I
La commune d'Espèche est située au sud du département des Hautes-Pyrénées ; elle est bornée au Nord-est par celle de Lahitte, à l'Est par celle d'Avezac, au Sud par celle de Lomné et à l'Ouest par celle de Batsère. Elle a une superficie de 269 h 06 a 88 centiares et se trouve imposée pour un revenu matriciel de 4.806 fr 09 centimes. Elle se trouve éloignée de Labarthe, son chef-lieu de canton, d'une distance de douze kilomètres, de Bagnères son chef-lieu d'arrondissement, de 21 kilomètres, et de Tarbes enfin, son chef-lieu de département, de 34 kilomètres.
Le sol est formé de collines, de coteaux et d'une petite montagne située à l'Est portant de nom de Boucha ; cette montagne est couverte de buis nommé en terme patois du pays Bouch. Le terrain de la commune est de nature calcaire. La couche végétale est généralement faible ; au dessous d'elle sont des rochers dont la pierre peut servir à faire de la chaux moyennement grasse ; cette pierre ne se laisse pas facilement ciseler en raison de sa dureté.
L'Arros, rivière qui prend sa source dans les Pyrénées, l'arrose dans la partie Ouest et la sépare de la petite commune de Batsère ; son débit moyen est d'un mètre cube par seconde, le ruisseau d'Espéchère prend sa source au Nord-Est du territoire d'Espèche, forme la ligne divisaire entre cette commune et celle de Lahitte et va se jeter à l'Arros en suivant la direction de l'Est vers l'Ouest ; son débit moyen est de douze litres d'eau par seconde. La ligne divisaire entre les commune d'Espèche et de Lomné se trouve établie par le tracé d'un ruisseau sans importance dont le débit moyen est de trois litres d'eau par seconde ; ce ruisseau porte le nom de Merlassa et de Peyramègue parce qu'il est formé par une source qui porte le même nom et qui vient sourdre au Nord-Ouest du territoire de la commune de Lomné ; l'eau est potable sans nulle propriété particulière ; personne n'en utilise en raison de l'éloignement auquel elle se trouve.
Au Nord-Ouest du centre, la commune possède une fontaine qui fournit une eau très limpide, délicieuse pour la consommation ; cette eau est potable et ne jouit d'aucune porpriété ; son débit est d'un litre et demi par minute. Le tiers de la population puise à cette source ; le restant s'approvisionne à l'Arros et au ruisseau d'Espechère par le moyen de tonneaux qu'on transporte sur des voitures à deux roues.
Espèche est à l'altitude de 572 mètres au-dessus du niveau de la mer. Son climat est moyennement froid et humide en même temps ; placée sur le versant de deux collines, la commune est abritée par les vents de l'Est et de l'Ouest ; les vents du Nord et du Sud peuvent la tourmenter plus ou moins sans cependant lui faire subir de sérieux dommages, par sa position près de la montagne, des pluies viennent souvent arroser la terre et la tiennent dans un état parfois de salubrité.
II
D'après le recensement de 1886, le chiffre de la population s'élève à 251 habitants tandis que d'après le recensement de 1881, on comptait 271 habitants. Cette décroissance doit être attribuée à un excès de décès sur les naissances et à l'émigration qui depuis quelques temps a pris une certaine extension.
La commune ne possède pas le terrain nécessaire pour suffire aux besoins de la population. Elle comprend un quartier principal un peu trop aggloméré et qu'on nomme village ; cette agglomération est une cause d'oisiveté des habitants, de désordre même et constitue l'indigence. C'est là que se trouve l'église et le prsbytère qui est occupé par un prêtre résidant. Le village compte 39 maisons, 40 ménages et 162 individus parmi lesquels se trouvent six conseillers municipaux. Le second et dernier quartier est composé de vingt maisons, 20 ménages et 89 individus parmi lesquels se trouvent 4 conseillers municipaux. En somme, la commune comprend 59 maisons, 60 ménages et 251 individus.
La commune est administrée par un Conseil municipal composé de dix membres parmi lesquels se trouve le maire et un adjoint. M. le maire réside au quartier d'Espéchère et M. l'Adjoint au village. Elle est desservie pour les finances par un percepteur résidant à la commune de Lomné et par un facteur de la poste de Lomné. La commune est à 2 kilomètres des bueaux de la poste et de la perception.
Bourg, son ancien chef-lieu de canton est à six kilomètres et c'est là que réside la brigade qui fait le service d'Espèche. La valeur du centime de la commune est de 5 f 94. Les ressources ordinaires s'élèvent à 445 f 94 centimes.
III
Le terrain produit des céréales et particulièrement du bon froment qui est loin de suffire à la consommation. La châtaigne y vient également ainsi que la pomme-de-terre dont la qualité est excellente. La culture des arbres fruitiers y réussit assez bien, entre autres celle du pommier, celle du poirier, celle du cerisier et celle de noyer. Le figuier, la vigne et autres espèces de ce genre n'y réussissent que très imparfaitement ce qui fait que la culture en est abandonnée. Le bois dont l'essence est le chêne, le hêtre et le châtaignier, y pousse avec une force luxuriante.
Le rendement des forêts ne suffit pas au chauffage de la population mais les forêts des communes voisines y pourvoient largement. On trouve dans la commune toutes sortes d'animaux domestiques. Le bœuf et la vache sont de race auroise et de très petite taille : on les utilise à travailler la terre. Le lait des vaches, ressource principale des familles pauvres est consommé sur place ; on le boit naturel et on le mêle aussi à de l'eau et à de la farine de maïs qu'on soumet à la cuisson ; on appelle ce mélange pâte au lait.
L'élevage du cheval y est nul ; celui des bêtes bovines y est bien négligé mais en revanche, celui des bêtes à laine y est fait avec beaucoup de goût et dans une vaste échelle, il est rendu très fécond par la bonne qualité des pâturages dans la commune et par la proximité de la montagne où les bergers envoient pacager leurs troupeaux pendant la belle saison.
L'Arros fournit la truite qui est très recherchée à cause de sa finesse et de son parfum.
Le lièvre et le lapin sont très communs.
En fait d'usine, un seul moulin existe dans la commune, lequel est en chômage la plupart du temps.
Comme voies de communication, la commune est traversée par le chemin de grande communication n° 10 et par plusieurs vicinaux.
IV
D'après une croyance générale, Espèche provient du latin EX pisce qui vient du poisson. En effet, la rivière l'Arros passe à ses pieds et au temps jadis, les habitants étaient généralement pêcheurs.
Deux ponts sont situés sur l'Arros, l'un sur le chemin d'intérêt commun n° 62 et a été construit en 1849 ; l'autre faisant partie du chemin vicinal conduisant à Batsère fut construit en 1876.
On se rend au chef-lieu de canton à pied en suivant les voies les plus directes ; pour Bagnères, on franchit l'espace à pied ou par des commodités de transport rencontrées au hasard, pour Tarbes par le courrier qui fait journellement le service des dépêches du bureau de Lomné à la gare de Capvern et là on prend la voie ferrée.
Pour les marchés et pour la gare de Capvern, le transport des marchandises se fait avec les voitures à deux roues lesquelles sont ordinairement traînées par des bœufs ou par des vaches.
Le commerce consiste dans la vente et dans l'achet des animaux domestiques et des denrées.
Les mesures locales en usage sont le journal qui vaut 25 ares, le mètre, le kilogramme, la livre ou demi-kilog et le quintal de 50 kilog.
Huit maires se sont succédés dans la commune depuis 1789. Le premier d'entre eux se nommait Bernigole Jean et portait le nom d'agent municipal ; Bernigole Simon, maire actuel et petit-fils du précédent a pris possession de la mairie aux élections de l'année 1881. M. Le maire est un honnête citoyen, très capable, ami de l'instruction, profondément dévoué aux institutions républicaines, mais un peu négligeant en matière de construction d'une maison d'école. C'est en 1852 et pendant l'administration du maire Sarrat que le presbytère a été construit, ainsi qu'une salle d'école. De 1864 à 1869, l'église a été complètement restaurée pendant l'administration du maire Duplan Bernard.
Les jeunes gens chantent des morceaux patriotiques et des romances qui sont en usage.
Le langage de la commune est généralement le patois ; néanmoins le français est généralement compris des enfants. Les jeunes gens et même les hommes au dessous de quarante cinq ans le parlent d'une manière assez correcte.
Les mœurs des habitants sont bonnes sauf de rares exceptions ; tous professent le culte catholique.
Les costumes sont généralement confectionnés avec la laine de l'endroit qu'on fait préparer par des ouvriers du pays.
On se nourrit avec du pain de froment, de la pâte faite avec de la farine de maïs, de pommes-de-terre ; généralement on ne mange de la viande que celle des animaux morts par accident ou qu'on ne peut vendre pour un motif quelconque.
Comme archives, la commune ne possède que les registres de l'état civil qui datent de la première république, les actes administratifs plus ou moins bien tenus, les registres des délibérations du conseil municipal et le nouveau cadastre qui date de 1856. La commune étant dépourvu de maison d'école pendant l'exercice du maître dont il a été ici, dessus parlé, louait une chambre pour la classe et payait une indemnité de logement à l'instituteur.
Annexe au titre IV
Une seule école mixte existe dans la commune. C'est vers 1820 qu'un instituteur breveté, M. Larroque, fut appelé à la diriger. Avant cette époque, les enfants recevaient une instruction très imparfaite par des maîtres non brevetés qui se rendaient irrégulièrement à domicile pour la donner.
En 1852, la commune construisit en même temps que le presbytère et sous le même couvert, une belle salle d'école. Ce fut en 1873 que cette salle fut cédée au presbytère pour des motifs que l'instituteur actuel d'Espèche ne connaît pas. L'instituteur Larroque reçut une autre destination en 1856. M. Turquet fut nommé pour le remplacer et il reçut son changement en l'année 1862. Depuis cette époque, c'est à dire depuis vingt-cinq ans environ, douze instituteurs se sont succédés au poste d'Espèche et aucun d'eux n'y a trouvé les éléments nécessaires pour pouvoir y rester.
En effet, la commune n'a pas un simple logement pour le maître ni même une salle d'école depuis 1873. Elle loue bien des maisons mais ces maisons ne sont pas assez grandes, pas assez aérées et sont mal saines. La salle de classe actuelle n'a que 22 mètres carrés de superficie et cette salle doit recevoir en moyenne de trente à trente cinq élèves, garçons et filles. Le logement du maître consiste en une seule chambre qui doit servir de cuisine, de chambre à coucher et de décharge, ne mesure que vingt et un mètres carrés de superficie et n'est éclairée que par une petite ouverture placée à la façade Ouest.
Il est à constater que l'administration municipale fait preuve de mauvais vouloir pour améliorer cette situation.
La fréquentation scolaire est assez régulière. L'instruction y a fait des progrès.
L'école possède une bibliothèque scolaire ; cette bibliothèque renferme 44 volumes.
Le nombre des prêts de la dernière année a été de douze.
Le maître d'école reçoit un traitement de 1.200 francs, la maîtresse de couture est de la commune et reçoit 100 francs de traitement.
Les sacrifices à demander à la commune sont d'améliorer la situation actuelle et de construire au plus vite, une maison d'école.
L'instituteur public
M. Larroque
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département 65.© Marie-Pierre MANET