de Marie-Pierre Manet |
La Fabrique :
L'église de Vidouze a toujours été très pauvre et les dons faits par des âmes pieuses à la fabrique n'ont guère augmenté ses ressources. Les fondations religieuses effectuées par quelques particuliers étaient en général fort modestes. Deux d'entr'elles méritent d'être signalées. Elles émanent de deux curés desservant de la commune. Par testament du 3 Février 1680 de Jean Cau, curé de Sauvagnon et ancien desservant de Vidouze, l'église a reçu un capital de 25 livres ; le même testamentaire fonde un obit perpétuel de 8 livres et 15 sols pour permettre aux curés qui se succèderont dans la paroisse de dire tous les ans 18 messes pour les trépassés. Ce testament faillit ne pas être mis en exécution par suite d'un différend entre les Pères Jésuites de Pau et le neveu du testateur qui avaient successivement été investis du legs universel ; mais une transaction intervint entr'eux, le 13 Juin 1691 (Archives Basses-Pyrénées - Série E 2069 et 2071). En 1786 noble Pierre de Betouzet, ancien curé de la paroisse, légua 200 livres à l'église de Vidouze (Carde - notaire de Vidouze - 9 Novembre 1787).
Le budjet de la fabrique est des plus réduits. En 1816, il est ainsi détaillé :
Recettes ordinaires ............................ 232,56
Recettes extraordinaires .................... 234,90
Intérêts de capitaux placés ...................99, 53
TOTAL...............................................566,99 frs
Les dépenses s'élèvent à 194, 30 francs.
En 1821, les recettes sont les suivantes :
Capitaux et rentes provenant de fondation......34,20
Produit des chaises..........................................50,00
Produit des bancs et tribunes...........................10,00
Quêtes, troncs et oblations..............................15,00
TOTAL.........................................................109,20 francs
En 1910 le produit des rentes est de .....102,00
Location bancs et chaise........................220,00
Subvention de la commune....................100,00
TOTAL...................................................422,00 francs
Le 12 Janvier 1811, la Fabrique traite avec Feuillan-Chapeau-Rouge et Jean Benefort, beau-père et gendre :
"Pour la sonnerie des cloches, monter l'horloge, creuser les fosses des morts et le balayage de l'église ; enfin accompagner le ministre tant de jour que de nuit pour visite des malades, administration des sacrements et ce moyennant une gerbe de froment par habitant"En 1816, le produit des chaises et bancs est sérieusement règlementé : la chaise se paye 2 livres pièce ; le triangle 3 livres ; la place de banquette se paye 0,25 par personne pour une empan. Les possesseurs de chaises et triangles sont rares. M. le curé de Navères-Moulonguet ; Moureu-Forcheron-Depierris ; Lacaze-Lafon-Mardagnou ; Marie Moulonguet ; Espagnou-Rolle et Moulonguet-Peyret. Petit à petit les banquettes disparaissent et à partir de 1852 il n'y a que des chaises à 1 frs place.
Le 18 Mai 1875, une délibération du Conseil Municipal expose que la fabrique de l'église n'a pas les fonds nécessaires pour payer un sonneur de cloches, fossoyeur. Celui-ci a été payé de tous temps par les particuliers suivant un tarif fixé par l'usager, une gerbe de froment par attelage ; argent ou denrées pour fosses, enterrements ou services commandés. Ce tarif est approuvé et réparti entre trois catégories d'habitants qui gardent la liberté de l'appliquer à leur gré.
Les Registres de la fabrique font état d'un certain nombre d'améliorations accomplies peu à peu à l'église, à l'autel, à la sacristie. Nous notons en 1805 l'achat à Pau d'un ornement rouge et d'un pluvial pour 145 frs ; en 1833 l'installation d'un chemin de la croix ; l'exercice de cette pieuse pratique donne droit à une indulgence en vertu d'un bref du Pape qui est tranmis par l'Évêque le 10 Décembre 1837 grâce à l'initiative du curé Capdevielle. En 1835, la fabrique est informée que des personnes pieuses on fait don d'une somme de 120 frs pour faire l'acquisition d'un tableau "imitant la Sainte-Vierge". Ce tableau sera placé à l'autel de la Confrérie du Rosaire.
Le presbytère
Y avait-il autrefois un presbytère à côté de l'ancienne église près du cimetière ? Aucun document connu ne l'indique. Les derniers renseignements trouvés dans les minutes notariales de Me Carde vont des années 1733 à 1738 et paraissent se rappporter à l'emplacement actuel. Nous les résumons très brièvement. Le 6 Décembre 1733 la communauté assemblée décide de reconstruire le presbytère qui menace ruine ; elle afferma ses biens pour 9 ans et pour la somme de 4.000 livres. Bernard Farot de Vidouze prend la ferme et s'engage à la reconstruire avec le prix qu'il doit payer. Les travaux traînent en longueur ; les charpentiers ne veulent plus travailler parce qu'ils ne sont pas payés et le 10 Août 1735 les habitants assemblés à nouveau acceptent la proposition du curé Bétouzet pour terminer l'édifice. Celui-ci avancera les 300 livres nécessaires qui seront remboursés petit à petit par la communauté ; et en novembre 1749, les consuls constatent que le presbytère est terminé. La délibération de 1735 est importante, car elle donne des détails sur les travaux, la distribution intérieure de l'édifice, la basse-cour, la grange, le portail couvert sur le chemin qui indiquent qui s'agit du presbytère actuel.Cet immeuble est vendu lors de la Révolution comme bien national à jean Moulonguet (Archives Basses-Pyrénées - Série Q Nº7709). Aucun document n'indique où a logé le curé Basué qui a continué son service pendant toute cette période. Le service a peut-être été interrompu, car une délibération du Conseil Municipal du 8 Décembre 1808 éclaire la question. Le maire y expose que la commune, ayant été érigée en succursale, se trouve dans un grand embarras pour loger le desservant à raison de l'aliénation de la ci-devant maison presbytérale. Mais le sieur Moulonguet-Moureu, adjoint, propriétaire de cette maison consent à la remettre à la commune en échange de certains terrains communaux. Le conseil donne son consentement. Des experts sont nommés et l'accord est fait sous réserve des autorisations administratives. Le 17 Mars 1809 un décret de l'Empereur Napoléon, daté des Tuilleries, donne cette autorisation (Archives Hautes-Pyrénées - Série D) ; et le 18 Mai l'acte d'échange est signé chez Me Bascle, notaire à Larreule.
L'église d'Arriagosse :
Nous ne connaissons pas la date exacte de la construction de l'église du hameau d'Arriagosse. Mais il n'est pas douteux qu'elle remonte au moins au début du XVIII e siècle. Le premier renseignement qui figure à ce point de vue, sur les registres de l'église date de 1706. Ceux-ci mentionnent à cette date l'achat d'un tabernacle à l'église de Lucarré et à la fin de la construction du clocher par un sieur Soulé. Depuis cette époque on ne peut que rendre hommage à la ténacité et à la persévérance de la population de ce petit hameau qui a poursuivi pendant près d'un siècle la perfectionnement et l'embellissement de cet édifice. Aussi constitue-t-elle pour la commune le joyau le plus ancien et le mieux conservé de ses anciens monuments. De nombreux ouvriers y ont travaillé, menuisiers, ébénistes, sculpteurs et doreurs et parmi ces derniers un sieur Giraudy de Lescar et deux membres de la famille Caron de Lescar. Ces rois artistes ont eu une grosse notoriété au XVIII e siècle et les Caron faisaient partie notamment d'une famille célèbre, originaire d'Abbeville et qui était établie à Lescar depuis la fin du XVII e siècle. (Voir l'Étude d'André Gorse sur cette famille. Bulletin de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Pau, II e série, tome 17). Nous ne pouvons entrer dans le détail de tous les aménagements apportés à cette église.
En voici les principaux :
1719 : Paiement à Lasserre orfèvre à Tarbes de 45 livres pour augmenter le pied du calice et la patène.
1724 : Nombreuses réparations au mur, au toit et à la charpente 240 livres.
1732 - 1734 : Paiement de 94 livres à Caron doreur pour le tabernacle et le cadre d'un crucifix. La même somme est payée à Giraudy sculpteur qui a confectionné le dit tabernacle.
1737 - 1738 : Caron reçoit une somme de 40 livres pour dorure du devant d'autel et du panneau à côté du tabernacle. Il en reçoit encore 65 pour dorure du tabernacle : marbrer le devant d'autel et vernis.
1738 : Achat d'un pluvial et d'un dais pour porter le Saint-Sacrement.
1739 : Construction de la tribune et de sa balustrade par Lalanne menuisier à Abos qui reçoit 56 livres.
1740 : Achèvement de la chaire ; coût 7 pistoles 8 livres.
1760 : 60 livres à Giraudy sculpteur pour le devant d'autel, 253 livres à Lalanne d'Abos pour lambris.
1763 : Construction d'un retable par Colinet, menuisier à Lembeye et Giraudy sculpteur à Lescar. Le travail complet revient à 480 livres.
1783 - 1784 : La communauté délibère au sujet de la cloche qui est trop faible et ne peut être entendue que de la maison voisine. On traite avec Ebrard fondeur à Morlàas ; elle est terminée en 1787 ; mais on craint que son poids ne soit trop lourd pour le clocher qui est renforcé. Cette cloche a dû être refondue en 1808 par Seyserre fondeur à Soues et elle pèse 520 kilos.La très grande distance qui sépare le hameau d'Arriagosse du centre de la commune de Vidouze avait obligé les habitants de ce hameau à y construire une église particulière. Pour la même raison, le service du culte ne pouvait être assuré par le curé de Vidouze, surtout à une époque où ce village comptait presque un millier d'habitants. C'était donc le curé de Luc Armau, paroisse béarnaise beaucoup plus rapprochée, qui avait été chargé des intérêts religieux d'Arriagosse. Les registres de cette église portent à la date du 7 Avril 1706 que la confrérie de l'Adoration perpétuelle a été établie dans cette paroisse "annexe de l'église de Lucq" sous l'autorité de l'Évêque de Tarbes. Et en fait pendant tout le XVIII e siècle ce sont bien les desservants de Luc-Armau qui ont assuré le service religieux.
Cette situation hybride de la paroisse d'Arriagosse a d'ailleurs amené en 1740 - 1741 un conflit entre la commune de Vidouze et celle de Luc-Armau. Le 14 Août 1740, la communauté d'Arriagosse se réunit devant l'église, sur la voie publique, en présence de Me Carde, notaire, qui en dresse procès-verbal. Le premier consul de Vidouze est présent et expose que le syndic de la communauté de Luc en Béarn les a assignés devant l'Intendant pour obliger les habitants d'Arriagosse à participer à la construction de la maison presbytérale de cette communauté. Un syndic, Antoine Brun-Faure est nommé pour défendre les intérêts d'Arriagosse, exposer à l'Intendant que ce hameau dépend de Vidouze où les consuls de la dite communauté exercent la police ; que si, à la vérité, le curé de Luc y administre les sacrements, il ne le fait qu'avec la tolérance de celui de Vidouze et que, au surplus, ils ont déjà contribué à la construction du presbytère du dit lieu. Le 3 Janvier 1741, la communauté principale de Vidouze est mise en cause par l'Intendant. Elle délibère à son tour et appuie les arguments développés par les habitants d'Arriagosse en revendiquant sa juridiction pleine et entière au temporel comme au spirituel que ce hameau. Les archives de L'Intendance ne révèlent pas de quelle manière l'Intendant statue sur ce petit différend. Les curés du Luc qui ont pourvu au service d'Arriagosse en 1706 à la Révolution française s'appellent : Insignac, Lépine et Dussire.
Nous avons également trouvé trace en 1653 de l'Abbé Bertrand Mirapoix.
Après 1789, le hameau resta incorporé administrativement à Vidouze et le service religieux fut assuré par le curé de Vidouze. Il est encore en vigueur à l'heure actuelle et en dehors des enterrements et des fêtes, la messe est dite à l'église d'Arriagosse une fois par mois. Son histoire depuis cette époque n'indique aucun fait saillant digne d'être mentionné. Cependant nous devons signaler d'après les archives de l'Évêché qu'elle a fait l'objet de deux procès-verbaux de visite de l'archiprêtre du canton ; en 1805, la paroisse comporte 11 maisons et 90 habitants ; en 1811 il n'y en a plus que 60 pour le même nombre d'immeubles. A deux reprises en 1831 et 1857, l'église est frappée d'interdit, mais les archives de l'Évêché n'en donent pas la raison. Par contre, lles mentionnent des suppliques des habitants qui demandent à l'Évêque la reprise du service. La commune ne s'est pas désintéressée de son hameau et une délibération municipale du 17 Mai 1863 décide d'aliéner quelques lopins de terre à la Chevalette et à la Hourcade pour améliorer le service divin de l'église d'Arriagosse. En 1929, le clocher fut détérioré par la grêle et il fut réparé avec une indemnité payée par une Compagnie d'assurances.
La série V des Archives des Hautes-Pyrénées mentionne à la date du 29 Août 1838 un testament de Jacques Bouscat-Peyroulat qui lègue une rente perpétuelle de 5 frs par an à la fabrique pour l'entretien du luminaire de la chapelle d'Arriagosse.
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[Commune de Vidouze.]
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