Théophile Gautier
(1811-1872)
Tel qu'il était
.
[1]




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de Marie-Pierre Manet


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Portrait Théophile Gautier[2]

Gautier, dessin de Chassériau
BNF Gallica - Bibliothèque Nationale de France.


Origine de sa famille


[1]La famille de Théophile Gautier était originaire du Comtat Vencissin, propriété des papes jusqu'en 1791, où elle posédait un bien-fonds constitué, en partie, par une montagne nommée l'Avançon.

Un grand'oncle du poète, contemporain de Louis XV, avait était haut fonctionnaire des finances de l'État. Il avait rendu, paraît-il, d'importants services au pays, en période de disette, et avait été, pour ce fait, anobli par le roi. Ce financier ajouta dès lors à son nom, le nom de sa montagne et se fit appeler Gautier d'Avançon. Sur son blason, il fit inscrire cette devise, fort pertinente pour un financier : "D'or j'ai soucis". Il est vrai que sur ce blason figuraient trois soucis de couleur jaune.

[4] Le grand-père du poète était un être assez original, doué d'une force herculienne, ce dont il n'était pas peu fier, errant, farouche et solitaire, le fusil en bandoulière, sur les pentes de son Avançon. Quand il butait sur un quartier de roche, pris d'une subite colère, il déchargeait à bout portant les deux cartouches de son arme sur cette misérable pierre... Cet hercule vécut plus de cent ans. Peut-être le petit-fils a-t-il hérité du caractère de son grand-père ? Il se reconnaissait un certain penchant à la violence et faisait volontiers, lui aussi, étalage de sa force, nous le verrons par la suite.

Le père de Théophile Gautier, quoique simple fonctionnaire du cadastre, épousa la sixième et dernière sœur de la comtesse de Poudens. D'origine roturière, elles étaient les filles d'un tailleur nommé Cocard. Le mariage eut lieu le 6 décembre 1810.

Puis les jeunes époux allèrent passer leur lune de miel au château d'Artagnan qui appartenait à l'abbé de Montesquiou qui fut ministre de l'Intérieur de Louis XVIII, de 1813 à 1814. C'est dans ce château que le poète fut conçu.

Comment expliquer les relations du simple fonctionnaire du cadastre avec l'abbé de Montesquiou ?

Jean-Pierre Gautier, le père du poète, avait toujours affiché de sincères et profondes opinions monarchistes. Tout jeune, il avait sauvé plusieurs nobles et prêtres, emprisonnés pendant la Révolution, en les faisant passer par les latrines de la prison. Il devait à cette action libératrice, à ses convictions royalistes bien connues, d'être traité en égal par les plus nobles familles du Comtat Vencissin. Ce fut par elles, assurément, qu'il fut mis en rapport avec l'abbé de Montesquiou. Quand les Bourbon furent remontés sur le trône, ce fut par l'abbé que le roi, voulant récompenser son dévouement à la cause royale, lui fit demander ce qu'il pouvait faire pour lui.

Le duc de Montesquiou-Fezensac, parlant de l'abbé de Montesquiou, déclarait à Claude Pasteur qui le rapporte dans le numéro d' " Historia" d'octobre 1963 : " On chuchotait à l'époque que l'abbé était le père du Poète Théophile Gautier."

Et l'esthète Robert de Montesquiou, le poète, auteur des "Hortensia bleus", des "Chauves-souris", tenait beaucoup à ce qu'on le crût.

Tarbes est sa ville natale


Quoi qu'en en ait dit, Théophile Gauter est né à Tarbes le 30 août 1811, au numéro 23 de la rue du Bourg-Vieux - rue Brauhauban - dans une vieille maison peu confortable.

M. Derosier, dans une plaquette sur Théophile Gautier parue en 1963, à l'occasion du centenaire de la publication du "Capitaine Fracasse", signale dans quelles conditions précaires, gênantes, la famille y était logée.

" Les chambres contenaient, outre le mobilier du loueur, une foule d'objets hétéroclites provenant d'une troupe de comédiens ambulants, objets que le propriétaire avait retenus en gage, car ils n'avaient pas payé leur loyer. "

Le père de Théophile Gautier était, en 1814, nommé à Paris chef de bureau dans l'administration des octrois ; l'abbé de Montesquiou n'était probablement pas étranger à cette nomination. Gautier avait trois ans.

Théophile Gautier à Paris


À l'âge de huit ans, ses parents le mirent, en qualité d'interne à Louis-le-Grand où il s'ennuya tellement qu'ils durent l'en retirer. Ils lui firent suivre alors les cours du lycée Charlemagne, comme externe libre. Son père, homme très instruit, véritable érudit, lui servait de répétiteur et fut, de l'avis de Gautier lui-même, son maître. " Si j'ai quelque instruction et quelque talent, c'est à lui que je les dois. "

Pendant qu'il était en rhétorique, il se prit d'une passion très vive pour les exercices physiques, et particulièrement pour la nage. Fréquentant une école de natation, près du pont d'Austerlitz, il conquit l'insigne du caleçon rouge accordé aux meilleurs élèves. C'était porter le caleçon rouge avant le gilet rouge !

Au lycée Charlemagne, il se lia d'amitié avec son condisciple Gérard de Nerval qui, à dix-sept ans, avait déjà publié un recueil de vers et qui le fit entrer en relation avec Victor Hugo. Celui-ci l'aiguilla vers la poésie. Il abandonna la peinture qu'il pratiquait déjà une réelle application, dans l'atelier du peintre Rioult.

La première d' "Hernani"


Ce fut Gérard de Nerval qui lui apporta, de la part de Victor Hugo, six plaques marquées "Herrio" pour assister, avec quelques amis, à la première d' "Hernani". Gautier avait 19 ans.

Il fit donc partie de cette bande de jeunes gens chevelus qui, face aux Philistins, aux crânes chauves, aux vieilles perruques, venaient défendre "l'art libre". Parmi cette horde de "jeunes barbares", Gautier se faisait remarquer par sa longue chevelure et surtout par son gilet qui n'était pas rouge, mais rose.

" Un gilet rouge, allons donc ! C'était un pourpoint rose que je portais à la première d' "Hernani", a écrit Gautier. Et cela, messieurs, est très important ! Le gilet rouge aurait indiqué une nuance politique républicaine. Il n'y avait rien de ça. Nous étions simplement moyenâgeux... Un républicain, nous ne savions pas ce que c'était. Nous représentions le partie mâchicoulis, mâchicoulis et voilà tout, et rien que mâchicoulis. "

Les bourgeois étaient restés stupéfaits et indignés devant cette bandes d'êtres bizarres aux longs cheveux tombant qur les épaules. " Certes, disaient ces manifestants, nous ne pouvions nous promener avec une perruque poudrée à frimas comme de grands seigneurs d'ancien régime. "

Ils portaient des habits fantaisistes, selon leur seul goût individuel, de toutes les formes, excepté à la mode, de tous les siècles et de tous les pays, sur la tête et sur les épaules. Ils ne ressemblaient nullement à de jeunes bourgeois élégants, tirés à quatre épingles.

Des hypis en somme !

" Ce fameux gilet rouge, a dit Gautier, je ne l'ai mis qu'un jour et je l'ai porté toute la vie. "

Les propos subversifs de Gautier


Dès cette époque, Gautier se prit à employer un langage qui n'avait rien d'académique. Que de phrases truculentes, paradoxales, voire séditieuses, que d'énormités n'a-t-il pas prononcées et écrites ! Voici quelques spécimens :

" Ne trouvez-vous pas ce temps-ci assomant ? Il y a une morale imposée par les bourgeois contemporains à laquelle il faut se soumettre. Ah ! Les bourgeois ? Il se passe des choses énormes chez les bourgeois. J'ai pénétré dans quelques intérieurs, c'est à se voiler la face. La tribaderie !

" Il y a des moments où je voudrais tuer ce qui existe : les serpents de ville, M. Prudhomme, les pioupious, toute cette cochonnerie-là.

" ... Je me donne des coups de pied quelque part, toute la journée, pour ma lâcheté. Je devrais voler la Banque de France, assassiner quelques bourgeois, suriner un capitaliste "

Il y a encore le couplet, assez peu connu, je crois, sur la nocivité du pain quotidien.

" Vous expliquez-vous l'habitude de manger du pain avec chaque mets et de mélanger une bouchée de cette colle fade et insipide à chaque portion d'aliment qui nous ingurgitons ? Les enfants sont dans le vrai quand ils lèchent les confitures et laissent la tartine... Le pain est une invention occidentale, bête et dangereuse. Il a été imaginé par les bourgeois avares et leur a valu des révolutions. Souvenez-vous du peuple de Paris ramenant de Versailles le boulanger, la boulangère et le petit mitron... Si l'on supprimait le pain, les révolutions n'auraient plus de prétexte. Le pain est encore le corrupteur suprême du goût, l'un des cinq sens pour lequel Dieu le Père s'est le plus torturé sa cervelle de créateur. Et dire que les philantropes et les humanitaires se croient très forts quand ils crient : il faut du pain pour le pauvre peuple! "

Louis XIV, le roi soleil, était, après le bourgeois, sa bête noire. Voici comment il le traitait (Je me suis permis, dans cette citation, d'atténuer la crudité de certains termes).

" Un porc grêlé comme une écumoire et petit... Il n'avait pas cinq pieds, mais 1.62 m seulement, le grand roi. Toujours à manger et à trôner sur sa chaise percée ; ça sentait mauvais autour de cet individu... Une fistule dans le croupion et une autre dans le nez, qui corrrespondait avec le palais... Ça lui faisait juter les fosses nasales toutes les sauces et toutes les juliennes dont il s'empiffrait... et c'est vrai ce que je dis là ! "

Théophile Gautier avait un scinte horreur des journalistes, des reporters qui ne respectent aucune intimité, toujours à l'affût de la moindre attitude, du moindre geste, si solitaires soient-ils.

" Vous avouerez qu'il est assommant de ne pouvoir entrer au cabinet, par exemple, sans que toute la presse publie le lendemain : " Gautier a la colique" ! Outre que cela peut nuire à ma considération dans les salons, cela peut avoir aussi de funestes conséquences, car enfin, si on poste des reporters à la porte de pareils endroits, personne n'osera y entrer ouvertement comme on l'a fait jusqu'à présent, et voilà toute une branche de l'industrie dévastée, détruite, et que de gens réduits au chômage ! "

Le vrai langage du maoïste !

" La musique est la plus désagréable de tous les bruits". Cette phrase a été attribuée à Théophile Gautier et, s'il n'est pas certain qu'il l'ait prononcée - il préférait la conversation, la discussion - il a pourtant déclaré : " Je dois avouer que le grincement d'une scie ou celui de la quatrième corde que pince le plus habile violoniste me fait exactement le même effet. "

Gautier en son âge mûr


Avec l'âge, il s'était assagi, il avait dépouillé la truculence, la férocité de ses théories, l'attitude et le langage outrecuidant de sa jeunesse.

Ce langage, en effet, aurait certainement détonné dans le salon de la princesse Mathilde dont il était devenu un habitué et où sa faconde, sa verve plus policées, écrit Goncourt, enchantaient ses auditeurs qui oubliaient de se scandaliser quand lui échappaient, involontairement, quelques phrases virulentes, quelques termes insolites.

Dans ce salon princier fréquentaient des hommes politiques, des peintres, des écrivains tels que Sainte-Beuve, les frères Goncourt, Flaubert, Renan, Taine.

Un jour, il dit à Taine qui mettait Musset au-dessus de Victor Hugo, son idole : " Taine, vous me semblez donner dans l'idiotisme bourgeois. Demander à la poésie du sentimentalisme... ce n'est pas ça. Des mots rayonnants, des mots de lumière... avec un rythme et une musique, voilà ce que c'est que la poésie "

Et c'est là, me semble-t-il, la définition de sa propre poésie.

Peut-on déduire de tout ce qui précède que Gautier avait passé son temps à scandaliser le bourgeois ?

En réalité, il avait mené une existence de galérien des lettres. La somme de ses romans, poésies, contes, nouvelles, relations de voyages, articles, équivaut à peu près à l'œuvre de Balzac.

Le manque de fortune, et l'âge venant, devait le contraindre à des travaux littéraires absorbants. De 1836 à 1872, c'est-à-dire pendant trente-six ans, il n'a cessé d'écrire, sur tout et à propos de tout, dans tous les journaux d'époque. Pour dire qu'il allait travailler, il disait : " je vais mettre du noir sur du blanc. "

Rédiger un article nécrologique c'était, pour lui, faire le métier de croque-mort.

Si l'on voulait éditer l'œuvre complète de Théophile Gautier, on ne s'en tirerait pas à moins de trois cents volumes. Il a donné lui-même ce chiffre effrayant.

" Il était tellement en possession de tous ses moyens d'exécution que la pensée, sous sa plume, revêtait instantanément sa forme absolue, définitive, affirme son gendre. Émile Bergerat. Je ne connais pas de lui un manuscrit raturé. Je n'en connais pas non plus de ponctué "

Il ne fut pas de l'Académie française qu'il dénommait : " Suzanne aux quarante vieillards "

" Ce n'est pas trois cents volumes, dont dix chef-d'œuvre, qui en feront passer la porte. On naît académicien comme on naît archevêque, cuisinier ou sergent de ville, et celui qui doit l'être ne meurt pas sans l'avoir été. "

Outre ses écrits, et se souvenant de son pasage dans l'atelier du peintre Rioult, il avait repris, à temps perdu si l'on peut dire, les pinceaux pour raviver les tableaux de l'église de Maupertuis, brosser les portraits du boucher, de la jolie servante du curé, d'un vieux paysan, de sa mère, de sa sœur, de petites filles mortes.

Gautier fut aussi un grand voyageur ; il visita l'Angleterre, l'Espagne, l'Italie, la Grèce, l'Egypte, la Turquie, pays sur lesquels il rédigea des relations de voyage qui ne manquent pas d'intérêt.

Gautier et les jeux de l'Amour


Toute cette activité, tous ces déplacements ne l'empêchaient pas cependant de fréquenter le beau sexe.

" Il avait, écrit sa fille Judith Gautier, une prédilection marquée pour la société des femmes. "

Il ne s'en cachait pas et appelait ses fréquentations " ses amitiés voluptueuses. "

Des modèles d'ateliers de peinture, des actrices, de grandes dames prirent, tour à tour, possession de son cœur, mais jamais à long terme.

Il y eut la très aimée Carlotta Grisi, Marie Mattéi, la Païva - qui fut aussi l'ami de Gambetta - Alice Ozy, la comtesse Marie Nesseirode, Ernesta Grisi, sœur de Carlotta, Eugénie Fort... J'en passe et des meilleures.

Elles lui inspirèrent plusieurs poèmes d'Emaux et Camées, tels que " Affinités secrètes " pour Carlotta Grisi, " Symphonie en blanc majeur " pour la comtesse Nesseirode, " Diamant de cœur " pour Marie Mattéi, " Cœrulei oculi " pour Ernesta Grisi[3]. Celle-ci, cantatrice aux italiens, le gratifia de deux filles, Judith, qui épousa le poète Castulle Mendès, et Estelle, mariée à Émile Bergerat. Eugène Fort, elle, lui donna un fils, " Toto, qui fut attaché à la préfecture de Clermont-Ferrand, puis sous-préfet d'arrondissement du Puy-deDôme.

En famille[3]

Théophile Gautier, Ernesta Grisi et leurs deux filles : Judith et Estelle.
BNF Gallica - Bibliothèque Nationale de France.


Il est vrai que Théophile Gautier était fort bel homme, si l'on en juge par un dessin du peintre Chassériau [2], qui le représente à vingt-cinq ans. Quand le poète, dans les dernières années de sa vie, montrait ce dessin, il proclamait avec fierté : " Voilà ce que j'ai été ! "

Une de ses coquetteries était de faire preuve de sa force, qui était peu commune, héritage, assurément de son terrible grand-père [4]. Dans la verdeur de l'âge, il avait, à Maupertuis, arrêté net un attelage de chevaux emballés, en les saisissant de face, par les naseaux. Il avait promené, autour d'un salon, deux hommes à bras tendus.

Pour acquérir pareille force, pectoraux d'athlète, biceps d'acier, et sans doute aussi, pour exercer sans défaillance ses fonctions de don Juan, il s'était mis à manger cinq livres de mouton saignant, à boire trois bouteilles de vin de Bordeaux et à lever des poids.

C'est à ce régime qu'il soumit une grande fille, grande comme lui, - gigot, bordeaux et haltères - qui se trouvait aussi apte, si j'ose dire, à répondre à toute réquisition.

Il avait auparavant une petite amie qui, en mauvaise condition physique, et peut-être aussi succombant à la tâche, se mourait de la poitrine. Gautier, sans façon, l'avait renvoyée.

Le pupitre du collège de Tarbes


Ayant quitté Tarbes à l'âge de trois ans, Gautier n'y revint qu'en 1860, à 49 ans. Il raconte ce qui lui advint durant ce séjour dans sa ville natale.

" Pendant que j'étais à Tarbes, j'appris de mes compatriotes que mon pupitre d'écolier était religieusement conservé au collège de la ville. Je résolus de connaître le curieux pupitre et, par la même occasion, le collège qui se vantait de m'avoir eu comme élève. Je me présentai donc, incognito, au principal et, me donnant pour un admirateur enthousiaste de mes propres écrits, je le priai de me mener au cher pupitre, témoin de mes précocités enfantines. Le recteur me le fit voir et toucher ; c'était un pupitre quelconque. C'était, assurément, la première fois que lui et moi nous étions en face l'un de l'autre. Il me montra sur le pupitre des éraflures et des sillages de canifs faits par l'élève Théophile Gautier... Puis il me reconduisit en me racontant vingt anecdoctes authentiques... desquelles il résultait que j'avais été un élève prodigieux et la gloire de son collège. Je le quittai sans lui révéler qui j'étais... "

Théophile Gautier superstitieux


Théophile Gautier avait une crainte exagérée des malades, de la maladie et de la mort, poussée jusqu'à la superstition. Selon lui, Dieu est malfaisant et ne se manifeste que par des événements fatals à l'homme, son ennemi. La vie lui paraissait semée des embûches les plus affreuses par le monde supérieur. Il croyait aux sortilèges, aux enchantements, aux envoûtements, à la magie à la puissance du mauvais œil, au sens maléfique des moindres événements ou incidents fortuits qui, pour tout autre, sont sans importance : couteaux en croix, salière renversée, trois bougies allumées, un chat noir rencontré à la première heure. Toute action entreprise un vendredi doit aboutir à une catastrophe. Et, s'il ne partageait pas ses préjugés, il traitait l'incrédule d'imbécile ou de fils de Voltaire.

Sa mort, ses funérailles


Il est mort le mercredi 23 octobre 1872, à huit heures trente-deux du matin, en dormant, sans aucune souffrance visible, dans sa petite maison de Neuilly.

Maison Neuilly</A>
<BR>BNF - Bibliothèque Nationale de France.</CENTER>

<P>Tout le monde des lettres de Paris assistait à son enterrement. Le cortège grossissant au fur et à mesure 
qu'il approchait du cimetière Montmartre. Le corbillard était entouré d'un peloton de soldats,
car Théophile Gautier était officier de le Légion d'honneur.

<P>Son cercueil disparaissant sous les fleurs. On entendit, au passage du char funèbre, une voix qui disait :
" <i>C'est un richard</i> ! "

<P>" <i>Au dernier moment, le clergé qui, jusque-là avait fidèlement accompagné
le convoi, s'esquiva en emportant le bénitier, de telle sorte que, lorsqu'on se disposait à 
l'aspersion finale, on ne trouva plus ni d'eau bénite, ni de goupillon. M. Auguste Marc, interprète de 
l'indignation générale, arrocha une branche d'un arbre voisin et la jeta dans la fosse. Tous les
assistants l'imitèrent et un lit de feuillage fut ainsi fait, feuille à feuille, au poéte
endormi</i></FONT>. "
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<BR>
<CENTER><FONT SIZE=+2><i>Hommages de poètes</i></FONT></CENTER>
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<BR>
<P><FONT SIZE=+1>Je ne puis mieux terminer qu'en citant les phrases suivantes,  prononcées par Théodore de Banville, au bout
de l'an du poète, devant ses amis réunis :

<P>" <i>Ce rude travailleur, qui vécut comme le plus siple et le plus régulier des bourgeois, a toujours
porté la peine d'avoir commis dans sa jeunesse quelques exentricités romantiques et on n'a jamais oublier 
le gilet rouge.

<P>Il y eut toujours en lui l'amour de la vie, de la beauté pure et sereine, des lignes idéales et, en 
même temps, la gaité, la saine ironie, le clair et net esprit français</i>. "

<P>Et Baudelaire portait sur lui ce jugement : " <i>Par son amour du beau, amour immense, fécond, sans cesse rajeuni,
Théophile Gautier est un écrivain d'un mérite à la fois nouveau et unique... Pour
parler dignement de l'outil qui sert si bien sa passion du beau, je veux parler de son style, il me faudrait
jouir de ressources pareilles, de cette connaissance de la langue qui n'est jamais en défaut... de ce sentiment 
de l'ordre qui met chaque trait et chaque touche à sa place naturelle et n'omet aucune nuance.

<P>Il y a enfin, dans le style de Gautier, une justesse qui ravit et qui étonne</i>. "
<BR>
<BR>
<CENTER>------</CENTER>
<BR>
<BR>

<P>Et, pour moi, l'exubérance de ses jeunes années, son indépendance de jugement, qu'il
a peut-être poussées ironiquement jusqu'au défi, révèlent, à coup sûr,
un tempérament de Gascon, mâtiné de Provençal, mais qui ne doit pas déplaire, à 
priori aux Bigourdans.

<P>Passant, rue Brauhauban, devant la maison natale de Théophile Gautier, qui n'évoquera la 
mémoire de l'auteur de " <i>Mlle de Maupin</i> ", du " <i>Capitaine Fracasse</i> 
", " d' <i>Emaux et Camées</i> ", et de tant d'autres œuvres qui ont
concentré son talent ?
<BR>
<BR>
<CENTER>Maurice Darmagnac</CENTER>

</FONT></DIV>
</BLOCKQUOTE></BLOCKQUOTE>




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<CENTER>*****</CENTER>

<CENTER><U>Notes</U></CENTER>
<BR>
<CENTER><A name=[1] Source : Gallica.bnf.fr
Bibliothèque Nationale de France
Bulletin de la Société académique
des Hautes-Pyrénées
Société académique
des Hautes-Pyréneées - 1971


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© Marie-Pierre MANET








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