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Émigration des Bigourdans
à la Nouvelle-France
.
(Canada français) [1]



Sceau
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Des noms ne font pas une histoire et cependant pour l'histoire de l'émigration bigourdane au Canada, c'est la seule source accessible. A défaut de mieux, nous avons utilisé le relevé des noms qui nous ont été obligeamment fournis. Nous avons fait aussi appel à des travaux qui ont abordé cet aspect de l'histoire coloniale. Ainsi notre exposé ne doit guère s'éloigner de la réalité des choses. Nous ne savons rien de ces hommes au départ, nous ne pouvons pas les suivre outre-mer. Au Canada, sont conservés la plupart des registres paroissiaux, le dictionnaire généalogique des familles canadiennes de Mrg Tangay, analyse la plupart de ces registres. Mais la Nouvelle-France ne semble pas avoir attiré en grand nombre les Bigourdans. Peut-être la raison en est que dans la colonisation en Amérique, la monarchie ne s'intéressa qu'assez peu au Canada, les îles demeurant pour elle la part la plus importante de son domaine colonial. Peut-être aussi, en ce XVIIe siècle finissant, la Bigorre n'était-elle pas encore orientée pleinement vers le monde colonial. Peut-être la conjoncture économique était-elle meilleure qu'elle ne le sera au siècle suivant. Nous ignorons si, comme bien d'autres, nos Bigourdans fuyaient la tentation du Protestantisme ou la corruption du siècle. Toujours est-il si l'on rencontre quelques colons d'origine béarnaise ou bigourdane, il s'en trouve beaucoup moins que de Normands, Poitevins, Saintongeais, Aunisiens, Parisiens. Les quelques départs sont des départs individuels. Pour beaucoup, sauf pour les chirurgiens, nous ignorons la profession. Furent-ils défricheurs, cultivateurs, acheteurs de fourrures, interprêtes, soldats, juges, officiers ? Il est aussi impossible de connaître la réaction de ces émigrants dans ce monde colonial nouveau.

Des noms de colons d'origine bigourdane figurent dans la dictionnaire de Mrg Tangay. Mais ce dernier s'est donné peu de peine pour identifier les noms des lieux qu'il trouvait dans les registres paroissiaux. Il les a souvent mal lus et par suite l&pos;orthographe en est douteuse. Ainsi, il a lu et orthographié Bagnesse pour Bagnères, Castelno pour Castelnau. Nous pouvons situer nos compatriotes au Canada au XVIIe siècle entre 1680 et 1699. Ce n'est déjà plus l'époque héroïque du Canada. La date de leur mariage coïncide avec le second gouvernement de Frontenac, mais cependant iil fallait un certain courage pour fonder une famille à cette date. Leur petit nombre ne doit pas faire illusion. Le Canada avait 2 à 300 âmes en 1640 : 100 hommes de renfort c'était quelque chose en 1653. Nos Bigourdans semblent arrivés bien après la grande guerre iroquoise (1642-1666). Mais peu de périodes sont aussi mal éclairées que l'histoire du Canada antérieure à 1665. La Nouvelle-France ne compte guère plus d'un millier de colons en 1652, 2.000 peut-être en 1660. Saluons donc au passage nos trois Bigourdans canadiens du XVIIe siècle ; Jean Navère, Jacques Massy, Pierre Ducouront. Leurs trois départs sont des départs isolés et de régions différentes de la Bigorre; ils ne se sont donc pas concentrés entre eux. Jean Navère était chirurgien dans les troupes. Cette profession était fort prisée, car les gages des chirurgiens étaient parmi les plus élevés et variaient de 120 à 300 livres. Il était né en 1654 et était le fils de Catherine et Dominique Mendose, de Saint-Roch de Parabère dans le Diocèce de Tarbes. Il épouse, en 1687, Marie-Françoise Sauvin. Il a alors trente-trois ans. Comme la plupart des colons se marient après quelques années de séjour, la date d'arrivée de Navère au Canada peut se situer vers 1680. Il est possible que pour lui comme bien d'autres, le mariage démontre l'intention de s'établir, de s'intégrer à la vie canadienne.

Jacques Massy est maître de barque. La profession est importante dans un pays sillonné de rivières. Le maître de barque est un personnage utile au Canada. La navigation, les transports de différentes natures se font par voie d'eau, seul moyen de communication dans un pays à ses débuts où les routes sont rares. Jacques Massy est né en 1664, il est le fils de Pierre et Anne Gergame, de Saint-Laurent de Tarbes. Il se marie en 1689, à 25 ans, épouse Marie-Madeleine Hédouin.

De Pierre Ducuront, nous ignorons la profession. Comme il était origninaire de Castelnau, gros bourg rural, il est possible qu'il vint grossir les rangs des quelques agriculteurs passés au Canada à la fin du XVIIe siècle. Il est le fils "d'André et de Jeanne D'Arsigalogue de St Antoine de Castelnau, diocèse de Tarbes." Il épouse, en 1699, à St-François, île d'Orléans, Marie Labbé.

Un chirurgien, un maître de barque, peut-être un agriculteur, ces trois Bigourdans-Canadiens représentent la petite patrie au Canada au XVIIe siècle.

Plus nombreux seront les Bigourdans à la Nouvelle-France au XVIIIe siècle. Leur arrivée s'échelonne de 1746 à 1751 et correspond à un période de plein essor pour la France au Canada. Ils viennent de régions différentes de Bigorre, soit de petites villes comme Lourdes, Bagnères, soit de bourgs ruraux comme, Campan, La Hitte. Leur départ paraît isolé et ce mouvement est la somme de ces cas isolés. La profession dominante est celle de chirurgien. Sur un total de dix Bigourdans dont nous connaissons les noms, six sont chirurgiens. Est-il besoin de souligner à nouveau l'importance de cette profession en Amérique, choisie par beaucoup en raison des salaires élevés. On connaît l'opinion du P. Labat à leur sujet :

"De tous ceux qui s'enrichissent par leur travail", écrit-il "il n'y en a point qui le fasse plus sûrement et plus vite que les chirurgiens". Nous ignorons la profession de deux d'entre eux. D'ailleurs les détails sont d'une sécheresse qui ne prête pas à de longs commentaires. Nous connaissons un soldat, Pierre Jacolle, dont le mariage, en 1752, laisse supposer un établissement définitif au Canada après quelques temps de service. Pierre Jacolle était fils de laboureurs et originaire de La Hitte. Il épouse, en 1752, Marie-Louise Madeleine Auvray. Un marchand, Jean-Baptiste Cazellar, de Tarbes, épouse, en 1751, Marie-Anne Barret.

Vient, ensuite, l'équipe des chirurgiens :

- Guillaume Dubarry, né en 1734, fils de Cyprien et Cécile Cazeau, de Campan, marié en 1764, à Marie-Anne Berthelot.

- Vital Dupont, de Lourdes, a épousé en 1738, en premières noces, Geneviève Drouet, de Richerville ; il se remarie en 1751 avec Geneviève Françoise Trefflé.

- Jean-Paul Duthu est indiqué comme fils de chirurgien. Il est de Bagnères. Son père Jean-Jacques Duthu et sa mère Jeanne Le Camus, habitent Bagnères. Il épouse, en 1734, Marie-Geneviève Paquet.

- Bernard Planté est fils du chirurgien-major de l'hôpital royal de Préchac. Veuf de Marie-Thérèse Faucher qu'il a épousé en 1752, il se remarie en 1763 à Marie-Josèphe Faucher, très probablement une sœur de sa première femme. Notons, en passant, qu'à côté des mariages, les remariages sont très nombreux dans le monde colonial de l'époque.

- Enfin, deux frères de Bagnères, Jean-Raymond Vignau et Marc -Antoine Vignau. Les Duthu et les Vignau, de Bagnères, tous deux fils de chirurgiens devaient se connaître. Il est possible que l'influence d'une famille ait joué en faveur de leur départ au Canada.

- Ajoutons à cette liste Bernard Saron et Jean-Louis Saint-Louis dont la profession n'est pas indiquée, originaires de la plaine de Tarbes et qui sont au Canada à la même époque. Bernard Saron meurt en 1746 sans alliance. Jean-Louis Saint-Louis épouse, en 1759, M. Charlotte Duboy.

Ainsi, ce courant vers la Nouvelle-France, plus important au XVIIIe siècle qu'au siècle précédent, montre bien que la Bigorre ne se tint pas à l'écart de l'histoire du Canada. Pour si mince que fut son apport, ce n'en est pas moins un fait historique à ajouter à bien d'autres dans l'histoire coloniale de la province. Nos regrets sont grands de perdre nos compatriotes sur le sol canadien. Quelle fut leur vie ? Réussirent-ils facilement à s'intégrer dans ce monde mouvant de la Nouvelle-France ? Nous ignorons presque tout d'eux, car ils n'ont pas laissé de traces. La seule chose certaine c'est que le sang bigourdan coule dans les veines des Canadiens français de nos jours, car la plupart d'entre eux eurent une descendance. Et devant notre ignorance, c'est pour nous un réconfort de retrouver dans le Canada catholique et de langue française d'aujourd'hui une souche bigourdane.



Notes

[1] Source : Gallica.bnf.fr
Bibliothèque Nationale de France
Bulletin de la Société académique
des Hautes-Pyrénées.
Société académique
des Hautes-Pyrénées.


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© Marie-Pierre MANET





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