de Marie-Pierre Manet |
Ne pouvant combattre à ciel ouvert à cause des pertes considérables que leur faisaient subir les flèches et les machines, les deux armées firent ce que l'on fait de nos jours : elles eurent recours aux mines et aux contre-mines ; seulement il existe une nuance capitale entre les manières d'utiliser les galeries à cette époque et de nos jours.De nos jours, le but des galeries est de permettre de cheminer à couvert, pour se précipiter à l'assaut de l'ouvrage à enlever dès que des effectifs suffisants ont été massés à proximité de la brèche. A cette époque, il s'agissait simplement de donner le moyen aux chevaliers des deux armées de s'approcher les uns des autres, sans riquer d'être renversés par quelques insolentes arquebusades, et de combattre ensuite à armes égales. Les soldats, archers, arbalétriers et autre "pietaille" luttaient en plein air ; les chevaliers, pour ne pas gêner les opérations du siège et sacrifier cependant aux usages de la chevalerie, se mesuraient dans les mines, à la lueur des flambeaux... tout était concilié ainsi et chacun trouvait son compte à l'affaire.
Pour obtenir ces résultats, des hérauts avertissaient les assiégés de l'endroit précis où on allait creuser la galerie, de la direction que l'on comptait lui faire prendre et de la longueur qu'on allait lui donner, et les assiégés se mettaient en devoir de creuser eux aussi une galerie dirigée de manière à rencontrer celle de l'ennemi. Quand les adversaires avaient fini le travail qu'ils s'étaient tracés, ils n'étaient plus ordinairement séparés que par une mince cloison et ils frappaient de grands coups pour avertir que la rencontre allait se produire. De part et d'autre, les chevaliers, qui s'étaient défiés, descendaient dans la mine et quand ils y étaient, on faisait tomber la cloison, en faisant subsister cependant une barrière assez haute pour que la sécurité de la place ne fût pas menacée.
Il y avait des juges dans ces combats dont les règles étaient très sévères ; il était, par exemple interdit de porter certains coups et de frapper l'adversaire au dessous de la ligne marquée par la barrière ; la vaincu payait une rançon, donnait un bijou ou quelquefois perdait sa liberté. Le roi d'Angleterre fit plusieurs chevaliers dans ces mines et Barbazan aussi, seulement comme les assiégés ne disposaient pas d'assez de trompettes pour donner à ces cérémonies l'état convenable, Barbazan, pour y suppléer, faisait sonner toutes les cloches de la ville.
Le Duc de Bourgogne combattit contre le prince de Bourbon, seigneur de Préaux, et le roi d'Angleterre désira jouter avec le vainqueur du combat de Montendre ; sans se faire connaître, il défia donc Barbazan et descendit dans la mine. Mais quelqu'un avertit le loyal chevalier de la qualité de l'adversaire qu'il allait avoir devant lui ; aussi, quand, la cloison abattue, il eut croisé le fer, il baissa sa lance et se retira respectueusement.
Extrait écrit par
le lieutenant Grasset,
le 27 octobre 1905.
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