de Marie-Pierre Manet |
I
La commune de Grailhen se situe dans la vallée d'Aure. Elle forme la limite nord est du canton de Vielle et touche aux deux cantons d'Arreau et de Bordères. Elle est bornée à l'est par les communes d'Adervielle, Pouchergues et Vielle-Louron du canton de Bordères ; au nord, par la commune de Gouaux du canton d'Arreau ; à l'ouest, par celle de Guchan et de Camparan et au sud par celle d'Azet. La plus grande longueur de son territoire est d'environ 1.150 mètres et sa plus grande largeur est de 160 mètres.
Sa superficie est de 606 hectares 18 ares 72 centiares.
La distance de cette commune au chef-lieu du canton est de 5 kilomètres ; au chef-lieu d'arrondissement, de 44 kilomètres et au chef-lieu du département, de 64 kilomètres.
Grailhen est situé sur le flanc occidental du contrefort qui sépare les deux vallées jumelles d'Aure et du Louron, et qui, se détachant de la grande chaîne des Pyrénées, se prolonge du nord au sud jusque Arreau. Ce chaînon porte sur les points les plus élevés le nom de Serre ; ses deux quartiers ont chacun un nom particulier.
Le village est adossé contre la colline ; on a dû creuser le sol pour asseoir les constructions ; aussi le rez-de-chaussée de la plupart des maisons est humide et malsain. Au levant et dominant la commune, sélève un rocher calcaire dénudé dans certains endroits et dans l'autre, recouvert d'une mince couche de terre où végètent des chênes centenaires, rabougris et dépérissants. Les premiers habitants de Grailhen ont dû sans doute soumettre ce terrain au régime forestier, afin de garer leurs demeures des avalanches qui devaient nécessairement descendre dans un pays où la déclinité du sol est si prononcé.
Ce village est établi dans un site agréable et très pittoresque. Placés sur la colline, il domine toute la vallée. De sa petite place appelée "le Torey" l'oœil se plaît à admirer la belle plaine qui s'étend depuis Ancizan jusqu'à St Lary et à contempler les belles montagnes qui entourent ce pays comme d'une ceinture. Ainsi, on aperçoit à l'Ouest cette longue suite de collines qui sont les Pyrénées aux Baronnies et sur lesquelles s'élèvent comme deux géants le pic d'Arbizon haut de 2.832 mètres et celui d'Arrouyet, 2.561 mètres ; au Sud, au dessus de la grande chaîne, les pics de Sarrouès, 2.854 mètres de Pène Abeillère, 2.616 mètres, d'Aret, 2.940 mètres, de Thou, 2.742 mètres et de Berdalade, 2.702 mètres montrent leurs cimes majestueuses. Pendant la belle saison ce séjour est assez agréable, mais en hiver comme d'ailleurs tous les pays de montagnes, il est détestable à cause de la grande quantité de neige qui s'amoncelle dans ces passages.
Le terrain cultivé de cette commune est divisé à peu près en deux parties égales ; l'une en champs et en prairies artificielles, l'autre, en prairies naturelles. Ce terrain est formé d'alluvions que les orages ont enlevé aux rochers ; la nature en est argilo-calcaire, aussi le sol est ce qu'on appelle une terre forte, propice aux céréales. Les récoltes sont ordinairement satisfaisantes pour les besoins de la population.
Du sommet de la Serre, à une hauteur d'environ 1.660 mètres s'étend un tout petit cours d'eau, le ruisseau le Saladou,dont les eaux sont utilisées pour l'irrigation des près du Val. Dans sa partie inférieure, il est à sec la plus grande partie du temps ; mais durant la fonte des neiges et lors des orages assez fréquents sur ce plateau élevé, il grossit démesurément et se change en torrent, corrodant les propriétés qui se trouvent sur ses rives; allant jeter l'épouvante parmi les habitants du village de Guchan situé en bas de la colline, et submergeant parfois la route Nationale, N° 19, qui conduit à la fontière d'Espagne... Ce ruisseau joint la Neste sur sa rive droite ; son parcourt est d'environ 4.200 mètres sur le territoire de la commune.
Les habitants de Grailhen sont aujourd'hui heureux d'avoir dans le village l'eau nécessaire à leurs besoins. Autrefois, on devait aller puiser cet élément de première nécessité à une distance de 800 mètres ; les bestiaux étaient abreuvés avec l'eau de pluie ou de neige et avec celle qu'on dérivait du ruisseau et qu'on amenait au moyen d'une rigole à ciel ouvert. Maintenant, l'eau coule en abondance en haut du village et devant la maison d'école, grâe aux sacrifices qui se sont imposés les habitants puissamment aidés par M.M Jean Blaize et Insevent Peyra, enfants de Grailhen, frères du maire actuel, établis à Bordeaux, qui n'ont pas oublié leurs compatriotes et qui ont contribué de leur bourse à l'établissement de ces deux bonnes fontaines. La source qui a été conduite au moyen de tuyaux en fonte. Ces travaux ont été exécutés en 1881 sous l'administration de M. Jérôme Menvielle, maire. L'eau sortant d'une roche calcaire est excellente.
Grailhen est à une altitude de 1.100 mètres ; son climat est très variable ; il est exposé aux vents du Nord, d'Ouest et du Sud ; il y pleut assez souvent. La température est moyenne ; sans être trop chaude en été, elle n'est pas très froide en hiver. L'air est salubre, aussi on ne voit que rarement des maladies épidémiques.
Le vie moyenne est d'environ 43 ans 2 mois.
Les gens n'y vieillissent guère, cela tient sans doute à l'excès de travail.
II
D'après le recensement du 30 Juin 1886, la commune de Grailhen comprend 76 habitants, chiffre supérieur de deux unités seulement aux recensements de 1882 et de 1876, chiffre égal à celui de 1872, mais bien inférieur au dénombrement donné par une statistique de 1830 ; elle comptait alors 106 habitants. Au commencement de ce siècle, deux maisons ont disparu, les propriétaires ayant quitté le pays. De nos jours encore, une des plus anciennes du village, celle de Ferras Sancet, a été abandonnée, le bien rendu, la famille s'étant fixée à Vignec. Les maisons sont rapprochées et forment une seule agglomération. Le village compte actuellement 13 feux. Il forme une commune administrée par un maire, un adjoint et un conseil municipal composé de dix membres. Il n'y a que deux fonctionnaires municipaux : le garde champêtre et le valet commun, et un fonctionnaire de l'État, l'Instituteur.
La commune est annexée pour le culte à celle de Camparan, le vicaire de cette paroisse fait le service tous les dimanches et les jours de semaine quand cela est utile.
Les impôts sont versés entre les mains du percepteur, résidant au chef-lieu du canton. Le bureau des postes et télégraphes est également établi à Vielle-Aure. Les lettres et les journaux sont postés tous les jours par un facteur.
Valeur du centime (année 1886) ; 2 f 34
Revenus ordinaires (année 1886) : 480 f
Centime ordinaire imposé (anné 1886) : 0 f 14.
III
La commune de Grailhen est semi-agricole et semi-pastorale. Elle possède 32 hectares environ de terres labourables. On y cultive le froment, le seigle, l'orge, le sarrasin... Les principaux légumes qu'on mange verts sont les pois, les fèves et les haricots. La seule plante textile cultivée est le chanvre mais en petite quantité.
Quantités de graines ensemencées
Froment : 15 hectolitres.
Seigle : 40 hectolitres.
Orge : 39 hectolitres.
Sarrasin : 7 hectolitres.
Quantités récoltées, année moyenne
Froment : 91 hectolitres.
Seigle : 320 hectolitres.
Orge : 360 hectolitres.
Sarrasin : 70 hectolitres.
La principale culture est la pomme de terre qui est employée pour la nourriture de l'homme et des animaux. On en récolte annuellement en moyenne 390 hectolitres.
Depuis peu de temps on a converti des champs en prairies artificielles : la luzerne et le trèfle viennent très bien dans ce terroir. Je crois qu&aos;il serait très avantageux pour le propriétaire de généraliser la culture de ces plantes fourragères surtout dans les champs où la pente est très prononcée car au fur et à mesure qu'on laboure, la terre descend et la partie supérieure reste complètement dénudée.
Les prairies naturelles occupent 28 hectares ; elles produisent environ 3.000 quintaux de fourrages qu'on engrange et qui sont employés à la nourriture des bestiaux pendant les longs mois de l'hiver.
La culture est encore mal pratiquée dans cette localité. Le laboureur se sert de la charrue en bois ; avec cet instrument, il ne remue guère le sol. Il est vrai que la plupart des champs ont une pente excessive, la charrue en fer attirerait beaucoup plus la terre. Pour obsier à cet inconvénient, le cultivateur devrait se livrer complètement à l'élevage et convertir tous ses mauvais champs en prairies artificielles, mais les bestiaux devraient être plus rénumérateurs qu'ils ne le sont aujourd'hui.
La commune possède seule 56 hectares de forêts ; de plus, elle a une part dans les bois indivis avec Guchan et dans les forêts indivises de la Serre avec les communes d'Azet, Bourisp, Camparan et Estensan. Ces surfaces boisées présentent une superficie d'environ 29 hectares. Ces forêts sont toutes soumises au régime forestier ; elles sont peuplées de pins et de sapins, à part celle de Cassaït, sauvegarde de Grailhen, qui contient beaucoup de hêtres et de chênes. Elles ne sont pas aménagées ; des coupes exraordinaires sont marquées de temps à autre, afin de combler le déficit qui se présente souvent aux budgets communaux et pour subvenir aux dépenses extraordinaires. Depuis quelques années la valeur du bois a diminué énormément et les commune sont nécessairement besoin de créer des ressources pour acquitter les dettes qu'elles ont contractées ; aussi, il est à craindre que les forêts ne soient aujourd'hui dévastées sans aucun profit.
Le reboisement devrait être pratiqué dans certaines parties des pâtures, dans les endroits où se produisent des éboulements qui obstruent le lit du ruisseau et occasionnent souvent des dégâts importants ; mais les habitants s'opposent au repeuplement à cause des difficultés qu'ils éprouveraient pour le pacage de leurs troupeaux. Cependant, on pourrait assez facilement s'entendre : la commune et l'Administration forestière devraient se faire de mutuelles concessions.
La commune possède également 164 hectares de landes ou pâtures ; avec les communes déjà citées, elle jouit d'un pâturage de 332 hectares. Il n'est donc pas étonnant si l'état pastoral a subsisté et se maintient encore à Grailhen. Tous les habitants s'occupent donc d'élevage ; mais le mode employé est, selon moi, défectueux, l'éleveur ne retire pas un grand avantage de son travail et du tracas qu'il est obligé d'essuyer.
Ce village n'a aucune montagne proprement dite où ses habitants puissent conduire leurs bestiaux pendant l'été ; ils sont obligés de les mener dans les pâturages d'autres communes plus fortunées, et cela, bien entendu, en payant des droits d'entrée assez onéreux, 5 à 6 f par tête et pour trois mois au plus. Comme je l'ai déjà dit cette localité possède par indivis avec les quatre communes citées plus haut, la plus jolie montagne du pays, la Serre. Je crois que les propriétaires de Grailhen retireraient plus de profit en laissant leurs bestiaux dans ces pacages qu'en continuant le trafic routinier qu'ils font depuis longtemps, et qui consiste à faire manger l'herbe de ces vastes pâturages par les brebis que chacun va chercher tous les ans dans la plaine. D'un côté, leurs propriétés se trouvant enclavées dans la montagne, ils pourraient profiter du fumier toute l'année ; de l'autre, ils profiteraient également du lait et ils ne seraient jamais exposés à perdre autant de bétail parce que les précipices sont rares et qu'on pourrait l'avoir constamment sous les yeux. Un syndicat a été établi dans ces dernière années, il n'a pu encore s'entendre pour faire un réglement.
Il y a eu ce moment à Grailhen environ 150 têtes de gros bétail de 400 bêtes à laine. Chaque propriétaire a une bête de somme (cheval, âne ou mulet) pour l'exploitation de ses terres.
Le braconnage n'est guère pratiqué aujourd'hui. Le gibier est assez rare, il y a cependant quelques lièvres et des perdrix. Pendant la saison, on voit des cailles, des ramiers et des palombes. On trouve aussi le coq de bruyère dans les forêts du Val. Le ruisseau le Saladou étant à sec, presque toujours, la pêche est prohibée dans ce village.
Il existe dans le terrain indivis avec Guchan une carrière d'ardoise qui n'est exploitée que pour les besoins des habitants.
Autrefois, un propriétaire de Grailhen possédait un moulin à farine et la commune avait une scierie. Ces usines étaient assises sur le bord du ruisseau ; mais elles ne pouvaient être mises en mouvement qu'une faible partie de l'année, au printemps, lors de la fonte des neiges. Ces constructions ont disparu au commencement de ce siècle et les habitants vont moudre aujourd'hui leur grain et débiter leur bois dans le village de la vallée.
Cette commune est reliée à Arreau et de là aux chefs-lieux d'arrondissement et de département par le chemin d'intérêt commun, N° 43, construit en 1865. Depuis cette époque, l'exploitation des terres est devenu plus facile car on a commencé alors à se servir de chariots et de charrettes.
En 1873, on a entrepris la rectification du chemin vicinal, N°3, conduisant à Camparan et au chef-lieu du canton ; l'ayant assis sur un terrain mouvant, on n'a pu le continuer parce qu'on a été obligé d'employer annuellement les prestations pour déblayer la partie construite des matériaux qui l'encombrent constamment.
Des sentiers conduisent à Guchan et au Louron.
Les habitants de Grailhen vendent à Arreau et dans les villages voisins ; Ancizan, Guchan, Guchen et Vielle, où des foires sont établies les animaux qu'ils ont élevé dans ce but. Ils apportent au marché d'Arreau, le jeudi, leurs céréales et leurs pommes de terre, ils y vendent aussi le produit du laitage et du poulailler. C'est encore là qu'ils font leurs approvisionnements.
Les anciennes mesures en usage dans cette localité sont :
Pour les longueurs, la cane, l'empan et le pouce.
Pour les surfaces, la coupérade.
Pour les grains, le coupeau, le 1/2 coupeau et le 1/4 de coupeau.
Pour les liquides, la tasse et le piché.
Pour les pesées, la livre et l'once.
IV
Grailhen est très vraisemblablement la corruption du mot gallo-breton che'hen qui signifie colline, placé sur la colline. Cette étymologie me paraît rationnelle, car ce village est en effet bâti sur une colline d'où l'on jouit d'un panorama magnifique.
Il est très difficile de dire l'époque de la fondation de cette localité. D'après M. De Ségur, auteur d'une mémoire pour les syndics et les habitants des quatre vallées contre M. Roucaud de Guchan, sous-fermier des impositions, ouvrage imprimé en 1778, les fondateurs de la vallée d'Aure auraient assisté à la bataille de Sévida. Or, suivant H. Cénac-Moncant, dans son histoire des Peuples et des États pyrénéens, les Hergètes, mélange de Celtes, d'Héres et de Vascons furent défaits par l'armée romaine, commandée par Scipion l'Africain, vers l'an 217 avant Jésus-Christ. Leur capitale fut prise ; ils furent obligés de fuir avec leurs troupeaux et se cacher dans les gorges des Pyrénées. Il est probable qu'une partie de ces peuples vaincus ont alors franchi les cols de Rocessinajou et d'Aragnouet et sont venus s'établir dans notre pays, qui était sans doute une vaste forêt peuplée d'animaux sauvages.
Ils ont dû d'abord s'établir dans des endroits assez rapprochés des ponts ou passages ; ils ont construit des cabanes et à mesure que la colonie augmentait, ils se sont étendus dans toute la vallée. Ils ont apporté avec eux l'usage des tours télégraphiques que l'on employait de l'autre côté des monts ; car si l'on s'en rapporte à la tradition, des tours de Tramezaïgues, l'Estensan et de Cadéac servaient à donner les signaux nécessaires en cas d'alarme.
A l'origine, les habitants dûrent s'établir où ils voulurent, toutes les terres leurs furent communes ; l'élevage des bestiaux était leur unique occupation et leur seule industrie ; aussi les villages qui sont les plus enfoncés dans les montagnes, comme Grailhen, ont dû être primitivement des endroits où l'on réunissait les animaux pour les parquer pendant la nuit. Dans la suite, lorsque l'agriculture entra dans leurs mœurs, chacun cultiva le terrain qui lui convient et en devint le légitime possesseur.
Grailhen n'a pas d'histoire connue. Ces habitants ont dû être mêlés aux vicissitudes de la vallée, Ils ont fourni leur contingent aux diverses luttes qui se sont livrées dans ce pays d'Aure.
Il est probable que les Romains ont pénétré dans cette vallée. Maître de Lugdunum Convenarum, les ponts de ce pays ont dû leur servir de passage pour l'Espagne ; mais je doute fort qu'ils aient jamais soumis les habitants, car ceux-ci s'enfuyaient avec leurs troupeaux dans les forêts et les pâturages des hautes montagnes dès qu'ils apercevaient l'ennemi ; ils ne revenaient dans les bas-fonds que lorsque l'envahisseur avait quitté, n'ayant rien trouvé à piller. Quoi qu'il en soit, leurs mœurs y ont au moins laissé des traces. Nous avons vu à Estensan et à Soulom des autels votifs dédiés à Jupiter. La langue latine était employée pour la rédaction des actes officiels.
La religion chrétienne a été apportée aux population auroises à la fin du IV siècle. C'est saint Exupère qui a été l'apôtre de ce pays.
Avant Charlemagne, nos ancêtres jouissaient d'une liberté individuelle à peu près absolue. Les chefs, qu'ils se donnaient, vivaient au milieu des pâtres et des bûcherons ; ils n'exerçaient d'autre pouvoir que celui qui leur était délégué par leur concitoyen. Peu à peu, ayant à lutter contre les Maures, qui ont séjourné à diverses reprises dans cette vallée, les chefs ne furent plus soumis à l'élection ; leurs charges devinrent héréditaires ; il y eut un échange volontaire de droits et de devoirs réciproques : ce fut l'origine de la féodalité.
Au X ème siècle, les incursions fréquentes des Sarrasins obligèrent les habitants de ce pays à s'unir aux vallées de la Neste, du Magnoac et de la Barousse et formèrent un Etat qui prit le nom de Quatre Vallées. Le danger devenant plus pressant, ils furent obligés d'appeler à leur secours Sancho II, surnommé Abarca, roi d'Aragon, qui les aida à chasser définitivement du pays ces hordes barbares. la tradition a porté jusqu'à nous l'écho d'une bataille où les Maures furent défaits, en dessus de Cadéac. Dans l'endroit qu'on nomme encore aujourd'hui "Champ de Bataille" et où la noblesse et les paysans s'illustrèrent par leur bravoure.
A la suite de cette expédition, Sancho-Abarca partagea les prairies et les montagnes de la vallée aux guerriers qui s'étaient le plus distingués. Voilà sans doute l'origine des fiefs dans ce pays. Les paysans cédèrent la propriété directe des anciens communaux, ? qu'ils en conserveraient la jouissance et l'usufruit ? de faire des corvées et de payer de légères redevances ; le seigneur, à son tour, devait leur assurer la sécurité de leurs biens et la protection contre tout péril étranger. L'esclavage fut inconnu dans notre vallée. Chaque habitant, pâtre, chasseur et guerrier ; il avait des serviteurs à ?.
Pendant la féodalité, la vallée garda son indépendance, conserva ses usages, ses intérêts, ses milices et ses juges. Elle arriva à vivre exclusivement sous le régime pastoral et forestier. Toutes les municipalités veillaient attentivement au maintien des usages et à la conservation des pacages et des forêts pour assurer l'entretien des troupeaux et par conséquences les subsistances et le bien-être de la population.
Le seigneur ne pouvait convoquer qu'un homme ? pour former sa milice, et celle-ci ne devait la suivre au pont d'Aragon du côté de l'Espagne, au pas de Rebous, côté du nord, à l'Espin Blanc, du côté d'Adervielle-Louron, au port de Barèges du côté du Bigorre, toujours pour la ? de la vallée. Ces hommes étaient tenus de l'accompagner pendant neuf jours au plus et ils devaient se couvrir et s'équiper à leurs frais. Les nobles devaient le ? à cheval ; ils n'avaient pas de montures, ils étaient obligés de fournir trois hommes ou plus s'il l'exigeait.
Les coutumes des quatre vallées assuraient le droit de chasse et de pêche à tous les habitants. Il n'y avait moulins ni fours baunaux ; tous les droits seigneuriaux ? les autres peuples étaient frappés étaient inconnus des aïeux.
Grailhen n'avait pas de résidence seigneuriale ; cependant, la plus grande partie de ses terres appartenait au seigneur d'Estensan et au Prieuré de Sarrancolin. Comment ce dernier a-t-il eu droit aux redevances qu'il a perçues jusqu'à la Révolution ? Il est probable que lorsque l'abbaye de Sarrancolin fut fondée, son fondateur la dota d'une partie du territoire de Grailhen, ou bien, dans la suite, quelque particulier lui légua ses biens.
Jusqu'en 1789, la municipalité a été composée de deux consuls élus tous les ans, au premier janvier, et choisis parmi les jurés de la communauté, c'est à dire parmi les possesseurs de terres. Les consuls veillaient à l'exécution des réglements établis par l'Assemblée générale ; ils prélevaient les impôts, d'où leur nom de collecteurs ; ils représentaient la commune dans les diverses assemblées où il était question du pays ou de ses intérêts, d'où leur nom de députés ; ils la représentaient encore dans les réunions des consuls des communes qui avaient des montagnes indivises, d'où leur nom de Syndics. C'était eux qui rendaient la justice au premier degré ; ils tenaient la place du juge de paix actuel.
Le Sénéchal devait être à Labarthe ; c'est là se rendaient les députés des Quatre-Vallées pour délibérer sur les affaires qui concernaient le pays. Il y avait des vigueries où l'on traitait les procès civils ou criminels qui échappaient à la compétence des consuls. Pour la haute vallée, la viguerie était à Vignec.
Enfin les consuls assemblaient les Jurés sur la place, au son de la cloche ; leur rendaient compte de leur gestion, et les entretenaient de tout ce qui regardait la communauté. Le premier consul devenait le conseil de son sucesseur.
En 1790, l'Assemblée Nationale créa le maire ; il était aidé dans sa tâche par deux officiers municipaux et par un procureur syndic. Les Jurés prirent alors le nom de Notables. Grailhen fit partie comme les autres communes de la vallée du district de la Neste dont le siège était à Labarthe. la même Assemblée institua les conseils cantonaux composés d'un délégué de chaque commune et qu'on appela adjoint ou agent municipal. Cette localité faisait partie du conseil cantonal de Vielle-Aure. En 1800, ces conseils furent dissous et remplacés par les conseils municipaux tels qu'ils fonctionnent aujourd'hui. Les préfectures et les sous-préfectures furent établies : Grailhen fut rattaché à l'arrondissement de Bagnères et à la préfecture de Tarbes.
La Vallée d'Aure a successivement appartenu aux barons de Labarthe, aux comtes de Bigorre, de Comminges, de Foix, et enfin, à ceux d'Armagnac. Elle était la suzeraineté tantôt du roi d'Aragon, tantôt du roi de France.
C'est en 1473 que les habitants des Quatre-Vallées ? volontairement à la couronne de France. ? la réserve expresse de leurs privilèges, de leurs droits, leurs us et coutumes ; ils se réservèrent leurs forteresses qu'ils devaient entretenir à leur frais, et le droit de se marier en armes pour la garde de leur pays. Ces réserves sont acceptées par lettres patentes de Louis XI et celles-ci ont été renouvelées par tous les rois ses successeurs jusqu'à Louis XV. Le premier de ces rois s'engagea à conserver ce domaine à la couronne sans même pouvoir le faire passer en prime de sang.
Pendant que les rois et les barons guerroyaient les uns contre les autres, les paysans de la Vallée jouissaient d'une entière sécurité politique. Ils ne connurent d'autres débats que des discussions de pâturages, des duels au bâton, des sols de ? têtes de bétail.
Grailhen n'a pas échappé à ces querelles, à ces questions de pacages et de forêts. En 1605, après un procés avec la commune de Guchan, sa voisine, les deux parties consentirent une transaction pour mettre fin à cette discussion ruineuse. En 1627, nouvelle transaction avec le même commune à la suite d'un procés qui avait duré plusieurs années concernant la liberté de dépaissences dans le terrain indivis Val. En 1663, une enquête sur la propriété de la forêt d'Argelés contre le procureur du roi et la commission des hommages, à la suite de laquelle il fut reconnu que la forêt appartenait à la commune.
Enfin, plus récemment, Grailhen a soutenu pendant dix-huit ou dix-neuf ans un procés contre son autre voisine, la commune de Gouaux. En 1530 et 1540, Roger d'Espagne, comte de Montespan, propriétaire des forêts de Gouaux, consentit un titre en faveur des consuls et habitants de Grailhen, par lequel il reconnaissait à ceux-ci le droit de faire pacager leurs bestiaux et celui de couper du bois dans une partie limitée de cette forêt. Gouaux contesta la légitimité de cet acte en s'appuyant sur un titre de 1541 du même Roger d'Espagne, en faveur de cette commune et sans aucune réserve. Vers 1840, un procés s'engagea. Les habitants de Grailhen n'ayant pas de revenus communaux furent obligés de parer individuellement aux frais onéreux qu'il fallût débourser. En 1860, la cour de Pau trancha définitivement la question et maintint les gens de Grailhen dans leurs droits. Ainsi, la commune de Gouaux est tenue de livrer annuellement à sa voisine 50 mètres cubes de bois et reconstruction et 160 stères de bois de chauffage ; de plus si un incendie venait à détruire tout ou partie du sillage, le bois nécessaire à la reconstruction serait pris dans cette forêt ; en outre le bétail entre librement dans ces quartiers, à moins que l'Administration forestière ne limite l'étendue du pacage. Gouaux fut encore condamné à donner à Grailhen 100 mètres cubes de bois à titre de dommages et intérêts.
Les fureurs des guerres religieuses ne pénétrèrent pas dans notre pays. Les populations pastorales ne prirent partie pour aucune nouveauté ni pour aucune faction et continuèrent à donner asile à tous les persécutés.
Les troubles qui ont tant de fois ensanglanté l'Aragon ont dû forcément avoir leur contre-coup dans notre vallée. C'est pour se mettre à l'abri du danger que ce pays avait une milice. Voici comment elle était formée : la Vallée était partagée en plusieurs cantons qu'on appelait enclaves ; chaque enclave comprenait cinq ou six communes. Le canton actuel de Vielle était divisé en trois enclaves : celles de Badet, du Haoüt-Jouat et de la Castélanie. Grailhen faisant partie de la première dont le chef-lieu était Guchan. C'est là, que tous les ans, à une époque déterminée, les consuls des communes intéressées se rendaient pour désigner par le sort les jeunes gens qui devaient le service militaire. Les miliciens étaient nourris et équipés au frais des communautés.
Vers 1710, les miquelets firent de fréquentes irruptions dans la Vallée. Pour se mettre à l'abri de leurs déprédations et pour empêcher une descente dans le centre du pays, tous les hommes valides furent obligés, à plusieurs reprises, de prendre les armes, d'abandonner leurs travaux, d'accourir à la frontière et de monter la garde au château de Tramezaïgues, afin d'arrêter ces bandits. C'est alors qu'on forma des compagnies bourgeoises. Grailhen fournissait à ces compagnies deux ou trois hommes équipés et nourris à ses frais.
Par une délibération du 5 juillet 1712, les Jurés et les consuls de cette commune se plaignaient des vexations qu'ils souffraient avec tous les habitants de la vallée, à l'occasion de ces compagnies. Lors qu'une localité n'obtempérait pas à l'ordre d'équipement et de fournitures qui lui était arbitrairement donné par l'Intendant ou le Commandant, ou envoyait des hommes à cheval qui étaient hébergés au frais des habitants jusqu'à ce que le somme exigée fut totalement payée. L'équipement était tout à fait défectueux ; il n'y avait de bon que le fusil ; on se servait pour le charger d'estoupies de lin le plus grossier ; les hommes avaient "une garnivette au lieu de bayonette, un cordon de laine, un méchant chapeau bordé, une poire de poudre; tout cela ne valait pas de beaucoup la moitié de l'argent qu'on extorquait à force de logements". Les communes devaient en outre fournir la poudre, les balles, des souliers, des bas, des bretelles, du pain et de l'argent pour quatre jours de leurs miliciens.
En septembre 1712, Louis XIV envoya cent hommes pour la garde de la frontière ; les communautés devaient pourvoir à leur nourriture et à leur entretien. La Vallée avait alors cinquante miliciens au château de Tramezaïgues.
Les soldats se faisaient exempter facilement et obtenaient leur congé momentané en payant au capitaine la somme de 5, 10 ou 15 livres. Des jeunes gens de Grailhen ont profité de ce moyen pour rentrer dans leurs foyers.
En 1789, après les premières séances orageuses de l'Assemblée Nationale, il y eut quelques désordres dans la Vallée, notamment à Sarrancolin. Les femmes s'enfuyaient dans les bois avec leurs enfants et elles allaient vivre au milieu des bêtes féroces, ne se croyant plus en sûreté dans leurs maisons parmi les hommes devenus ennemis. La nouvelle de cette guerre civile fut apportée pendant la nuit dans tous les villages. Tous les hommes valides durent saisir leurs armes ; ils se choisirent des chefs et marchèrent contre la ville révoltée et malheureuse. Accablés de fatigue et privés de pain pendant le jour, la nuit appuyés sur leurs armes ou couchés sur la terre humide, ils durent passer deux jours dans cette situation ; au bout de ce temps, le calme et la tranquillité succédèrent au désordre.
Le 30 novembre 1789, une Assemblée générale des Aurois eut lieu à Guchen ; on y décida la formation de la garde nationale sous le nom de Légion d'Aure ; on établit le réglement concernant le régime et la discipline de cette armée et on procéda à l'élection des officiers, sous-officiers et caporaux. La Légion était formée de cinq bataillons, un par enclave ; chaque bataillon avait quatre compagnies au moins et sept au plus, suivant le nombre d'hommes aptes au service dans chaque enclave ; on était soldat depuis l'âge de seize ans jusqu'à celui de soixante. Les drapeaux étaient mi-partie de blanc et de bleu ; celui des différents bataillons étaient distingués par le nom de l'enclave et tous portaient cette devise :
" Gaudebit tollus somere laureato"
(la terre se réjouit d'être cultivée par les mêmes mains qui cueillent les lauriers)
Les légionnaires de Grailhen faisaient partie de la 4 e Compagnie du Bataillon du Badet et possédaient dans leurs ranges un lieutenant, un sous-lieutenant et un caporal.
La Vallée d'Aure faisant partie du diocèse de Comminges, aussi pour les affaires ecclésiastiques, elle dépendait de l'Intendant du Languedoc dont le siège était à Toulouse ; pour les affaire financières et judiciaires, elle relevait tantôt de la Généralité de Montauban, tantôt de celle d'Auch et enfin de celle de Navarre. Elle dépendait du Parlement de Toulouse.
Jusqu'en 1730, les députés des Quatre-Vallées se réunissaient à Labarthe. Ces députations étaient formés de deux syndics pour la vallée d'Aure et de un député par enclave. A partir de cette époque, les Assemblées se tinrent alternativment à Garaison et à Sarrancolin ; en outre il y avait des assemblées particulières des députés de la vallée ; elles devaient se tenir très probablement à Arreau. La communauté de chaque enclave payaient leur député,au prorata ? que chacune d'elle possédaient ; on leur comptait six livres lorsqu'ils devaient se rendre à Garaison et deux livres quand ils devaient aller à Sarrancolin. A leur retour, les députés devaient réunir les conuls et les Jurés au chef-lieu de l'enclave pour leur compte-rendu de leur mandat ; ils leur exposaient les propositions qui avaient été faites et les délibérations qu'ils avaient prises dans l'Assemblée générale.
Les Quatre-Vallées formaient un État particulier ; aussi lors de l'élection des députés aux États Généraux, quand ce pays fut réuni au Bigorre et au Nébouzan, les municipalités ne cessèrent de protester. Dans les cahiers des doléances qui furent alors rédiger, elles représentèrent aux rois et aux élus de la Nation qu'ayant un Sénéchal, elles devaient être convoquées directement par lui et que les Qautre-vallées formant un Pays d'État aurait eu avoir droit de députation. Ils demandèrent en outre la suppression de le milice, de la Maîtrise des eaux et forêts, celle de tous les droits de bureau sauf le contrôle, celle des gabelles. Dans tout le royaume, la réforme judiciaire ; un tarif non sujet à interprétation des droit d&pos;attribuer aux officiers de justice, aux avocats, procureurs et huisssiers ; l'imposition sous une seule dénomination ; l'abolition des lettres de cachet ; l'incompatibilité aux charges publiques ; mêmes poids et mesures ; la confirmation des privilèges des quatre-Vallées avec l'exemption du droit de franc-fief et l'amortissement des tailles foraines. Beaucoup des réformes réclamées alors ont reçu une bonne solution ; mais quelques-unes sont encore aussi vexatoires.
Jusqu'à l'année 1793, Grailhen était une cure. Le curé habitant la commune et Camparan était son annexe. L'église possédait des terres qui furent rendues pendant la révolution. La chapelle est dans les styles roman et gothique mélangés. Elle a été reconstruite très probablement vers le milieu du seizième siècle. On lit dans une chef de voûte le millésime suivant : 1566. Cette pierre porte encore le blason avec une fleur de lis et l'inscription suivante :
566 ISOBRCBRRJSSPM COSSO.
La porte est sans doute celle qui de trouvait dans l'ancienne église ; elle porte le monogramme des Templiers.
Autrefois, le cimetière devait se trouver au levant de la chapelle actuelle. Comment était placé le village ? Comment ses rue étaient-elles percées ?... Quoi qu'il en soit, on aperçoit des tombeaux sur la rue longeant l'église et sous les fondations d'une grange voisine ; ou soit des dalles disposées en forme d'auges, c'était les cercueils. Les os qui paraissaient sont très forts, ce qui indique que dans les temps anciens les hommes étaient très solidement bâtis. Le terrain a dû être déformé lorsque cette rue a été percée. Des fouilles pratiquées dans cet endroit pourraient indiquer l'époque à laquelle remontent les imhumations qui ont été faites dans ce lieu.
L'idiome que l'on parle est un patois, mélange d'espagnol, de latin et de gascon ; on remarque aussi quelques mots formés du français. La langue originelle tend de plus en plus à disparaître, les diverses finales n'ont plus le même son qu'elles avaient précédemment et beaucoup de mots qui étaient employés autrefois ne trouvent plus leur application.
Les gens de Grailhen sont assez laborieux ; ils cultivent leurs terres avec goût et soignent bien leurs bestiaux. Ils vivent sobrement pour la plupart et sont rudes au labeur. Outre le travail des champs, les hommes s'occupent, pendant l'hiver, quand le temps le permet, de travaux forestiers ; ils abattent les coupes de bois, façonnent les roules et les transportent dans les usines, ce qui est pour eux une source de revenus. Il y en a aussi qui sont en Espagne pour la fabrication de l'huile et pour la moisson. Ils aiment beaucoup les procès ; ils ne regrettent pas le temps et l'argent et sont facilement devant le juge et quelquefois devant le tribunal civil pour des choses les plus futiles. Ils ne font en cela qui suivre les ? du passé.
On ne professe dans la commune que le culte catholique. Les habitants, n'ayant pas de revenus communaux ont été obligés d'établir un rôle de pacage pour subvenir aux frais de ce culte.
Tout le monde est aujourd'hui habillé à la française. On emploie de préférence pour les habits les draps faits dans le pays avec la laine des troupeaux et connus sous le nom de burel. Les sabots, les souliers sont les chaussures qu'on emploie le plus fréquemment. Quand on doit aller sur la montagne ou dans les granges du Val, en temps de neige, les hommes préférent des sandales en peau, que l'on noue avec des courroies autour de la jambe et connus sous le nom d'avarque, du nom de leur créateur Sancho Abarco.
L'alimentation est meilleure que par le passé. On ne fait guère plus de pain d'orge. Dans chaque maison, on tue annuellement, outre quelques brebis dont on sale la viande, un beau porc engraissé par les soins de la ménagère. Le laitage est d'une grande utilité dans tous les ménages.
En fait de monuments, il n'y a que la petite église dont j'ai parlé. Sur le portail d'une ancienne maison, qui aujourd'hui est bien déchue de son antique splendeur, on lit sur le marbre l'inscription latine suivante :
Deus in altis habitat et humilia respicit - 170PS01
Les archives communales ne contiennent que quelques vieilles paperasses que je n'ai pas eu le temps de compulser ; les registres de l'état civil depuis 1680 et les deux transactions de Guchan, que j'ai cité plus haut.Les vieux titres doivent être à la préfecture ; on m'a assuré qu'ils avaient été confiés vers 1880 à M. Durier, archiviste du département.
Annexe au titre IV : Enseignement
Avant 1789, l'instruction était sans doute donnée à Grailhen par le curé. Quoi qu'il en soit les hommes étaient presque tous lettrés à la fin du 17 ème siècle et au 18 e. Les actes des registres de l'état civil et les procés-verbaux des assemblées municipales sont en grande partie signés. Lorsque la révolution éclata, on n'eut pas besoin de recourir à des mains étrangères pour la rédaction des pièces administratives. D'ailleurs, durant ces deux siècles, plusieurs prêtres ont vu le jour dans cette localité. Vers 1705, un jeune homme de Grailhen était régent à Grailhen.
Au commencement du XIX e siècle, les jeunes gens de la commune durent aller puiser l'instruction dans les villages voisins. C'est vers 1834 qu'elle eût pour la première fois un instituteur ; depuis cette époque, elle en a toujours eu. L'école est mixte et jusqu'à ce jour, elle a été dirigée par un homme. Les femmes sont en partie illettrées ; les jeunes filles ne recevaient aucune instruction jusqu'à ces dernières années.
La commune a fait démolir l'ancien presbytère pour élever la maison d'école. C'est en 1874 que celle-ci a été construite, l'État n'a accordé qu'une subvention de 2.000 f. Au moyen de coupes extraordinaires et de journées volontaires que se sont imposés les habitants, on est parvenu à faire cette construction. La maison est bien bâtie, bien exposée et bien aérée.
L'instituteur de Grailhen
Anglade
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de la Bigorre devenue Hautes-Pyrénées.
Entraide apportée par :
-M. Jean-Jacques Jaud.© Marie-Pierre MANET