L'Institut d'études occitanes des Hautes-Pyrénées avait mené, il y a un an, un travail de recherches sur la toponymie tarbaise. Un travail qui va se concrétiser ce samedi 5 décembre par l'inauguration de plusieurs plaques en occitan de rues et places de la ville de Tarbes.La municipalité avait inscrit une somme de 10.000 F sur son budget primitif à cet effet. Mais ce n'est là qu'une première tranche portant sur 14 rues, 6 places et 5 portes.
A noter que Tarbes est la première ville de Gascogne à se doter de plaques en occitan. Ci dessous, les lieux ainsi "occitanisés" avec, entre parenthèses la prononciation et un résumé de leur histoire.
La ville de Tarbes était divisée jusqu'au XVIII e siècle en 7 quartiers :
- Le quartier de la Sède ;
- Le quartier de la rue Longue ;
- Le Maubourguet ;
- Le quartier du Bourg-Vieux ;
- Le quartier du Bourg-Neuf ; Ces trois derniers quartiers sont appelés "les trois chaînes" (las tres cadenas) : en effet, on les fermait la nuit avec des chaînes.
- Le quartier du Bourg-Craber ;
- Le quartier du Bourg-Nouveau.
En gascon : La Sèda, Carrèra Lonca, Mauborguet, Borg Vielh, Borg Nau, Borg Craber, Borg Naveth. Chaque plaque de rue porte le nom de la rue et le nom du quartier.
1. Rue Brauhauban-Ouest : Carrèra deu Borg Vielh (Carrèro dou Bour Biey) : c'est la rue centrale du Bourg-Vieux.
2. Rue Maréchal Foch : Carrèra deus Grans Varats (Carrèro dous Grans Barrats) (rue des Grands-Fossés en français) : ces grands fossés protégeaient avec les remparts les deux bourgs (Vieux et Neuf). Comblés en 1769, on bâtit dessus des maisons dans les trois années qui suivent et la nouvelle rue les dessert.
3. Rue Clemenceau : Carrèra deux Petits Varats (Carrèro dous Pétits Barats) (rue des Petits-Fossés en français) : ces petits fossés protégeaient avec les remparts les deux bourgs (Vieux et neuf) côté nord. Comblés en 1769, ils furent bâtis et la nouvelle rue desservit ces habitations.
4. Rue Brauhauban-Est : Carrèra deu Borg Nau (carrèro dou Bour Naou) : c'est la rue centrale du Bourg-Neuf. Ce bourg fut réalisé postérieurement (vers le XIII e siècle) au Bourg-Vieux.
5. Rue Lordat : Carrèra de l'Espitau (Carrèro de l'Espitaou) : ouverte à la fin du XVIII e siècle, elle mène directement de l'hôpital Saint-Blaise (place Saint-Blaise) à l'hôpital.
6. Rue Abbé-Torné (de la place Verdun à l'angle de la rue Ramon) : Carrèra Lonca (Carrèro Lounco) (rue Longue), rue axe qui a donné son nom au quartier (ou l'inverse...). Au Moyen-Âge, elle était peuplée de marchands et d'artisans. Elle fut baptisée, pour des raisons politiques, rue Saint-Louis, sous la Restauration.
7. Rue Ramond (sud) : Carrèra deu Colètge (Carrèro dou Coulètyé) : elle longe la façade principale du collège du XVII e siècle.
8. Rue Portier : Carrèra de Bramavaca (Carrèro de Bramobaco) : ce nom peut-être celui d'un habitant (Bramavaque est un nom de village).
9. Rue Soucourieu : Carrèra Soccoriu (Carrèro Soucouriou) : c'est la rue en dessous du ruisseau, ce dernier étant le canal occidental qui longeait, à l'occident, le Maubourguet.
10. Rue Despourrins : Cai deu Crostet (Caï dou Croustet). Croustet étant le nom d'un propriétaire (en français : le croûton). Caï voulant dire quai. Le canal occidental passait au pied des maisons de cette rue.
11. Rue Andie-Mayer : Carrèra Nava (Carrèro Naouo) (la rue Neuve). Bâtie à la fin du XVIII e siècle, elle était neuve à l'époque. Ce nom "balladeur" passera ensuite à la rue Desaix.
12. Rue du Portail-d'Avant (de Sainte Thérèse à la place Montaut) : Carrèra deus Escarnaders (Carrèro deus Escarnadés) (rue des Ecorcheurs). C'est dans ce quartier que les abattoirs devaient être situés.
13. Porta de l'Arrelotge deu Borg Vielh (Porto de l'Arrélotyé dou Bour Biey). Cette porte, démolie en 1760, donnait accès, depuis le Maubourguet, au Bourg-Vieux. Une horloge devait surmonter la bâtisse. Démolie en 1760.
14. Portau deu Borg Nau (Pourtaou dou Bour Naou) (portail du Bourg-Neuf). A l'angle de l'actuelle rue Brauhauban et de la rue Paul-Bert, il donnait accès par l'est au Bourg-Neuf. Démoli en 1735.
15. Porta Trepader (Porto Trepadé) : à l'angle actuel de la rue Abbé-Torné et de la place Verdun, elle donnait accès à la rue Longue (Carrèra Lonca) par le Maubourguet. Trepader (de trepar : trépigner) désignerait peut-être un lieu où étaient installés des marteaux de foulon (le canal occidental les entraînant). Démolie en 1760.
16. Portau de Horcada (Pourtaou de Hourcado) : sortie de la rue Ramond sur le cours Reffye. Porte d'entrée sud des quartiers de rue Longue et de la rue de La Sède. Horcada serait un nom de personne (en français : Fourcade). Démoli en 1758.
17. Le Portereau (Lou Pourteraou) : à l'entrée de la rue Ramon Nord par la rue G.Lassalle. Il donnait accès au quartier de rue Longue par le nord. D'après les archives, il servit de lieu de débauche au XVIII e siècle. Il ne fut démoli qu'au cours du XIX e siècle.
18. Place Jean-Jaurès : Plaça de la Porteta (Plaço de la Pourtéto) : place de la Petite-Porte, du nom de la petite porte (la porteta) qui s'ouvrait au pied du château comtal pour donner accès à la rue du Bourg-Vieux.
19. Place Saint-Jean : Plaça Sent Joan (Plaço Sén Youan) : du nom de la paroisse du Bourg-Vieux de Tarbes.
20. Place Général de Gaulle : Plaça de la Sèda (Plaço de la Sèdo) : la Sèda étant le nom occitan pour le siège épiscopal (en catalan Seu ; en castillan Seo). Cette place se trouvait devant la cathédrale et l'évêché.
21. Place Verdun : Plaça deu Mauborguet (Plaço dou Maoubourguet) : le mauvais (mau) petit bourg (borguet). Cette place n'avait pas bonne réputation. Le Moyen-Âge y avait installé la halle à la viande (lo maseth), vecteur d'épidémie.....
22. Place du Marcadieu : Lo Marcadiu (Lou Marcadiou) : le mot par lui-même désigne la place du marché, en gascon (à rapprocher du Marcadau au dessus de Cauterets et du Marcadal de Lourdes). Le nom est attesté dès le Moyen-Âge et donc bien avant le meurtre d'un Carme par les protestants (XVI e siècle) qui aurait, selon certains, donné l'étymologie "marca de Diu", marque de Dieu.
23. Place Parmentier : Plaça Sent Peir (Plaço Sén Pèy) (Saint-Pierre) : elle était alors dans le prolongement de la rue Saint-Pierre (rue Lamartine).
(Ma grand-mère,
pleine de bonnes intentions,
a découpé le nom du journaliste....)
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