La chapelle Notre Dame des Landes
et l'ancienne chapelle du Vignaou
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De R.ANCELY

(© ADHP - A 303)





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de Marie-Pierre Manet


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La chapelle de Notre-Dame des Landes :



L'histoire de cette chapelle, aujourd'hui disparue, a été exposée par M. l'Abbé Francez, curé de Séron, dans une étude très documentée publiée par le Journal "Pyrénées", paru à Tarbes, le 1 er Août 1947. C'est à lui que revient le mérite d'avoir patiemment recherché toutes les pièces d'archives relatives à cet édifice ; nous le remercions de nous avoir si obligeamment communiqué sa documentation à laquelle nous ajouterons de nombreux documents consultés dans un nouveau fond récemment classé aux Archives des Basses-Pyrénées.

Nous avons déjà indiqué qu'à l'extrêmité de la lande communale de Vidouze passait le chemin qui menait au pélerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Ce chemin était sillonné sur tout son parcours d'hôpitaux, de commanderies et de chapelles, voire même d'églises plus importantes. Les hôpitaux ne servaient pas exclusivement aux malades ; ils abritaient les pélerins, constituaient pour eux un lieu d'asile et de refuge, leur servaient de gîtes d'étapes. A leur tête se trouvait un gouverneur et des prêtres et des oblats assuraient le service religieux et hospitalier. (C. Lacoste, chemins - Revue historique et archéologique du Béarn et du Pays Basque - Année 1937 p.30)

A Vidouze, il y avait donc une chapelle et un hôpital ou commanderie. A quelle époque remonte leur fondation ? L'Abbé Francez pense qu'ils ont été créés par les premiers seigneurs de Vidouze, barons de Béarn. Son opinion est tout à fait vraisemblable puisque, à cette époque, les grands seigneurs du pays faisaient volontiers des fondations pieuses. Marca prétend, dans son Histoire du Béarn, que l'Hôpital de Sainte-Christine près du Somport était un des plus grands relais du pélerinage de Saint-Jacques-de Compostelle qu'il avait comme dépendances les hôpitaux d'Aubertin et de Lembeye et que celui de Vidouze était une annexe d'Aubertin. Par ailleurs, le même auteur indique que les barons de Bidose avaient vendu à l'hôpital de Sainte-Christine "une grande étendue de terrain appelée communément Naï". Il ne serait donc pas étonnant que ces mêmes seigneurs, dont le château dominait la contrée, aient également participé à la fondation de la commanderie et de la chapelle qui était sur leur territoire. M. l'Abbé Francez a trouvé la trace de deux commandeurs de Notre-Dame des landes ; Étienne Saint-Orens, recteur de Gelos, en 1619, et un autre Étienne de Saint-Orens qui prit possession de ses fonctions le 8 Janvier 1641 ; l'existence du premier est révélée par un acte de Debat, notaire de Tarbes, du 20 Août 1612, par lequel de commandeur afferme les fruits à Arnaud Dujac-Abat de Vidouze pour quinze quarts de milhet (Archives de l'Évêché).

Des documents importants, trouvés aux Archives des Basses-Pyrénées, dans les fonds Dubaret et Gassion, nous permettent de reconstituer entièrement l'histoire de cette commanderie et de ses commandeurs entre les années 1604 et 1633.

Il y a bien eu deux Saint-Orens portant le même prénom d'Étienne qui ont été successivement nantis de la commanderie de Vidouze, mais avec des fortunes diverses ; le premier que nous appelerons "oncle", était, en effet, curé de Gélos et en a joui paisiblement depuis environ 1604 jusqu'en 1634 ; le second, neveu du premier, qualifié simplement de clerc tonsuré de Lescar, n'a été investi de ce bénéfice que par erreur et n'en a pas probablement exercé les prérogatives à raison d'un important procès qui l'a opposé, vers 1640, au véritable successeur d'Étienne Saint-Orens neveu, mais encore celle d'un autre usurpateur Pierre d'Abbadie de Livron, curé de Lucq, fils de messire de Livron, conseiller au Parlement de Navarre ; entre temps les Révérends Pères de Saint-Paul décollés à Lescar ont également revendiqué le titre à la fois contre Saint-Orens neveu, Pierre de Livron et Pierre de Gassion. Enfin, à la suite d'une transaction intervenue entre Saint-Orens neveu et Pierre de Gassion une nouvelle ordonnance royale investit à nouveau ce dernier qui paraît avoir joui de ce bénéfice jusqu'à sa mort intervenue prématurément en 1652 à l'âge de 36 ans. Le neveu de l'Évêque, dénommé Pierre ou Théophile suivant les actes de procédure, paraît avoir été nommé par le Roi comme successeur ; son titre sera cependant contesté par un sieur Bernard de Laborde, médecin à Paris, qui se targuait également d'un brevet royal obtenu par lui sur cette commanderie. A la suite d'incidents de prise de possession, une transaction fut prolongée dont nous n'avons pas trouver la solution définitive.

Il serait trop long d'énumérer dans le détail toutes les pièces des divers dossiers auxquels nous avons pu nous référer. Leur analyse dans l'ordre chronologique suffiront pour exposer dans son ensemble l'histoire de cette Commanderie pendant la période que nous avons indiquée au début de ces explications ; elle révèlera parfois des incidents fort curieux.

La date de 1612 donnée par M. l'Abbé Francez précise qu'à cette époque Étienne Saint-Orens, oncle, était déjà commandeur de Vidouze puisqu'il en affermait les revenus. Mais la transaction intervenue entre Gassion et Saint-Orens, neveu, indique que Saint-Orens, oncle, a joui de son bénéfice pendant trente ans environ ; or, comme Gassion l'y avait remplacé en 1634, on peut admettre que Saint-Orens, oncle, en avait été pourvu vers l'année 1604. Et maintenant voici l'exposé des faits dans leur ordre chronologique.

Le 5 Décembre 1635, Pierre de Gassion, clerc tonsuré de Lescar, fait ses études théologiques à Paris, se fait représenter à Vidouze par Guillaume Fisse prêtre et recteur d'Arroses (Basses-Pyrénées). Ce dernier requiert Jean Nicolas sergent royal de le mettre en possession de la commanderie de Vidouze octroyée à son mandat par brevet du Roi expédié à Saint-Germain le 19 Décembre 1634 et enregistré au Parlement de Toulouse le 14 Mars 1635. Les formalités sont accomplies par le sergent qui en dresse procès-verbal lequel est déposé qu Parlement de Navarre où le greffier Arnaud de Mirassou en délivre copie.

Et jusqu'au 28 Juillet 1641, Pierre de Gassion paraît jouir de son bénéfice sans opposition ni empêchement. A ce moment le Parlement de Toulouse est saisi d'un grave incident qui met immédiatement aux prises tous les plaideurs intéressés. Pour le bien comprendre, il faut en suivre l'exposé dans la dernière pièce du dossier, c'est-à-dire la transaction qui intervient entre les deux principales parties.

Aux environs de l'année 1640, se répand en Béarn la nouvelle fausse d'ailleurs du décès à Paris de Pierre de Gassion, toujours étudiant en Sorbonne. Étienne de Saint-Orens, oncle, qui y croit probablement de bonne foi, en conclut que la commanderie de Vidouze qu'il avait cédée en 1634 à ce jeune étudiant est vacante et il s'empresse de la transporter à son neveu du même nom. Celui-ci s'en fait pourvoir en Cour de Rome. Sur ces entrefaites, Saint-Orens, oncle "étant accueilly d'une grieve maladie en laquelle il avait pardu aussi le sens" est circonvenu par deux prêtres ; Portis de Vignau, curé de Pau et Pierre de Las, curé de Livron. Ces deux personnages obtiennent de lui une nouvelle résignation de la commanderie en faveur de Pierre d'Abbadie de Livron, curé de Lucq, fils de Messire Isaac d'Abbadie de Livron, Conseiller au Parlement de Navarre et ce sous la promesse de 500 écus et d'une pension de cent livres. Livron se vante d'avoir obtenu aussi des prévisions de Rome et il se hâte de prendre possession de son bénéfice.

Voilà donc la commanderie de Vidouze antie de trois commandeurs : Pierre de Gassion, premier bénéficiaire de Saint-Orens, oncle depuis 1634, Étienne Saint-Orens, neveu et Pierre d'Abbadie de Livron. Nous imaginons facilement que ses intérêts sont bien défendus car il n'a en ce moment que 24 ans ; il est toujours à Paris pour ses études et ne sera nommé Évêque d'Oloron que sept ans plus tard (1647). Mais son frè re Jean Gassion, Président au Parlement de Navarre, est dans la région et s'occupera vraisemblablement de lui.

D'un autre côté Saint-Orens, oncle, revenu à un meilleur état de santé s'aperçoit de la grave erreur qu'il a commise en résignant successivement une charge toujours occupée régulièrement et légitimement par Gassion à son neveu et à Abbadie de Livron ; il s'empresse en conséquence, par acte Crodey, notaire du 17 Novembre 1640 de révoquer la cession faite à ce dernier. Cet acte est signifié à Abbadie de Livron le 29 du même mois, non sans difficultés. En effet, les huissiers et les agents influencés par le Conseiller Livron, père, refusent de prêter leur ministère et il faut une intervention du Parlement de Navarre pour les forcer à l'obéissance ; en outre, l'insistance de ce haut magistrat amène Saint-Orens, oncle, à consulter des "casuistes" sur la validité des actes qu'il avait accomplis. Ceux-ci décident d'un commun accord que la cession faite par Saint-Orens, oncle, à Livron est antachée de "simonie" le tarif des choses saintes moyennant notamment des promesses d'argent enlevant à cet acte toute valeur légale. Livron ne se tenant pas pour battu, Gassion s'adresse alors au Parlement de Toulouse ; au cours du débat où figurent Abbadie de Livron, Gassion et Saint-Orens neveu, interviennent les Révérends Pès;res de Saint-Paul décollés de Lescar qui, bénéficiant d'une donation du Roi pour tous les biens vacants dépendant jadis du Monastère de Sainte-Christine, en Espagne, prétextent faire valoir leurs droits sur la commanderie de Vidouze qui en dépend. Le 28 Juillet 1641, le Parlement de Toulouse prend connaissance de l'avis de deux conseillers rapporteurs qu'il a commis sur ce différend. Ceux-ci on eu en mains toutes pièces utiles : le brevet du Roi investissant Gassion en 1634 ; son procès-verbal de prise de possession ; la résignation faite par Saint-Orens oncle à Abbadie de Livron ; l'extrait de consultation des casuistes sur la simonie de cet acte, sa révocation par l'intermédiaire du Notaire Codey du 17 Novembre 1640 ; un brevet du Roi du 30 Mars 1641 paraissant investir Livron, "les signatures de Rome" et les prétentions des Pères de Lescar.

Les rapporteurs commencent par écarter la demande de ces derniers ; ils prétendent, avec juste raison, que le Roi en faisant à ce religieux un don de biens vacants n'a pas pu y unir, en outre, un bénéfice dont Saint-Orens avait été primitivement pourvu et qui, par conséquent, n'était pas vacant. Examinant ensuite le litige qui oppose Gassion, Saint-Orens neveu et Livron, ils remarquent que Gassion a une possession de la commanderie depuis 1634 ; que "l'autre" c'est-à-dire Livron ne peut invoquer qu'un titre postérieur de 1641, lequel est entaché de simonie et ils concluent que Gassion doit être bien fondé :

1 - Vis à vis de Saint-Orens oncle, s'il prouve que celui-ci est "intrus" s'étant démis de son bénéfice en 1634 ; au surplus, Saint-Orens, oncle a toujours souffert la possesssion de Gassion depuis cette date sans y faire opposition ;


2 - Vis à vis de Saint-Orens neveu, parce qu'il a également supporté la possession de Gassion sans opposition ;


3 - Vis à vis d'Abbadie de Livron :

a) - parce que la résignation faite par l'oncle au neveu l'empêchaît d'en faire une seconde à une autre personne ; "resignatio semel facta revocari non potest" ;

b) - Parce que le résignation faite à Livron par l'oncle avait été révoquée "ante perfectionem", c'est-à-dire avant qu'elle fut admise en Cour de Rome ;

c) - Parce que cette résignation était entachée de simonie par la promesse de 1.500 livres consignées à un ami commun. Sans doute, ajoutent les conseillers rapporteurs, la simonie a été conclue par personnes interposées ; mais les présomptions sont telles que Gassion peut être admis à prouver qu'elle a été consommée au profit de Livron.

Le Parlement de Toulouse n'a pas eu à rendre d'arrêt définitif par ce procès, car Saint-Orens, oncle, a du décéder ; la transaction de 1642 le dit et celle-ci n'aurait eu aucune raison d'être si le procès avait été entièrement tranché par les juges.

Passons rapidement maintenant sur certaines escarmouches qui suivent de près cette procédure. Le 15 Août 1641, le curé d'Arroses célèbre la messe à la chapelle de Notre-Dame des Landes au nom de Pierre de Gassion ; il en avertit la population et dit dans son procès-verbal qu'il n'y a eu aucun incident. A son tour, le 20 Septembre de la même année, Livron envoie Guillaume Risail, curé de Luc, pour célébrer l'office ; mais ce dernier en est empêché par Guillaume Dabadie, curé de Samonzet, représentant de Gassion, "déjà habillé hormis le chasuble". Procès-verbal est dressé par notaire.

Il ne faut pas s'étonner que les possesseurs des bénéfices nommés par le Roi et investis ensuite canoniquement par le Pape exercent leur prérogatives par l'intermédiaire de mandataires.

A cette époque il était de règle de réserver ces bénéfices à des religieux, à des cadets de familles nobles qui se destinaient à l'état ecclésiastique. L'âge ne comptait pas ; et ils avaient l'avantage de percevoir immédiatement les revenus de ces offices, ce qui permettait à leurs familles de payer leurs études.

Gassion, nommé en 1634, n'avait que 18 ans ; il n'avait pas reçu les ordres et il était étudiant en théologie à Paris. Il était donc représenté constamment à la tête de sa commanderie par des prêtres des environs qui y célébraient tous les offices.

On peut consulter à ce sujet mon étude sur la correspondance du Baron Dombidau de Crouseilhes (Bulletin Société Sciences, Lettres et Arts de Pau, III e série, tomes 7, 8, et 9) où l'on voit ce haut magistrat, doyen du Parlement de Navarre, solliciter à chaque instant un bénéfice pour son fils, futur Évêque de Quimper, qui faisait ses études au Séminaire de Saint-Sulpice, à Paris.

En Juin 1642, Gassion a de nouveau recours au Parlement de Toulouse. Il leur présente requête, invoque encore ses titres bien antérieurs à ceux de Saint-Orens neveu (nous apprenons pour la première fois que le titre de ce dernier date de 1639) et de Livron (1641) et des religieux de Lescar, dont prétend-il Livron serait le syndic, et il demande à la Cour de les faire assigner tous les trois et en attendant de leur faire "toutes inhibitions et défenses" de le troubler dans sa possession. Le 18 Juin, la Cour rend un arrêt conforme qui est signifié le 12 Août à Livron. Ce dernier consigne à l'huissier une longue réponse que nous ne reproduisons pas, les arguments des parties étant les mêmes que l'année précédente. Il est curieux de constater que Gassion et Livron usent tour à tour des religieux de Lescar en prétextant que leur adversaire les a employés à leur profit. Abbadie de Livron affirme, en outre, que le Conseil du Roi a été saisi. Mais toutes ces explications, tous ces nouveaux incidents, ne constituent que des actes de procédure tendant à embrouiller la situation. Le dénouement approche et se produit sous deux formes.

1 - Par une transaction signée le 20 Septembre 1642 entre Pierre de Gassion et Saint-Orens neveu. Celui-ci après le décès de son oncle reconnaît la possession légitime de son adversaire depuis 1634 ; il accepte qu'il y soit maintenu à charge par Gassion de lui payer 100 livres tournois comptant. Cet acte est retenu par Trescazes, greffier au Parlement, signé par les parties et les témoins, Jean de Gassion, Président au Parlement de Navarre y représentant son frère et il est ensuite déposé le même jour aux minutes de Me Pierre de Pierre, notaire de Pau.

2 - Par un nouveau brevet du Roi du 28 Décembre 1642 qui investit à nouveau Pierre de Gassion de la commanderie en l'obligeant toutefois à servir à Saint-Orens neveu une pension annuelle de 150 livres. Cette décision royale nous paraît avoir rendues inutiles les réclamations de Pierre d'Abbadie Livron et des Pères de Lescar qui durent s'incliner devant cet acte d'autorité.

Reprenant maintenant l'histoire de la commanderie de Vidouze, nous ne pouvons qu'ajouter qu&aposs;elle fut ultérieurement attribuée à l'ordre des Hospitaliers du Saint-Esprit, et donnée enfin aux Barnabites de Lescar qui la conservèrent, jusqu'à la Révolution. La perception des revenus de cette commanderie donne lieu à un procès qui se jugea en premier ressort au siège de Parabère et alla en appel au Sénéchal de Morlàas. Une pièce conservée aux Archives de l'Évêché de Tarbes relève que le 14 Mars 1697, ce dernier magistrat rendit un arrêt à la requête de Lazare Espiaube supérieur des Barnabites contre Pierre Larrouzé, curé de Caussade, Jean Larrouzé, chirurgien, son frère, et le nommé Duclos, prêtre de Tarbes, pour violences exercés contre le frère Alexis préposé par les Barnabites pour recueillir les fruits de la commanderie.

À côté du Commandeur, il y avait la chapelle et les chapelains. L'Abbé Francez cite trois d'entre'eux : Jean Lalaure décédé en 1529, son successeur Bertrand de Podio-Pouey ; Jean-Pierre Lalanne clerc tonsuré de Diusse en fut titulaire en 1696. Il semble qu'avant lui, Pierre de Bordes conseiller du Roy au Parlement de Navarre en était le prébendier. En effet, par acte de Cazenave, notaire à Pau, du 18 Juin 1695, il afferma cette prébende pour une année à Bernard Larrouzé et Jean-Pierre Pélanne de Vidouze pour 200 livres et 8 barriques de vin (Archives Basses-Pyrénées - Série E nº 2075).

La chapelle dédiée à Notre-Dame était un lieu de dévotion réputé. Dans l'état des paroisses de 1783, le curé Bétouzet dit que les pères sont obligés d'y dire la messe trois fois l'an ; Annonciation, Assomption et Nativité. Les pères y sont exacts et il y a un grand concours de fidèles spécialement à l'Assomption et à la Nativité. Ces renseignements sont confirmés par la tradition populaire, dont certains vestiges conservés à l'Évêché, révèlent qu'il y avait une fondation miraculeuse et qu'il y aurait eu deux miracles. Son domaine comprenait environ 40 hectares. Il résulte, en outre, de l'examen des registres paroissiaux qu'elle a servi à plusieurs reprises pour des baptêmes et des mariages.

Pendant la Révolution, la chapelle fut vendue comme bien national et achetée par Bertrand Pélanne de Vidouze pour 600 livres (Archives Hautes-Pyrénées - Série Q 21 et 7709). Elle existait encore en 1805 et 1807 ainsi que cela résulte des deux procès-verbaux de visite classés à l'Évêché. Le premier indique que la chapelle est vaste et en bon état et que ce serait une calamité que de ne pas la réparer et l'entretenir ; elle comportait encore un certain nombre d'objets propres à l'exercice du culte.

On ne sait à quelle date cette chapelle fut démolie. Dans une notice publiée dans l'Annuaire du Petit Séminaire de Saint-Pé, année 1895, sur l'Abbé Canton, ancien curé de Vidouze, il est indiqué que ce prêtre avait recueilli avec amour les indications et souvenirs relatifs à cette chapelle ; une nouvelle construction avait été aménagée près de l'ancienne, mais elle fut démolie vers 1850 à la suite du désaccord avec l'Évêché. Dans un rapport adressé à ses supérieurs, M. l'Abbé Lhoste, curé de Lahitte et Vidouze, de 1916 à 1919, a donné quelques détails qu'il avait recueillis sur la vieille chapelle ; elle était en style roman, avait 25 mètres de longueur sur 10 de largeur et comptait en plus le chœur qui était assez vaste. Il avait deux portes et pas de clocher. Ces renseignements concordent avec les procès-verbaux de visite de 1805 et 1807.

Le seul vestige qui reste de cette chapelle est une statue en bois sculpté et doré qui se trouve aujourd'hui à l'église paroissiale de Vidouze. Les vicissitudes de cette statue ont donné lieu à de nombreux commentaires qui se sont perpétués par la tradition populaire. On prétend qu'au moment de la Révolution, elle aurait été enfermée dans une caisse et enfoncée en terre. Plus tard, les meugiements d'un jeune veau l'auraient fait découvrir. Il ne faut voir dans cet épisode que des souvenirs toujours renouvelés de certains faits tenant du merveilleux qui précèdent souvent l'établissement d'un culte dans un lieu déterminé. En tous cas, on ne peut que les accueillir avec hésitation tant qu'ils n'ont pas reçu leur confirmation, comme à Lourdes. Une autre tradition plus vraisemblable affirme que la statue fut vendue par le sieur Guerrier d'Arriagosse, acquéreur de la chapelle après Bernard Pélanne. Elle passa ensuite en main d'une personne de la commune et fut remise à l'église paroissiale où elle fut solennellement installée vers 1830 ; le curé Sylvestre Capdevielle fit célébrer une grande fête en son honneur ; quand la vieille église fut détruite et la nouvelle reconstruite à la Hourcade, on ne comprend pas pourquoi la statue n'y fut pas intégrée. Mais certains documents conservés à l'Évêché et à l'église de Vidouze indiquent qu'elle se trouvait en mains de la famille Coulomme d'Artagnan alliée à la famille Pages de Vidouze. La statue aurait été enlevée de l'église pour la soustraire aux opérations d'inventaire et remise à la famille Péborde Peyroy ; au décès du dernier représentant de cette famille, la statue aurait été réintégrée dans l'église. Elle est maintenant installée sur l'autel en bois qui est près de la porte latérale. Derrière cette statue se trouve une fresque moderne commandée par l'Abbé Azens à un peintre étranger et qui représente Sainte-Bernadette. Cette vierge en bois doré remonte certainement à la fin du XVI e siècle et mériterait par son histoire et son ancienneté d'être classée parmi les monuments historiques.

L'ancienne chapelle du "Vignaou" et l'Abbé Cabané :



Certains habitants de la commune assurait avoir vu les restes d'une ancienne construction sur l'emplacement de la maison Lafon Bourdenou habitée aujourd'hui par la famille Daniel. Il subsistait un pan de vieux mur où se trouvait encastrée une grande fenêtre à ogives. Il s'agit certainement d'une petite chapelle qui existait encore en 1860. L'emplacement tire son nom d'une vieille famille, celle du capitaine Jordain de Vignau qui habitait à Nay (Basses-Pyrénées) et qui, dès 1657, possédait à Vidouze une maison et des terres (Terrier de Vidouze de 1667). L'ensemble de ces terres et édifices fut vendu en 1766 par un héritier à la famille Navères et en partie à Lafon Bourdenou (acte Lamothe notaire à Vidouze des 21-25 et 36 Juillet 1768).

C'est dans cet immeuble qu'habitait de 1852 à 1866 l'Abbé Cabane dont la conduite a défrayé, à cette époque, la chronique de toute la région. Il passait pour rebouteux et était soupçonné de s'adonner à la magie. Le curé de Vidouze, l'Abbé Fourcade, qui était un saint homme mais combatif, l'avait signalé à plusieurs reprises à l'Évêque qui l'avait invité à renoncer à ses pratiques. Il célébrait la messe dans la chapelle sans autorisation et exposait à la vénération des fidèles des statues ou images prétendues miraculeuses. Le curé Fourcade écrivait à son Évêque le 15 Février 1852 :

"Je ne puis que gémir, prier et supplier que le scandale cesse !"

Il cessa, en effet, l'Abbé Cabane se soumit à l'ordinaire. En 1866 on lui avait confier le service d'Arriagosse ; il devint paralysé et son action d'antan ne lui avait probablement laissé aucune ressource. Ce devait être un convaincu et un illuminé. Il avait besoin de secours. Le curé Fourcade pratique envers lui la charité chrétienne et lui fit accorder des subsides par l'Évêché.







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Entraide apportée par :

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