Logo de la Bigorre

Résumé de la Succession
des seigneurs de Vidouze



De R.ANCELY

(© ADHP - A 303)


lettre


Sceau
00036426
copyrightdepot.com


souris ok

 

Ouvrages en vente
de Marie-Pierre Manet


Bookmark and Share




Le résumé de la succession des seigneurs de Vidouze



Nous avons donc ainsi établi la succession des divers seigneurs de Vidouze jusqu'au XVI e siècle et on peut la résumer ainsi :

De 1095 à 1300 race directe des barons de Vidouze jurats de la cour de Béarn. L'enquête du Sénéchal de Toulouse fait en 1300 y ajoute Sanche de Lareu et l'Abbé de Larreule. La trace du premier disparaîtra après 1549 ; le second persiste, ès-qualité, jusqu'à la Révolution Française. De 1439 à 1507 existence successive de Guiraud, Bertraud et Archambaud de Rivière pour partie de la seigneurie ; en 1478 surgit Pierre de Ros ou Darrodes co-seigneur en concurrence avec les précédents et avec Sanche de Lareu. Dès le milieu du XVI e siècle apparition des seigneurs de Barbazan-Faudoas et les Comtes de Lautrec. En 1549 et 1600, tous ces principicules disparaissent pour faire place à Henri III de Navarre devenant ensuite Henri IV. Celui-ci réunit sur sa tête la moitié de Vidouze, la passe au sieur de Caussade, à la famille de Busca et de Franclieu ; cette dernière cède, à une date indéterminée ses droits au Comte de Parrabère.

A qui appartenait la souveraineté sur l'autre partie de la communauté ?

L'Abbé de Larreule, déjà mentionné dans l'enquête de 1600 continue à exercer ses droits au cours du XVIII e siècle. Deux actes de Me Urlouet, notaire de Larreule, des 28 Juin 1750 et 20 Janvier 1752 en donnant la ferme générale à Germain Dingibard de Montfaucon qui les sous afferme d'abord à Pierre Depierris-Lacrabère, ensuite à Jean et Pierre Depierris-Lacrabère, tous de Vidouze, pour 423 livres et deux paires de chapons. Un autre bail à ferme de Carde notaire à Vidouze du 22 Mai 1759 les attribue à Jean Moulon-Guet-Moureu de Vidouze. (Actes Delouyt, Carde et Lamothe aux minutes de Me Carrère notaire à Maubourguet).

Des minutes notariales identiques (Carde, notaire à Vidouze - 3 juillet 1751 - 2 Juillet 1757 - 27 et 30 Mai 1758 et Lamothe, notaire à Vidouze 3 Avril 1754 - 4 Mars 1767) (Actes Delouyt, Carde et Lamothe aux minutes de Me Carrère nataire à Maubourguet) attribuent les mêmes droits seigneuriaux : "le fief" au Comte de Parrabère sur les autres portions de la communauté. La juridiction de ce seigneur se prolonge même jusqu'à Arriagosse (acte Mieussens, notaire à Sombrun, du 24 Novembre 1730 - Étude Castelnau-Rivière-Basse).

Le Château de Vidouze et autres constructions anciennes



La tradition populaire rapporte qu'il y eu à Vidouze un vieux château féodal, le château dont on situe l'emplacement à côté de l'ancienne église et du cimetière. Cette tradition paraît authentique, car, dans les deux documents que nous avons déjà citée et qui relatent en 1549 le serment de fidélité, prêté par les habitants de Vidouze à Henri III de Navarre, figurent à deux reprises les expressions suivantes :

"L'an 1549 et le 21 e jour du mois de mai, nous, commissaires, nous transportons au lieu de Vidouze qu'on appelle le castet".

Et dans un deuxième procès-verbal encore plus explicite, il est dit :

"L'an 1549 et le 21 Mai, au lieu et chasteau de Vidouze..."

Peut-être donc, le château existait-il encore en 1549. En tous cas, s'il ne s'agissait déjà que d'un "lieu-dit", il est certain que le souvenir qui existait à cette époque ne laisse guère de doute sur l'existence d'une construction médiévale, qui ne pouvait être que le château des vieux barons de Vidouze qui sont les seuls du XI e au XIII e siècle à avoir habité le pays.

Les vestiges qui subsistent entre le cimetière, les maisons Groussagne et Berdié confirment cette appréciation. Il existe, en effet, le long du mur méridional du cimetière un sentier circulaire qui vient se relier à la route actuelle du Luc et qui, paraît-il, constituait autrefois le seul moyen de communication entre les deux communes. Autour de cet espace délimité par ce sentier, la route actuelle du Luc et la maison Groussagne, se trouve une sorte de plateau surélevé qui domine le cimetière et la maison Bélair. Cet emplacement est divisé en trois parties : au dessus de la maison Bélair, un petit plateau quadrangulaire ; puis vient et s'élève en pente douce, un champ plus important de même configuration d'où l'on a une vue très étendue à l'est sur la vallée du Louet et à l'Ouest sue la vallée de l'Arcis. Enfin, à la suite, on trouve un petit monticule appelé "La Mugue de Mayence" occupé actuellement par un taillis assez épais. D'après les propriétaires de la maison Groussagne, le château devait se trouver sur le premier plateau, celui qui est le plus près de la maison Bélair. Cette pièce qui a été labourée a fait apparaître souvent de gros cailloux paraissant provenir de substitutions anciennes. C'est dans de même emplacement que l'on aurait trouvé un pommeau de sabre en cuivre qui n'a malheureusement pas été conservé. Si, après de plateau, on continue vers le Luc, on trouve, de suite, après la maison Berdié, un fossé circulaire à l'intérieur duquel s'élève un tertre de même forme en tronc ce cône dont l'intérieur est évasé. Cet endroit est appelé "La Tourrette". Il est donc vraisemblable que le château, placé sur ce plateau, devait dominer le cimetière avec des vues très étendues sur les deux vallées. Il semblait être flanqué, au Nord, d'une tour de guet, sise à la Tourrette et qui la protégeait encore contre une attaque venant de la direction du Nord.

Une autre tradition prétend qu'au lieu dit : "Touya" sur l'emplacement actuellement occupé par la forge de M. Tisne, il y aurait eu une église ou une chapelle. Le fait est certainement inexact. D'après les souvenirs de certains habitants du quartier, il est probable qu'il y avait, à cet endroit, une habitation où séjournait le viguier du Comte de Parrabère. Quant à la chapelle, elle était située plus loin sur les terrains de la famille Lafon-Bourdenou où habite actuellement la famille Daniel-Botri. Une personne du quartier, encore en vie, déclare y avoir vu un vieux pas de mur où subsistait une grande fenêtre à ogives. Cette chapelle existait encore en 1850 et nous en reparlerons plus tard.

Le dernier vestige ancien de la commune se trouvait sur la lande communale. Il s'agit de la chapelle Notre-Dame. Son histoire assez complète et très intéressante, trouvera également sa place au paragraphe qui traitera de la vie religieuse de la communauté.

Administration générale de la communauté



M. G. Balencie, archiviste honoraire des Hautes-Pyrénées, a résumé, dans sa monographie sur Lahitte-Toupière (Tarbes 1942) les procédés d'administration de la communauté de Vidouze sous l'ancien régime. Les communes qui succèdent aux municipes romains s'administreront en principe elles-mêmes.

Toutes les affaires importantes du village sont débattues dans des Assemblées générales tenues sur la place publique ou en tout autre lieu accoutumé ; elles sont convoquées sur l'ordre des consuls par les gardes locaux ; il en est pris note par le notaire le plus voisin qui y assite, inscrit le nom de tous les habitants présents et en rédige le procès-verbal classé au rang de ses minutes.

A la tête de chaque communauté sont placés des administrateurs appelés consuls dont le nombre varie suivant l'importance du village. Ils étaient nommés soit par le seigneur du lieu sur une liste présentée par les habitants, soit même dans certains cas par le suffrage libre de ces habitants ; tantôt aussi les consuls sortants désignaient leurs successeurs. A Vidouze, nous n'avons recueilli aucun document sur le mode d'élection. Il y avait quatre consuls appelés consuls modernes. On trouve dans les minutes notariales de la région un assez grand nombre de procès-verbaux d'assemblées générales de la communauté et l'on peut par conséquent délimiter les pouvoirs de ces assemblées et ceux des consuls. Aux premiers appartenaient toutes décisions engageant l'ensemble des procès et intérêts communaux. Les consuls présidaient les assemblées et géraient les fonds de la communauté. Ils devaient en rendre compte quand ils cessaient leurs fonctions ; ils avaient aussi des pouvoirs de police.

Il existait certainement des statuts communaux soit pour les modes d'élection et d'administration, soit surtout pour les coutumes de police. M. G. Balencie, dans son ouvrage déjà cité, les a publiées pour la commune voisine de Lahitte. Nous ne les avons pas retrouvées pour Vidouze ; mais leur existence est prouvée par deux actes de Me Carde, notaire à Vidouze, des 5 Septembre 1733 et 7 Juin 1734 qui a recueilli des délibérations des habitants de la cimmunauté au sujet des réparations à effectuer à l'église et au presbytère. Un syndic y est nommé pour faire exécuter les travaux et pour faire "pignorer ceux qui refuseront de travailler", suivant qu'il est porté par les statuts de la communauté.

Les consuls étaient également chargés de la perception des impôts royaux. Nous trouvons en effet un procès-verbal de Lamothe, notaire à Vidouze, du 19 Mars 1754 (F 6162 des minutes de ce notaire) qui rend compte d'une délibération prise par la communauté. Les consuls y exposent que Jean Dujac, premier consul en exercice, chargé de faire la levée des deniers royaux est décédé sans l'avoir terminé ; et comme les affaires de sa Majesté ne peuvent souffrir de retard, on nomme un collecteur Bernard Dujac, de se faire remettre les rôles et de continuer la levée. (il paraît résulter de cet acte que c'était spécialement le premier consul qui était chargé de la perception des impôt royaux. On en verra la preuve un peu plus loin dans la plainte de certains habitants conte M. Lamothe).

Quand les intérêts de certains habitants paraissaient lésés par des mesures administratives, les intéressés provoquaient eux-mêmes une assemblée particulière pour en délibérer. Un procès-verbal de Me Carde, notaire à Vidouze (F 2131 de ses minutes) relate que 14 habitants se sont réunis à la maison : les Fauches. Ils exposent que les consuls ont obtenu de Monsieur de Baloare, intendant, une ordonnance interdisant de faire pacager les animaux sur la lande communale sous peine de 90 livres d'amende ; cette ordonnance cause un grave préjudice aux voisins de cette lande qui n'ont pas de pacage et seraient exposés à abandonner leur culture si elle était maintenue. Et ils nomment Bouscat Peyroulet syndic à l'effet de former opposition à la dite ordonnance et de faire toutes procédures utiles.

Il arrivait parfois, que les habitants débiteurs de la communauté tardaient à s'acquitter envers elle ou que les comptables désignés pour opérer les recouvrements négligeaient de rendre leurs comptes. L'Assemblée générale statuait sur ces différends. Le 11 Mars 1764 les habitants sont réunis devant le notaire Lamothe (F 342 de ses minutes). Ils désignent Bernard Ours-Pebole :

"Reconnu honnête homme, suffisant et capable, lequel percevra toutes les ventes et revenus appartenant à la commune pendant trois années consécutives, fera la vente des châtaignes, tuyas et autres fruits, poursuivra tous débiteurs, actionnera tous les comptables... Il recevra pour droits de remise ou collecte un sol pour livre de la recette qu'il faira... Si la communauté avait besoin de fonds elle tirerait des mandats sur le syndie par ses consuls ou cinq principaux particuliers ; Noble de Crudères, St-Germain, Douyau, Jean Carde et Jean Monlougnet-Moureu".

Administration de la voirie



La voirie ne relevait pas de l'Administration communale, même dans le village. Toutes les autorisations en ce qui concerne les constructions, les alignements, les empiétements étaient du ressort des grands voyers de domaines de la Généralité d'Auch. Toutes les contraventions étaient relevées par l'agent commissionné de la voirie qui résidait à Maubourguet. Dès que le procès-verbal était dressé le déliquant était assigné sous huitaine devant le juge de la voirie d'Auch. Dans les archives du Gers (Série C. 538) figurent quelques procès-verbaux dressés contre Jean Lafon-Prentigarde, Jean Jougla-Abédeille, Jean Sensamat et Bernard Larrouzé. La plupart de ces habitants adressent une supplique en décharge de l'amende et obtiennent satisfaction à condition de payer les frais de procès-verbal. Par contre Jean Moulonguet-Lantie qui demande l'autorisation préalable de construire une muraille "pour la fermeture de sa maison et basse-cour et aussi pour réparer sa maison, à charge d'observer le règlement rendu sur le fait de la voirie" obtient satisfaction. Tous ces dossiers datent de l'année 1725.

Un autre dossier recueilli dans le fond de l'Intendance (archives du Gers I. 3590) révèle en 1774 des dissenssions assez graves dans la commune. Il met en cause le premier consul dont le nom n'a pas été retrouvé et un officier public du lieu qui paraît exercer une influence néfaste dans la commune. Le cas est intéressant et mérite d'être exposé à raison de l'importance et de l'étendue des griefs qui y sont énumérés. Il s'agit d'une réclamation adressée au Comte de Parrabère par de nombreux habitants de la commune. Nous en reproduisons intégralement le préambule qui contient des détails intéressants sur l'Administration de la communauté.

"Monseigneur,

Vos soumis et fidèles vassaux de Vidouze formant la plus grande partie de la communauté, sont forcés de réclamer votre autorité, votre protection et votre justice pour arrêter et faire détruire les abus, les vexations et monopoles pratiqués dans cette communauté par l'esprit malin et impérieux du sieur Lamothe, cadet, originaire de Maubourguet.

Il y a environ 16 ans que ce Lamothe, cadet, vint gendre dans la maison de Pierris Gahot du dit Vidouze ; peu de temps après il acheta l'office de notaire dont feu Me Caredes avait été pourvu. Ce Lamothe se fait d'autre part recevoir avocat postulant au siège de Parabère. M. de Franclieu, haut justicier de Lascazères, y nomma pour juge le sieur Lamothe cadet son frère.

Depuis le moment de ces époques on n'a vu et on ne voit à Vidouze que discussions et procès fomentés et soutenus par Lamothe, avocat, postulant au dit Parabère qui exige même de ses clients jusqu'au double et au triple de ses droits. Il s'en fait, dans le dit lieu de Vidouze un parti de quelques particuliers à la tête desquels il s'est mis et par un abus représentatif, il fait passer tour à tour la charge de premier consul sur un de ces particuliers, ses favoris, qui en cette qualité fait la levée des deniers royaux et des revenus de la communauté qui ont été considérables".

Et la réclamation énumére ensuite les divers griefs qui sont élevés à la fois contre Lamothe cadet et le premier consul. Nous nous bornons à analyser sommairement : défaut par les consuls de rendre leurs comptes spécialement pour une somme de 1100 livres due par les habitants pour la contribution du clocher de l'église ; ordonnance obtenue de l'intendant pour la répartition de cette contribution dont l'assiette est injuste pour certains habitants. La communauté prend une délibération pour écarter Lamothe cadet de ses assemblées et lui interdire de se mêler de ses affaires ; mais grâce à l'influence de Lamothe aîné, cette démarche n'eut aucun effet. La requête continue en signalant que des ex-actions graves ont été commises à l'occasion de l'ouverture de deux nouvelles routes sur le territoire de Vidouze. Certains propriétaires dont les fonds avaient été pris pour cet objet ne reçurent en compensation que de vieux chemins sans aucun rapport. Le premier consul ne consulte pas la communauté et s'aboucha avec de mauvais experts pour l'évaluation des indemnités.

Nous passons sur des réclamations plus secondaires et la plainte se termine par la signature des habitants qui sont les suivants : Moune-Larrouzé - Labernadie - Faloy - Toulouse - Dujac - Jougla - Coustères- Cabidos - Dexpers - Pascau - Lacoste -è-Latton - Laporte et St-Germain.

Aucune autre pièce du dossier ne révèle qu'elle fut la suite donnée à cette plainte. Le fait qu'elle figure dans le fond de l'Intendance semble établir qu'elle a été communiquée à L'Intendant. Qu'advint-il du sieur Lamothe cadet ? Tout ce que nous pouvons en dire c'est qu'il a continué à exercer ses fonctions de notaire royal à Vidouze au moins jusqu'en 1807. Conserva-t-il ses fonctions de Greffier du Comté ? Nous l'ignorons.





                                                sommaire suivant








[Plan du site passion-bigorrehp.org]



[Commune de Vidouze.] [Sommaire de la monographie de Vidouze]





Chacun peut apporter son aide concernant les monographies de nos jours
des communes de la Bigorre devenue Hautes-Pyrénées.

Entraide apportée par :

- M. Alain Eymard
.

© Marie-Pierre MANET






Bookmark and Share