Le terme "chevalier" tire son origine du mot cheval (du latin caballus) et le mot latin écaballarius", synonyme de "miles" (du latin militaris), veut dire cavalier ; le cavalier est donc un soldat servant à cheval et le chevalier est incontestablement un guerrier à cheval . En ce qui nous concerne, on peut situer la naissance de la chevalerie vers la fin du VIII ème siècle quand Charlemagne, roi des Francs, créait un "Nouvel Empire Romain d'Occident".En effet, pour pouvoir défendre ce nouvel empire, Charlemagne devait forcément disposer de milliers de soldats bien entrainés et c'est pour cela qu'il créa une armée composée de cavaliers, appelés "milites" (au singulier "miles" : soldat, du latin militaris), équipés d'une cotte de mailles, d'un casque en fer et d'un grand bouclier en bois et armés d'une lance, d'une épée et parfois même d'un arc.
L'équipement de ces cavaliers étant tellement efficace, il ne sera pas modifié durant trois siècles puisque cette armée de Charlemagne, puis celle de ses successeurs, fut la seule à pouvoir contenir les offensives des Vickings (descendant de Scandinavie) qui déferlèrent sur le nord et l'ouest de l'Europe occidentale, aux IX ème et X ème siècles mais encore celles des Arabes (venant d'Afrique) sur le sud et des Magyars (venant des steppes asiatiques).
Ces cavaliers furent pour ainsi dire les premiers chevaliers du Moyen-Âge.
Par contre, l'entretien de ces guerriers était très couteux d'autant plus qu'il fallait en déployer tout le long des frontières de cet empire pour en assurer une défense efficace. Durant un certain temps, ces guerriers protégèrent efficacement l'Europe occidentale des invasions Vickings, Hongroises et Musulmanes mais il n'en sera plus de même après la mort de Charlemagne car l'Empire se désorganisera rapidement.
C'est alors que prendra naissance une nouvelle "classe dirigeante".
En effet, comme ces guerriers ne pouvaient plus être entretenus, ils reçurent alors en compensation des terres sur lesquelles les paysans étaient tenus de leur fournir une partie de leur récolte et, de plus, de leur payer un impôt pour assurer leur subsistance. Cette évolution donna aux soldats une nouvelle place dans la société puisque, de simples guerriers à l'origine, ils devenaient membres de la classe supérieure. Toutefois, cette évolution se fit lentement car les anciens nobles n'étaient pas prêts à abandonner leurs privilèges à des rustres et, finalement, guerriers et ancienne noblesse se fondirent pour former une nouvelle aristocratie appelée la chevalerie qui devenait alors une dignité réservée aux nobles. La chevalerie était une dignité que dispensaient ou recevaient, à un certain âge et à certaines conditions, la plupart des possesseurs de fiefs et elle consistait essentiellement dans l'investiture des armes, dans l'admission au rang et aux honneurs des guerriers. Le chevalier était donc un seigneur féodal possédant un fief suffisamment important pour assurer l'armement à cheval. Le Moyen-Âge européen vivra sous la domination de la chevalerie ; le chevalier étant, en temps de guerre, un habile combattant et un cavalier en armes, et, en temps de paix, un propriétaire terrien et un meneur d'hommes.
Au XI ème siècle, il existe donc une société composée de trois classes que sont les seigneurs (du latin seniorem, senior : sieur, sire : maître dans le système des relations féodales puisque de lui dépendaient des terres et des personnes), les clercs (du latin ecclés, clericus : celui qui est entré dans l'état éclésiastique) et l'ensemble des colons (du latin colonus, de colerer : cultiver : personnes non libres attachées au sol qu'elles exploitaient mais de condition supérieure à celle des "serfs"), des manants (du latin manere : demeurer : habitants d'un bourg ou d'un village), des vilains (du latin villanus : habitants de la campagne, dans les villas ; paysans libres) ou serfs (du latin servus : esclave ; personnes sans liberté personnelle complète attachées à une terre frappée de diverses incapacités et assujettie à diverses obligations ; à la différence des esclaves antiques, les serfs avaient la personnalité et leur famille était reconnue) ; les deux premières sont riches, puissantes alors que la troisième est opprimée et misérable.
Cette société est donc constituée, d'une part, par les "nobles" (du latin nobilis : célèbre ; qui est élevé au dessus des roturiers de par sa naissance, ses charges ou la faveur du roi) et, d'autre part, par les "roturiers" (venant de roture, du latin ruptura : rupture ; qui n'est pas noble et qui est donc de condition inférieure dans la société féodale ; le peuple ; par extension, état d'une terre non noble et soumise à redevance).
L'édit de Mersen, signé en 847 entre Louis le Germanique et Charles le Chauve, consacrant le démembrement de la Lotharingie, permet à tout homme libre de se choisir un seigneur et, par ailleurs, le capitulaire de Kiersy-sur-Oise, signé en 877 par Charles le Chauve décréte l'hérédité des fiefs et des offices royaux.
Ces édits consacrent une révolution commencée depuis longtemps et vont permettre l'émergence d'une nouvelle forme d'organisation politique et sociale, appelée "féodalité" (du latin féodalis, féodum : qui appartient à un "fief"), constituée par l'existence de fiefs (du latin feudum qui a d'abord donné "feu" : domaine concédé à titre de "tenure" noble, situation de dépendance d'un fief envers un autre, par un seigneur à son vassal à charge de certains services) et de seigneuries (terre appartenant à un seigneur), qui va régir l'Europe pendant plusieurs siècles.
(© M. Pierre de Moulor)
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