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État primitif de Garaison
Garaison et les Chapelains
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de Marie-Pierre Manet


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État primitif de Garaison [1]


Garaison était le centre d'où partait cette impulsion incessante et puissante. C'est là que les chapelains avaient concentré leurs meilleures affections et leurs efforts les plus dévoués.

Pour mettre plus de clarté dans le récit, nous visiterons successivement la maison, la chapelle et le hameau.

1. La maison :

Nul, mieux que Geoffroy, ne pouvait nous décrire l'état de Garaison, à l'époque où il fut promu à la cure de Monléon, en 1604 : (récit écrit en vieux français)

" Il n'y avait aucune habitation ni bastiments où l'on pût loger ni recevoir pas seulement un prestre, un pellerin. L'église même était entourée de buissons, ronces et fougères, en telle sorte que ce lieu était comme un désert. Ez-années 1605, 1606 et 1607, Geoffroy fit bastir des petites cellules, avec l'édifice d'un couvert, sur un carré de vieilles murailles, usées et corrompues, pour y mettre avec lui deux prestres à couvert, enfants natifs de la ville de Monléon, où demeurant ensemble l'espace de deux ou trois années, y souffrirent toutes les rigueurs et austérités possibles, pensant y obtenir les grâces de Notre-Seigneur pour y augmenter et advancer la dévotion, en y recevant tous les pellerins qui se présentaient, les loger, nourrir, entretenir et cultiver à l'entretien de la vie spirituelle pendant le temps de cinq années. "

A mesure qu'abondèrent les ressources, les constructions s'élevèrent dans la même proportion. Un très ancien registre nous apprend que Geoffroy avait choisi son architecture, pour commencer les édifices nécessaires, dès qu'aurait été acheté aux consuls de Monléon le terrain reconnu indispensable.

 

L'architecte s'appelait Pierre Labesville, de Toulouse.

L'acte de fondation, reproduit en partie dans la Bulle d'Urbain VIII, énumère les bâtiments, grands et petits, construits par Geoffroy, les uns contigus à la chapelle, les autres tout voisins ; il en énumère les chambres et cabinets, les caves, les cuisines, les greniers, les divers offices ; il en donne le nom.

Geoffroy semble avoir, avant tout, voulu se donner de la place, en homme qui en a manqué pendant longtemps.

L'art eut une part plus grande dans les constructions qui s'ajoutèrent aux siennes ou qui les remplacèrent.

Les plans en furent dressés par Pierre Souffron, habile architecte d'Auch.

Les nouveaux bâtiments étaient-ils un imposant quadrilatère, enfermant la chapelle au milieu comme le centre de toute cette vie si active et si bienfaisante ? Certains l'ont cru. Mais le côté nord-est ne paraît avoir jamais été bâti qu'à moitié et le côté sud-ouest n'atteignait pas la hauteur du premier, lorsque la Révolution éclata. Les constructions n'en formaient pas moins, avec les murs qui les continuaient, deux cours intérieures, à peu près égales, ornées chacune d'une gracieuse fontaine, emblème des grâces que la Vierge n'a cessé de répandre en ce lieu.


Les édifices de l'institution Notre-Dame de Garaison
tels que nous pouvons les voir aujourd'hui (2017)
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Portail d'entrée de l'entrée Nord
de N.Dame de garaison
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On admire encore, à l'entrée Nord, un portail monumental, d'un cachet artistique, surmonté du groupe de la Pitié, la Vierge tenant son divin Fils sur ses genoux et dans ses bras.
Un cartouche en marbre porte ces mots :
Ad te, Domina, sunt oculi nostri
" Nos yeux, Ô Notre-Dame, s'élèvent vers vous. "

Tout près, le linteau d'une fenêtre de la tour du nord présente la date 1662. Est-ce l'année où la tour fut construite, avec les nouveaux bâtiments ?

Ce qui est certain, c'est que, le 10 novembre 1674, de Sanclis, syndic des chapelains, affirmait que " La chapelle était environnée de bâtiments et édifices, nécessaires pour le logement de douze chapelains et de six prêtres habitués, musiciens, officiers, qui faisaient le service de la chapelle, et des pélerins venant de toutes parts pour y rendre leurs vœux à Dieu et à la Sainte Vierge "

La déclaration de 1730 donne du personnel de la chapelle l'énumération qui suit : " Outre les douze chapelains, il y a : les six prêtres subsidiaires, un petit corps de musique, composé d'un maître qui touche l'orgue, de trois parties de six enfants de chœur, dont l'un joue de la basse ; quatre jeunes élèves pour servir à l'église ; un chef de domestiques ; un chirurgien ; un portier ; un crédencier, un sommelier ; un cuisinier avec un aide ; un boulanger ; un meunier ; un jardinier avec deux aides ; un linger ; un maçon ; quatre petits valets ; un marmiton et douze autres valets pour le labourage, écuries ou garde des bestiaux, qui font trente domestiques. En tout, soixante-trois personnes. "

La maison avait quatre-vingt-sept chambres et divers autres locaux.

La plupart des chambres occupées, par le personnel de la maison, étaient désignées par le nom de l'occupant : chambres des clers, de la maîtrise, du maître de musique, du régent, du chirurgien, même du souffleur, etc. etc. D'autres, surtout celles qui étaient destinées aux pélerins, portaient une appellation du Sauveur, de la Vierge, ou le nom d'un saint ; il y avait ; St-Sauveur d'en bas, St-Sauveur d'en haut, le Bon Pasteur, Sainte-Croix, Notre-Dame, St-Joseph, St Pierre, St Jérôme, etc. etc.

Plus spacieuses et mieux meublées les unes que les autres, elles étaient, au moins en 1791, sans luxe ni superflu : lits garnis en cadis de St-Gaudens, en cadis bleu, en raze couleur aurore, rideaux en cadis vert, surciel bonne grâces, voilà ce qu'on remarque de plus brillant ; parfois, quelques mauvaises chaises rembourrées, couvertes de cadis ; quelques fauteuils très clairsemés ; deux canapés seulement. Presque partout, les enquêteurs, si peu bienveillants qu'ils fussent, étaient obligés d'écrire : mobilier ordinaire, mobilier commun, quand ils n'écrivait pas : vieilles ustensiles (sic) !... Parfois même, le mauvais état des portes ne leur permit pas s'apposer les scellés...

Une belle et vaste pièce voûtée du rez-de-chausée mérite pourtant une mention spéciale. Elle est si bien disposée, au point de vue de l'acoustique, que les arêtes de la voûte transmettent directement chaque mot d'un bout de la salle à l'autre et que, malgré la hauteur et la distance, deux personnes, placées aux deux extrémités, peuvent causer à voix basse. On l'appelle aujourd'hui salle de l'écho.

Les pièces communes paraissent avoir été pareillement fort modestes.

Le réfectoire comprenait une grande armoire de quatre étages, une fontaine avec une cuvette en cuivre, cinq tables, vingt-quatre chaises, un banc, dix tableaux. C'est dans le réfectoire que se tenaient les assemblées des chapelains.

L'argenterie était renfermée dans l'office.

La fayencerie ne contenait qu'une vaisselle commune, toute de faïence, disent les enquêteurs.

Il y avait une ciergerie, où l'on faisait des cierges et une chambre où on les donnait, près de la porte de l'église ; une tuilerie où l'on fabriquait des tuiles en abondance.

Il est fait mention de trois caves : la grande cave, la cave de la porte, la cave de la cour. A cette époque où les communications étaient longues, difficiles et coûteuses, les chapelains récoltaient sur leurs propriétés le vin nécessaire pour leur entretien et pour la réception des pélerinages.

Il y avait quatre écuries avec des chambres attenantes pour le palefrenier et les bouvriers. Les quatre écuries étaient peu brillantes en 1791.

La chambre du trésor contenait une armoire, qui était incrustée dans le mur du Septentrion et dans laquelle les chapelains enfermaient leur or et leur argent ; une autre armoire à deux portes, où était le linge de la sacristie, et une troisième à trois portes, dans laquelle étaient des trésors encore plus précieux : archives, papiers, titres et documents de la chapelle.

Au-dessus du trésor était, alors comme aujourd'hui, la bibliothèque. Outre les livres prohibés ( les commissaires disent proscrits ! ), soigneusement tenus sous clef, elle renfermait un total de deux mille sept cent douze volumes, embrassant les diverses branches des sciences sacrées et profanes, et montrant que les chapelains suivaient la marche des esprits et des idées de leur temps.

Ils avaient entrepris de nouvelles constructions au midi et entassé d'immmenses quantités de matériaux, préparés déjà et portés à pied d'œuvre. les commissaires de 1791 constatent cet amoncellement de sable, de tuiles, de pierres et de bois. La Révolution, en dispersant les chapelains, dispersa pareillement les matériaux. La Révolution n'édifie pas, elle ne sait que détruire.

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2. La Chapelle :

Pierre Souffron, ne pouvant pas refaire la chapelle, voulut la mettre au goût du jour dans la mesure du possible.

On lui doit les quatre arceaux à droite de l'entrée, devant lesquels on s'arrête encore aujourd'hui et qu'on appelait les quatre chapelles du vestibule de dehors. Lors des grands concours, quand la chapelle devenait insuffisante, les p'êtres avaient là quatre autels de plus et les fidèles trouvaient dans la cour qui leur fait face, la place et l'air qui favorisaient la dévotion, sans nuire au recueillement. Ce fut encore là qu'en 1886 fut solemnisé le cinquantième anniversaire de la restauration du sactuaire.

Pierre Souffron éleva la façade de la chapelle, que l'on est forcé d'admirer, tout en déplorant la goût qui brisait ainsi l'unité de ce petit chef-d'œuvre. Le tympan de la porte d'entrée représente la Vierge, portant l'Enfant Jésus et recevant l'hommage de deux pélerins, tandis qu'un Ange à gauche lui tend le sceptre. Dans une niche au dessus de la porte, on a placé, depuis, une statue de la Vierge Immaculée que flanquent, un peu plus bas, les deux statues de saint Joachim et de sainte Anne. Un bas-relief de l'Apparition surmonte les trois statues et rappelle la promesse : " Ici je répandrai mes dons. " Enfin, couronnant le tout, un gablet nous fait lire la parole du Sauveur sur la croix : "Ecce Mater tua. " (Voici ta Mère).

On descend trois marches et l'on entre dans une crypte basse et mystérieuse, dont la voûte se partage en cinq travées. Dans chacune d'elles, quelques vieilles peintures, portant des numéros d'ordre très visibles, piquent la curiosité du visiteur et font revivre sous ses yeux quelques-unes des merveilles accomplies par Notre-Dame de Garaison. C'était autrefois la chapelle de la bergère, qui semblait introduire toujours le pélerin auprès de la Vierge. Aujourd'hui, un autel en terre cuite a été placé en face de la porte, et la crypte est devenue la chapelle de sainte Anne. Quatre confessionnaux du XVIIe siècle occupent tout le fond.

Au-dessus ce cette crypte, la Tribune, moins grande que la Tribune actuelle, avait son autel, un petit orgue, une basse, des pupitres, des libres de chant, deux tableaux représentant l'un Notre-Seigneur Jésus-Christ et l'autre la Vierge.

L'horloge, qui la surmontait, n'avait de remarquable que les trois cloches qu'elle portait.

En revanche, le clocher n'avait qu'une cloche moyenne et, du côté de la sacristie, une plus petite pour appeler les clercs.

Trois lourds piliers soutiennent la partie antérieure de la Tribune, et leurs arcades romanes donnent accès dans la chapelle proprement dite.

La chapelle n'avait eu jusque-là pour ornement que la pureté de ses lignes et quelques peintures grossières, redisant, elles aussi, la puissance et la miséricorde de Notre-Dame de Garaison. On revêtit les murs d'une tapisserie de bois sculpté et doré. Travail merveilleux, si l'on veut, mais pesant, jurant avec le style ogival et masquant le jet hardi de toutes ces colonnes aériennes. Tout une peuple de statues y représentait Notre-Seigneur, la Vierge, les apôtres, quelques autres saints et les vertus chrétiennes. Il n'en reste que le beau Christ en face de la chaire.

La chapelle, proprement dite, avait, alors, comme aujourd'hui, cinq autels ; le maître-autel dédié à Notre-Dame des Douleurs ; l'autel de saint Joseph, aujourd'hui l'autel du Sacré-Cœur de Jésus ; l'autel de l'Ange Gardien, aujourd'hui l'autel de saint Michel ; l'autel de saint Jean, aujourd'hui l'autel du Saint-Cœur de Marie ; l'autel de sainte Catherine, aujourd'hui l'autel de saint Joseph.

[...]Comme les chapelains avaient entrepris déjà d'agrandir la maison, ils avaient de même projeté d'agrandir le sanctuaire, en élevant quinze petites chapelles en l'honneur des quinze mystères du Rosaire. Idée magnifique... qui trouvait de l'écho dans les âmes pieuses. Car nous voyons noble dame Paule d'Estarac, épouse de noble Félix de Nogaret, marquis de Lavalette, s'inscrire généreusement pour cette œuvre, par une clause spéciale de son testament du 18 février 1678.

" Je Paule Destarac de Fontarailles donne et lègue à la sainte chapelle de Notre-Dame de Garaison la somme de quinze cens livres, pour contribuer au dessein que Messieurs les chapelains de ladite église ont de faire quinze autels à l'honneur des quinze mystères du Rosaire, et je désire que les quinze cens livres soient employées à faire les cinq autels qui représenteront les mystères joyeux, payable la dite somme dans un an après mon décès "

La Révolution fit évanouir ce projet, comme elle en fit évanouir tant d'autres. Mais Notre-Dame de Lourdes exécute largement aujourd'hui le vœu des chapelains de Notre-Dame de Garaison.

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3. Garaison et Barthère :

Autour de la chapelle et des chapelains, La Vierge avait groupé un tout petit peuple, autre que celui d'autrefois. Le 12 mai 1658, Barthe, agrimanseur, comptait déjà une soixantaine de famille, parmi lesquelles on distinguait deux Sagazan, un chirurgien ou praticien, un avocat, trois bourgeois, trois marchands, etc. On y trouvait deux hôtels. On vendait dans une petite place les chapelets, les images, les croix, les livres de piété et ces mille petits souvenirs que l'on emporte d'un pélerinage.

[...] En voyant défiler les illustrations et les grandeurs, les gens du pays cherchaient trop souvent à imiter, non la piété des pélerins, mais leur luxe et parfois leur peu de retenue ; car, dans le nombre, on rencontrait tout autre chose que des chrétiens venant chercher la rémission de leurs fautes et le perfectionnement de leurs vertus.

Un requête des chapelains du 7 août 1671 demandait au Parlement l'expulsion de gens sans aveu, qui importunaient les pélerins, les scandalisaient et rôdaient autour de la chapelle. Quelques jours après, une ordonnance royale en éloignait les gens de mauvaise vie, voleurs, vagabonds, et défendait de les loger sous peine de cinq cens livres d'amende, applicables la moitié à la chapelle et l'autre moitié à un hôpital.

Ils reparurent bientôt, mais le 30 juin 1704, parut une nouvelle ordonnance contre les personnes suspectes, infestant Garaison.

C'est que les bandouliers avaient occupé de nouveau la lande du bouc. En 1708, il ne fallut pas moins de trois régiments, assistés de tous les paysans d'alentour, pour venir à bout de ces malfaiteurs, commandés par le fameux Loubayssin.

Il ne suffisait pas d'écarter les étrangers dangereux ; le zèle faisait un devoir aux chapelains de s'employer à conserver les habitants dignes de la Vierge qui était apparue chez eux. Dans ce but, ils s'efforcèrent d'endiguer l'âpre amour du luxe et de rappeler qu'il y a pour le chrétien des gains très supérieurs. Un arrêt du 4 octobre 1767 interdit aux marchands toute vente, les dimanches et les fêtes.

Les chapelains pouvaient agir de la sorte ; ils donnaient l'exemple, en accordant aux pélerins une hospitalité absolument gratuite, et ils trouvaient dans les tribunaux d'alors un concours précieux.




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Notes

[1] Sources : Gallica.bnf.fr - Bibliothèque Nationale de France
Note-Dame de Garaison depuis les apparitions jusqu'à la révolution française (1500-1792) -
P. Bordedebat - Imprimerie de la Grotte - 1901 - Lourdes.

[2] Images © Google map 2017.



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de la Bigorre devenue Hautes-Pyrénées
département 65.

© Marie-Pierre MANET











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