La monographie de 1887 de Lagrange
Hautes-Pyrénées
département 65.

(ADHP - Monographie établie en 1887)




00036426
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I


Limites : petite rivière de la Baysolle (Campistrous) - rivière Baïse-Darrè (Lutilhous) appelée aussi Rioupeyrous de Riou : ruisseau et peyrous : pierreux. Son lit et ses bords renferment beaucoup de pierres que les inondations jettent sur les prairies riveraines. On se souviendra longtemps de l'inondation du 5 juin 1883. Par le Sud elle touche à Capvern par le petit ruisseau de la Goutte Darrè, affluent de la Baïse Darrè.

Par le Nord, confronte à Houeydets (pas de limites naturelles).
Forme du terroir :
un trapèze assez régulier : 3.500 mètres du Nord-Ouest au Sud-Est et 1.700 mètres de l'Est à l'Ouest.

Pentes rapides vers la Baïse Darrè (largeur de la vallée 10 à 100 mètres). Les ruisseaux nés dans la localité dessinent de véritables gorges et des collines avec des pentes rapides. Leur cours est presque en ligne droite.

Il y a le ruisseau de la Goutte Darrè et le ruisseau de L'Arriou qui prend naissance au milieu du village par trois sources distinctes et très apparentes.

L'une de ces sources a la température plus élevée que les autres et remplit un bassin aux formes les plus primitives qui sert de lavoir et d'abreuvoir aux trois quarts du village.

Le canal de la Neste est un grand bienfait. Il alimente la Baïse Darrè et la Baysolle.

A l'initiative de quelques hommes de la commune, le service hydraulique des ponts et chaussées aidant, les propriétaires de Lagrange se sont réunis en syndicat autorisé (1877) afin de mener par une rigole l'eau de la Neste sur leur territoire. Ils ont joint l'agréable à l'utile puisque les rigoles collatérales longent les trois rues importantes du village (100 litres seconde pour 57 heures hebdomadaires et 45 hectares de prairies). La prise d'eau se trouve à la naissance de la Baysolle sur le territoire de Campistrous. Sans le canal de la Neste la Baïse Darrè ne coulerait que 200 litres au lieu de 1.000 l. - la Baysolle 50 litres au lieu de 250 litres à leur confluent. la Goutte Darrè débite 80 litres et l'Arriou 150 litres. Il y a une douzaine de puits et quelques fontaines dont la plus importante est la fontaine du "Cap de la Vielle". mais la meilleure des eaux potables est sans contredit celle d'une source minérale, très longtemps négligée, trop méconnue appelée à un grand avenir.

Cette source recommandée d'abord par le Docteur Guillard de Mauléon-Magnoac - primitivement propriété communale fut vendue en 1877 afin de créer un premier fonds pour la construction d'une maison d'école.

La "Hount de l'Oulle" comptait plusieurs griffons. Ils sont captés aujourd'hui. Son débit est de 6.000 litres à l'heure. L'analyse a été faite au laboratoire des mines de Paris en 1880.



Résultats :

 

Composants
Quantité :
Résidu fixe par litre
0, 1360 gr
Acide carbonique par litre
0, 1108 gr
De bicarbonate par litre
0, 0986 gr
Acide chorhydrique par litre
0, 0036 gr
Acide sulfurique par litre
0, 0056 gr
Silice par litre
0, 0068 gr
Oxyde de fer par litre
0, 0008 gr
Chaux par litre
0, 0599 gr
Magnésie par litre
0, 0043 gr
Potasse par litre
Traces
Soude par litre
0, 0030 gr
Matières organiques par litre
0, 0535 gr
TOTAL
0, 2958 gr


Composition hypothétique par litre :

 

Composants
Quantité :
Acide carbonique libre
0, 1108 gr
Silice
0, 0068 gr
Bicarbonate de chaux
0, 1443 gr
Bicarbonate de magnésie
0, 0137 gr
Bicarbonate de protoxyde fer
0, 0018 gr
Sulfate de chaux
0, 0013 gr
Chlorure de potassium
Traces
Chlorure de sodium
0, 0057 gr
Matières organiques
0, 0535 gr
TOTAL
0, 2959 gr


L'eau minérale de Lagrange est une eau froide, bicarbonatée, alcaline, à prédominance de bicarbonate de chaux, légèrement chlorurée sodique et ferrugineuse.

L'acide carbonique qu'elle renferme rend cette eau d'une digestion facile. Des bulles d'acide carbonique pur montent à la surface surtout l'après-midi et dont le bouillonnement ne s'arrête que pour recommencer dans un autre endroit.

Le propriétaire aurait dû consigner les guérisons opérées.

Altitude : 650 mètres. Climat sain, relativement froid. Exposé aux vents. Il n'y a pas d'épidémies à redouter à l'exception d'une épidémie de Variole qui fit quelques victimes en 1872.

Les pluies viennent du Sud-Ouest.

Fortes chaleurs en Juillet et Août.

Lagrange jouit d'un horizon assez étendu - beau spectacle de nos Pyrénées et du Pic du Midi.

II


236 habitants en 1886. Diminution de 41 habitants sur 1881 qui provient du départ de deux familles exploitant des métairies - de quelques jeunes gens de 15 à 20 ans qui louent leurs services... et au service militaire.

Le chiffre de la population aurait tendance à augmenter - depuis dix anx, le chiffre des naissances est supérieur au chiffre des décés.

Une autre raison : les déboires recueillis par quelques jeunes gens qui ont quitté l'air pur de la campagne pour le centre corrompu et vaniteux des grandes villes.

Le village est partagé en deux quartiers bien distincts de mœurs et d'opinions contraires et au centre duquel sont la maison commune, l'église, le presbytère.

1) Le premier est appelé le " Cap de la Vielle".

2) L'autre par opposition s'appelle le "Pied de la Vielle". Le mot Vielle dérive-t-il de village ? Il n'y a que des propriétaires exploitant leur patrimoine.

La nature a mis entre ces deux quartiers une limite naturelle : le ruisseau de l'Arriou.

Les habitants du premier quartier sont peut-être plus actifs que ceux du deuxième. La qualité du sol est pour quelque chose dans cette activité. Ils sont aussi un peu plus jaloux les uns des autres et ils ne possèdent pas bien s'en faut cet esprit de concorde, de fraternité qui est le lot des habitants du deuxième quartier. Ils ne veulent pas mêler leurs terres, car chacun a ses biens dans son quartier. Quant à contracter entre eux des alliances, cela ne s'est pas vu depuis longtemps.

Religion catholique en entier. Prêtre résidant à Lutilhous touche 320 frs. de la commune. L'église construite en 1850 a remplacé une chapelle d'une grande exiguité élevée sur les deux murs d'un château féodal.

Levée du courrier deux fois par jour.

Revenus : 1.300 frs par an (vente de bois).

III


L'élévation du Plateau et la nature légère du sol ne contribuent pas à une grande quantité de production.

Cependant il y a de nombreuses améliorations terres incultes et mal travaillées d'il y a cinquante ans ont été substitués des terrains sinon riches, du moins relativement fertiles : froment, méteil, seigle, avoine, maïs, pommes de terre.

Depuis une dizaine d'années, les rendements sont faibles à cause des pluies froides du mois de Mai - époque de la floraison.

Pendant cet intervalle, les rendements n'ont été que de 15 à 20 hl à l'hectare.

Le procédé de culture le plus employé est l'assolement triennal ; la routine y est pour beaucoup car l'emploi des jachères et l'assolement à quatre ans ne sont pas encore pratiqués. Espérons que cela arrivera.

1/6 du territoire : bois (chênes séculaires, quelques hêtres énormes et touffus que l'administration tend à faire disparaître, châtaigneraies qui constituent un revenu annuel assez rond et des bois taillis assez prospères).

Les 60 hectares de forêts sont soumises au régime forestier : les arbres de hautes futaie tendent à disparaître.

Au Nord-Ouest sont plantées quelques vignes (en majorité plants blancs) 5 ha environ. C'est peu. Les gelées de Septembre nuisent à la maturité.

Le phylloxéra n'a pas fait son apparition.

On n'a pas mis en pratique les procédés de lutte contre le mildiou qui fait son apparition.

Animaux à cornes : Race d'Aure et race Garonnaise grise. Les éleveurs prétendent que la race d'Aure fournit plus de lait que l'autre mais que celui de la race grise est meilleur. Les améliorations des prairies, l'usage du trèfle, qui se répand, doivent améliorer l'élevage.

Race chevaline : quelques sujets peu nombreux. Les troupeaux à laine ont considérablement diminué ; les pâturages qui font défaut en sont seuls la cause ; à cela, il faudrait joindre l'humidité qui ne convient pas à ces animaux, humidité produite par le canal d'arrosement.

Le lièvre et le lapin sont les seuls gibiers de sous-bois. Il y a moins de renards qu'autrefois. Les gros dégâts sont causés par les blaireaux. La caille est fort chassée à la saison. La perdrix disparaît de plus en plus.

La belle et succulente truite est pêchée dans les ruisseaux alimentés par le canal de la Neste qui les y déverse.

A Lagrange, peu d'usines : un moulin sur la Baïse Darrè, un deuxième muni d'une batteuse à eau sur la Baysolle.

Le chemin Nº 1 qui relie la commune au chef-lieu de canton est sans issue sur la Nº 17.

Il n'y a à Lagrange ni foire ni marché. Il faut se rendre à Lannemezan où se vendent les bêtes à cornes.

IV


Pas de documents officiles pour établir l'histoire de Lagrange. Certaines légendes établiraient son étymologie.

Autrefois, à une époque reculée la commune s'appelait du nom composé de Lagrange Lapalu.

Deux actes en font mention:

- Le premier en 1560, relate certains avantages accordés par le seigneur de L'Escaladieu aux habitants de Lagrange-Lapalu et qui constituaient un droit de pacage sur les terrains dépendant dudit château et sur le privilège d'y puiser tout le bois nécessaire aux constructeurs.

- L'acte du 18 Février 1641 fait mention d'une transaction notariée par laquelle le Syndic de Castelbajac reconnaissait au profit des habitants de Lagrange-Lapalu des faire disparaître leur bétail de toute condition dans la lande dite : lou Bédat de Castelbajac comme aussi dans les autres landes , terres, bois, vacants et communaux de ladite communauté.

Comme le village est divisé en deux parties distinctes, il est à présumer que l'un s'appelait Lapalu et lautre Lagrange. Mais comment l'établir ? Ni légende ni tradition ne le permet. Cependant il fallait bien qu'il y eut une distinction car sous Henri III, l'itinéraire des protestants ravageant le pays est relaté dans les Annales de Bigorre et semblerait indiquer cette distinction. Une partie de cet itinéraire porte les noms suivants sur une même direction : Recurt - Galez - Campistrous - Lapalu - Capber et l'Escaladieu.

On serait presque tenter de croire que ce serait le Cap de la Vielle qui se serait appelé Lapalu.

Plus tard sous Louis XV et Louis XVI des actes de vente et de mariage ne mentionnent que Larange.

Le mot " La grange" proviendrait selon toute apparence d'un mot patois francisé.

Des gens de la terre de Ricaud, canton de Tournay, en présence d'une épidémie qui décimait leurs animaux domestiques vinrent sur la crête d'une de nos collines construire des "bordes" mot patois qui signifie "grange" afin d'éloigner le retant de leurs animmaux du centre épidémique.

Du mot Grange à celui de Lagrange il n'y avait qu'un pas. Cette légende est plus ou moins vraisemblable et on suppose généralement que le nom ne vient pas de là.

Dans un quartier du Pied de la Vielle figure un lieu-dit de la Borde. Toute cette partie du territoire aurait appartenu à une borde ou métairie seigneuriale qui aurait disparu pendant la Terreur et peut-être avant. Le mot de Laborde aurait concouru à la formation du mot Lagrange. C'est ce qu'affirment certains vieillards. Quand et comment aurait-on biffé le mot LAPALU ? - Pas de tradition qui en ait conservé le souvenir. Lagrange faisait partie du Nébouzan (capitale Saint-Gaudens).

Elle envoyait ses députés aux États du Nébouzan et ces députés choisis devaient être fiers de leur titre de consul ou de Manant Syndic.

En 1740, Le Président des États : l'abbé de Misors fixait aussi les impôts à payer par les habitants de Lagrange, droits de donation, subsistance, droits d'inspecteurs des boucheries, soldats et milices, truites et savi, étalons et garde-étalons etc... et montant à la somme de 39 livres 10 sols qui devait être portée à jour fixe à Saint Gaudens, probablement par les consuls.

Lagrande a possédé jadis comme la majeure partie des communes ses châteaux et ses châtelains mais rien ne prouve que ces châteaux et châtelains aient eu leurs annales militaires. Pas de vestiges. On trouve pourtant des traces à leur place.

En 1850, on détruisit une petite église située presque au nord de Cap de la Vielle. Elle était entourée d'un cimetière - l'un et l'autre insuffisants furent transportés ailleurs.

L'église démolie et le cimetière abandonné se trouvaient placés sur un tertre de 20 mètres de rayon, entouré d'un fossé circulaire qui devait être fort large puisqu'il a encore près de 5 mètres d'ouverture. Cette église devait être la chapelle seigneuriale du château placé en dehors de l'enceinte. Entre les deux entrées du cimetière et de l'église s'élevait un portail sur la partie supérieure du porche une date qui doit être celle de la construction ; elle existe encore chez un habitant qui l'acheta à l'époque de la démolition.

La voici telle que je l'ai relevée :

Jean 1746 - Seillan

Entre le fossé et le cimetière se trouvent deux allées circulaires de chênes. Ont-ils été plantés par le châtelain propriétaire du tertre ou par les générations qui reposent aujourd'hui à leur ombre et sous leur seule sauvegarde ? C'est ce que personne n'a pu affirmer.

Au midi de la redoute et sur une pièce de terre de forme carrée désignée sous le nom de " Bériè" (verger) s'élève le château entouré probablement d'arbres fruitiers.

Ce château était une dépendance de l'Escaladieu et servait uniquement de demeure d'été à la famille seigneuriale.

Quand a-t-il été construit ? On n'en sait rien. La seule tradition qui se soit conservée c'est que, comme tous les châteaux du Moyen-Âge, il aurait une galerie souterraine aboutissant au centre fortifié où le seigneur et sa famille seraient à l'abri d'une attaque faite à l'improviste. Certains prétendent que ce souterrain aboutirait à l'Escaladieu, d'autres à Mauvezin. Cette galerie renfermerait dit-on, sinon des richesses, du moins des choses précieuses. Quant à la destruction, elle devrait remonter avant la tourmente de 1793. On prétend néanmoins que l'histoire de ce château serait écrite dans de vieux parchemins conservés à l'Escaladieu mais qu'on se garderait d'étaler au grand jour pour ne pas réveiller certains privilèges accordés jadis aux habitants de Lagrange.

An centre du Cap de la Vielle existait également un autre château à l'origine presque incertaine et à l'histoire plus incertaine encore.

Un reste de mur aux larges dimensions fait partie d'une maison. Ce château quoique très ancien n'a laissé qu'une petite tradition. Le dernier des Seigneurs se serait appelé "De Marsas" lequel ne devait pas être entouré des sympathies de ses vassaux. A la façon de tous les seigneurs, il aurait marqué son séjour à Lagrange par des exigences plus révoltantes les unes que les autres et quoique les Jacques fussent taillables et corvéables à merci - tôt ou tard les exigences devaient se traduire par des actes de violence de la part de ceux qui les subissaient.

Pour agrandir ses domaines, ce seigneur avait une formule aussi simple qu'expéditive qu'on dut néanmoins accepter pendant longtemps. Certains jours, après dîner (plusieurs n'ayant raconté cette légende n'ont point omis cette expression ) le châtelain convoitant telle ou telle pièce de terre s'y rendait avec quelques gens de sa suite. Là, se fixant au centre, il donnait un fort coup de pied sur le sol - mouvement qu'imitaient ses assesseurs et prononçait de sa voix la plus forte et la plus furieuse sa formule sacramentelle : "Ceci est ma propriété". Tout était dit et on courbait la tête devant une telle volonté !

Le seigneur de Marsan était également fort jaloux de son privilège de chasse ; or dans la localité un certain François d'Esquerré ( ce nom existe encore) se faisait souvent braconnier, malgré la défense seigneuriale. Cependant il savait éviter la surveillance qui était faite autour de lui. Mais on eut recours à la ruse pour le prendre en flagrant délit. Il fut un jour invité à une chasse du seigneur. Quand ce dernier et ses gens furent à la limite nord du village, le seigneur dit à ce nommé François, qu'aujourd'hui il était en flagrant délit de chasse, qu'il ne pouvait pas nier l'évidence et qu'il devait payer l'amende qu'il lui plairait de fixer. François eut cependant le courage de lui répondre qu'il aurait à se repentir de cette lâcheté. Quelques jours après, François caché dans un petit hangar converti en forge, tout près du château duquel il dépendait, attend que son homme sorte au dehors et au moment où ce seigneur donnait un morceau de pain à un enfant, son berger, François vise et l'abat d'un seul coup de fusil.

Chercha-t-il à fuir ? On ne le dit pas. Tout ce qu'on sait, c'est qu'il fut arrêté et enfermé à la prison de Saint Gaudens. Quelques jours après son arrestation, deux de ses parents ou amis se rendirent pendant la nuit dans cette ville armés de barres de fer enlevées de leurs charrues, et de limes. Ils mirent deux nuits pour l'exécution de leurs projets. François d'Esquerrè fut par eux rendu à la liberté et se réfugia en Espagne où il resta trente ans. Au bout de ce temps, il rentra sans pourtant se montrer à tous les yeux ; on raconte qu'il vint habillé en pauvre demander l'aumône devant les maisons situées près du château, il fut reconnu à la première porte. Dè lors il ne chercha pas à quitter son village où il se livra pendant le restant de ses jours, à des pénitences les plus austères. La tradition n'a pas dit si le seigneur de Marsas avait des enfants. On suppose généralement que non. Ce qu'il y a de certain c'est que ses domaines seraient passés sur la tête d'une demoiselle Cyprienne de DURFORT du lieu de Sabarros, sa parente. De cette succession aurait dépendu la plus grande partie du village. Cette demoiselle DURFORT vendit le 19 Mars 1784 à un habitant de la localité pour 760 livres une pièce de terre de 17 journaux, la libération de cette vente se fit le 14 pluviôse an XIII. La demoiselle signe : Siprienne.

Au confluent de la Baïse-Darrè et de la Goutte se trouvait un moulin banal appartenant à la demoiselle Cyprienne de Durfort et à un Alexandre Clarens, notaire à Campistrous. Il fut affermé par quatre co-propriétaires à un certain François Marmouget. Par sa réclamation du 27-10-1787, ce dernier refuse de leur payer le prix de son fermage (12 sacs de grain : moitié seigle, moitié millet) pour la raison que trois propriétaires des plus importants avaient déserté le moulin, il furent, le 2 novembre suivant, assignés devant le tribunal de Saint-Gaudens, et il est fort à croire qu'ils furent condamnés à dommages et intérêts.

Tradition de la Puyolle.
Le vieux parchemin du 18-2-1641 établissait certains droits sur les communaux de Caselbajac ; il n'y avait pas de limite naturelle du côté nord. Cependant au dire de certains vieillards la ligne de démarcation aurait été un ravin, une gorge allant de la Baïse-Darrè à la Baysolle.

A une époque assez reculée les habitants de Lagrange eurent des démêlés au sujet des bornes. On en appela à la justice seigneuriale et un seigneur de Castelbajac se transporta sur les lieux litigieux. Là, en présence des parties intéressées, le châtelain de Castelbajac fit jurer à ses vassaux d'avoir à désigner les limites de leur terroir. "Nous jurons,dirent ces derniers,être sur nos terres". Les bornes furent plantées immédiatement sur la place indiquée au détriment des gens de Lagrange qui courbèrent la tête.

Le serment faux en principe était cependant juste d'une certaine façon. Imitant le Doge de Gênes, visitant la capitale de Louis XIV, ils avaient mis, dit la tradition, de la terre de Castelbajac dans leurs chaussures. Le lieu ou ce serment fut prononcé s'appelle : "La Puyolle" qui signifie tertre ou partie plus élevée. La brande qui coissait à cet endroit sécha et fut remplacée par un gazon qui croissait très court qui resta toujours au même degré de végétation.

Cette tradition est la seule qui se transmette de génération en gération et celle qui resta le plus longtemps dans la localité où les intérêts matériels priment les autres. Mais il en est une autre qui s'oubliera bien plus vite quoique ce fut celle qu'on ne devrait jamais laisser s'éteindre et qui devrait être apprise comme témoignage de patriotisme de la part de nos ancêtres. Après la tourmente de 1793, lorsque la France vit son sol foulé par de nombreuses armées, la Convention fit appel au patriotisme de la Nation. Pour refouler ses ennemis, il fallait des canons et toutes les communes furent invitées à livrer la plus grande partie de leurs cloches pour fabriquer l'airain meurtrier. La commune de Lagrange possédait dans la chapelle démolie deux cloches. Sans marchander elle livra la plus grande, elle livra aussi ses plus beaux ornements qui furent, à Barèges où on les porta, remarqués pour leur valeur et leur beauté. Ils provenaient de dons faits par les châtelains de Lagrange.

Mariage entre gens du même quartier :
Il est presque impossible de trouver dans chaque quartier deux individus qui ne fussent parents. On remarquait aux conseils de révision de beaux hommes forts et constitués. Et pourtant il y a cent ans à peine on ne se nourrissait pas aussi bien qu'aujourd'hui. Autrefois, le sol de Lagrange ne fournissait que du seigle et du millet ; aujourd'hui ces deux denrées ont à peu près disparu de notre alimentation.

Il y avait plus d'entente autrefois - C'est ce que diraient, si l'auteur pouvait les interroger, deux ou trois veillards qu'il revoit, enfants, habillés de leur veste de bure, grossièrement terminée en queue de morue ; il y avait moins de discorde. Autrefois, au temps de Carnaval, c'était toujours un bon vieux à chevelure blanche, à la voix tremblottante qui commençait un bal champêtre lequel par la jeunesse était constitué au simple tra-la-la de quelque bon gosse.

Justice de Paix :
Lagrange a possédé dans le temps la Justice de Paix. Un certain Basile Lagleize, dont la famille existe encore, nommé juge, établit dans sa maison. La maison a été partagée entre deux propriétaires et on remarque encore dans l'une des deux parties, les vieilles armoires ayant contenu les archives égarées par la suite. Sur la façade avec un peu d'attention on lit :

"Justice de Paix 1790"

Annexe au titre IV : Enseignement


Avant 1850 une toute petite école faisait partie du presbytère ; depuis, jusqu'en 1880 une école de garçons dans divers locaux loués, quand l'écharpe changeait de maire.

Pas d'école de filles. On ne songeait pas alors dans la commune à étendre l'instruction dans cette partie intéressante de la société.

1875 : (école entretenue par certaines familles)

1877 : création de fonds pour construire une école (faite en 1880) bon emplacement, aération, espace libre.

La fréquentation pourrait être plus régulière Meilleure Décembre à Juin. Conscrits rarement illettrés. Les mariés savent signer.

Beaucoup de choses manquent : objet bibliothèque, caisse des écoles, caisse d'épargne.

Traitement :
1.200 francs instituteur ( à 18 ans de service)
600 francs institutrice.

Le poste de Lagrange n'est pas un poste classé car la population n'est que de 236 habitants.


L'instituteur de Lagrange


Galan



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Entraide apportée par Madame Marthe Delas.
© Marie-Pierre MANET









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