Éducation des Doctrinaires
en 1777
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Plan de l'éducation que l'on donne à MM. les pensionnaires du Collège de Tarbes
des prêtres de la doctrine chrétienne
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Cultiver l'esprit et le remplir de connaissances utiles ; régler le cœur par des principes d'honneur et de probité ; former l'honnête homme et le chrétien, tel est le noble emploi des maîtres préposés à l'éducation de la jeunesse. Le plan d'éducation englobe ces grands projets : les mœurs, la religion, la politesse, les lettres.


Des mœurs - La pension du Collège de Tarbes se fait également un loi de ne recevoir que des jeunes gens de bonnes mœurs et de rejeter de son sein quiconque serait reconnu pour en avoir de mauvaises. Un des premiers soins des maîtres est de former le cœur des élèves qu'on leur confie ; de mettre à couvert leur innocence dans un temps où ils sont susceptibles de toutes sortes d'impressions, de leur faire prendre de bonnes habitudes ; de corriger leurs défauts et de vaincre leurs mauvaises inclinaisons. Pour atteindre ce but, ils s'appliquent à connaître leur caractère, leur humeur, leur penchant ; à leur inspirer, autant qu'il est possible, l'amour des vertus morales et chrétiennes ; à les rendre vrais, humains, compatissants, généreux ; à leur faire aimer le travail, la tempérance, la simplicité ; à les accoutumer enfin à une prompte et exacte obéissance, sans jamais se départir de la modération et de la douceur qui rendent l'autorité aimable.


De la religion - La prière se fait toujours en commun le matin et le soir, au commencement de chaque exercice, avant et après le repas. Celle du matin est suivie d'une lecture de quelques versets du nouveau testament, sur lesquels on fait de courtes et pieuses réflexions, qui ont rapport aux besoins de MM. les pensionnaires. On lit après celle du soir un chapitre de l'imitation de Jésus-Christ. On entend chaque jour la sainte messe. MM. les pensionnaires sont tous reçus à la congrégation des écoliers, et ils assistent à tous les exercices qui s'y font les dimanches et jours de fête, le matin et le soir. Le travail d'après-midi est tout consacré à la religion. C'est alors qu'on apprend par mémoire le Catéchisme du diocèce, le Nouveau Testament, ou quelqu'autre livre propre à éclairer et à nourrir la piété. Le soir pendant le repas, on rend compte des études faites dans chaque classe, durant la semaine, relativement à la religion.

MM. les pensionnaires doivent choisir leur confesseur parmi ceux du Collège et du séminaire, se confesser une fois chaque mois et produire à celui des maître qui en tient le registre, un billet de confession. On les exhorte souvent, surtout à l'approche des grandes fêtes, à fréquenter le sacrement de la divine Eucharistie. Ceux qui n'auront pas fait leur première communion, trouveront dans la maison tous les secours nécessaires, pour s'y disposer saintement.

On ne sort les jours de dimanche et de fête que dans des cas extraordinaires. Une fois chaque mois, on visite les pauvres de l'hôpital et les prisonniers.


De la politesse - La politesse ne fait point le mérite, mais elle en rehausse l'éclat et le supplée quelquefois. On prend en conséquence dans la pension un soin tout particulier d'en apprendre et faire observer les règles à MM. les pensionnaires. On leur fait remarquer dans chaque circonstance ce que l'ordre et la bienséance approuvent ou condamnent ; c'est surtout à table et dans les récréations, qu'on les observe et qu'on tâche de former leurs manières à l'usage du monde poli. On s'attache aussi à accoutumer MM. les pensionnaires à la propreté, à l'ordre, à l'exactitude, en les obligeant à prendre soin de leur extérieur, sans donner dans l'affectation ; à se rendre à leurs différents devoirs au moment précis et marqué ; à tenir en bon état leurs habits, leur linge, leurs livres. Cette exactitude est d'une grande importance pour tous les temps et pour toutes les conditions de la vie.


Des lettres - On n'oublie rien de ce qui peut contribuer aux progrès de MM. les pensionnaires dans tous les genres de littérature et de science. Le succès dépend principalement de la distribution de leur temps et de la manière de leur en faire remplir les différentes parties.

On les éveille tous les jours à cinq heures. Au quart, ils se rendent à la salle d'étude, où après la prière, ils étudient jusqu'à six heures et demi ; ils se rendent alors à la chambre de leurs professeurs respectifs, où ils corrigent le devoir qui a été prescrit en classe.

Pendant le repas, on fait toujours des leçons de littérature ou de philosophie ou quelque lecture intéressante. Chaque pensionnaire fait cet exercice à son tour. La récréation qui suit le repas, est d'environ une heure. Pendant celle de l'après-dîner, des maîtres étrangers viennent donner des leçons d'escrime, de danse, d'écriture, de musique vocale et instrumentale, de dessin, etc. Cet exercice dépend de la volonté des parents.

A une heure et demie, les pensionnaires des basses classes vont rendre compte de leur étude, comme le matin, à leurs professeurs respectifs. MM. les philosophes demeurent dans la salle d'étude sous les yeux d'un des maîtres.

La classe publique du soir est suivie de l'étude jusqu'à sept heures, que vient le souper, et ensuite la récréation.

A huit heures trois quarts, on va se coucher. Chacun fait à son tour, en se déshabillant, une prière à laquelle tous les autres répondent à demi-voix. Les maîtres, pendant la nuit, s'assurent par eux-mêmes que tout se passe dans l'ordre.

Les jours de congé, on n'éveille MM. les pensionnaires qu'à six heures. Après la prière et la messe, ils sont appliqués à leurs devoir de classe et ensuite à des études particulières d'histoire, de géographie, de chronologie, etc... L'après-midi est partagée entre cette étude et la récréation, ou la promenade, si le temps permet d'y aller.

Pendant le temps de l'étude, il n'est permis à aucun pensionnaire de parler à des étrangers, si ce n'est à leurs parents ou à leurs correspondants.

A la fin de chaque année MM. les pensionnaires feront un exercice public sur les matières qui auront fait l'objet de leurs études particulières ; et cet exercice ne sera point un obstacle à celui de leur classe.

Jusqu'ici, on s'est fait une loi de ne recevoir dans la pension que des jeunes gens qui pûssent suivre le cours des classes. Le désir sincère qu'ont les P. P. de la doctrine chrétienne de servir le public, les portes à les révoquer. On recevra donc des jeunes gens qui se destinant à l'état militaire, ne croient pas devoir apprendre le latin, ou qui l'ayant déjà appris ont besoin d'autres connaissances. Le calcul et la géométrie seront le principal objet de leur étude. A cela, on joindra l'histoire, la géographie, la chronologie et les autres connaissances nécessaires à un jeune homme, pour paraître avec décence dans le monde poli.

On recevra, également, de jeunes enfants, qui ne seront pas en état de suivre une classe. On aura d'eux un soin tout particulier, et on leur fournira des maîtres qui leur apprennent les éléments de la grammaire et les mettent bientôt en état d'entrer en cinquième.

On fournira aussi de semblables maîtres à ceux qui, se trouvant faibles dans leur classe, auraient besoin d'un secours particulier pour y réussir.


Conditions - La pension est à vingt-huit livres par mois ; sur quoi on fournit le blanchissage, les draps de lit, le linge de table, la chandelle, l'encre, les plumes et le papier.

Les pensionnaires à qui il faudra fournir un maître particulier pour les mathématiques, ou pour la grammaire donneront trente-quatre livres.

La pension se paye toujours d'avance et pour trois mois. On ne distrait rien pour des absences de quatre à cinq jours ; mais on rembourse tout ce qui reste d'un trimestre, soit que MM. les parents retirent d'eux-mêmes leurs enfants, soit qu'on les prie de les reprendre.

MM. les pensionnaires n'iront chez leurs parents pendant l'année classique que dans des circonstances importantes.

On demande :

1) que chaque pensionnaire, s'il est de loin, ait un correspondant dans Tarbes, tant pour l'exactitude des paiements de la pension que pour se charger du pensionnaire lui-même, dans le cas où on ne pourrait plus le garder dans la pension.

2) qu'il ait un couvert d'argent, dont le domestique réfectorier lui répondra sur ses gages, moyennant douze sols par an.

3) qu'il se procure une malle ou une armoire, où il puisse mettre sous clef tout ce qui lui appartient.

4) qu'il remette en arrivant un état de tous ses effets, afin qu'on puisse les lui faire représenter de temps en temps, et en empêcher par ce moyen la dissipation.

5) que son linge, bas, mouchoirs, etc... soient exactement marqués, et tout de la même manière.

On fait peigner tous les jours les pensionnaires qui ne sont pas en état de le faire eux-mêmes, moyennant dix sols par mois. Le baigneur se paye a raison de vingt sols chaque mois. Les maîtres de musique, de dessin, d'écriture, d'escrime, de danse, etc., exigent trois livres.

L'expérience apprendra à MM. les parents que, dans la pension du Collège de Tarbes, on se fait un devoir rigoureux d'observer exactement tout ce qui est annoncé dans ce plan d'éducation.




 


[Fondation du Collège de Tarbes]








Notes

[1] Sources : Gallica.bnf.fr
Bibliothèque Nationale de France
Bulletin de la Société académique
des Hautes-Pyrénées - 1886 - Le Collège de Tarbes.
Société académique
des Hautes-Pyrénées



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© Marie-Pierre MANET






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