La monographie de 1887 de Bartrès
Hautes-Pyrénées
département 65.

(ADHP - Monographie établie en 1887)




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I


La commune de Bartrès est située sur un petit plateau évasé, en forme d'entonnoir assez régulier, au centre duquel se trouve groupée la plus grande partie du village. A une distance de 1 kilomètre environ, se trouve un hameau appelé Lagarde qui fait partie de la commune. Il se compose de sept maisons presque contigües les unes aux autres. D'autres maisons isolées, variant d'une distance de 200 à 600 mètres environ du centre de la commune, achèvent la composition définitive du village.

Il est limité à l'est par le territoire de la commune d' Adé dont il n'est éloigné de cette dernière commune que de 2 km 500 environ ; à l'ouest par le territoire de Poueyferré, commune qui n'est distante de celle de Bartrès que de 3 km environ ; au nord, par les territoires des communes de Lamarque et d' Ossun, dont la distance entre Bartrès et ces deux communes est assez grande ; et enfin au midi, par le territoire de la ville de Lourdes.

La commune de Bartrès fait partie du canton de Lourdes ; elle est distante de cette ville de 3 km. Elle est éloignée de Tarbes, chef-lieu d'arrondissement dont elle dépend, de 1574, et de Tarbes de 1710.

Le territoire de la commune est tout à fait accidenté, il n'y a pas de montagnes mais il est parsemé de collines, à élévation plus ou moins grande, à part la partie occidentale, appelée Lande, qui est un terrain assez uni, et dans lequel excroissent des thuyes et fougères. C'est dans cette Lande que se trouvent une certaine quantité de tumulus, dont quelques uns ont été fouillés sous la direction de M. Piéte, juge du tribunal de 1 er Instance à Angers.

D'un de ces tumulus a mis à jour une espèce d'allée souterraine où l'on a trouvé une certaine quantité de vases en grés assez bien conservés remplis de terre et aussi probablement aussi de cendres mais qui se sont réduits en poussière en les enlevant. On a trouvé aussi dans ce tumulus de petits objets tels que de petits colliers, un petit lingot d'or d'une valeur de 80 francs.

Les fouilles vont être continuées dans d'autres tumulus abandonnés à M. Piéte moyennant une indemnité de 200 francs au profit de la commune.

Dans le territoire, il y a point de cours d'eau pour ainsi dire, le petit ruisseau qui passe par le centre du village est les trois quart du temps à sec, ainsi qu'un autre petit ruisseau qui longe la partie orientale de la commune. C'est dans la partie sud-ouest du territoire que prend sa source le petit ruisseau appelé l'Ousse qui par ses petits affluents a une certaine importance dans les Basses-Pyrénées qu'elle traverse.

La commune possède à l'est du village comme eau potable, une excellente source, qui surgit de bas en haut suivant la direction verticale. Elle est assez abondante pour les besoins de la localité. La difficulté d'encaissement a occasionné jusqu'à ce jour à la commune des dépenses assez sérieuses, et sans beaucoup de résultat. Beaucoup de familles possèdent des puits où elles peuvent puiser pour leurs différents besoins.

Il existe à la limite du territoire de Lourdes et de Bartrès une excellente source ferrugineuse qui aurait une assez grande importance si elle se trouvait assez à proximité de centres où des sources thermales sont exploitées. Son isolement la condamne à couler tranquillement, en rougissant par l'oxyde de fer qu'elle renferme en quantité sérieuse, les diverses rigoles ? où elle s'écoule sans pouvoir produire son effet bienfaisant.

Le climat y est assez bon et la salubrité satisfaisante malgré les vents et les pluies qui de temps en temps viennent de l'Atlantique longer là-bas des premières montagnes qui forment les Pyrénées, et qui, par leur présence, font assez souvent varier la température moyenne.

II


D'après le recensement qui à été fait en 1886, la population est de 356 habitants, tandis que dans l'avant dernier il n'était que de 351. Quoique la comparaison des deux recensements accuse une augmentation assez faible, il est vrai, de 5 habitants, la population ne saurait guère devoir s'accroître, car la partie du territoire cultivé en céréales ou subtances alimentaires est bien loin de pouvoir produire assez pour les besoins des habitants. 113 hectares environ sont en labour, et le rendement est très faible, 15 hectolitres de froment par hectare au maximum.

La population du hameau de Lagarde est de 93 habitants. Le nombre de feux de la commune, avec les sept qui se trouvent au hameau, s'élève actuellement à soixante-treize.

La commune est administrée par un maire, un adjoint et dix conseillers municipaux. Elle est desservie pour le culte par un vicaire à résidence, subventionné par l'État comme vicaire d'Adé. Pour les finances, elle fait partie de la perception de Lourdes ; elle est encore desservie par Lourdes pour les Postes et télégraphes. Un facteur rural distribue, tous les jours, le plus souvent dans la matinée, les divers correspondances trouvés au bureau de Lourdes à destination pour Bartrès et fait la levée de la boîte.

La valeur du centime est de 0,1015947 et le revenu 2.050 francs.

III


Les principales productions du sol sont : le froment, le maïs, l'avoine, la pomme-de-terre, des châtaignes, des glands, du millet, du lin. Les prairies donnent aussi d'assez bon fourrage mais en quantité médiocre, à part celles qui peuvent être arrosées, mais ces dernières sont en petits nombres. En compensation, le bétail peut, pendant toute l'année, paître sur une lande de 292 hectares. Les herbages y sont abondants mais de médiocre qualité. Cette Lande est partagée en lots en nombre égal à celui des ménages en feux, pour le fauchage du soudrage, moyennant la somme annuelle de 6 frs à payer par chaque détenteur de lot. Les bêtes à corne, les juments, les ânes, les cochons, sont les seules espèces d'animaux qui le particulier élève ou achète, soit pour le travail des terres, soit pour en faire le commerce.

La commune possède aussi une belle forêt de 185 hectares, tout de bois futaie que de bois taillis qui sont soumis au régime forestier. Chaque année, l'administration abandonne à la commune une coupe affouagère de bois taillis qui est partagée par feux et chaque copartageant doit payer pour sa part une somme fixée par le conseil municipal, suivant les besoins de la commune et l'importance de la coupe. Cette année, la taxe affouagère été fixée à 17,25 frs ce qui produit une somme de 1259 frs qui a été perçue par le receveur municipal pour être versée à la caisse municipale.

Lorsque la commune doit faire face à de grandes dépenses, l'administration accorde encore, au profit de la commune, une coupe extraordinaire dans un quartier de la forêt appelé Quart de réserve.

La commune retire aussi de la mise en ferme de la forêt une somme de 125 frs pour la chasse aux palombes qui se fait dans les cabanes construites sur les arbres. C'est une chasse assez attrayante et assez productive. La mise en ferme se renouvelle tous les 5 ans et le prix d'adjudication peut varier en plus ou en moins.

Le village est traversé par le chemin de grande communication de Peyrouse à Momères. L'ancien chemin de Lourdes à Bartrès étant pénible, la commune a fait construire, il y a peu de temps, au prix de sacrifices assez sérieux, un nouveau chemin beaucoup plus facile et plus court que l'ancien ; il est entretenu , en partie par Bartrès et par Lourdes.

IV


Les archives communales ne possèdent pas de document propre à faire connaître l'étymologie de Bartrès. Les personnes les plus âgées de la localité n'ont pas non plus donné à ce s? aucun renseignement. Elles ont seulement fait observer que M. l'abbé Fourcade, ancien curé d'Adé, actuellement doyen à Lannemezan, qui fait un ouvrage sur pareille matière, a trouvé aux archives de la Préfecture, on possède par ailleurs, des détails forts intéressants sur Bartrès.

Quant à ce qui concerne l'histoire municipale de la commune, ces même personnes n'ont pu non plus donner des renseignements se rattachant à l'époque antérieure à l'organisation municipale actuelle.

L'idiome de la commune est le patois, des poésies tantôt patoises, tantôt françaises mais dont la qualité et la rime laissaient beaucoup à désirer, chantées avec ce laisser-aller et cette expression originale et naïve qui caractérise les bergers constituant principalement leurs chants.

Les moeurs des habitants sont douces et naturelles. Un bon esprit anime cette paisible population. Les divisions locales qui sont la source de beaucoup de désordres, de malaises et souvenirs d'iniques vengeances dans un grand nombre de localités, y sont heureusement inconnues. On ne trouve chez elle qu'échange de bons services et une préoccupation constante de chercher à se procurer par le travail les ressources essentielles à leur existence, que le sol refuse au plus grand nombre de familles.

Le culte préféré par les habitants est le culte catholique. Il en est régulièment observé.

Le costume des habitants consiste en un béret ou un chapeau, un gilet, veste ou tablier et des souliers et des sabots ; ces derniers sont ordinairement faits par quelque membre de la famille.

Leur nourriture habituelle consiste en pain de farine de froment aditionné la plupart du temps de farine de maïs en quantité plus ou moins grande suivant l'aisance de la famille. On fait ? aussi de la méture pain fait avec la farine de maïs seulement.

Cette dernière sert aussi de base aux deux repas principaux. Le matin on la fait tarriéfier et on la détrempe chaude avec du bouillon ou simplement avec de l'eau bouillante. Le soir, on fait avec la farine de maïs la gaude que l'on mange après y avoir répandu par dessus ou du lait ou avec des oeufs ou accessoire quelconque à la convenance de chacun.

En fait de monuments, la commune ne possède guère qu'une partie de l'église qui n'a pas été reconstruite et qui était précédemment au château-fort. C'est la partie du sanctuaire flanqué de contre-fort en pierre très dure, et dont le contour est ? à sa partie supérieure de 3 ouvertures carrées, suturées l'un au levant, l'autre au nord et la 3e au sud ; elles se trouvent respectivement avoir chacune à droite et à gauche des meurtrières. Dans l'intérieur et en face de chacune des ouvertures carrées se trouvent trois marches d'escalier en pierre que montaient sans doute des sentinelles pour surveiller l'horizon.

Les murailles qu'il a fallu démolir pour la construction nouvelle étaient tellement solides que c'est à grand peine qu'on y enfonça la pince, et la mine pouvait à peine faire sauter quelques fragments.

En faisant des fouilles dans le terrain qui n'avait jamais servi de cimetière, on a trouvé un tombeau où était en parfaite conservation un squelette humain dont les dimensions des os faisaient aisément comprendre que la personne d'où il provenait était d'une taille très haute; ses mâchoires étaient encore munies de toutes les dents. On a trouvé aussi dans un autre endroit, en continuant les fouilles, celui d'un enfant dans le même état de conservation. Rien n'ayant été trouvé dans le tombeau pour pouvoir constater leur identité, toute conjoncture à ce sujet serait hasardée.

Annexe au titre IV


Tous renseignements donnés par les personnes les plus âgées de la localité sur l'historique de l'enseignement des écoles dans la commune ne remonte qu'en 1819. On se souvient seulement qu'à cette époque un homme de Lanne, nommé Males, muni d'un certificat se déclarant capable d'enseigner, certificat délivré par quelque comité d'enseignement vient d'ouvrir une école dans une maison particulière qui depuis est devenue le presbytère actuel. Plusieurs familles y envoyaient leurs enfants moyennant une mesure de méteil (25 litres) par an. L'enseignement portait sur la lecture, l'écriture et le calcul.

Deux autres maîtres d'école lui ont succédé dans les mêmes conditions jusqu'au moment où l'État a pris en main l'enseignement et l'a conduit par degré jusqu'au jour où il est aujourd'hui.

La commune de Bartrès possède actuellement deux maisons d'école, une pour les garçons et une autre pour les filles. Jusqu'en 1865, la maison actuelle de filles était destinée pour les garçons; la commune payant à l'institutrice une indemnité de logement et lui fournissait une salle éclairée. Elle devait payer de même une indemnité de logement à l'instituteur. Pour prévenir les fréquents délogements auxquels étaient sujets ces deux fonctionnaires, la commune qui avait en caisse des ressources, projeta de construire la maison d'école actuelle et de s'approprier l'ancienne école des garçons pour le logement de l'institutrice et la salle de classe. Par cette double mesure a donné toute satisfaction possible à l'instruction de l'enfant. Les habitants ont aussi compris pour la plupart les sacrifices que la commune s'est imposée pour cet objet ; ils envoient assez régulièrement les enfants en classe. Il n'y a pas eu de conscrit illettré dans le tirage au sort de cette année, et dans les mariages qui ont eu lieu pendant l'année dernière. Les conjoints ont signé leurs noms.

Il est une chose cependant sur laquelle l'attention du conseil municipal a été appelée, bien souvent, malheureusement sans résultat. C'est de la Bibliothèque scolaire qu'il est ici question. Des instances pressantes ont été renouvelées bien souvent auprè de l'administration locale surtout lors de la rédaction du budget, aux fins d'obtenir un crédit soit pour l'acquisition d'une armoire, soit pour achat de volumes.

Toujours, jusqu'à présent, il a été répondu qu'on ne pouvait accueillir cette demande tant que les travaux de reconstruction de l'église ne seraient pas payés.

Aujourd'hui que cet édifice est terminé et presque soldé, il y a lieu d'espérer que les promesses qui ont été faites seront tenues, et que, dans la rédaction du prochain budget, un crédit, pour cet objet donnera une première satisfaction.

Les utiles institutions de la caisse des écoles et de la caisse d'Épargne scolaire n'existent malheureusement pas non plus dans la commune.

L'instituteur public

Lapuyade.




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© Marie-Pierre MANET









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