Observations | |
dit Pélot | (1779-1816) Né le 24/11/1779 à Soréac. Meurt le 10/11/1816 à Tarbes. des suites de sa blessure à l'épaule occasionnée par les gendarmes lors de son arrestation. Père : Dominique Lamon. Mère : Jeanne Dumestre. Bandit de grands chemins. Chef de bande de brigands, voleurs, violeurs.... il est accusé de nombreux crimes et délits. Il sème la terreur en Bigorre. Il fut longtemps recherché par la gendarmerie. Il est condamné le 29 Mars 1816 à être guillotiné sur la place publique de Tarbes. Il mourra de sa blessure occasionnée lors de son arrestation. |
Voici l'histoire de Pélot qui a effrayé longtemps nos contrées :
Jean Lamon dit Pélot naît le 24 Novembre 1779 à Soréac dans le canton de Pouyastruc, près de Tarbes. Il est issu d'une famille de classe moyenne mais aisé. Il est l'aîné d'une famille de cinq enfants. Ses parents ne sont pas des gens exemplaires : sa mère fait de la prison préventive à 85 ans. Quant à son père il finit sa vie dans un cachot ; les frères et sœur suivent également le même chemin.
Très tôt, il se fait remarquer pour son oisiveté et son insubordination. Sa physionomie et son physique reflètent, très tôt, le mal qui habite en lui. Il parvient à entraîner à sa suite toute sa famille : du père jusqu'au dernier de ses frères. Ils deviennent tous des voleurs, subtilisant tout ce qui peut tomber sous leurs mains, et des bandits.
Il refuse de se ranger sous le drapeau national et désobéit à: ses supérieurs. Poursuivi pour désobéissance à la loi, il se réfugie dans la forêt de Chis où il se creuse des habitations souterraines qu'il recouvre de gazon et de feuillage, y trouvant refuge pendant la belle saison. Pendant l'hiver, il n'hésite pas de s'imposer tantôt chez son père, tantôt là où la route le mène.
Tout le monde le décrit comme un égoïste, un bandit, un brutal, un assassin également. Il est habité par la haine contre toutes les personnes honorables comme la gendarmerie.
Toujours caché dans ses habitations souterraines, il attend l'arme au poing. Il sort brusquement du bois, saute le grand fossé et arrête les voyageurs de passage en leur disant : " C'est Pélot ! La bourse ou la vie ! ". Tout le monde le craint et évite désormais la grande route de Chis, si commerçante, qui finit par être complètement déserte.
Le 15 Mai 1811, par Arrêt de la Cour d'Assises des Hautes-Pyrénées, Pélot est condamné par contumace, l'un de ses frères, à douze ans de fer, et un autre, conduit à Eysses.
Il cherche à libérer impérativement ses frères, à l'aide de sa bande qu'il constitue dans le Gers. Il parvient à ses fins pour celui emprisonné à Eysses : ce qui alerte toutes les gendarmeries avoisinantes, sans résultat.
Un jour, un gendarme accompagné de deux de ses collègues, après s'être renseignés, se dirigent vers la maison paternelle car ils apprennent que Pélot est en train de labourer l'un de ses champs et que son frère garde les cochons dans le bois de Soréac. Bien qu'ils activent le pas, ils les manquent de peu. Ils font le guet sans succès et prennent la décision de se diriger vers la maison natale dans l'intention bien précise de s'emparer de Pélot. Ils trouvent les portes de la maison non seulement cadenassées mais également traversées par des barres de bois. N'écoutant que leur courage et leur devoir, les gendarmes, au péril de leur vie, conscients du danger imminent, face à cet adversaire terrible et sanguinaire, s'élancent sur les coupables : deux des gendarmes surveillent la porte principale pendant que le troisième passe par derrière et s'engouffre par une petite porte, au nord, au moment où l'un des frères veut s'enfuir. Il parvient à l'arrêter, non sans mal, en lui disant : " Tu es arrêté au nom de la loi ! " Saisi d'effroi, le frère appelle au secours toute sa famille qui accourt aussitôt et se jette sur l'intrépide gendarme qui parvient à s'échapper, au péril de sa vie. Il se sauve avec ses deux collègues pour aller demander de l'aide au maire et à l'adjoint. Mais ceux-ci sont absents. Ils montent alors au clocher pour sonner le tocsin. Personne n'ose bouger dans le village.
Exténués de fatigue, les gendarmes reprennent la route de Tarbes pour aller rendre compte à leur commandant qui, à son tour, informe l'autorité départementale, des agissements irresponsables du maire et de son adjoint, ne leur ayant pas porté secours. M. le Préfet écrit au maire et à l'adjoint une lettre foudroyante à laquelle ces derniers se défendent, prétextant que leur absence était justifiée au moment des faits et qu'ils pouvaient en donner les justificatifs, car, dans un pareil cas, auraient tout fait pour se débarrasser au plus vite de cette bande de brigands.
Pélot a des complices dans presque toutes les communes environnantes. Ils n'hésitent pas à dévaliser les gens chez eux, saccageant tout sur leur passage. Leur besogne accomplie, ils prennent la fuite. Les voisins font alors preuve d'une grande solidarité pour défendre les pauvres victimes. Ils sonnent le tocsin. Ils accourent armés de tout ce qu'ils ont pu trouvé sous la main. Tout le monde a peur et les plaintes affluent, tous les jours, et de toutes parts, à la gendarmerie. Ordre est donné d'établir une brigade sur la route entre Tarbes et Rabastens. Un logement décent est prévu le long de la route redoutable, pour les gendarmes, avec accord du maire et du Préfet. Désormais, les gendarmes sont déterminés plus que jamais et décidés à en découdre avec ce fameux bandit Pélot.
Un gendarme accompagné d'une autre personne vont faire une reconnaissance des lieux, dans la maison Pélot. Ils observent la famille au travers des fentes des portes et contrevents. Pensant que Pélot ne s'y trouve pas, ils vont se cacher dans une haie, de buis peu touffu, avoisinante, en attendant son retour.
A l'orée du jour, Pélot qui arrive de ses escapades nocturnes, croit apercevoir un chapeau d'un gendarme caché dans un buisson. Il alerte aussitôt sa mère et sa sœur pour qu'elles lui donnent sa carabine. Des coups de feu éclatent de toute part. Après avoir blessé légèrement un gendarme. Il s'enfuit dans les bois.
Pélot et sa bande continuent ses brutalités et incivilités. Il s'en prend au vieux curé du village de Peyrun et à sa vieille servante ainsi qu'à une jeune veuve à qui il fait subir les pires sévices. Celle-ci, malgré les menaces de Pélot, s'en confie au maire qui alerte le gendarmerie aussitôt.
Puis Pélot s'en prend à un gendarme qui accompagne le percepteur et lui crible tout le corps de gros plombs. Le percepteur prodigue les premiers soins au gendarme. La brigade est en alerte : un de leur collègue a été pris pour cible. Mais Pélot court toujours. Il se venge sur un magistrat qui avait refusé un jour de lui délivrer un certificat de bonne conduite et l'abat, en plein champ, froidement. Pélot ne pense qu'à se venger et rêve éternellement de haine.
Puis vient le jour où Pélot et ses amis veulent détrousser le vieux prêtre d'un autre village. Tout ne va pas se passer comme ils veulent car ce dernier se rappelle ce qui est arrivé à son confrère et ne se laisse pas berner. Cependant Pélot décide de lui rendre visite à la tombée de la nuit. Ils malmènent les occupants et saccagent tout l'appartement à la recherche de leur butin. La jeune nièce, qui était venue voir son oncle-prêtre parvient à s'échapper mais est aussitôt rattraper. La vieille servante parvient à s'échapper et se réfugie chez le voisin pour qu'il donne l'alerte. Aussitôt, il monte au clocher et fait sonner le tocsin. Les bandits prennent la fuite emportant une partie du butin. Le curé désigne un des malfaiteurs comme l'ayant reconnu pour l'avoir vu la veille venir lui offrir du tabac. Le maire en informe aussitôt la gendarmerie qui se rend au domicile des suspects. Ils y trouvent tous les indices justifiant de leur délit. Ils apprennent que la bande fait partie de celle de Pélot.
Pélot essaie d'aller à leur rescousse mais bien vite rebrousse chemin. Lors de leur arrestations, les prisonniers nient les faits. Ils seront, malgré leurs mensonges, emprisonnés.
La contrée commençait à se réjouir de l'arrestation d'une partie des brigands. Pélot voyait son heure arriver. Il se réfugie chez un paysan qui, en le voyant, croit mourir de peur. Celle dernière finit par se transformer en terreur à la vue des armes qu'il portait. Le paysan lui offrit le repas et il finit par partir.
Pélot avait confié à un voisin des oies. Le voisin coopère avec les gendarmes en les tenant informé de ce que Pélot lui avait confié et qu'il allait venir chez lui. Aussitôt, ils conviennent d'un signe (un chiffon blanc sur le toit) pour indiquer la présence de Pélot. Le soir venu, par une nuit glaciale, les gendarmes se rendent sur les lieux et vérifient la présence de Pélot au travers des fentes des volets... Pélot est bien là au coin du feu, en train de plumer ses oies. Aussitôt, les gendarmes cernent la maison : un, nommé Pichon, à la porte d'entrée, deux autres à la porte de derrière. Au signal, le gendarme Pichon s'élance sur la porte qui s'ouvre brutalement et se rue sur Pélot qui lui-même se lève comme un éclair pour aller s'armer de ses pistolets qu'il avait posés sur le lit. Pichon, avec force, l'en empêche. Un terrible combat s'engage entre eux deux. Pichon se bat courageusement. Un coup de feu part. Les autres gendarmes arrivent au secours de leur courageux collègue. Pichon dit " Je le tiens, je l'ai blessé ! " Pélot se débat. Les gendarmes se précipitent sur les deux combattants. Pélot, perd beaucoup de sang. Il se sent affaibli. Il se rend.
Les gendarmes conduisent Pélot à la gendarmerie où ils lui prodiguent les premiers soins pour arrêter l'hémorragie. Le lendemain, à la nouvelle de cette belle arrestation, les gens, heureux d'une telle délivrance, veulent voir, une dernière fois, celui qui leur a tant causer de malheurs et de souffrances. Ils veulent tous remercier le si courageux gendarme.
La voiture qui doit amener Pélot à Tarbes arrive. Pélot jette un regard empli de haine vers la foule qui frémit d'effroi. Il monte dans la charrette et escorté de la gendarmerie, part en direction de Tarbes sous un tonnerre d'applaudissements.
Sur le chemin, le commandant donne l'ordre à un de ses gendarmes de partir au galop pour avertir le Préfet, ainsi que les habitants de Tarbes, de l'arrestation de Pélot.
A peine arrivé à Tarbes, que les gens sont déjà dans la rue. Le gendarme crie : " Pélot est pris, il arrive, il va être là. " Puis il part en direction de la Préfecture. Là, il monte précipitamment les escaliers tout en criant : " Pélot est pris, il est aux portes de la ville. "
La foule accueille les gendarmes par des cris de joie. Tout le monde se rue autour de la charrette pour voir Pélot qui leur répond par son regard empli de haine. La joie du peuple est à son comble tel un jour de grande victoire sur l'ennemi.
Interrogé, dès le lendemain, Pélot ment en bloc tous les chefs d'accusation. Un mandat de dépôt est délivré contre lui et il est conduit en prison, au milieu d'une foule en liais, où il y retrouvera sa mère, sa sœur et ses amis complices. Il subit encore trois interrogatoires où il continue à nier les faits. Désormais, l'affaire passe devant la Cour d'Assises de Tarbes, qui alors se trouve à l'emplacement du Lycée impérial. La foule qui attend est immense. Tout le monde se bouscule. Dans le Palais de Justice, l'auditoire est comble. Pélot nie toujours. Sa blessure le fait de plus en plus souffrir.
Au bout de quatre jours d'audience, Monsieur le Président des Assises, au centre du profond silence qui règne dans les lieux, prononce d'une voix ferme, l'Arrêt suivant :
" La Cour a condamné et condamne le nommé Jean Lamon Pélot, aîné, à la peine de mort ; ordonne en conséquence que, sur une des places publiques de la ville de Tarbes, il sera dressé un échafaud sur lequel il sera mis à mort par l'exécuteur des jugements criminels ; condamne ledit Lamon Pélot, aux frais de procès envers l'État. "
Aussitôt, des tonnerres d'applaudissements dans l'auditoire et aux alentours retentissent. Le lendemain, Pélot se pourvoit en Cassation.
Pélot succombera, suite à ses blessures, le 10 avril 1816, à quatre heures du soir, à l'âge de 36 ans.
(© Marie-Pierre Manet)
(Résumé du récit qui a été écrit par Dordins qui a exercé
comme commis greffier du Tribunal Civil de Tarbes,
et à ce poste, a eu accès aux archives du " procès Pélot "
ce qui lui permettra, cinquante ans après l'affaire, en 1866,
de publier son livret.)
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© Marie-Pierre MANET