Les routiers pyrénéens
Hautes-Pyrénées
département 65.

(Archives Départementales des Hautes-Pyrénées)



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Accompagnés de quelques Compagnons de Lourdes, les aventuriers de Marsan et du Béarn utilisèrent deux sortes de bases dans leurs opérations de pillage. D'une part, ils disposaient de points d'appui sûrs, comme Mont de Marsan et Captieux, qui dépendants totalement du Comte de Foix leur assuraient une impunité complète ; d'autre part, de simples bases temporaires, enlevées de haute lutte, hors de la mouvance de Fébus, telles Bonglon et Montagut. L'enquête ne permet pas d'établir avec certitude à quelle date la place de Bonglon fut enlevée par Jean de la Motte et les Arnaut de Béarn. Per Arnaut et ses gens semblent s'y être maintenus jusqu'au mois de février de l'année suivante. Il ne s'agissait donc absolument pas de conquérir une place et de s'y tenir, mais simplement de l'utiliser aux fins que nous connaissons. Il fallut pour déloger ces brigands, l'action concertée du "claver" (trésorier) de Casteljaloux, de Pes de Betloc et du sire d'Albret conduisant la noblesse locale : Galhart de la Mote, Berardon et Arnaut d'Albret, Jean de Lomanha, Pierre deMontaut, le sire d'Orbesan, l'ami de Tartas. Il est important de noter sue cette expérience coûta fort cher au pays, tant en fournitures de toutes sortes qu'en argent.

Quelle pouvait donc être alors l'importance et la force de ces redoutables pillards pour provoquer pareille levée de boucliers ?

Ayant leur point d'appui et leurs bases de recel sur les terres du Comté de Foix, il ne pouvait s'agir que de gens de ce dernier ou de ses alliés. Aucun doute n'est permis sur les origines de Per Arnaut de Béarn. Ce chevalier était le cousin naturel de Gaston Fébus, fils de Pey de Béarn, un bâtard de Foix-Béarn. Per Arnaut était, cependant, beaucoup plus que l'un de ces bâtards de noble famille partis chercher fortune loin du pays natal ; il était aussi le chef des Compagnons de Lourdes qui s'étaient, depuis le 12 novembre 1379 engagés à partager avec Fébus les fruits de leurs rapines. Il devait, d'autre part, bien connaître la zone où il opérait ayant été lieutenant général de Marsan qu'il administra pour le compte de Gaston Fébus. La collaboration entre les gens du Comte et les Compagnons n'est donc qu'une manifestation supplémentaire de l'identité de leurs intérêts et du cynisme du Comte.

Au total, Per Arnaut avait une centaine d'hommes sous ses ordres : force assez considérable pour l'époque. Cette redoutable cohorte exerçait ses ravages selon des procédés d'une efficacité éprouvée. Les coups de mains isolés, le brigandage au coin du bois représentaient peu de choses ; il ne s'agit alors que de simples rançons. Mais le procédé le plus usité était celui des expéditions collectives, plus rapides, plus efficaces et aussi moins dangereuses dans la mesure où les communautés paysannes auraient esquissé une parade. Ainsi le 7 août 1382, les routiers de Captieux vinrent ravager en une seule fois la paroisse de Folies. Le 7 septembre de la même année, les routiers de Montagut et ceux de Captieux combinèrent leur attaque contre Curtos. Le 20 novembre 1382, Per Arnaut et ses hommes mirent complètement à sac la paroisse, pillant jusques aux chemises et draps de lit. Le bétail forme l'essentiel des profits en nature. Si l'on excepte le linge et les produits agricoles, les objets les plus recherchés semblent être les instruments de fer que l'on rencontre soit sous le nom de générique de "ferements" soit dans le détail : haches, coutelas, chaudron.

Les rançons tenaient une place aussi large que les profits en nature dans ces pillages. En règle générale, les prisonniers étaient conduits en lieu sûr. L'importance des rançons est généralement proportionnelle à celle du butin en nature, elles pouvaient atteindre près de cinquante francs. Elles atteignaient parfois des familles entières, rançonnés membres après membres. Les morts eux-mêmes trouvaient point gràce auprès de ces pillards, leur famille devait payer rançon pour récupérer le corps du défunt.

Il faut, cependant, noter que les victimes étaient rares et devaient être en quelques sorte accidentelles. Plus éprouvant, peut-être, auxquels n'ayant rien pu prendre, les routiers ont encore enlevé le seul moyen d'existence.




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© Marie-Pierre MANET








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