de Marie-Pierre Manet |
Les missions :
Certaines années, avait lieu une " Mission ". Pendant huit, dix ou quinze jours, un prédicateur, spécialisé dans ce genre d'excercice, s'installait dans la paroisse et entreprenait de réveiller la ferveur des habitants du village. Le matin, il y avait une messe suivie d'une instruction. Le soir, une instruction plus longue était suivie d'une bénédiction du Saint-Sacrement. La Mission se clôturait par de grandioses cérémonies : confession et communion générales accompagnées souvent par la bénédiction d'une croix ou de tout autre monument. Les frais d'hébergement et les horaires du prédicateur étaient parfois assurés par l'ensemble de la paroisse, mais plus souvent, ces missions étaient offertes par une famille.Pour fixer la date d'une mission, on tenait compte des phases de la lune : les gens se déplaçaient plus facilement si la nuit était claire.
La clôture de la Mission et la fête de l'Adoration perpétuelle étaient l'occasion de fêtes au presbytère. Le curé de la paroisse invitait tous ses confrères du doyenné dans son presbytère. Certains paroissiens offraient généreusement de quoi "améliorer l'ordinaire" et la servante se surpassait pour élaborer un menu particulièrement soigné.
Coutumes teintées de superstition:
D'un lointain passé, quelques croyances et quelques pratiques venues du fond des âges se sont greffées sur des pratiques religieuses détournées de leur signification première. Maints objets bénits : eau, rameaux, bougies, ont souvent joué un rôle d'amulettes.Le laurier bénit le jour des rameaux était brûlé par temps d'orage, une feuille était placée parmi les œufs mis à couver ; avant d'entamer le pain, on y traçait une croix avec la pointe du couteau. Peu à peu, les gestes sont restés mais n'ont plus été accompagnés des prières y attachées :
" A fulgure et tempestate, liberanos Domine.
Donnez-vous, aujourd'hui, notre pain quotidien etc...".Tout phénomène, souvent parfaitement natuel, mais qui, en raison de l'ignorance, semblait extra-ordinaire, était imputé aux " Brouches ". Ce pouvait être une crise d'épilepsies, du rachitisme ou toute autre maladie non identifiée, frappant bêtes ou gens. L'eau bénite était alors le principal recours.
Certaines femmes (rarement des hommes), étaient réputées " brouches ". Censées jouir de "pouvoirs" presque toujours maléfiques, elles étaient assimilées à des sorcières. On les soupçonnait de prendre l'aspect d'un animal, souvent d'un chat noir, une chouette ou une pie. On disait aussi qu'elles passaient par le trou de la serrure ou par la cheminée pour, sur le coup de minuit, danser à la " hount de Prédagné ". Accusées de jeter des sorts aux hommes et aux animaux, certaines d'entr'elles avaient reçu de l'eau bénite en pleine figure, ce qui, cela va de soi, n'améliorait pas les relations de voisinage. La plupart étaient les premières à rire de leur réputation.
Parfois, des jeunes gens facétieux, prenaient plaisir à impressionner les personnes crédules en allumant, par une nuit très sombre, de petits quinquets à quelques distance de leurs maisons. Elles sortaient alors, lançant de l'eau bénite en direction des flammes qu'un soufle de vent éteignait. Elles étaient alors persuadées d'avoir vaincu quelques esprits maléfiques. Le lendemain tout le quartier leur faisait raconter leur aventure. Il était fait un amalgame entre le diable et les brouches. Tout cela était assez flou.
Cette crédulité pouvait avoir des conséquences graves. Une femme de Houeydets, ayant ressenti quelques malaises, fut persuadée que l'ex-maîtresse de son mari lui avait jeté un sort. Elle s'alita dans une pièce aux volets clos. Elle était assise sur son lit, avec ses vêtements noirs, encadrée par les grands rideaux qui tombaient du plafond, le visage blafard, elle impressionnait particulièrement l'auteur de ces lignes. Tant qu'il vécut, son mari s'occupa d'elle, puis sa belle-fille prit le relais. Elle vit mourir un beau-frère, sa fille, son fils et son mari, sans jamais sortir de son lit. Elle devait être en parfaite santé car elle jouissait d'un solide appétit et n'eut jamais de problèmes digestifs. Pour son petit déjeuner, elle prenait d'une main un bol de café et de l'autre une bonne tranche de pâté maison dans laquelle elle mordait à pleines dents. Pour ses autres repas, une bonne portion de garbure accompagnée de confit d'oie ou de porc ou d'un morceau de " goula " faisait son affaire. Elle vécut ainsi, environ 35 ans. A sa mort, ses jambes complètement atrophiées étaient réduites à l'état de moignons. A l'heure actuelle (2000), il y a encore quelques personnes qui ont hérité de ces croyances. Elles sont très peu nombreuses. Par contre, on voit de plus en plus de gens toucher du bois, refuser d'être 13 à table ou redouter la rencontre d'un chat noir.
Certaines personnes faisaient usage de champignons ou de plantes hallucinogènes : actuellement, plus personne ne connaît ces plantes. D'ailleurs les desherbants chimiques les ont éliminées.
Nous n'avons pas eu connaissance de cas de " possession".
A Castelbajac et à Houeydets, il n'y a pas de tradition de " feu de la Saint-Jean ". Par contre, la rosée de Saint-Jean était réputée pour ses bienfaits. Il fallait se lever tôt pour marcher nu-pieds dans la rosée. C'était l'assurance d'une bonne santé pour l'année. De même les moutons devaient brouter cette rosée pour être à l'abri de toute épizootie.
D'un grand malade, dont on prévoyait la fin prochaine, on disait :
" Nou beyra pas eths arros de cen Yoan".
(Il ne verra pas la rosée de la Saint-Jean)
Sous entendu : qui pourrait le guérir.Si l'on trouvait dans la maison un objet insolite par sa nature ou par le lieu où il était découvert, il fallait le brûler dans la nuit à certains carrefours, " La Croix de la Passado " et la " Croix de Ménico ", ont vu, jusqu'en 1935, au moins, de ces petits foyers, autour desquels dansaient les intéressés.
Nombre d'interdits avaient cours dans certaines familles :
Lorsque le pain était enfourné, les galettes cuisaient plus vite et étaient retirées du four bien avant les gros pains. En manger avant la cuisson complète de le fournée risquait d'attirer les pires malheurs.
Il ne fallait pas consommer la totalité d'un porc avant d'avoir tué le suivant. C'est pourquoi on voyait couramment un saucisson archi-sec, pendre tout seul à une poutre. " Il attendait l'autre ". Les enfants ne devaient pas consommer de cervelle, ça leur coupait la croissance.
Si un enfant naissait avec le cordon ombilical autour du cou, c'était un très mauvais présage : il allait mourir pendu...Devant certains phénomènes physiques, plus ou moins spectaculaires, se rattachant par exemple aux feux follets, à l'électricité statisque, à la radiesthésie, à la télépathie - bien des gens - à cause de leur ignorance, croyaient voir là l'intervention des brouches ou du diable.
Les sorciers, les rebouteux et autres praticants de " médecines douces" étaient souvent assimilés à des " sorciers ".
Nous avons connu quelqu'un qui, parce qu'il avait rencontré un inconnu dans une circonstance qu'il ne s'était pas expliquée soutenait mordicus qu'il avait vu le diable.
Ce type de croyances a à peu près disparu aujourd'hui mais, n'ont-elles pas été remplacés par d'autres aussi peu sensées ?
Un ermite à Castelbajac :
Aux "Archives départementales" à Tarbes, se trouve un ouvrage intitulé : " Les Ermites en Bigorre ".Il est fait état d'un Ermite vivant à Castelbajac en 1633. Celui-ci avait envoyé son " serviteur " au chevet d'un habitant de Lagrange, atteint de la peste. Cet Ermite était peut-être très âgé et avait pris un " serviteur " pour l'assister dans sa vie de tous les jours... S'agissait-il d'un disciple ?... Où pouvait bien être édifié un ermitage à Castelbajac ?... Il est un lieu dit Moutarroux, d'où l'on jouit d'un panorama splendide, propre à l'élévation de l'âme et à la glorification du Créateur. De ce lieu, la vue s'étend sur une vallée étroite, au pied d'un coteau verdoyant, le tout dominé par la chaîne des Pyrénées. A mi-pente, une source soigneusement captée, sourd auprès de ruines appelées " Eras pareds de Mounsegno " - (Les murs de Monseigneur). En l'état actuel des recherches, rien ne permet d'affirmer ou d'infirmer que nous sommes là, devant les vestiges de cet ermitage mais, il est bien permis de rêver !...
Budget paroissial :
Sous l'Ancien Régime, les prêtres étaient rétribués par leurs paroissiens, partie en numéraire, partie en nature. Dans les "cahiers de doléances", il est demandé par les habitants de Castelbajac : " qu'une pension soit accordée au clergé ". Avec Napoléon 1 er et le Concordat, les prêtres reçurent un salaire de l'État, le clergé fut de nouveau payé par les paroissiens. On revient donc à l'ancien système qui perdura jusqu'aux environs de 1965.La population était catholique et pratiquante à 100 %, le salaire global en numéraire fut réparti entre les habitants, proportionnellent à leurs impôts fonciers. Le secrétaire de mairie-valet commun se chargeait de la collecte du " denier du culte ". En 1935, l'ensemble Houeydets-Castelbajac assurait 10.000 francs par an à leur curé commun. Ce salaire était complété par une collecte de blé ( un décalitre par maison ) et de maïs ( un double-dal par maison ). Beaucoup de paroissiens étaient très généreux et donnaient au-delà de ce qui leur était demandé. Avec ces céréales, le curé pouvait faire l'échange blé-pain avec le boulanger local et nourrir volailles et porc pour sa consommation et celle de sa gouvernante. En outre, depuis 1905, la commune peut, sur son budget, donner au prêtre desservant mais non résident, une légère indemnité en tant que " gardien d'un édifice public et du cimetière ". En 1994, cette indemnité s'élevait à 710 francs par an... Les messes quotidiennes étaient dites aux intentions de particuliers qui en payaient les honoraires...
Nous avons vu plus haut que la chapelle sud de l'église paroissiale était sous le vocable de Notre-Dame de OITIE. Elle avait été érigée en chapellenie et pouvait donc recevoir des dons dont le revenu était destiné à assurer des messes pour le repos de l'âme des donateurs. Les dons en " espèces " étaient prêtés à des particuliers ou placés au taux de 5 % l'an. Une partie de ces legs consistaient en terrains que les marguilliers administraient, les confiant à des exploitants, en fermage, les baux étant passés en bonne et due forme, devant notaire. En 1789, les revenus de la chapellenie s'élevaient à 50 livres par an pour 24 messes annuelles. En 1793, les terrains de la chapellenie et le presbytère furent saisis et vendus comme " biens nationaux ".
La tourmente révolutionnaire perturba profondément et durablement la gestion de la chapellenie et, le calme revenu il eut fallu remettre de l'ordre dans les comptes. Conformément au décret du 30 décembre 1809, furent créés les " conseils de fabrique ", appelés plus communément " la Fabrique ", chargée de gérer le budget de la paroisse. Le " Conseil de Fabrique " était composé de six membres : un président, un secrétaire, un trésorier et trois marguilliers, renouvelables tous les trois ans. Le curé de la paroisse présidait d'office les réunions du Conseil de Fabrique.
Les recettes les plus importantes et les plus régulières étaient constituées par la location des chaises. En 1885, le tarif était fixé à 0 f 05 par chaise et par office. Il était possible de souscrire des abonnements qui tournaient autour de 0 f 60 à 0 f 75 par chaise. Il y avait un tarif dégressif pour les familles qui occupaient plus de quatre chaises. La ferme des chaises était mise aux enchères publiques. Cela donnait, tant à Castelbajac qu'à Houeydets, entre 75 et 100 francs sur laquelle somme, 10 % devaient être versés à l'Évêché. Les revenus de la chapellenie avaient fondu. La fabrique essaya de récupérer quelque argent auprès des familles de ceux qui avaient souscrit des fondations. Les réponses furent très inégales. Ces recettes couvraient tant bien que mal les dépenses ordinaires de l'église : pain et vin de messes, luminaire, produits d'entretien. Pour les dépenses extraordinaires : remplacement d'ornements usés ou d'objets destinés au culte, il était fait appel à la générosité publique qui répondait toujours positivement.
En 1793, le presbytère de Castelbajac, vendu comme bien national fut racheté par IBOS-ESTUGAT. Le curé continua à l'habiter mais la commune payait au propriétaire, un loyer de 80 francs par an.
Ce bâtiment se composait d'un local à usage d'habitation pour le prêtre (curé de Castelbajac et Burg), son vicaire et sa gouvernante - des dépendances qui abritaient un porc, des volailles, un cheval, le foin et la paille destinés aux besoins de ce dernier. Un jardin potager et une prairie à l'usage du cheval jouxtant les bâtiments.
Ce local se dégradait de plus en plus. Les curés successifs réclamaient des réparations, toujours promises, jamais réalisées. L'Évêque de Tarbes menaça alors les habitants de Castelbajac de les priver de curé s'ils ne lui assuraient pas un logement décent. La commune racheta dopnc l'immeuble à Ibos-Estugat en 1843 pour une somme de 2.300 francs. Une partie du bâtiment s'était efffondrée. L'abbé Contre quitta la presbytère de Castelbajac pour s'installer à Houeydets dans une maison louée. D'importants travaux furent alors effectués. Dans ses mémoire, l'abbé Duffourc ( originaire de Bourrepeaux ) fait de nouveau état du délabrement de l'édifice en 1900. Il énumère les travaux qu'il a fait effectuer de ses deniers et sans participation aucune de la commune : en 1894, il fit creuser un puits, il fit ouvrir deux fenêtres au levant, renouveler le plancher, aménager une chambre à coucher au dessus du salon, consolider deux poutres par des barres de fer. Un vieux four a été démoli et remplacé par un neuf, amélioration de la grange, du jardin et de la prairie.
Le dernier curé résidant dans ce presbytère fut l'abbé Dorémus. Il le quitta en 1945. Des locataires y furent hébergés pendant quelques années. Et puis - toujours le même refrain - il était dans un tel état de vétusté, le devis estimatif des travaux de réhabilitation dépassait tellement les possibilités du budget communal qu'il fut rasé vers 1992, car, jouxtant la route, il devenait un danger pour les passants.
Dans le passé, si le budget de la paroisse de Castelbajac semble avoir été géré correctement par " la Fabrique ", la gestion du budget le la commune paraît avoir été fantaisiste et ce, pendant très longtemps. Faut-il imputer l'incompétence, la négligence ou des raisons plus obscures ?
En 1789, l'abbé Clarens avait laissé à la commune de Castelbajac une somme de 4.000 francs en faveur des pauvres de Castelbajac et Burg. - Après de multiples tergiversations, ces subsides ne furent distribués qu'en 1855, soit 66 ans plus tard.
De même, par testament de 1842, l'instituteur Bernard Gayrimond (Pinasset) légua à la commune de Castelbajac une somme de 400 francs " pour l'avantage de l'instruction dans sa commune ". Cet argent ne fut utilisé qu'en 1858, soit 16 ans plus tard et fut affectée à la construction de la maison d'école.
Par contre, la commune de Houeydets, à partir de sa naissance en 1864 et jusqu'à ce jour, a toujours connu des administrateurs compétents et intègres. Les budgets tant paroissiaux que communaux ont toujours été parfaitement limpides.
Sous l'Ancien Régime, les évêques faisaient obligation aux curés de dispenser l'instruction dans leurs paroisses.
L'instruction religieuse :
D'abord, avec l'enseignement du catéchisme, des Saintes Écritures et de la Liturgie. Les enfants recevaient une formation religieuse adaptée à leur âge et à leur intelligence, généralement en patois, par des leçons de catéchisme quotidiennes. Dans les hameaux isolés, des catéchistes se chargeaient d'inculquer les rudiments de la religion chrétienne. A mesure qu'ils avançaient en âge, ils recevaient un enseignement plus approfondi. Cela persista jusqu'en 1914.
L'instruction profane :
Les curés assuraient aussi l'apprentissage de la lecture, de l'écriture et des bases du calcul, dans les écoles dont ils salariaient l'instituteur, à moins que quelque clerc ne joue lui-même, le rôle d'enseignant.Il semble qu'à Castelbajac, l'implantation d'une école pour les garçons, et, par intermittence, pour les filles, soient très anciennes. L'abbé DESCALAS, curé de Castelbajac en 1641, laissa une fondation pour l'entretien d'une école. Cette fondation était matérialisée par une prairie située sur le territoire de Burg.
Alors que tous les enfants allaient au catéchisme, la fréquentation scolaire était très inégale selon les familles. En feuilletant les anciens registres, on peut constater que c'est toujours dans les mêmes familles que l'on trouve la mention : " non signé pour ne savoir ". Au contraire, les ingénieurs, magistrats ou enseignants d'aujourd'hui sont les descendants des notaires, militaires ou médecins d'antan. Ceux qui ne connaissaient pas les avantages de l'instruction n'en admettaient pas la nécessité pour leurs propres enfants. Ils croyaient qu'à l'école, " on perdait son temps " et ils préféraient occuper les jeunes à de menus travaux. D'ailleurs, jusqu'à un passé récent, il n'était pas rare d'entendre dire par des grands-pères : " Pour labourer, il en saura toujours assez ". Beaucoup de parents étaient persuadés qu'un enfant qui aurait quelque instruction ne resterait pas à la ferme et partirait en ville.
Au contraire, les parents les plus instruits tenaient à transmettre des connaissances à leurs enfants. Ils leur faisaient fréquenter l'école du village et, parfois, les confiaient aux collèges voisins : Garaison, Tuzaguet, Bonnefont. Les élèves les plus doués devenaient prêtres, fonctionnaires, militaires, etc... D'autres se contentaient d'être de bons pères de famille, prenant des responsabilités dans l'administration de la communauté.
Un Gaye-Bernatas qui, en 1665, représenta la communauté de Castelbajac devant la Cour du Parlement de Toulouse, dans un procès contre le seigneur du lieu, ne devait pas être tout à fait ignare. Vers la même époque, il y avait un prêtre dans cette famille. Chez " CAZAT ", toujours au XVII e siècle, il est fait mention d'un prêtre, d'un médecin et d'un capitaine. Chez les " Bertrais ", on trouve un notaire et deux prêtres.
Les locaux :
Pendant très longtemps, la commune de Castelbajac ne fut pas propriétaire d'un local affecté à l'école. L'instituteur comme l'institutrice officiaient chez eux ou dans un immeuble loué, généralement très modeste. Vers 1840-45, le montant du loyer variait de 30 à 50 francs par an.Enseignants et parents d'élèves n'étaient guère satisfaits de cette situation. Plusieurs démarches furent entreprises pour pallier cet inconvénient.
Vers 1841, fut acheté un immeuble composé d'une maison et d'un jardin, le tout d'une superficie de un are, 45 centiares, destiné à servir de salle de classe et de salle de mairie, pour une somme de quatre cents francs. Cette somme a été recueillie auprès de nombreux habitants.
Une quinzaine d'années plus tard, ce local devenu vétuste et s'avérant trop exigu, la municipalité envisagea l'acquisition d'un autre immeuble contigu au cimetière et composé d'une maison et d'un jardin. D'importants travaux, en 1860 aboutirent à la construction de l'immeuble actuel qui abrita d'abord l'école des garçons. Elle devint mixte lorsque la population du village eut par trop diminué.
Vers 1838 eurent lieu des élections municipales à Castelbajac. Le nouveau maire, Monsieur Noguès, et son conseil municipal traduisirent en justice le maire précédent : Monsieur Gayrimond dit Parrouat pour malversations. L'instituteur, secrétaire de mairie probablement inquiet de la tournure que prenaient les choses et soupçonné de s'être prêté aux magouilles du maire, prit peur. Il se rendit chez le notaire de Tournay, fit son testament par lequel il léguait une somme de 400 francs à la commune " pour l'aménagement de l'école ", puis il se suicida. Il avait 36 ans. En 1858, le devis pour une maison d'école s'est élevé à 7.320 frcs 22 cts. Le legs de l'instituteur entra dans le financement de ce projet.
Les filles, elles aussi, connurent bien des locaux différents jusqu'à ce que la commune achète un bâtiment à leur usage. C'est celui qui abrite aujourd'hui (2001) la mairie et la cuisine de la salle polyvalente.
L'instituteur communal :
Lorsque, après la Révolution, l'enseignement devint obligatoire, il y eut à Castelbajac, outre un instituteur et une institutrice privés, un instituteur communal.Depuis toujours, l'enseignement était dispensé la matin à Castelbajac et l'après-midi au hameau de Houeydets, dans un local loué, situé au midi de la maison l'Hoste. Les habitants de Houeydets trouvaient bien insuffisante cette demi-journée de classe. Il fut donc convenu en 1841 que l'instituteur communal ferait la classe à Houeydets à temps plein.
Jusqu'aux environs de 1847, l'école n'ouvrait que cinq ou six mois par an, pendant la mauvaise saison. Dès les beaux jours revenus, les enfants aidaient leurs parents pour les travaux des champs. A partir de 1847, l'école restait ouverte toute l'année mais beaucoup d'élèves n'y assistaient que la matin. Lorsque l'attribution des Allocations Familiales fut liée à l'assistance à l'école, l'assiduité de ces derniers fut fortement stimulée. En 1867, 50 garçons et 40 filles étaient scolarisés à Castelbajac pour une population de 462 habitants.
Le mobilier scolaire était assez sommaire. Bancs et tables étaient fabriqués par le " charpentier " local qui utilisait le bois des chênes poussés sur le terrain communal.
En 1851, on trouve mention d'une lettre adressée par l'instituteur au conseil municipal, par lequel il demande :
1) Une méthode cartonnée de lecture.
2) Deux tableaux noirs.
3) Cinq bancs et une table.
4) Une estrade.
5) Un Christ et douze cartons contenant des maximes de morale.
6) 20 ardoises propres à y écrire et devant servir pour les élèves commençants.
7) Un tuyau pour un poële.
8) Les cartes géogrpahiques suivantes : la mappe-monde, la carte d'Europe, celle d'Afrique, d'Asie, d'Océanie, de France et des Hautes-Pyrénées.
9) Un tableau cartonné contenant un exposé sommaire des poids et mesures métriques.
10) Enfin 20 livres de lecture pour les élèves indigents.A Castelbajac, l'école des filles fut supprimée en 1912. L'école des garçons fut transformée en école mixte mais les familles intéressées... " ont exprimé le désir que ce fut plutôt une institutrice qu'un instituteur qui occupe le poste de Castelbajac, et ceci principalement au point de vue des leçons de couture et autres qu'une maîtresse d'école pourrait donner aux filles, ainsi qu'au point de vue moral. Il semble aux pères et mères de famille qu'une institutrice aurait des tendances à surveiller le bon ordre de l'école mixte avec plus d'assiduité qu'un instituteur... ".
Après son accès à l'autonomie, Houeydets eut un instituteur communal pour les garçons et une institutrice pour les filles. L'emplacement actuel de la maison commune et de la salle polyvalente était occupé par un immeuble appartenant à trois propiétaires différents. La municipalité acheta l'ensemble en 1874. Les vieux bâtiments furent rasés et l'édifice actuel fut construit en 1979. Il comprenait deux salles de classe et deux appartements destinés au logement des enseignants.
Théoriquement, il y avait un instituteur pour les garçons et une institutrice pour les filles ; mais les enseignants s'arrangeaient parfois et l'institutrice prenait les petits, laissant les grands à son collègue masculin. Ce système fut abandonné à la suite du comportement pédophile d'un instituteur (lequel fut muté dans une autre commune).
A partir de 1914, l'instituteur ayant été mobilisé, il n'y eut plus à Houeydets qu'une classe mixte.
Outre la lecture, l'écriture et le calcul, les institutrices enseignaient aux fillettes, tout ce qui pouvait leur être utile dans leur rôle de maîtresses de maison et de mères de famille : couture, tricot, cuisine, soins des enfants et des malades.
Le monde paysan :
Certains écrivains ont, du monde paysan des temps anciens, une vision misérabiliste. Évidemment, on est toujours plus pauvre ou plus riche que quelqu'un d'autre. Il est certain que dans des régions de monoculture et de grandes propriétés, lorsque les conditions atmosphérique étaeint défavorables et qu'il fallait donner sa quote-part au propriétaire, il ne restait parfois que peu de chose pour le travailleur. Dans notre région de petite propriété et de polyculture, le paysan mangeait à sa faim.Comme dans toute société, les " Q.I " étaient très différents d'un individu à l'autre. Les connaissances, si elles n'étaient pas toujours livresques, étaient pourtant fort étendues. La transmission orale et l'apprentissage " sur le tas " donnaient des résultats qui surprendraient aujourd'hui.
Certes, les mots " botanique " - " entomologie " - " cosmographie " leur étaient étrangers, mais au début du XX e siècle, ceux qui n'avaient pas de pendule ou de cadran solaire se repéraient parfaitement dans le temps d'après la position du soleil pendant le jour et celle des étoiles pendant la nuit. Ils connaissaient les étoiles (lugras) sous des noms venus sûrement de la nuit des temps. Ainsi la constellation d'Orion était appelée : " eths tres tustets ".
Les enfants, en surveillant leurs troupeaux, se vautraient dans l'herbe et apprenaient tout des mœurs des fourmis, grillons ou autres insectes. Les plantes sauvages et leurs vertus médicinales ou autres n'avaient de secrets pour personne.
Ils possédaient parfaitement la langue locale et certains la pratiquaient avec beaucoup d'esprit et de poésie, le vocabulaire en étant très riche.
En somme, si l'école, la rue et la télévision apportent beaucoup de connaissances aux "enfants du béton", leurs ancêtres des champs avaient sûrement autant de connaissances, mais dans des registres différents.
Le salaire des enseignants :
Sous l'Ancien Régime, le salaire des enseignants était assuré par des fondations, des dons de particuliers et par une cotisation des parents d'élèves. Ce salaire consistait en une modeste somme d'argent et beaucoup d'avantages en nature : céréales, volailles, bois de chauffage etc... Lorsqu'on tuait le cochon ou les oies dans une famille, on réservait toujours la part du curé et celle de l'instituteur. Cette coutume s'est éteinte lors de la seconde guerre mondiale.Instituteurs et institutrices avaient à leur disposition un jardin potager et ils élevaient quelques volailles.
En 1795, une loi établit la gratuité partielle dans les écoles primaires. Les parents devaient donc contribuer au salaire des enseignants. Par ordonnance du 29 février 1816, les communes sont tenues d'entretenir une école et d'y assurer la gratuité pour les indigents. Le clergé garde une place importante dans l'administration de l'école primaire jusqu'en 1905.
Par ordonnance du 12 Mars 1831, le " Certificat d'instruction religieuse " demandé aux instituteurs est supprimé. La laïcité à l'école primaire devint effective en 1886. Des commissions municipales scolaires sont chargées de contrôler le fréquentation de l'école.
C'est ainsi que, en 1841 :
" Sont nommés MM. DUPRAT Louis (Mounet), GAZRIMOND Cyprien (Pinasset) et CLARENS Étienne, pour remplir les fonctions de membre du comité local de surveillance près de l'école primaire élémentaire constituée à Castelbajac et, après leur avoir fait observer que ces fonctions sont d'une haute importance, qu'on ne saurait trop stimuler le zèle de l'instituteur ainsi que l'amour-propre des enfants qui lui sont confiés...".
En 1841 :
- Le taux de la rétribution mensuelle est fixé à 90 cts par enfant.
- Les frais de location de la maison d'école : 30 francs.
- Traitement fixe de l'instituteur : 200 frs.
- Participation de la commune : 115 frs 36 cts.
- Subvention de l'État et du Département : 114 frs 64 cts.
TOTAL : 260 frs.
En 1863 :
- Le salaire de l'instituteur est porté à 700 frs,
- mais celui de l'institutrice est de 600 frs.
La rétribution scolaire est ainsi aménagée :
- Pour un élève de sept ans : 7 F
- Pour un élève âgé de plus de sept ans : 9 F
- Pour deux élèves : 16 F
- pour trois élèves : 20 F
- Pour quatre et plus : 24 F
" En 1865, l'instituteur de Castelbajac a offert d'avoir une classe d'adultes pour stimuler l'indifférence des jeunes gens de cette localité, il importe de leur offrir même gratis le luminaire nécessaire à éclairer la salle d'école : 60 F pour l'achat d'une lampe et de l'e huile à brûler ".En 1869, l'instituteur reçoit 800 F par an et l'institutrice 260 F.
En 1887, l'instituteur : 1.200 F et l'institutrice 800 F.
Les enfants de familles très pauvres pouvaient fréquenter l'école gratuitement. En 1841, on en compte 14.
Au XX e Siècle, il n'y eut plus de différence entre les salaires des hommes et des femmes à qualification égale. Toutefois, le salaire d'un instituteur n'a jamais été mirifique. Les ouvriers de l'usine Péchiney à Lannemezan, gagnaient souvent davantage que leurs épouses institutrices.
En 1938, une institutrice débutante, sortant de l'École Normale de Tarbes percevait 12.000 F par an. Elle était logée.
La continuité des études :
La scolarité obligatoire d'abord jusqu'à 13 ans, puis jusqu'à 14 aboutissait au " Certificat d'Études Primaires " dont le niveau était à peu près comparable à celui d'une troisième actuelle. Les enfants qui voulaient poursuivre leurs études au delà du " Certif " étaient contraints à l'internat dans les collèges de la région. L'école " Michelet ", réservée aux filles, à Lannemezan, avait un internat mais l'école " Paul Bert ", réservé aux garçons, n'en avait pas et les garçons devaient prendre pension dans des familles " en ville " ou bien faire le trajet " à pied ".C'est ainsi que vers 1915, Jean CLARENS (Bernade) habitant Houeydets se rendait tous les jours à l'école Paul Bert, à pied, pour préparer son concours d'entrée à l'École Normale. Cela faisait environ 10 kms quotidiens.
Denise CHAUVIER vers 1945 et Elie PIQUE vers 1965, habitaient Castelbajac et se rendaient tous les jours à Lannemezan en vélo (environ 20 kms quotidiens).
Les enfants des quartiers excentrés : Poucourats, Sabathès ou Puyo ne rentraient pas chez eux à midi. Certains mangeaient chez des voisins de l'école, d'autres emportaient leur gamelle qu&appos;ils réchauffaient sur le poële lorsqu'il faisait froid.
Par manque d'effectifs, l'école de Castelbajac ferma ainsi que celle d'Houeydets.
Il n'en reste pas moins vrai que jusqu'au début du XX e siècle, peu de filles suivaient régulièrement l'école. Il était courant de trouver des filles ne sachant pas signer, alors que leurs frères avaient fréquenté les collèges avoisinants.
La vie de Castelbajac pendant la Révolution :
Paris et Versailles étaient bien loin et les médias de l'époque peu performants. La " Prise de la Bastille " ne dût guère perturber les habitants de Castelbajac.Comme les paysans sont toujours enclins à se plaindre de leur sort, ils furent ravis de l'importunité de récriminer qui leur était offerte, par les " Cahiers de doléances ", et les habitants de Castelbajac ne s'en privèrent pas.
Les habitants des villages étaient plus ou moins embarrassés pour rédiger ces fameux cahiers - c'est pourquoi, certains individus plus instruits rédigeaient parfois plusieurs exemplaires à l'usage des communautés intéressées. Certaines revendications étaient communes à tous les citoyens, des blancs étaient laissés pour le nom du village, la date, les signatures et les revendications spécifiques à chaque communauté.
Voici quelques unes des revendications exprimées dans les " Cahiers de Doléances " de Castelbajac.
Cahiers de doléances 1789 :
C. 274 Archives des Hautes-Pyrénées.Castelbajac : Ce malheureux village, qui a cent habitants, pays d'impositions de toute espèce de six à sept mille livres ; frais et travaux déduits, toute la communauté n'en aurait pas pour autant de franc".
Pour éviter les dépenses, Castelbajac se charge d'abréger le temps des Procès ; " que les parlements, dit-il, entrent à sept heures jusques à midi et à trois de relevés jusqu'à six ".
Les hommes de Loi étaient partisans d'une pension accordée au clergé. Castelbajac avait aussi son projet de pension. Il ajoutait, à l'adresse des Évêques, que le Roi devait : " Les renvoyer dans leurs évêchés, y veiller à leur troupeau et dissiper les revenus avec leurs brebis ".
Vers 1753, M. Bernard Descals, curé de Castelbajac et Burg, laissa une fondation pour un maître d'école dans chacun des dits lieux. Le fonds consista en un pré situé au lieu de Burg.
Après avoir demandé :
" Que toutes marchandises ou productions de la terre fussent permises dans le royaume, même le tabac ainsi que le sel, que tous gardes et commis fussent renvoyés ",
le cahier de Castelbajac continuait ainsi :
" Que le commerce sur mer soit libre, que les armateurs puissent envoyer leurs vaisseaux dans toutes les parties du monde et soient protégés et encouragés ".
" Que le privilège exclusif de la Compagnie des Indes soit supprimé sans délai, s'opposant au progrès du Commerce et des manufactures et au progrès de la marine ".Le cahier de Castelbajac demandait la liberté pour la vente du tabac. La culture en était défendue, le cahier général exprime le vœu " qu'il soit permis aux apothicaires de la province de cultiver douze pieds de tabac, cette plante entrant dans plusieurs composition et médicaments nécessaires et importants pour le service du public ".
Cahiers de doléances :
Castelbajac : située dans la partie la plus élevée des cotes de la province, elles sont presque inaccessibles à l'agriculture. La terre que l'on y cultive est enlevée toutes les années par les eaux de pluyes et des neges et ni reste après que une argile ou tuf stérile que cultiver après ne produit que un peu de seigle avoine et millet noir, il faut encore y mettre sept chars de fumier par journal sans quoy il n'y aurait rien après trois récoltes. Il faut la laisser reposer de quatre à six ans et ne produit alors que quelques genets épars et des ronces. Le peu de plaine qui y est en lourde culture produit la même revenu ; il faut plus d'engrais et de six huit ans de repos et ne produit alors que fougères et bruyères et brande ; cette terre paraît demi-morte.De sorte que les pluyes neges greles presque toutes les années ruinent ce malheureux village qui a cent habitants paye d'imposition de toute espèce de six à sept mille livres. Frais et travaux déduits toute la communauté n'en avons pas autant de francs.
... Point de régent, point d'école. Le temps n'est pas éloigné que le notaire ne trouvera pas de témoins pour signer les testaments.
... De sorte que Castelbajac ne peut se suffire dans les années les plus abondantes, un peu de seigle et un peu d'avoine et du millet. Sur tout le village, il n'y a que deux habitants qui aient assez du grain pour vivre, les autres vont acheter du mahy à six lieues de leur foyer pour subsister avec de la bouillie et toutes les années de la bouillie.
Ils désirent et demandent d'être écoutés et d'avoir une messe à leur portée. Ils sont et seront privés d'en entendre une partie l'yver cependant que la communauté paye aux décimateurs plus de trois mille six cents livres pour avoir un vicaire que la communauté paye. Il faut supplier M. le curé qu'il intercède auprès de Monseigneur l'Évêque et de ses vicaires généraux qui l'accordent quand bon leur semble et le supprime pour le plus léger motif malgré que l'on le paye.
Castelbajac demande une église pour son hameau de Houeydets.
Sept chars de fumier par journal (25 ares) - Ce ne peut être qu'un lapsus... sept brouettées serait à peine au dessous de la réalité.
Cent habitants - Il faut lire " cent feux allumants " (cent foyers). Les familles étaient très nombreuses, et compte tenu de l'étude démographique qui a été faite, cela représente de six à sept cents habitants.
- Il est totalement inexact de dire qu'il n'y a ni régent ni école. En fait, il y avait beaucoup d'illettrés, mais cela était imputable aux parents qui ne jugeaient pas utile d'envoyer leurs enfants à l'école existante (voir plus haut, rubrique " Enseignement ").
- Contre-vérité encore, quant au manque de prêtres : l'abbé Clarens occupa le poste de Castelbajac de 1775 à 1790 et l'abbé Monié de 1790 à 1807. La vérité est tout autre : le presbytère était dans un tel état de délabrement chronique que, Évêque et curés successifs faisaient du chantage auprès de la municipalité pour obtenir que soient effectuées des réparations à l'édifice. L'Évêque menaçait de retirer le curé s'il n'était pas logé correctement. En fait les registres paroissiaux nous montrent qu'il y eut un curé résidant au presbytère, pratiquement sans interruption jusqu'en 1945.
- A quoi bon réclamer la libre circulation du sel, alors que la Bigorre était exemptée de la " gabelle ".
- Enfin, nous sommes persuadés que le commerce sur mer et les privilèges de la " Compagnie des Indes " n'étaient pas le souci majeur du paysan moyen de Castelbajac.
Cette récrimination devait être suggérée par le nouveau seigneur qui venait d'acheter les biens et le titre du marquis de Castelbajac. Cet homme originaire de Galan, avait fait fortune à Saint Domingue et y possédait d'importantes plantations de tabac et de canne à sucre.
Contrairement à beaucoup d'idées reçues, la fin du XVII ème et le début du XVIII ème siècles semblent avoir été pour notre village une période de relative aisance. Évidement, nous sommes défavorisés par rapport à d'autres régions, à cause du climat et de l'altitude. Encore que !...Des retables de l'église de Castelbajac, il n'existe, à notre connaissance, ni devis ni factures. Toutefois, si on se réfère à des factures trouvées pour des travaux similaires, dans les paroisses voisines, force est de constater que les habitants de Castelbajac furent très généreux. Encore ne pouvaient-ils donner que ce qu'ils avaient.
La Bigorre était un "Pays d'États", administrée par " les États de Bigorre ". Cette Assemblée était composée de représentants du Clergé, de la Noblesse et du Tiers-État, qui se réunissaient à Tarbes, sous la présidence du Comte de Bigorre et de l'Évêque de Tarbes. La différence essentielle entre les " Pays d'États " et les " Pays d'Élections ", c'est que les impôts étaient répartis et levés sous la direction des États de Bigorre, alors qu'en " Pays l'Élections ", c'étaient des officiers, fonctionnaires du Roi qui répartissaient et surveillaient la levée des impositions. Comme chacun de ces intermédiaires avait tendance à prélever son écot, les charges se trouvaient alourdies d'autant.
Sous l'Ancien Régime, la communauté de Castelbajac était administrée par des consuls, choisis dans chaque quartier par les " chefs de maison " réunis sur la " Place presbytérale ", si le temps le permettait, sinon dans l'église (qui était la maison commune à tous les habitants).
Les registres d'État-Civil, appelés " Registres de Catholicité " étaient tenus par le curé de la paroisse.
Lorsqu'une affaire importante - un procès, par exemple, nécessitait le déplacement d'un représentant de la communauté, les consuls désignaient un " Syndic " qui les représentait.
L'Assemblée Nationale supprima les particularismes, réorganisa et unifia l'administration de la France. Les Provinces disparurent au profit des départements divisés en districts (arrondissements), cantons et communes. L'autorité administrative fut confiée à des agents élus.
Les privilèges de toutes sortes, abolis la nuit du 4 Août, virent les Bigourdans soumis aux mêmes charges fiscales que le reste des Français et ceci devint très lourd pour nos paysans. Beaucoup ne purent faire face à leurs obligations et quelques années plus tard, bon nombre ont vu leurs biens saisis par les huissiers, leurs champs rachetés par des "hommes d'affaires ou marchands de biens" de Galan, Montastruc ou Bonrepos qui s'enrichirent en les revendant à ceux qui purent les racheter.
Le dimanche 13 Novembre 1791, dans l'église de la paroisse de Castelbajac, deux heures après midi, sur convocation faite tant au prône de la messe paroissiale que par affiche à la porte de l'église suivant le décret de l'Assemblée Nationale, ont été assemblés les citoyens actifs de la commune de Castelbajac. Monsieur Monte, curé, expliqua, en français et en langue vulgaire, l'objet de la convocation et a dit que maire, officiers municipaux et notables doivent être élus.
Les bulletins furent remis dans un vase qui a été de suite enfermé dans un coffre à la sacristie.
Le 20 novembre dans l'église, à deux heures d'après-midi les trois plus anciens d'âge ont dépouillé le scrutin. Dominique Mazoe dit Belet ayant été élu maire a, devant le corps municipal prêté le serment de maintenir de tout son pouvoir la Constitution du Royaume, d'être fidèle à la loy et au Roy et de bien remplir ses fonctions.
Seuls avaient voté les " citoyens actifs ". Ce terme désignait ceux qui payaient une contribution directe égale à trois journées de salaire. A Castelbajac, ils étaient 96. Les autres, dits citoyens passifs, n'avaient pas le droit de vote. Ce n'est qu'en 1848 que fut instauré le suffrage universel, lequel ne faisait pas référence aux revenus des individus.
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Entraide apportée par :
- © Madame Marthe Delas.© Marie-Pierre MANET