Les routiers pyrénéens
Hautes-Pyrénées
département 65.

(Archives Départementales des Hautes-Pyrénées)



00036426
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A Lourdes, Pierre-Arnaud de Béarn et son frère Jean de Béarn furent reconnus : "Castelain et cappitaine de Lourde et régent du pays de Bigorre", en 1363, par le Prince Noir ; de cette date, ils prétendront désormais tenir la place au nom du roi d'Angleterre. En fait, ce fut sous la protection de moins en moins déguisée de Gaston Fébus, à partir de 1367-1368 que les brigands terrorisèrent le Toulousain, l'Albigeois et même la Catalogne. Lourdes était appuyée par une autre garnison également aux mains de Béarnais, Mauvezin. Fief de Roger-Bernard de Castelbon, seigneur de Sault de Navailles et cousin de Gaston Fébus, le commandement effectif de Mauvezin fut confié à Raymond l'Aspois (le seul mentionné par Froissart sous le nom de Raymonnet de l'Espée) et à Sansonet de Baleix. Ces deux places contrôlaient étroitement la route Tarbes-Toulouse. Ainsi en arrière du front principal des combats, les routiers tinrent longtemps des places isolées qui pouvaient menacer les Français sur leurs arrières et surtout ravager le Toulousain, principale base française. Lourdes devint une véritable "maison mère" sur laquelle se repliaient les routiers en difficultés ; Menaut de Sallenches conduisit ainsi la bande d'Esnauton de Badefol à Lourdes, lorsqu'elle fut expulsée de la Bouffie par Gaucher de Passac. En 1385, les commandants des places de Juillan et d'Ost se replient sur Lourdes : "...car bien savoient que on les yroit point quérir".

Les Compagnons purent ainsi se livrer à une exploitation systématique du piémont : pour mieux se rapprocher de leur zone opérationnelle, ils occupèrent des points d'appui temporaires de plus en plus rapprochés de Lourdes, sous la pression française. Artigat et Pailhès, places françaises dans le Comté de Foix, furent enlevées par ruse en 1366-67 ; Lutilhous et Tuzaguet, aux frontières du Nébouzan, étaient occupés en 1373 ; Juillan, Cieutat, Navarret et Ost étaient aux mains des Lourdais en 1385. Longtemps, ils utilisèrent la petite cité de Tournay comme centre de recel : "...a celle ville de Tournay ne faisoient-ilz nul mal ne nul dommaige, pourtant que ilz avoient la leur retour et leur passage, et aussi les gens de la ville avoient bon marché de leur pillage et se savoient moult bien dissimuler avec eulx".

Ni le Duc d'Anjou, en 1373, ni Gaucher de Passac, en 1385, ne purent venir à bout de Lourdes qui continua à servir de base de repli. Cependant, après 1373, les Compagnons perdirent la majorité de leurs bases avancées : Mauvezin, Tournay, Lutilhous, Tuzaguet ; les routiers pyrénéens ne tenaient plus que les approches immédiates de la montagne. Tout se passa comme si Gaston Fébus avait pris leur relève et officialisé ainsi la mainmise sur la route Tarbes-Toulouse. Les routiers avaient frayé la voie au Comte de Foix qui n'en eut, d'ailleurs, pas plus de reconnaissance pour cela ; la participation du maréchal de Nébouzan aux opérations contre Lutilhous et Tuzaguet le montre bien.

Le choix n'est pas toujours facile lorsqu'il s'agit de distinguer entre routiers et soldats fidèles à une cause qu'il ne saurait être question d'appeler nationale. Au XIV e siècle, tout soldat était un pillard en puissance et réciproquement ; d'autre part, l'attitude des grands féodaux et en particulier de Gaston Fébus complique singulièrement les données d'un tel choix.




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© Marie-Pierre MANET








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