Bigorre (H-P) Arnault-Guilhem de Barbazan insouciance du roi.

Barbazan a 70 ans et est à peine sorti de prison. Il retrouve toute sa vigueur et tout son enthousiasme d'autrefois.

Il accourt vers la Loire, sur les bords de laquelle se trouvait le Roi... Une désillusion l'y attendait : tandis que le pays ne demandait qu'à prendre les armes, le roi Charles VII dont la couronne était branlante, perdait son temps en Touraine dans l'oisiveté et les plaisirs ! De coupables ambitieux s'étaient emparés de son esprit et s'évertuaient à éteindre tout le feu que pouvait communiquer à ce prince insouciant l'ardente foi de Jeanne d'Arc. La Trémoille, Gaucourt, Regnault de Chartres tournaient ouvertement en ridicule la lorraine et la réduisaient à suivre inactive la brillante et joyeuse escorte du roi, malgré tous ses efforts pour amener le roi à une compréhension plus saine de ses intérêts et des intérêts de la France.

Charles était depuis plusieurs mois au château de Trémoille, à Sully sur Loire quand Barbazan vint se présenter à lui, subite et rude évocation d'un vieux passé. Il fut un peu étonné, il l'accueillit cependant avec joie d'autant qu'il le croyait mort et qu'en somme, il n'était pas tout à fait un ingrat. Mais ce vieillard trop franc et peu au courant des usages nouveaux le gênait ; de plus, il n'était pas un joyeux compagnon ; le prince songea donc que sa valeur et son expérience seraient plus utiles ailleurs qu'au château de Trémoille, et il l'envoya, tout de suite, assiéger Pont-sur-Seine.

Quatre cents chevaliers se groupèrent autour de la bannière de Barbazan ; mais l'opération n'était pas sérieuse et Pont-Sur-Seine ne résista pas longtemps... Il fallut bien trouver une autre occupation à notre héros qui n'entendait pas se croiser les bras alors que de toutes parts, on courait sus aux Anglais ; c'est alors que Charles VII le nomma "gouverneur" des pays de Bri, Laonnois et Champagne.

Barbazan devient gênant.

(Archives départementales des hautes-pyrénées.)

© Marie-Pierre MANET