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La monographie de 1887 de la commune d'Escondeaux
Hautes-Pyrénées
département 65.

(ADHP - Monographie établie en 1887)



Sceau
00036426
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Livre écrit à la plume



I


Escondeaux est un petit village du département des Hautes-Pyrénées, de l'arrondissement de Tarbes et du canton de Rabastens ; il est situé dans la plaine de l'Adour, au nord-est, sur le 9° 14′ de longitude occidentale et le 43° 56′ de latitude septentrionale.


Son territoire présente un plan légèrement incliné vers le nord-ouest, et limité au levant par Lacassagne et Lescurry, au midi par la commune de Dours, à l'ouest par Tostat et Bazillac et au nord par Rabastens.


Sa plus grande étendue du sud au nord-est de 4 km 500 mètres et sa largeur de 1 km 300. Il est à six kilomètres de Rabastens, chef-lieu de canton et à treize de Tarbes, chef-lieu de département et d'arrondissement.


Cette commune entourée par deux cours d'eau, l&pos;Aule et l'Alaric est traversée par un troisième qui est l'Ousse. L'intarissable ruisseau de l'Aule, au cours vagabond et au lit peu profond, permet d'employer facilement son eau limpide pour l'arrosage des prairies qui le bordent. L'Ousse présente les mêmes avantages, mais l'Alaric avec son courant rapide et son lit creusé rend les travaux d'irrigation difficiles sans être impraticables. Ce canal dont la plupart des eaux dérivent de l'Adour, a été creusé, dit la légende par le roi des Visigoths Alaric II afin d'abreuver les chevaux lorsqu'il assiégeait la ville de Rabastens. Il limite la côte et la plaine, ce qui prouve que son lit a pu être établi par la nature aussi bien que par l'homme. Au moment des pluies torrentielles ou continuelles, les eaux de la côte envahissent la plaine après avoir fait déborder l'Alaric et couvrent d'alluvions nos prairies et nos champs ensemencés, comme ces inondations ont lieu généralement en juin ou en juillet, la récolte est souvent compromise : c'est ce qui est arrivé en 1883 et en 1885 pour ne citer que des dates toutes récentes.


L'eau potable est abondante à Escondeaux, de tous côtés on voit surgir des sources qui produisent une eau claire et agréable à boire. Aussi, chaque maison a sa fontaine ou sa pompe aspirante.


L'altitude est de 239 mètres au-dessus du niveau de la mer ; le climat est tempéré, mais les variations atmosphériques sont fréquentes et capricieuses. Les vents d'Ouest dominent et portent la pluie, rare en été, fréquente en hiver. Exposé à tous les vents, ne possédant ni étangs, ni marécages, ce pays est sain et agréable.

II


Le recensement de 1886 a donné 181 habitants ; la population s'élevait à 191 individus au recensement précédent, ce qui fait remarquer une diminution assez sensible et cette progression descendante tend à continuer par l'obstination que l'on montre dans les ménages à n'avoir qu'un nombre restreint d'enfants et par goût que l'on a pour les carrières professionnelles qui attirent l'individu dans la ville. Il y a deux groupes de maisons à Escondeaux : le premier et le principal est le village proprement dit, le second et le plus ancien est le hameau des Guillamots. Celui-là a 38 maisons, 41 feux et 155 habitants, celui-ci, 8 maisons, 10 feux et 26 habitants ; ce qui donne un total de 46 maisons, 51 feux et 181 individus.


Cette commune est administrée par un conseil municipal composé de dix membres parmi lesquels se trouvent le maire et un adjoint et dont les noms suivent :

1 er - Baylac Dominique, maire,
2 e - Bédouret Louis, adjoint,
3 e - Laffargue Baptiste, premier conseiller,
4 e - Larré Louis, conseiller,
5 e - St Martin Jean, conseiller,
6 e - Villembits François, conseiller,
7 e - Villembits Gabriel, conseiller,
8 e - Bédouret Bernard, conseiller,
9 e - Dumestre Jean-Louis, conseiller,
10 e - Boubée Jean-Marie, conseiller.


Cette assemblée fonctionne régulièrement et est favorable aux institutions que s'est donnée la France. Un valet commun à qui on alloue sur le budget communal une somme de vingt francs est chargé de distribuer les bulletins de convocation des conseillers, ainsi que les bulletins de vote, il est en outre chargé de faire les publications et d'afficher ensuite. La police municipale est exercée par un garde-champêtre dont les principales attributions sont de veiller sur les récoltes et d'agir chaque fois qu'il en est requis par un individu quelconque habitant dans la commune. Il perçoit une somme de cent francs.


La paroisse d'Escondeaux est érigée en chapelle vicariale depuis 1883 et dépend de la succursale de Lescurry. On n'y professe que le culte catholique et un vicaire y réside.


Cette commune fait partie de la perception de Lacassagne, dont le titulaire réside à Rabastens où les contribuables vont acquitter l'impôt le lundi en se rendant au marché.


Le bureau de poste et le bureau télégraphique sont également au chef-lieu du canton.


La valeur du centime est de 0.20884.


Les principaux revenus ordinaires sont : une imposition qui produit 550 francs et une ferme de terrain communal qui donne 130 francs ; total 680 francs.

III



Le sol de ce pays est fertile et produit assez en abondance du froment, du maïs, de l'avoine, du seigle, des pommes-de-terre et, dans la petite culture, des fèves, des pois, des haricots et d'autres légumes. Le tabac y est aussi cultivé depuis quelques années et cette culture tend à s'y développer considérablement.


Le tableau suivant donne un aperçu du rendement et de la contenance affectée aux principales cultures.


 

Culture
Contenance ensemencée
Rendement par hectare
Rendement total
Froment
88 ha
14 hl
1.232 hl

Maïs
50 ha
20 hl
1.000 hl

Pomme-de-terre
25 ha
140 hl
23.500 hl

Seigle
8 ha
20 hl
160 hl

Avoine
10 ha
40 hl
400 hl




On pratique l'assolement de la manière suivante :

1 ère année : jachère,
2 ème année : froment,
3 ème année : avoine et maïs , pommes de terre.


Le terrain est argileux et à sous-sol imperméable, mais de profonds labours et sa disposition en ados le rendent très productif. La plupart des vieux instruments aratoires sont encore en usage, cependant la vieille araire en bois a été remplacée par la charrue en fer et Escondeaux possède trois faucheuses, une moissonneuse, un râteau à cheval et trois machines à vapeur pour battre le blé. L'usage de la faucheuse et celui de la machine à battre sont adoptés par la majorité des propriétaires, mais il n'en est pas de même pour la moissonneuse et le râteau à cheval.


L'étendue plantée en vigne est peu considérable et la présence du phylloxéra n'y a pas été constatée ; mais, hélas ! l'oïdium et le mildew y exercent de grands ravages.


Les principaux animaux domestiques sont : les vaches, les juments et les porcs. Les premiers sont employés dans les travaux agricoles ; ils sont en même temps livrés à la reproduction, ainsi que les autres dont nous venons de parler. Quant aux animaux sauvages, on rencontre la fouine, le renard et le blaireau qui dévastent nos champs de maïs et de pommes-de-terre. Escondeaux présente un champ de chasse assez peuplé, la caille aime à y séjourner, la perdrix y a élu domicile, la palombe le quitte avec regret depuis qu'elle voit les bois disparaître et la bécasse ne manque pas d'y venir faire son quartier d'hiver. Le lièvre y est assez commun. Aussi, les amateurs de la ville y font de fréquentes apparitions et trop souvent le braconnier y exerce sa vilaine profession : le perdreau devient sa victime.


Le poisson y est devenu rare depuis que le chlorure et la dynamite sont employés comme engins destructeurs. On ne voit plus guère de truites, ni de hochets, ni d'anguilles dans nos cours d'eau ; c'est à peine si quelque timide goujon frétille encore.


Ce village communique avec le chef-lieu de canton et le chef-lieu de département et d'arrondissement par la grande route nationale qui va de Paris à Bagnères-de-Bigorre. Trois chemins de grande communication viennent aboutir à cette route ; ce sont : le chemin nº8, de Vic à Lacassagne, le chemin nº9, de Montaner (Basses Pyrénées) à Escondeaux et le chemin nº11, de St Sever-de-Rustan à Escondeaux également ; de ces trois chemins partent dix petites voies de communication qui aboutissent sur divers points du territoire.


Les moyens de transport sont les voitures publiques et les voitures particulières qui sont nombreuses.


La canne, le pouce, le quintal ordinaire, la livre, la prime et le boisseau sont encore en usage.

IV



Si la légende n'a pas laissé des souvenirs à Escondeaux, la superstition en conserve de bien grands avec une population essentiellement catholique. Sorciers et sorcières s'y sont longtemps disputé le terrain et naguère encore on y voyait l'homme des bois (tantugou, sans doute). Cependant, les gens sont un peu revenus de ces erreurs ; ils prennent des mœurs paisibles et douces.


Le mouchoir est la coiffure de la femme, le sabot et le soulier à pointe arrondie en composent les chaussures, la casaque, le jupon, le tablier et le capulet, ses vêtements. La demoiselle a des tendances à se mettre à la mode. Le béret, la blouse et le sabot pointu sont portés par le travailleur des champs.


La nourriture est frugale : la pâte torréfiée, le salé d'oie, de canard et de porc sont ses principaux aliments ; il va rarement à la boucherie.


Une maison commune construite en mil huit cent soixante-neuf et une église en 1834 sont les seuls monuments du village. Ni l'une, ni l'autre n'offre rien de remarquable.


Toute recherche ayant été infructueuse pour trouver l'étymologie du nom de cette commune. Je vais essayer de l'établir de la manière qui me paraît la plus vraisemblable. Escondeaux paraît formé du mot patois, Escoun, qui signifie cache, d'où caché ; comme il n'y a pas longtemps que le village possédait des aulnaies qui en cachaient les maisons de manière qu'on ne pouvait les voir que de près, on comprend ce que signifie cette première partie du mot, Escondeaux.


D'un autre côté, la terminaison, déaux, doit tirer son origine des eaux qui entourent la commune, d'où je conclus qu'Escondeaux était un village caché et entouré d'eaux. C'était d'abord un hameau dépendant de la commune de Rabastens et ne comprenant que six ou sept habitations. De nouvelles constructions vinrent s'ajouter aux anciennes et bientôt il y eut une population qui voulut s'administrer elle-même. C'est en vertu de la loi du 9 juillet 1845 qu'Escondeaux fut érigé en commune.


Le langage local est chantant avec des inflexions de voix et de finales longues et aspirées.


Les archives communales sont insignifiantes, elles ne possèdent ni documents officiels, ni ouvrages dignes d'intérêt.


Jusqu'en 1869, l'instruction était donnée à la jeunesse d'Escondeaux dans des maisons particulières souvent peu convenables. Mais à cette époque on fit construire une maison commune qui eut la salle d'école, la mairie et le logement de l'instituteur. Cette maison se compose d'un rez-de-chaussée où se trouvent la salle d'école, une cuisine et un vestibule et d'un premier comprenant la mairie et deux pièces pour le logement de l'instituteur. La salle d'école est éclairée par quatre ouvertures : deux au nord et deux au midi et elle a 6 m 50 de long sur 5 m 50 de large. Elle est convenable, ainsi que le reste du local. La cour étant ouverte de tous côtés, il serait à désirer qu'elle fut murée, mais les ressources municipales ne permettent pas de faire des sacrifices à ce sujet.


La loi du 22 mars 1878 qui a rendu l'instruction obligatoire, n'a pas porté tous les fruits qu'on en attendait. La commission scolaire ne fonctionne pas et les absences sont toujours fréquentes. Il faut ajouter que la crise agricole que nous traversons n'est pas étrangère à la désertion de l'école, car les propriétaires renvoient souvent leurs domestiques et les remplacent par leurs enfants plus tôt qu'ils ne l'auraient fait.


Cependant, toute la jeunesse d'Escondeaux, depuis l'âge de 8 ans, sait lire, écrire et compter. Les conscrits et les derniers conjoints sont tous lettrés. Il n'existe pas ici de bibliothèque communale, mais l'initiative de l'instituteur ne fera pas défaut lorsque la commune pourra s'imposer des sacrifices. Il n'y a pas non plus de caisse des écoles et la caisse d'épargne ne compte pas d'inscription dans l'école.

L'instituteur public

Duffau.




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© Marie-Pierre MANET









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