de Marie-Pierre Manet |
Nombreux sont les participants à un rallye qui sont venus haletants, la feuille de papier et la pointe-bille à la main, me demander : "Quelle est la maison la plus ancienne de Tarbes ?" Beaucoup d'entre eux se sont contentés de noter la réponse minimale : "C'est la maison de Briquet", sans même ajouter "2, Rue Ramond" Quand à aller la regarder et reconnaître ses signes distinctifs.....Dans les premiers jours du mois d'août, une personne, membre de l'ASSALEPT (Association pour le sauvetage du site des allées Leclerc et du patrimoine tarbais), regardait la façade nord de la maison de Briquet, depuis la rue Georges-Lassalle, c'est-à-dire par dessus deux magasins bas, accolés à la vieille demeure. Observant les travaux de ravalement en cours, elle est tombée en admiration, devant une fenêtre romane dégagée du vieil enduit qui recouvrait le mur. Certes, l'ouverture avait été grossièrement rebouchée, mais l'encadrement de briques foraines est intact. On remarque, en particulier, la disposition rayonnante que le bâtisseur avait donnée aux briques pour construire le plein cintre à l'aide d'un coffrage en bois.
Comme la cathédrale.
Pour la première fois, à Tarbes, ce genre de construction est retrouvé dans une demeure privée. Jusqu'ici, on ne connaissait que quatre fenêtres romanes d'époque et exactement du même type, mais elles sont sur la tour-lanterne de la Cathédrale. Jadis, elles ont servi à éclairer la croisée du transept, rôle aujourd'hui dévolu aux quatre grandes fenêtres gothiques, percées plus haut, dans le second niveau de la tour-lanterne surélevée au XIV e siècle pour prendre l'aspect que nous lui connaissons avec son voûtement octogonal, sur arcs diagonaux. Aujourd'hui, des volets recouverts de peinture marron - peu esthétique - obturent ces baies romanes qui ne prennent plus jour sur l'extérieur, à la suite de vicissitudes qu'il serait hors sujet d'évoquer ici. Mais la technique de construction est absolument la même à la cathédrale et à la maison du Briquet, où, également, sur la façade nord, les chaînes d'angle sont, en briques foraines.
Un livre de 400 pages.
En 1895, un érudit haut-pyrénéen, l'abbé Joseph DULAC, avait publié "la généalogie de la famille de Briquet", aboutissement de plusieurs années de recherches. Son livre, de plus de quatre cents pages, est une somme d'histoire locale, tant par le corps de l'ouvrage que par les notes et les illustrations ajoutées. Il fut aussi le chant du cygne de son auteur qui mourut deux ans après la publication.
Le point de départ avait été la sympathie que ce prêtre avait portée à des paroissiens de Vic-Bigorre où il avait été vicaire de 1855 à 1862. Ces personnes, une mère veuve, deux filles et un fils, qui devait mourir sans postérité en 1889, étaient les derniers descendants de Jacques de Briquet venu de Blois s'établir à Tarbes vers 1600. Mais l'abbé Joseph Dulac s'était également intéressé à la maison que Jacques de Briquet avait achetée à Tarbes. C'était un ensemble immobilier qui comprenait une bâtisse au sud longée par l'axe passant (appelé aujourd'hui rue de la Victoire) et un corps principal au nord proche de la muraille de la ville (actuellement disparue et dont l'emplacement est occupé par les immeubles portant les numéros impairs rue Georges-Lassalle).
En bon historien, l'auteur avait recherché les origines de propriété aussi loin que possible dans le passé. Après avoir évoqué les générations successives de la famille de Briquet qui avaient donné du lustre à l'ensemble immobilier, il avait noté la vente faite en 1766 aux Gémit de Luscan, père et fils. Avec une certaine délectation l'abbé DULAC avait transcrit la convention très détaillée de travaux passée quatre ans plus tard entre le chanoine Alexandre Gémit de Luscan et un maçon nommé Soulé. Notre érudit trouvait dans cet acte notarié la description de l'imposante et vieille demeure du fond telle qu'elle était demeurée en 1895 et telle que nous la retrouvons encore malgré les outrages du temps.
Avec exactitude, il avait noté la date de 1805, année de la vente de l'ensemble en deux lots, qui, désormais, eurent des destins différents. Un peu rapidement, il avait nommé les propriétaires successifs de la maison méridionale. Bien entendu, il avait négligé les locataires. Qui, en 1895, se souvenait que quarante-six ans auparavant, Napoléon Foch, secrétaire de la Préfecture, l'avait louée et que ses trois garçons y étaient nés ? Cependant la gloire de la victoire remportée en 1918 a attaché le patronyme de Foch à la maison méridionale. Mais grâce à l'érudition du bon abbé DULAC - qui au demeurant était fort caustique - le patronyme de Briquet est demeuré inséparable de l'autre demeure. Son historien notait déjà avec tristesse le peu d'intérêt que lui portait le propriétaire d'alors.
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Lucienne MICHOU.
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Publication autorisée par "La Nouvelle République des Pyrénées".© Marie-Pierre MANET