Nous verrons ce qu'il advint de cette soi-disant autorité morale laissée au vieux guerrier, mais il convient de dire ici quelle était l'autorité effective et quelles étaient les fonctions du maréchal d'une armée dans les armées du Moyen-Âge ; nous sommes arrivés à une époque où ces fonctions sont parfaitement définies et n'offrent plus aucune ambiguïté.Pendant toute la première partie de la guerre de cent ans, on avait combattu sans tactique définie ; les archers ou arbalétriers placés en ligne commençaient l'action, puis quand on jugeait que cette "pétaille" avait suffisamment travaillé, on avertissait qu'on eût à dégager le terrain au plus vite pour laisser passer les chevaliers qui chargeaient toujours en haie. Les archers disparaissaient comme ils pouvaient (...) quelquefois ils étaient écrasés sur le pied des chevaux, et la bataille devenait une série de duels particuliers ou chaque chevalier déployait toute sa valeur.
Mais bientôt, les Anglais d'abord, puis les Français avec Du Guesclin, Olivier de Clisson, Barbazan, La Hire, comprirent tout le parti que l'on pourrait tirer des arbalétriers, s'ils étaient sérieusement organisés. Le recrutement de ces hommes pris un peu partout parmi les aventuriers et les pillards, ne laissait pas l'espoir de leur imposer une discipline bien sévère, mais on les groupa en bandes, à raison de deux ou trois bandes par armée, dont le commandement exclusif fut confié au maréchal de l'armée qui les disposait sur les points où il pensait que leur action serait la plus efficace. C'était là, la fonction la plus importante de cet officier, qui, pour le reste, n'était qu'une sorte d'aide de camp du commandement de l'armée, chargée uniquement de transmettre ses ordres et de prendre la direction de telle ou telle partie de le ligne, plus particulièrement menacée.
Or, comme dans l'armée de Renée d'Anjou, il y avait, à peine, 200 arbalétriers lorrains et allemands, et que tout le reste était de la cavalerie, on voit que l'autorité réelle de Barbazan ne s'exerçait pas ici sur beaucoup de monde. Quand à ce que pouvait être l'autorité morale dont parle Monstrelet, nous la verrons à l'œuvre. Disons seulement qu'autour du duc se pressaient l'évêque de Metz, le Comte de Salm, le sire de Baudricourt, gouverneur de Vaucouleurs, le même qui avait donné sa première épée à Jeanne d'Arc, presque tous les barons de Lorraine, de Bade et du Palatinat, tous gens de peu de réflexion et de beaucoup d'impétuosité, chez qui les conseils d'un vieillard, même illustre, ne pouvaient trouver beaucoup de créance.
Cependant, tout marcha bien au début car il ne s'agissait que de mettre le pays à feu et à sang. Pendant les premières années du XV ème siècle, les chevaliers traitaient encore les paysans avec assez de modération, mais nous sommes arrivés à une époque où les mœurs à ce sujet sont entièrement relachées. Quand une troupe de chevaliers guerroyant pour leur compte ou pour celui du Roi de France, fait irruption dans un pays, même faisant partie du royaume, elle exige une forte rançon, ou bien elle pille, et les habitants doivent payer pour éviter la ruine. Or, quand cette troupe part, elle fait place à une autre ou à l'ennemi et il faut que les habitants recommencent à se racheter, jusqu'à la ruine complète ; et alors c'est le pillage et souvent la mort ! (...) Que l'on juge de l'état des campagnes après soixante ans de ce régime !
On ravagea méthodiquement le Comté de Vaudemont qui était un territoire ennemi, on s'empara de
et on vint assiéger le Château de Vaudemont. Sur le conseil de Barbazan et malgré l'impatience des compagnons de René, on ne tenta aucun assaut et on se borna à bloquer étroitement la forteresse qui, n'ayant pas de vivres, ne devait pas manquer de succomber rapidement.
Extrait écrit par
le lieutenant Grasset,
le 27 octobre 1905.
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