Le professeur Lordat
(1773 - 1862)
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[1]L'illustre professeur Lordat est né au pied des Pyrénées centrales, dans la charmante petite ville de Tournay, le 11 févirer 1773.

Élève chez les doctrinaires de Tarbes, il se disposait à entrer dans leur compagnie, lorsqu'elle fut dissoute par les évènements de la Révolution. Le hasard le plus inattendu le jeta dans la médecine, et le célèbre Parmentier, qui lui en ouvrit les portes, se félicita longtemps d'avoir, le premier, discerné les aptitudes de M. Lordat.

À 20 ans, il était chirurgien militaire de troisième classe et attaché comme tel à l'armée des Pyrénées-Orientales. Il y rencontra Larrey, Ribes, Double, et ces quatre jeunes gens conçurent les uns pour les autres une affection qui n'a cessé qu'à la mort des trois premiers.

En 1795, il arrivait à Montpellier, et deux ans plus tard, il se présentait à la Faculté et soutenait devant elle une thèse remarquable. C'est à l'occasion de ce travail qu'il connut le célèbre Barthez, et à dater de ce moment prirent naissance entre l'illustre chancelier et le jeune docteur les relations amicales qui eurent tant d'influence sur l'avenir scientifique de M. Lordat et qui ne furent pas sans profit pour Barthez lui-même.

Avant d'arriver au professorat, M. Lordat passa tous les degrés de la hiérarchie didactique, et en 1811, à la suite d'un très brillant concours, il fut nommé professeur de pathologie chirurgicale. Il conserva cette chaire jusqu'en 1813, époque à laquelle le vœu unanime de la Faculté le porta à celle de Physiologie vacante par la mort du célèbre professeur Dumas.

De 1816 à 1830, M. Lordat fut chargé, en qualité de doyen, de la direction de la Faculté, et l'on ne peut faire un pas dans cet édifice sans rencontrer les traces de son administration éclairée, dévouée. Le grand amphithéâtre terminé, des amphithéâtres pour les cours particuliers créés, de vastes locaux inoccupés recevant tous une destination utile et contribuant à l'embellissement comme à l'hygiène plus convenable de ce grand édifice, la bibliothèque augmentée, embellie, rendue plus commode, une collection remarquable de dessins originaux donnée à la Faculté sur les instances de M. Lordat et sur son refus de l'accepter pour lui-même, ce ne sont là que quelques-uns des actes de son passage au Décanat.

Parmi les professeurs éminents dont la Faculté de médecine de Montpellier et la France s'honorent, M. Lordat doit être placé non seulement à côté de ceux qui occupent le premier rang, mais à un rang à part. Cette place exceptionnelle, il l'a conquise par une originalité réelle, par quelque chose qui lui était propre dans l'art difficile d'enseigner. Il avait, on peut le dire, le véritable génie de la didactique. Cette aptitude exceptionnelle et rare, secondée par un travail immense, incessant, lui a permis de réaliser des prodiges : faire progresser la science, améliorer les ressources de l'art, créer des élèves pour tous les points du monde, compter de nombreux ouvrages, dont plusieurs traduits à l'étranger lui ont ouvert des portes des plus illustres académies ; enfin lutter avec énergie contre l'envahissement des doctines rivales et des idées organicienne ou matérialistes. Il s'est constamment tenu à la brèche avec une intrépidité héroïque. La raillerie, l'ironie, l'engouement du public pour de pauvres nouveautés, rien n'a pu diminuer son courage, et il a vécu assez pour assister au triomphe définitif de ses idées, et jouir en paix du succès de ses efforts.

Chevalier de la Légion d'honneur en 1826, officier du même ordre en 1846, il reçut la croix de commandeur en 1857, alors que ses forces trahissant son zèle, il fut obligé de réclamer un repos bien noblement conquis. M. Rouland, ministre de l'instruction publique, prononçait à cette occasion ces mémorables paroles : " Publiciste distingué, professeur éloquent, M. Lordat demeure à 87 ans le représentant le plus autorisé d'une École dont il personnifie les doctrines et dont il est la gloire. "

(Galeries biographiques du Midi de la France)




Notes

[1] Sources : Gallica.bnf.fr
Bibliothèque Nationale de France
En cournè det houéc ;
Journal des cours d'adultes du département des Hautes-Pyrénées
Société d'entraide pédagogique - Bagnères - 1937.



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© Marie-Pierre MANET








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