I
La Commune de Siarrouy est située à la partie occidentale des Hautes-Pyrénées, dans le canton de Vic.
Elle a pour limites au nord, la petite commune de Talazac et celle de Pujo, à l'est Andrest, au sud Gayan et Lagarde, enfin à l'ouest, Tarasteix et Montaner, c'est par cette dernière localité que Siarrouy tient au Béarn.
Siarrouy a une étendue de 3.000 mètres de l'est à l'ouest, et 2.500 mètres du nord au sud ce qui porte la superficie à 750 hectares. Elle est située à 10 km de Vic et 12 km de Tarbes. Le sol est un peu accidenté ; on peut cependant le partager en deux parties ; l'une à l'est, qui semble faire suite à la vaste plaine de l'Adour, l'autre à l'ouest, est occupée par des côteaux qui semblent se détacher du plateau de Ger et qui se prolongent vers le nord du département où ils sont couverts de beaux vignobles.
Le sol ne renferme aucune richesse minérale ; dans la plaine, il est principalement silicieux, dans les côteaux, l'argile domine. Il est arrosé par deux rivières : l'Échez et la Géline qui semblent n'avoir pas grande importance ; à certaines époques de l'année, cependant, elles roulent des volumes d'eau si considérables que les campagnes sont submergées et les récoltes emportées. L'Échez ne présente pas de gué, son lit est profond et alors même que le débit serait de peu d'importance, on trouve toujours une eau presque stagnante et à une certaine hauteur ; il en est à peu près de même de la Géline, mais cette dernière rivière est pendant la belle saison , il est facile de trouver des gués, mais ils ne portent pas de noms particuliers.
Les eaux potables sont faciles à trouver il suffit de creuser à un mètre cinquante pour l'avoir en abondance ; aussi chaque maison est pourvue d'un puits.
Les sources thermales et autres y font complètement défaut.
Siarrouy est à 231 mètres d'altitude. Le climat est doux et la température assez égale ; les vents d'ouest soufflent trop souvent avec violence et les pluies y sont ordinairement trop abondantes.
II
D'après le recensement de 1886, Siarrouy compte 326 habitants, soit 60 de moins qu'en 1881. A quoi attribuer cette diminution ? Dans bien des endroits, on constate que les jeunes gens fuient la campagne pour aller en ville se livrer à un travail quelconque ; ils croient y trouver le bonheur avec les distractions et les plaisirs de toute espèce. Cette cause n'est pourtant pas ici la principale ; tous les ans, les décès surpassent les naissances et tout fait prévoir que la population de Siarrouy tend toujours à diminuer.
Siarrouy est divisé en 5 sections ou quartiers, s'avoir :
- Le centre du village qui compte 130 hab. et 30 feux.
- Marque Devant " " " 56 hab. - 13 feux.
- Marque Debat " " " 49 hab. - 13 feux.
- Marque Darré " " " 45 hab. - 11 feux.
- Marque Dessus " " " 32 hab. - 8 feux.
Avec quelques fermes isolées situées en dehors de l'agglomération, on arrive à un total de 326 habitants répartis en 82 feux.
La commune est administrée par un conseil de 10 membres, dirigé par un maire et un adjoint. Le secrétariat est confié à l'institutrice moyennant une légère rénumération ; enfin la surveillance des propriétés est confiée au garde-champêtre. L'administration forestière a de vastes forêts à surveiller dans cette région ; elle y est représentée par un garde forestier.
Tous les habitants de Siarrouy sont catholiques et obéissent à un curé qui est en même temps chargé de desservir la commune de Talazac. Siarrouy appartient à la perception de Pujo et est desservie par le Bureau de Poste d'Andrest.
La valeur du centime est 21 fr 80 c.
Les revenus ordinaires de la commune peuvent être ramenés à la moyenne de 1.200 francs, ce chiffre était autrefois bien supérieur ; la diminution que l'on constate tient à ce que la commune a dû faire plusieurs coupes extraordinaires pour parer aux frais de constructions de deux belles maisons d'écoles.
III
La partie de la commune située le long de l'Échez est recouverte d'environ 112 hectares de prairies naturelles produisant annuellement 6.600 quintaux de foin dont une bonne partie est vendue à Tarbes ; le regain est presque insuffisant pour la nourriture du gros bétail.
Dans les 220 hectares de terres labourables qu'on trouve à Siarrouy, on cultive principalement le blé, le maïs ; ainsi on retire annuellement 2.400 hectolitres environ de maïs et 1.700 hl environ de blé.
Depuis quelques temps, on se livre beaucoup à la culture du tabac ; les habitants trouvent cette culture plus rénumératrice que toute autre.
Sur les côteaux se trouvent 96 hectares de bois taillis qui sont d'une grande utilité à la commune pour les coupes affouragères et particulières qu'on y fait tous les ans ; il y a également 55 hectares de bois de futaies appartenant à la commune.
La plus grande partie de ces bois et forêts sont soumis au régime forestier ; cette administration a son agent résident dans la commune. Dans tous ces bois, on ne voit guère d'autres arbres que les chênes.
A côté de ces forêts se trouvent environ 38 hectares de vignes donnant des vins assez estimés. Jusqu'à ces dernières années, le rendement annuel pouvait être porté à 2.000 hectolitres ; aujourd'hui, il descend presque à la moitié et la qualité semble aussi avoir perdu quelque chose.
A quoi attribuer cetta maladie des vignes ?
Est-ce au philloxéra, au mildiou, etc ?
Je ne suis pas d'avis qu'il faut attribuer le mauvais état de nos vignes à une maladie quelconque ?
Pour moi, la température a été le plus grave ennemi ; et j'estime qu'il faut faire tomber toute la faute sur les gelées tardives qui viennent en même temps nous enlever les fruits de nos jardins.
Les châtaigneraies occupaient une cinquantaine d'hectares et donnaient un certain rendement. L'année dernière, tous les châtaigniers, à peu près, ont péri et aujourd'hui on les arrache tous pour le feu.
A quoi attribuer cette maladie ? On suppose que la racine est attaquée par une sorte de philloxéra.
Parmi les animaux qui habitent le pays, on trouve la fouine, le renard, le sanglier. Le pays est généralement giboyeux, on y trouve en assez grande abondance : les lièvres, les perdreaux, les bécasses, les bécassines, les palombes, les cailles, les vanneaux, les grives, etc. Les chasseurs de Tarbes et de Vic, s'y donnent, et au printemps, on y organise des charmantes battues au renard et au sanglier.
Beaucoup d'étrangers se rendent aussi à Siarrouy pour pêcher dans la jolie rivière de L'Échez qui renferme en abondance le brochet, la truite, le poisson blanc et le goujon.
Les mines et les carrières nous font totalement défaut. L'industrie y était autrefois représentée par une papéterie d'une certaine importance et par une tuilerie ; mais ces usines ont disparu depuis quelques années.
Il n'y a plus aujourd'hui qu'un moulin qui se charge de fournir aux habitants la farine nécessaire pour la fabrication du pain ; il y a également une scierie mais elle est de très peu d'importance.
Les voies de communication sont faciles et bien entretenues ; on voit d'abord le chemin de grande communication n° 7 de Cheust à Maubourguet ; les chemins d'intérêts communs n° 60 d'Oroix à Siarrouy et n°9 de Montaner à Tostat, sur ce dernier se trouve, sur l'Échez, un pont construit en 1847, qui a pu résister encore aux crues importantes qu'il voit tous les ans.
Pour se transporter de Siarrouy au chef-lieu de canton ou d'arrondissement, le voyageur doit se rendre à Andrest où il trouve une station de chemin de fer ; le trajet n'est que de 2 kilomètres 500. Il n'y a pas ici de commerce local ; l'écoulement des produits agricoles se fait par les foires et marchés de Tarbes, Vic et Rabastens.
Quelques mesures locales anciennes existent encore à Siarrouy ; ce sont le journal de terre valant 25 ares, la mesure de 25 litres et la livre de 500 grammes.
IV
J'ai eu beau fouiller les archives de plusieurs histoires de la Bigorre, je n'ai pu trouver aucune trace de l'étymologie du mot Siarrouy ; on voit dans les actes antérieurs de 1793, le mot Siarroy, mais il serait difficile de l'expliquer.
Avant 1793, on ne peut guère dire comment était administrée cette commune ; depuis cette époque juqu'à l'An IV de la République, elle était administrée par un Conseil Général qui fut remplacé par une municipalité jusqu'à l'An VIII. Ce n'est guère qu'à cette date qu'on voit à la tête de la municipalité un maire qui devient officier de l'état civil.
On n'a trouvé ni traditions, ni légende ; on ne trouve pas non plus de personnage célèbre originaire de cette localité , qui n'a conservé du passé qu'un patois que je ne saurais expliquer.
Les moeurs sont généralement bonnes et la religion catholique est celle de tous les habitants.
Le costume de nos paysans se rapproche beaucoup de celui des Béarnais qu'ils ont pour voisins. Ils portent tous le béret et la blouse et lorsqu'ils vont travailler dans les champs, ils sont enveloppés dans une espèce de chemise de toile bleue qu'ils appellent chamarro.
L'alimentation est à peu près la même dans toute la région ; bon pain de ménage, pâte de farine de maïs, pot au feu avec le morceau de salé et beaucoup de légumes. Le dimanche, on semble se rappeler qu'il faut mettre la poule au pot ainsi que le désirait Henri IV.
Comme monuments, Siarrouy ne possède que des ruines d'un vieux château ; personne ne sait en parler.
La commune ne possède dans ses archives que les actes de l'état civil dressés par les prêtres de 1600 à 1793 ; mais juque là de ne sont que de simples mots qui ne peuvent fournir aucun renseignement ; ce n'est qu'en 1793 que ces actes ne prennent une forme convenable, alors qu'ils sont dressés par un officier de l'état civil, conseiller général ou agent municipal.
Il n'est question de Siarrouy dans aucun des ouvrages écrits sur la Bigorre ; il serait difficile d'établir l'histoire de cette commune.
Annexe au titre IV
Enseignement
L'enseignement a été donné à Siarrouy par des instituteurs depuis 1793 ; il faut dire que pendant de longues années, le maître d'école faisait classe dans une petite chambre adossée à l'église et je crois inutile d'ajouter dans quelles conditions. En 1793, pourtant, la commune réussit à trouver pour l'école un local presque convenable à côté de celui qui existe aujourd'hui. C'est là que pendant 45 ans plusieurs maîtres ont été chargés d'instruire la jeunesse. En 1875, ce local allait tomber en ruines, il fallut le remplacer. C'est ainsi que la municipalité grâce au secours alloué par l'État put faire bâtir un joli bâtiment scolaire.
Siarrouy possède une institutrice depuis environ 47 ans ; mais ce n'est guère que depuis 1855 qu'elle a été nommée communale.
Jusqu'en 1886, les filles recevaient l'instruction dans un local en mauvais état loué à un particulier.
Aujourd'hui, l'école des filles a un joli bâtiment où se trouve une salle de classe saine, bien aérée et très spacieuse.
La commune de Siarrouy est fière de ses deux bâtiments scolaires qui ne laissent rien à désirer.
La maison d'école de garçons dont la façade principal est exposée au midi comprend au rez-de-chaussée :
1° - Un vestibule où se trouve l'escalier conduisant aux étages.
2° - À l'est, la salle de classe mesurant 8 m de long, 5 m de large et 4 m de haut.
3° - À l'ouest, une cuisine et une souillarde qui ont ensemble la même surface que la salle de l'école.
Extérieurement se trouvent au midi :
1° - Une cour de 18 m de long sur 15 m de large.
2° - Un jardin de 15 m de long sur 14 m de large.
3°- Enfin à l'ouest un préau couvert, mesurant 14 m de long sur 13 m de large.
Au 1 er étage :
- À l'ouest, toute l'étendue est consacrée à une salle de mairie.
- À l'est se trouvent deux chambres qui ont les mêmes dimensions que la cuisine et la souillarde du rez-de-chaussée.
L'école de filles ne comprend, au rez-de-chaussée qu'un petit vestibule à l'est ; tout le reste est occupé par la salle d'école qui occupe un vaste carré de 8 m de côté ; cette pièce est saine et très bien aérée ; à l'ouest se trouve un préau couvert, au midi et au nord deux cours dont l'une doit être convertie en jardin.
Tout le logement de l'institutrice se trouve au 1 er étage, où l'on voit une cuisine et quatre belles chambres.
Avec ces deux bâtiments scolaires, on peut dire que les besoins de la commune sont satisfaits et qu'on n'a rien à désirer.
La loi du 28 mars 1882, ne semble point avoir modifié la fréquentation scolaire ; je veux bien admettre que les commissions scolaires ont donné quelque élan la première année de leur exercice, mais aujourd'hui tout le monde semble ignorer la loi. Ici pourtant il ne faut pas trop se récrier car l'instruction s'est assez répandue depuis plusieurs années ; chacun de nos paysans sait lire écrire et compter ; ainsi nous ne trouvons pas de conscrits illettrés pas plus que de conjoints ne sachant signer leur nom.
Les institutions scolaires font totalement défaut à Siarrouy ; ainsi pas de bibliothèque populaire, ni de caisse des écoles, ni caisse d'épargne scolaire.
L'instituteur de Siarrouy jouit d'un traitement de 900 francs et l'institutrice de 600 frs, le poste n'étant pas classé.
La commune a fait tout ce qui dépendait d'elle pour la bonne installation des écoles, aussi aujourd'hui ne peut-on pas lui réclamer le moindre sacrifice.
Siarrouy, le 9 Avril 1887
L'instituteur public
Sensarnous.
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département 65.© Marie-Pierre MANET