, les livres sont placés sur des étagères. Il y a 35 volumes. Sur le nombre, se trouve 13 livres classiques. Monsieur le Ministre a fait une concession de 22 livres. L'année 1886, il y a eu 23 prêts. Une caisse d'Épargne scolaire existe depuis 1879. Au premier janvier 1887, il y avait 16 livrets, les sommes inscrites sur ces livrets donnent au total 149 frs.

L'instituteur actuel jouit, depuis le premier janvier 1879 d'un traitement de 1300 frs.

Les sacrifices à demander à la commune pour réaliser les améliorations nécessaires monteraient à une somme de 1275,80 frs.


L'instituteur de Barbazan Dessus
Arnaunez.



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de la Bigorre devenue Hautes-Pyrénées
département 65.
© Marie-Pierre MANET








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