La monographie de 1887 de Vidouze
dans les Hautes-Pyrénées.

(ADHP - Monographie établie en 1887)




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de Marie-Pierre Manet


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I


Situation géographique :



Le territoire de la commune enclavé dans le département des Basses-Pyrénées est compris entre 43°24'26" et 43°27'56" de latitude nord et 2°21'15" et 2°43'36" de longitude ouest. Il mesure du nord au sud une longueur de 6 km 500, et de l'ouest à l'est une largeur moyenne de 3 km, sa plus grande largeur étant de 4 km. Sa superficie est d'environ 16 kilomètres carrés.


Limites :

Cette presqu'île, si on peut l'appeler ainsi, est rattachée au département des Hautes-Pyrénées par sa partie nord-est que limite la commune de Lahitte-Toupière. Elle est bornée au nord par Maucoup, à l'ouest par Basillon-Vauzé et Luc-Armau ; au sud par Bentayou-Sérée, au sud-est par Castéra-Loubix, et à l'est par Labatut-Figuière et Monségur qui toutes appartiennent aux Basses-Pyrénées.

La distance de mairie en mairie à Maubourguet, chef-lieu de canton est de 8 km 500 mètres, et à Tarbes, chef-lieu d'arrondissement et de département de 32 kilomètres.


Relief du sol :

Le sol du territoire communal est très accidenté. On peut en diviser l'étendue en deux partie d'inégale largeur séparées par le chemin vicinal de Bentayou à Lascazères qui traverse la commune du nord au sud.

De la colline qui couvre toute la partie ouest du territoire, se détache à Luc (Basses-Pyrénées) un coteau séparé de la chaîne principale par le vallon du Lissarre, petit ruisseau timide pendant la saison sèche, mais grossissant rapidement à l'époque des pluies et roulant alors impétueux vers sa partie supérieure dans les champs riverains en les ravinant profondément.

Ce coteau dont l'altitude est de 290 mètres court vers le nord dans la commune sur une longueur de 2 kilomètres. Vers son extrêmité sont étagées les habitations qui forment le centre de la commune. C'est aussi là que se trouvent les édifices publics : mairies, églises, etc.

Son versant ouest est abrupt et couvert en très grande partie de châtaigneraies et de landes où croissent des tiges et des bruyères que l'on transforme en engrais pour la fumure des champs.

Le versant opposé s'étend au contraire en pente douce vers la vallée du Louet et est couvert de vignes et de champs bien cultivés.

La chaîne principale qui limite la commune et qui couvre toute sa partie ouest, est très irrégulière. Elle est composée d'un grand nombre de monticule dont les sommets, arrondis en ballons, se détachent à l'horizon en d'écrivant une ligne sinueuse.

De même que dans le coteau central, le versant est, en pentes douces, est bien cultivé, tandis que le versant ouest, est uniquement couvert de landes et de châtaigneraies.

La partie est du territoire, la vallée du Louet, est une petite plaine fertile d'une largeur moyenne de 800 mètres.


Hydrographie :

Le principal cours d'eau est le Louet. Né dans les landes de Gardères (H.P) il entre bientôt dans le département des Basses-Pyrénées et coule dans un étroit vallon dans les communes de Maure et de Bentayou-Pérée. Il pénètre ensuite dans la commune de Vidouze où la vallée s'élargit insensiblement et y développe un cours de 7 kilomètres 500, puis il entre dans le territoire de Lahitte-Toupière, pénètre à nouveau dans les Basses-Pyrénées où il arrose Moncaup, rentre dans notre département et passe à Lascazères. C'est dans cette commune que la vallée de Louet se confond avec la plaine de l'Adour. Il continue sa marche lente et sinueuse à travers les communes de Soublecause, Hères, Castelnau-Rivière-Basse et va enfin, après un cours total de 37 kilomètres, mêler ses eaux à celles de l'Adour en amont du pont de Préchac, sur la limite du Gers et des Hautes-Pyrénées. Son débit à l'étiage est de 79.400 litres par minutes.


Ses principaux affluents dans la commune sont :

sur la rive droite ;

- Le ruisseau de Larroque qui descend de la colline de Labatut-Figuière et limite le territoire de Vidouze sur une partie de son cours ;

- Le ruisseau de Pillers et le ruisseau de la Marnère qui descendent de la colline de Monségur.



Sur la rive gauche ;

- Le ruisseau de Falot qui sert de limite au sud.

- Le ruisseau de Peyroulat qui vient de Luc (B.P) coulent l'un et l'autre de l'ouest à l'est.

- Le ruisseau de Lissarre, le plus important des affluents du Louet, prend sa source à Luc coule du sud au Nord entre la commune de Vidouze où il longe quelques instants la route départementale nº2, contourne le coteau qui couvre la partie centrale de la commune en prenant la direction ouest-est et va enfin se jeter dans le Louet en aval du pont que traverse la route précitée. Son cours total est de 5 kilomètres dont 3 kilomètres 700 dans le territoire de Vidouze.

- Le ruisseau de Gahaut qui prend sa source dans une légère dépression de terrain au quartier de La Poutge (côte) se dirige directement vers l'est jusqu'à son confluent avec le Louet.

- Enfin le ruisseau de Layget qui limite la commune au nord.



Des crues se produisent principalement au printemps et à l'automne dans ces divers cours-d'eau, et surtout dans le Louet et le Lissarre. Ces deux ruisseaux s'enflent rapidement et ravagent quelquefois les propriétés riveraines. Non en élargissant leur lit comme les eaux qui coulent sur un fond sablonneux - celles-ci sont encaissées dans l'argile qui résiste à leur empiétement - mais en ravinant les champs voisins dont elles entraînent la couche arable, et en répandant sur les prairies leurs eaux boueuses qui communiquent aux fourrages de si mauvaises qualités.

Heureusement ces grandes crues ne sont pas très fréquentes, et durant une grande partie de l'année, le Louet fournit juste assez d'eau pour mettre en mouvement les roues des scieries et des moulins.


Canaux :

Quatre canaux dérivent les eaux du Louet :

- Le canal du moulin Primat à Arriagosse, quartier de Larribère. Il développe une longueur de 450 mètres qur une largeur moyenne de 3 m 50 centimètres. C'est en même temps un canal d'irrigation pour quelques prairies voisines.

- Le canal du moulin de Gnan, situé au quartier du Tuco, versant ouest de la colline de Monségur. Il mesure 180 mètres de long sur 4 mètres de large.

- Le canal du moulin de la Gravette qui développe une longueur de 900 mètres;

- Enfin le canal du moulin de Lacaze, suitué au pied de la colline de Lahitte et au nord de la route départementale nº2. Il mesure deux cents mètres de longueur.


Eaux potables :

Les maisons étant disséminées sur tout le territoire, les eaux potables sont, souvent la situation des lieux, fournies par des fontaines ou par des puits. Ces derniers surtout approvisionnent les parties basses de la commune. Cependant, on en trouve un à la côte, devant la mairie, qui n'a pas une profondeur exagérée. Qu'elles proviennent des puits ou des fontaines, les eaux potables sont en général d'excellente qualité.


Altitude, climat, vent, pluies, température, salubrité :

Le point culminant de la commune se trouve dans le coteau central à une altitude de 290 mètres. La hauteur de la colline occidentale varie entre 260 et 186 mètres. La plaine, aux abords de la route départementale, est à 190 mètres au dessus du niveau de la mer.

Le climat est doux en général mais les variations atmosphériques sont aussi brusques que fréquentes. Les vents d'ouest et du sud-ouest règnent principalement dans la commune et les environs et nous donnent trop souvent des printemps et des automnes pluvieux. Ajoutons qu'en été les orages sont très fréquents. Souvent même ils sont accompagnés de grêle qui en quelques instants détruit les récoltes et rend nul les efforts de plusieurs mois de labeur.

Situé à une quarantaine de kilomètres des montagnes, le village de Vidouze ne se ressent guère de la basse température qu'on subit dans cette région du département, aussi les hivers y sont généralement doux et les étés chauds.

La douceur de la température (15 centigrades environ) contribue beaucoup à la bonne santé de la population. Il y a en effet peu de malades et seulement une moyenne de huit décés chaque année.



II


Démographie



La population relevée par le dénombrement de 1886 est de 713 habitants répartis entre 182 ménages habitant 175 maisons. Contrairement a ce qu'on a constaté dans beaucoup de communes du département, le population de Vidouze a augmenté par suite de l'arrivée dans la commune d'un certain nombre d'ouvriers étrangers.


Cette population est répartie de la manière suivante :

- Quartier de la Hourcade : 25 maisons - 27 ménages - 95 habitants.

- Quartier de Portaou-Dessus : 16 maisons - 17 ménages - 66 habitants.

- Quartier de Lacoume : 39 maisons - 41 ménages - 145 habitants.

- Quartier de Hombertes : 22 maisons - 23 ménages - 102 habitants.

- Quartier de Moulonguet : 52 maisons - 53 ménages - 221 habitants.

- Hameau d'Arragiosse : 21 maisons - 21 ménages - 84 habitants.


Le Maire administre la commune qui paye un secrétaire de Mairie, un cantonnier communal, un garde-champêtre et un valet commun.

Il est assisté d'un conseil municipal composé de 12 membres.

L'Instruction primaire est donnée par une institutrice et un instituteur communaux.

Pour les cultes, la commune est desservie par un curé ou mieux par un desservant qui, une fois par mois, officie à la chapelle du hameau d'Arriagosse.

La commune de Vidouze relève de la perception de Maubourguet et des bureaux de poste et télégraphique de cette même ville. Le service, dans cette administration, est fait par un facteur rural.

Le revenu ordinaire constaté à l'exercice 1886 et servant de base à l'évaluation de celui de 1887 est de 5.540 francs, y compris 219 francs de centimes additionnels.



III


Production



La commune de Vidouze qui mesure une superficie de 1.603 hectares comprend 580 hectares 69 ares de terre labourable, 301 hectares de vignobles, 102 hectares 37 de chataigneraies, 168 hectares 37 de prairies naturelles et 451 hectares en propriétés bâties, pâtures, landes, bois, taillis appartenant à divers propriétaires, chemin et ruisseaux.

De cette énumération il résulte que la culture est mixte dans la commune de Vidouze.

Dans la culture des céréales l'assolement triennal est principalement en usage. Aussi l'étendue consacré à la culture du blé est d'environ 190 hectares, c'est-à-dire un tiers de la superficie labourable. La récolte, année moyenne, peut être évaluée à 3500 hectolitres.

La culture du maïs occupe à peu près la même étendue, et la récolte peut être portée à 48.000 hectolitres.

La culture principale est celle de la vigne basse qui occupe une superficie de 300 hectares.

La récolte moyenne avant l'apparition de ces nombreux fléaux, le midliou ou mildou, l'antrachniose, la pyrale, était d'environ 13.000 hectolitres représentant une valeur de 300.000 francs. Depuis quelques années ces chiffres ont diminué considérablement et cette marche descendante n'est pas près de s'arrêter, menacés que nous sommes par le phylloxéra qui exerce ses ravages dans les territoires voisins, et qui, bien certainement, a élu domicile dans le nôtre quoique des tâches révélatrices n'aient pas encore été constatées.

La commune de Vidouze ne possède pas de bois communaux, mais on remarque sur divers points des bosquets appartenant à des propriétaires et mesurant une superficie de 38 hectares.

Encore une autre production importante pour la commune, celle des châtaignes qui entre pour une large part, pendant l'hiver, dans l'alimentation des habitants, le surplus servant à l'engrais des animaux domestiques.

Les prairies dont l'étendue totale est seulement de 170 hectares ne permettent pas l'élevé du bétail. Aussi on ne trouve dans la commune que des animaux de travail.

Également fort peu de juments poulinières et le peu qu'on y compte sont réservées à la production des mulets.


Chasse et pêche :

Le gibier à plumes, peu nombreux dans la commune tant en espèces qu'en individus, peut se diviser en gibier du pays, grives, perdreaux, et en gibier de passage, cailles, palombes, canards.

Le gibier à poil est mieux représenté. Il y a, il est vrai peu de garennes, mais l'abondance des lièvres console aisément le chasseur de l'absence presque complète de lapins.

Le Louet est pour ainsi dire le seul ruisseau où l'on trouve quelques poissons. Les principaux sont le poisson blanc et le goujon.


Usines :

L'industrie meunière excercée dans quatre moulins mus par les eaux du Louet, suffisent, amplement aux besoins de la commune.

Ce même ruisseau met en mouvement deux services qui, vu l'absence de forêts à futaies dans les environs, chôment pendant une bonne partie de l'année. Dans l'une de ces deux dernières usines se trouve une carderie mécanique qui fonctionne rarement.

L'industrie locale est peu développée. Elle se borne à la fabrication des toiles de ménage produites principalement par cinq métiers à tisser. Mais, en général, il y a des métiers dans presque toutes les maisons, et les femmes, pendant les froides journées d'hiver, alors que les travaux des champs sont suspendus, tissent elles-mêmes la toile nécessaire aux besoins de leurs familles.


Voies de communication :

Deux routes principales facilitent la circulation dans la commune de Vidouze, la route départementale nº2 de Maubourguet à Lembège, et l'embranchement du chemin de grande communication nº 7 de Vidouze à Caixon et à Vic-Bigorre.

De la Mairie, centre de la commune, partent les routes :

- De Vidouze à Vauzé et Bassillon ;

- De Vidouze à Moncaup ;

- De Vidouze à Luc ;

- De Vidouze à Bentayou-Sérée par Arriagosse.

Elle est desservie en outre par un grand nombre de chemin vicinaux.

Trois de ces diverses routes traversent sur des ponts le ruisseau du Louet.

La route départementale nº2 traverse un pont en maçonnerie qui date de 1780.

Le chemin nº7 traverse un pont métallique qui date de 1886.

Enfin le chemin de Labatut traverse un pont en maçonnerie construit depuis dix ans.

Vidouze n'a pas de moyens de communications qui lui soient propres ; pour se rendre au chef-lieu du département il faut aller joindre la voie ferrée à Maubourguet.

La localité n'a ni foires ni marchés aussi son commerce est nul pour ainsi dire.


Mesures locales :

Les ouvriers sur le bois, charpentiers, charrons, scieurs de long se servent encore pour la mesure des planches, de l'empan qui vaut environ 22 centimètres, de la canne qui vaut 8 empans, de la canne carrée qui vaut 64 empans carrés.

Pour les pièces de peu de longueur ils emploient le pouce qui vaut environ 27 millimètres et la ligne qui est le 1/12 du pouce.

Les jeunes ouvriers abandonnent peu à peu les anciennes mesures pour ne se servir que du mètre.



IV


Histoire locale



La commune de Vidouze n'a pas d'histoire qui lui soit propre. Faisant partie de l'ancienne Bigorre et situé sur la limite du Béarn, ses destinées se confondent avec celles de ces deux anciennes provinces qui vers 1410 furent réunis au Comté de Foix. Quelques années après, un comte de cette famille épousa Éléonore d'Aragon qui devint plus tard reine de Navarre, et dont les descendants essayèrent d'introduire en Bigorre la religion de Calvin. La population de Vidouze qui, comme tous les Bigorrais, tenait à son catholicisme lutte énergiquement contre Montgoméry qui commandait les protestants. De nombreuses rencontres eurent lieu dans les environs, et les ruines de quatre forts dissiminés dans la commune que la tradition fait remonter à cette époque éloignée témoignent de la résistance opiniâtre de nos ancêtres. Après ces luttes religieuses, Vidouze rentre de nouveau dans le calme.


V


Enseignement



Depuis la révolution de 1789, l'enseignement a été donné régulièrement à Vidouze par les institutrices et des instituteurs dans deux locaux différents.

L'école des filles située sur le chemin d'Arriagosse à 100 mètres de la Mairie, est une maison basse d'une longueur de 29 mètres. Elle comprend la salle de classe qui mesure une superficie de 10 mètres carrés, sa hauteur sous plafond est de 2 mètres seulement.

De cette salle où se trouve la porte d'entrée on pénètre dans le logement de l'institutrice composé d'une cuisine et de deux chambres à coucher. Ces deux pièces sont très basses (2 m 50 de hauteur) humides et forment un logement très malsain.

En suivant, à l'extrémité nord de la maison se trouve le préau qui mesure 5 m 30 sur 8 m 40.

Enfin sur le derrière s'étend un long et étroit hangar servant à remiser le bois de chauffage.

Sur le devant de la maison s'étend une belle cour de récréation.

La salle d'école des garçons est située au rez-de-chaussée de la Mairie. Elle mesure 7 mètres sur 7 m 30 et a une hauteur de 3 m 44. Au nord de la salle de classe se trouvent la cuisine de l'institutrice et l'escalier qui donne accès à l'étage supérieur.

Cet étage comprend la salle de la Mairie, deux chambres à coucher séparées par un corridor.

Contre le mur ouest de la mairie est adossé un appentis partagé en deux par un mur de séparation. La partie sud sert de préau et la partie nord sert à remiser le bois de chauffage. La place publique tient lieu de cour de récréation.

Pendant l'hiver les écoles sont fréquentées assez régulièrement, mais pendant l'été les enfants sont beaucoup moins assidus. Ils sont retenus par leurs parents qui les occupent aux travaux des champs.

L'instruction est assez répandue dans la commune, et on ne trouve plus de conscrits ni de conjoints illettrés.

A l'école de garçons se trouve une bibliothèque scolaire. Elle contient 20 volumes donnés à la commune par le Ministère de l'Instruction publique. Depuis le premier janvier il y a eu douze prêts.

Le traitement de l'institutrice est de 700 francs et celui de l'instituteur de 1.000 francs.


Fait et dressé par l'instituteur soussigné.

Vidouze, le 14 avril 1887.

R. Mailhes







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Chacun peut apporter son aide concernant les monographies de 1887 des communes
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Entraide apportée par :
- M. Alain Eymard
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© Marie-Pierre MANET





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