de Marie-Pierre Manet |
Le champ de bataille n'est pas clairement indiqué dans les "chroniques".L'armée de Toulongeon se trouvait sur une hauteur, probablement la croupe située à mille deux cents mètres au Nord-Ouest de Bulgnéville et à un kilomètre à l'est de Vaudoncourt ; ses flancs et ses derrières étaient protégés par des bois, des haies et une rivière - très probablement le ruisseau de l'Anger qui, en effet, dans cette région, se recourbe deux fois sur lui-même.
Le choix de la position était judicieux puisqu'il rendait impossible tout mouvement tournant et que d'autre part le front de la position était solidement organisé. Sur ce front, en effet, Toulongeon avait réuni ses nombreux arbalétriers picards qui, à l'abri derrière un large fossé et derrière des piques pouvaient impunément braver des cavaliers ; de plus, au centre et aux ailes de cette ligne, le maréchal avait fait disposer plusieurs couleuvrines.
C'est la première fois que les chroniqueurs mentionnent l'emploi "d'artillerie à poudre" dans une bataille, cette expression désignant les canons, par opposition à "la simple artillerie" qui ne comprenait que les arbalètes. Quant aux chevaliers, Toulongeon leur avait fait mettre pied à terre pour que leur impétuosité ne gâtat pas les affaires, et il avait relégué leurs chevaux à l'arrière-garde.
D'ailleurs, par surcroît de précaution, il avait constitué sur ses derrières et sur ses flancs une barrière de chariots renversés et d'abatis qui faisait de sa position une forteresse réellement inexpugnable pour des hommes à cheval.
Quant au comte de Vaudemont, se fiant complètement à l'expérience et à l'habileté de l'homme de guerre qui lui avait donné le duc de Bourgogne, il se contentait de parcourir les rangs pour exciter l'amour-propre et élever autant que possible le moral de ses soldats.
"assurant les uns et les autres sur le salut de son âme, que sa cause était bonne et juste." C'est le 02 juillet 1431 que l'armée du duc d'Anjou se présenta devant ces lignes. Barbazan partit lui-même en avant pour reconnaître la position ennemie. A son retour, il déclara qu'il y avait qu'un moyen de remporter la victoire, c'était de feindre une attaque, puis de se retirer comme en déroute pour amener les anglo-bourguignons à quitter leurs retranchements. Quand ils seraient arrivés dans la plaine, la cavalerie française en aurait facilement raison.
De plusieurs circonstances, les sages avis du maréchal avaient fortement déplu à la présomptueuse noblesse qui entourait le duc. Cette fois, la mesure était comble : il fallait fuir pour vaincre ! (...)Barbazan fut hué :
"qui a peur des feuilles, n'aille pas au bois !"
s'écrièrent quelques chevaliers (...)
"Merci Dieu"
réplique le vieux guerrier, en fixant du regard le duc d'Anjou"J'ai vécu jusqu'ici sans reproche, et aujourd'hui, l'on verra si j'ai parlé par lâcheté et par sapience !" Devant le fier language de cet homme dont il connaissait la bravoure héroïque, le duc hésite un instant avant de donner l'ordre de combattre, mais les conseils téméraires l'emportent.
Extrait écrit par
le lieutenant Grasset,
le 27 octobre 1905.
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