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Féodalité et Chevalerie
La société
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Sceau
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(Notes de M. Pierre de Moulor)





Le seigneur qui avait concédé un fief à un vassal était appelé suzerain (ou encore suserain, de l'adverbe sus, au dessus, et de souverain). Le suzerain était donc le seigneur qui était au-dessus de tous les autres dans un territoire donné.

Le vassal (du latin vassalus, vassus : serviteur), lui, était la personne qui, ayant fait hommage à un seigneur et reçu un fief, lui devait divers services financiers et militaires. Il était donc lié personnellement à ce seigneur ; on le disait aussi homme lige (du latin ligare : liguer, lier), c'est-à-dire lié au seigneur par une promesse de fidélité et de dévouement. Le vassal avait non seulement la propriété du sol mais encore la souveraineté sur les habitants qui l'occupaient.

Le vassal d'un arrière-fief était appelé arrière-vassal ou vavassal ou encore vavasseur (de vavassour, du latin vassus vassorum : vassal des vassaux) ; c'était donc le vassal d'un suzerain qui était lui-même le vassal d'un autre seigneur.

Le puissant baron qui menait au combat tout un groupe d'hommes en armes ornait sa lance d'une étoffe rectangulaire, la bannière (de l'italien banda issu lui-même du germain signifiant étendard, de étendre du vieux français estendre, du latin extendere), où sont peintes ses armoiries, d'où le nom qu'on lui donnait de chevalier banneret ; cette bannière était aussi appelée gonfanon, puis gonfalon, (du francique gundfano : étendard de combat).

Les chevaliers vassaux servant sous le banneret avaient un petit fanion (petit fanon, de fanillon, du francique fano : morceau d'étoffe) triangulaire aux mêmes armes et qu'on appelait le pennon (de penun, de penne, du latin penna ; panne dans le sens de la forme : aile, partie latérale).

Lorsqu'il s'agissait de souverains (de supérieur, du latin superanus, superus, super : sur, qui est en haut) grands seigneurs pour lesquels les liens s'inscrivaient dans des stratégies politiques, cet acte symbolique de l'hommage était suivie de l'aveu (de l'ancien français aveue : avouer), qui était une déclaration écrite, définissant précisément les obligations des contractants et constatant l'engagement dudit vassal envers son seigneur, son suzerain, à raison du fief qu'il en avait reçu.

Le fait d'être homme lige d'un seigneur s'appelait l'allégeance (du vieux français ligeance, lige : lier) qui était un serment sur l'honneur où le vassal engageait sa parole ; dans le cas où il ne respecterait pas sa promesse, en manquant à la parole donnée, il deviendrait félon (de fel, du latin fello : contre la foi ; foi venant de feid, feit puis fei, du latin fides : loyauté), c'est-à-dire infidèle et donc traître, et serait alors banni.

La société médiévale était un système ouvert, certes, mais cela ne voulait pas dire qu'il était en perpétuel renouvellement ; en effet, l'essentiel de la chevalerie se trouvait dans les familles de chevaliers mais par la suite, surtout dans les familles nobles, et pour cause.

Comme le principe de la féodalité reposait sur la chevalerie qui était devenue une institution militaire propre à la noblesse, la chevalerie se trouvait liée à l'épreuve d'une initiation, avec obligation d'être d'abord écuyer.

Mais, avant tout, il faut bien souligner que la chevalerie n'était pas héréditaire ; on ne naissait pas chevalier, on le devenait par un rite spécifique, contrairement à la féodalité qui faisait qu'un fils de seigneur était lui-même seigneur à la mort de son père.

La chevalerie était une façon de penser, d'agir, de vivre sa vie ; on ne naissait pas chevalier, on le devenait par choix, pour mener sa vie selon certains principes reposant sur le rapport institué entre le bien et le mal car, il faut le préciser, la chevalerie était fondamentalement d'inspiration chrétienne.

En effet, comme Clovis avait accepté de se soumettre à l'Église lors de sa conversion et de son baptême en 498, l'Église avait donc eu une certaine influence sur l'évolution de la chevalerie en imprimant peu à peu un accent religieux à un idéal païen à l'origine.

Au début du Moyen-Âge, le rituel d'entrée en chevalerie était fondé sur une initiation permise à tout le monde, dès l'instant où l'on était un homme libre, à condition d'en avoir la volonté et le mérite ; le chevalier avait donc le droit d'être pauvre mais, par contre, il avait le devoir d'être courageux.

Toutefois, l'on pouvait être fait chevalier immédiatement sur le champ de bataille, d'où découlera l'expression "sur-le-champ", suite à des faits d'armes, en reconnaissance de la valeur militaire ; mais cette pratique de l'adoubement de guerre, la plus noble, devait devenir de moins en moins courante.

Au début du Moyen-Âge, devenir chevalier ou être adoubé (du francique à et aubban : frapper) chevalier était une simple affaire ; en effet, l'ordeneur (de ordener, du latin ordinare : ordonner dans le sens consacrer) ou l'adoubeur, qui devait être lui-même chevalier, faisait s'agenouiller l'élu , le frappait d'un coup fort de la paume droite sur le cou et lui disait "sois preux" (ou preu, du latin prode de prodesse : être utile) c'est-à-dire brave et vaillant ; cette pratique consistait à donner une épée et la ceindre sur le nouveau chevalier et correspondait donc tout simplement à une remise d'armes .

Ceci était la représentation d'une épreuve symbolique et ce geste essentiel par lequel ce sacrement était administré se nommait la colée (du latin collum : col puis cou) ou encore la paumée (du latin palma : paume de la main).

Il existait une autre façon d'adouber, appelée l'accolade (de à et col : cou) qui, elle, consistait à porter un léger coup du plat de l'épée sur le cou ou l'épaule de l'élu et était plutôt pratiquée sur les champs de bataille.

Les règles fondamentales de la chevalerie étaient la bravoure, la loyauté, la bonté, la serviabilité, la courtoisie et la protection des faibles et des démunis. Un chevalier devait allier force, agilité et méthode de combat doublées d'une analyse tactique et stratégique .

En cette époque féodale avancée, dans les familles nobles aisées, le garçon, l'aîné en l'occurrence, arrivé à l'âge de 7 ans, était envoyé en tant que page ou damoiseau (du latin dominicellus ; diminutif de dominus : petit seigneur) dans une autre famille noble. Il y servait à table, aidait le seigneur des lieux à s'habiller le matin, apprenait les bonnes manières (le bien faire et le bien dire), les échecs, la chasse,la vénerie, l'équitation et bien entendu le maniement des armes.

Ce page, à l'âge de 14 ans, devenait alors écuyer (du vieux français escuier, du latin scutarius : celui qui porte l'écu) d'un chevalier qu'il se devait de suivre, même au combat mais sans combattre lui-même, de le protéger, de le servir, de l'aider à se mettre en selle (du latin sella : siège), de s'occuper de ses affaires, de son équipement (cotte de mailles, du francique kotta, manteau : armure souple faite de mailles ou d'anneaux de fer entrelacés ou haubert, hauberc, du francique halsberg : ce qui protège le cou : cotte à manches, à gorgerin et à coiffe ; haubergeon pour l'écuyer ; heaume, helme, du francique helm :casque), de ses armes (épées, lance), et de son ou ses chevaux (suivant la situation de ce chevalier : destrier, palefroi, sommier et roncin), tout en portant son écu (de escut, du latin scutum : bouclier ; d'où le nom donné au prétendant) ; on lui donnait aussi le titre de poursuivant d'armes.

Il devait férir (du latin ferire ; remplacé par frapper ; d'où l'expression "sans coup férir" : sans porter un coup) longuement et grandement d'une coignée (cognée) pour endurcir ses bras et s'habituer ainsi au maniement de l'épée, qui était l'arme chevaleresque par excellence, le symbole de la chevalerie et donc la compagne du chevalier .

L'épée avait été conçue pour à coup d'estoc (du francique stok : pointe, du latin puncta ; de pointer, frapper de la pointe), par la pointe, percer les protections et à coup de taille (de tailler, du latin taliare), par le tranchant, fendre le corps en coupant la tête et les membres .

Cette épée mesurait un bon mètre de long et pesait entre 2 à 3 kg ; elle était constituée d'une lame (de lamme, du latin lamina : bande de métal plate et allongée) à un ou deux tranchants (de tranche, de trancher, du vieux français trenchier, du latin trinitare : tailler, couper) large de 7 à 9 cm, épaisse et plus ou moins éffilée, d'une longue poignée, (partie située entre la garde et le pommeau ; de pouagné, de puignie, de puing : poing) ou encore fusée (du latin fusata, fusus : fuseau) car on la maniait à deux mains, d'une garde, ou croisillon donnant une forme de croix (traverse formée de 2 quillons, de quille) pour protéger les mains et d'un pommeau (de pomel, de l'ancien français pom, masculin de pomme : tête arrondie de la poignée) qui était un disque de 7 à 10 cm de diamètre pour établir l'équilibre. Cette épée portait le nom de "brand" (de brandir, du germanique brand : agiter dans la main ; épée à forte lame).

Un chevalier en avait souvent une autre, plus petite et moins lourde donc plus maniable, dont il se servait pour ferrailler (de fer, du latin ferrum ; ferir : battre le fer, se battre à l'épée) après avoir été démonté (de dé et monter, de démonter, de desmonter : jeter bas de sa monture) ou désarçonné (de dés et arçon, du latin arcio, arcionem, de arcus : arc ; arcades qui forment le corps de la selle ; jeter à bas de la selle) .

L'écuyer devait également bien se duire (ancien français, du latin ducere : conduire, dans le sens s'habituer) au harnois ou harnais (de herneis, de l'ancien scandinave her-nest : équipement complet d'un homme d'arme).

Non seulement il devait ainsi harnaché (du vieux français harneschier ; de herneis : harnais ; équiper), fors (de foers, du latin foris : hors, hormis ; l'expression "tout est perdu, fors l'honneur") le bacinet ou bassinet (de bassin, du latin bacarium, bacar : vase, forme ronde dans le sens calotte de fer, casque) aller longuement à pied, courir et aussi faire des soubresauts (ou sobresaut, de l'espagnol sobresalto ; formé de de sobre : sur, du latin super, et saut, de salt, du latin salto, saltum ; sauter par dessus : faire des bonds) mais encore s'essayer à saillir (du latin salir : sauter ; dans le sens monter sur) sur un coursier (de course, du latin corsa, de correre : courir) . Il devait donc s'entraîner à être ferme dans ses arçons (du latin arcio, arcionem, de arcus : arc ; arcades qui forment le corps de la selle) ou sur ses arçons, c'est-à-dire se tenir bien en selle, et d'éviter de vider les arçons, c'est-à-dire d'être jeté par terre. Il devait saillir (du latin salire, sauter, dans le sens monter dessus) une monture (de montoir, de monter, de mont, du latin montare ; cheval de selle qui sert à être monté) sans mettre le pied à l'estrief (étrier : de estrier, estrieu, estreu ; du francique streup ; courroie puis anneau métallique soutenant le pied du cavalier) en plaçant la main sur l'arçon de la selle (du latin sella : siège ; partie du harnais placé sur le dos du cheval servant de siège au cavalier) sans cheoir (vieux français, de choir, du latin cadere : tomber) au monter ni au devaloir (de dévaler, de dé et val, du latin vallis : descendre ; à la descente).

(© M. Pierre de Moulor)






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Entraide apportée par :
- M. Pierre de Moulor
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© Marie-Pierre MANET





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