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[1] Le sanctuaire de Notre-Dame de Bétharram s'élève à l'est du village de Lestelle, sur le bord du Gave, non loin de la limite des Hautes et Basses-Pyrénées. Il remonte vraisemblablement au XIV e siècle. La gracieuse légende de la jeune fille sauvée des eaux contribua, semble-t-il, à attirer les foules vers le sanctuaire. Incendié par les protestants vers 1569, il fut laissé à l'abandon pendant quarante-six ans.Avec le concours des habitants de Lestelle, David Béquet, curé de Nay, le restaura. Il invita, pour présider la cérémonie d'inauguration, Pierre Greoffroy, supérieur du sanctuaire de Notre Dame de Garaison. La cérémonie eut lieu en 1615 : Geoffroy était accompagné de six prêtres et du chœur des musiciens de Garaison.
A mois de juillet de l'année suivante, les catholiques du Béarn allèrent "à Notre-Dame de Garaison chercher Notre-Dame de Bétharram". C'était une statue de Notre Dame tenant l'Enfant-Jésus assis sur ses genoux que Léonard de Trapes, archevêque d'Auch, offrait au sanctuaire.
Un prêtre, pieds nus, la portait dans ses bras, accompagné de Pierre Geoffroy, de plusieurs chapelains et des musiciens de Garaison. Le cortège, dans lequel se trouvait l'archiprêtre d'Auch, traversa les Hautes-Pyrénées ; il s'acccrut à son passage à Tarbes, Lourdes... A Saint-Pé, se forma une importante procession que présidait Mgr de Trapes. À la tête de la procession étaient les ecclésiastiques, les religieux bénédictins de l'abbaye de Saint-Pé et la noblesse du pays. Plus de 6.000 personnes accourues du Béarn et des Hautes-Pyrénées se trouvaient réunies à Bétharram.
Peu après, la ville de Lourdes contribua à la restauration du sanctuaire : par délibération du 5 avril 1617, elle délivrait à Richard, recteur de Bétharram, 8 pièces de chêne, de la forêt de Subercarrère.
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La dévotion à Notre-Dame de Bétharram était alors très grande dans les Hautes-Pyrénées : les malades lui demandaient leur guérison. Pierre de Marca, dans son "Traité" des merveilles opérées en la chapelle Notre-Dame du Calvaire de Bétharram, composé en 1646, rapporte 70 guérisons. Une vingtaine de miraculés sont des habitants des Hautes-Pyrénées ; ils venaient de Nestalas, Beaudéan, Luz, Clarac, Salles-Argelès, Saint-Pé, Lourdes, Oroix, Campan, Juncalas, Ayzac.
Quelques haut-Pyrénéens se retirèrent près du sanctuaire de Bétharram pour y terminer leur vie : d'autres demandèrent à être ensevelis dans le sanctuaire.
Noble Louis de Lacassagne, sieur de Barthères, fut enseveli dans le sanctuaire le 5 novembre 1738 ; il avait auparavant cédé aux chapelains de Bétharram de nombreux biens situés à Osmets et à Trouley ; les chapelains avaient pris à leur charge le soin de la personne, d'un domestique, et de deux chevaux et s'étaient engagés à célébrer 200 messes.
Noble Guillaume Cacaret de Larroque, de Saint-Pé, fut, lui aussi, enseveli le 28 septembre 1732 dans le caveau du sanctuaire, sous la chaire. Il avait servi aux mousquetaires ; après être parvenu au grade d'enseigne, il s'était retiré à Bétharram.
Noble Antoine de Mont d'Uzer, seigneur d'Uzer, Arcizac et autres places, donna en 1635, "aux sieurs prêtres et leurs successeurs de Notre Dame de Bétharram la somme de 50 livres tournoises de rente annuelle obituaire à la charge par lesdits prêtres d'ériger et garder pour ledit seigneur et ceux de sa maison une place dans le chœur de leur dite église de Bétharram près du grand autel et à la charge aussi par les dits sieurs prêtres et leurs successeurs de, au commencement des grandes messes des fêtes et dimanches, dire le "Veni Creator", et à la fin des vêpres des fêtes et dimanches, un "De profundis" avec les suffrages sur ledit tombeau".
Le 1er avril 1678, Thomas Dupin, "travailleur de Sazos", déclarait "s'en aller, suivant le vœu qu'il a fait, en la maison et chapelle de Bétharram, servir la Vierge et maison pendant sa vie".
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Des ecclésiastiques haut-pyrénéens se donnèrent aussi à Notre Dame de Bétharram en s'affiliant à la " Congrégation des prêtres du Calvaire de Notre-Dame de Bétharram" : Jean-Jacque de Trescheire, chanoine, de Tarbes, fut admis dans la congrégation le 28 Juin 1664 ; Pierre de Ruy et François de Ruy, oncle et neveu, de Guchen ; Jacques Crudères, de Vidouze...
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Une manifestation de la dévotion populaire des Hautes-Pyrénées est le nombre considérable de legs faits en faveur du sanctuaire de Bétharram. Par testament du 22 février 1650, Jean Batiat, notaire de Lourdes, laissa " à la sainte chapelle de Notre-Dame de Bétharram " 30 livres pour la fondation de deux messes ; l'une chantée le jour de saint Charles Boromée, l'autre le premier jour de la saint Jean-Baptiste.
Le 25 avril 1651, Joanot Lacanielle, dit Lafforgue, de Luz, laissait 50 sous.
Le 23 avril 1657, Marie de Baïlac, de Bazillac, laissait une messe.
Le 10 novembre 1685, noble Jean d'Ibos, seigneur de Talazac, et Françoise de Ricau, son épouse, laissaient : le premier 18 livres ; la seconde 4 écus pour la réparation de la chapelle.
En 1670, deux personnes de Ségus laissaient, l'une dix messes et l'autre vingt-cinq messes de requiem à célébrer dans la chapelle.
En 1675, Floristan Maransin, de Lourdes, curé de Ségus laissait 100 livres pour douze messes à célébrer chaque année...
Jean Bourdette, dans ses Notices sur les seigneurs du Lavedan, relève de nombreux legs faits à la chapelle de Bétharram. En 1662, Arnaute de Hurgassan, dame de Gaillagos, teste en faveur des sanctuaires de Poueylahun, Bétharram, Montserrat et Notre-Dame du Pilar. Par testament du 18 février 1681, Louise d'Asta, abbesse laïque d'Ouzous, demande qu'on lui dise des messes à Bétharram. Catherine d'Abbadie de Livron, épouse de noble François de Barèges, seigneur de Tilhouse, en 1689 ; Bernard d'Abbadie, abbé laïque d'Ayzac, en 1703, mentionnent la chapelle dans leurs testaments...
Pendant la peste qui sévit dans les Pyrénées, en 1653 et 1654, les habitants des Hautes-Pyrénées se tournèrent souvent vers Notre-Dame de Bétharram. A Aucun, vingt habitants " frappés de peste " firent des legs à la chapelle.
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Pendant, la seconde moitié du XVIIe siècle et le XVIIIe siècle, plusieurs communautés de Bigorre : Artagnan, Azereix, Ibos, Ossun, Saint-Lézer, par exemple, envoyaient, chaque année, à Bétharram, une somme d'argent destinée à dire des messes pour le salut des habitants.
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Une autre manifestation de la dévotion populaire, ce sont les pélerinages au sanctuaire de Bétharram. A l'occasion des fêtes de septembre, nombreux étaient les Haut-Pyrénéens qui au chant de
B'ey aneram, b'ey aneram
Débotament ta Betharram
B'ey aneram ta Betharram
Taü s'enten per la ribero...
s'en allaient à Bétharram faire leurs dévotion : confession, communion, chemin de croix.La ville de Saint-Pé se rendait en procession à Bétharram : en 1716, la communauté donnait 10 livres à la chapelle.
La pieuse confrérie des Pénitents Blancs, de Monléon-Magnoac, fondée au début du XVIIe siècle, fit le vœu en 1665 de se rendre en pélerinage à Bétharram tous les sept ans pour y visiter Notre-Dame. Le dernier pélerinage eut lieu en 1820.
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Un noble écuyer, Pierre Subercase, essaya de propager à Tarbes la dévotion de Notre-Dame de Bétharram ; par testament du 26 janvier 1651, il laissait 400 livres à l'église Saint-Jean du Bourg-Vieux de Tarbes, pour la construction d'une chapelle. Le testateur désirait qu'elle fût bâtie sur le côté méridional de la nef, entre les seux derniers contreforts. Sur l'autel sera plac&eacue; " le tableau de Notre-Dame de Bétharram " au pied duquel il entendait que les armes de sa famille soient placées.
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Après la Révolution française de 1789, ce furent deux Haut-Pyrénéens, le fameux Père Joseph, de Lahitte-Toupière, et Procope Lassalle, de Saint-Pé, qui travaillèrent le plus à la restauration des sanctuaires et du Calvaire qui avait été détruit. Le Père Joseph, ancien capucin, attira quelques prêtres à Lestelle qui prirent le nom de missionnaires et de chapelains ; l'un d'eux, Polito, était d'Ossun. On doit au Père Joseph la restauration du Calvaire qui fut inauguré le 8 septembre 1805.
Procope Lassalle, avec l'agrément de Mgr Loison, évêque de Bayonne prit la direction du sanctuaire.
Peu après le monastère de Bétharram devint petit-séminaire-collège. Sous les yeux de Notre-Dame, se formèrent pour le diocèse de Tarbes de nombreux prêtres, dont Sévère-Bertrand Laurence, d'Oroix, qui devint évêque de Tarbes.
En 1835, saint Michel Garicoïts, fondait, à Bétharram, une congrégation religieuse puis ouvrit l'École Notre-Dame. Plusieurs religieux, nés dans les Hautes-Pyrénées, entrent dans l'Institut des Pères du Sacré-Cœur de Bétharram et de nombreux enfants font leurs études secondaires dans l'École Apostolique et l'École Notre-Dame.
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Mais depuis une centaine d'années, les Haut-Pyrénéens ont un peu abandonné le sanctuaire de Bétharram pour la grotte de Lourdes. Sainte Bernadette alla plusieurs fois à Bétharram.
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