A ce destin, hors de série, à cette brillante réussite, on peut opposer l'aventure collective et malheureuse des barons béarnais qui, en 1385, s'engagèrent au service du roi de Castille contre le Roi du Portugal. A la bataille d'Aljubarrota, l'affaire tourna au désastre pour la plupart : dix furent tués sur le champ de bataille, un fait prisonnier et cinq furent armés chevaliers.Le Bascot était un isolé, les barons de 1385, engagés collectivement par le roi de Castille, témoignent de la vitalité du Béarn, véritable réservoir d'hommes d'armes de valeur et lui-même à l'abri des combats. A elles seules, quatre familles fournirent neuf combattants connus. On trouve, en effet, trois membres de la famille Balansun : Étienne de Balasun faisait partie du second corps de bataille à Aljubarrota ; Pierre de Balansun fut armé chevalier sur le champ de bataille, enfin Raimond de Balansun y trouva la mort. En 1388, Froissart rencontra à Orthez l'un des deux survivants, seigneur de Balansun. Pierre et Guillaume de Ker faisaient partie de la seconde bataille : le premier tué, le second eut l'honneur d'y être armé chevalier par le roi de Castille. Les sires de Bernech, de la deuxième bataille étaient les seuls à n'être pas béarnais, ils étaient originaires de l'Ariège. L'un d'eux fut tué. Les sires de Bordes furent tous les deux tués.
Les Béarnais sont incontestablement les plus nombreux parmi ces Pyrénéens ; beaucoup eurent des carrières parallèles, à la fois au service de Comte de Foix enrôlés dans les Compagnies, ou au service des Anglais.
Citons quelques routiers :
RAIMOND ARNAUD DE BEARN : vers 1340, ravagea les terres du Comte d'Armagnac, pilla Tartas, Miramont et Sensacq.
PIERRE DE BIERNE (biernois) : il s'agirait d'un béarnais qui était en Auvergne au service de Geoffroi Tête Noire, en 1379.
ARNAUTOU DE PAU ou de Pin : Cousin de Bertrand de Barèges, il était au service de Robert Knolles en 1374 devant Derval. Il accompagnait déjà ce capitaine anglais en 1369. Avec d'autres routiers, il vint mettre le siège devant Réalville, puis il tint garnison à Cahors. Il figure dans un acte de 5 novembre 1376 sous le nom d'Arnautou de Pau. Fortune faite, il rentra au pays et devint le propriétaire de l'hôtel de la Lune à Orthez.
RAIMONET DE L'ESPEE OU RAYMOND L'ASPOIS : Compagnon d'armes du Bascot, il commanda Mauvezin en 1373. Il passa ensuite au service du Duc d'Anjou et le suivit en Italie où il mourut devant Naples.
ESPIOTE : en 1360, il faisait partie de la bande de Seguin de Badefol en compagnie du Bascot de Mauléon. En 1363, il s'engagea au service de Gaston Fébus contre le Comte d'Armagnac ; en 1366, il suivit le Prince Noir en Espagne. Son nom était Menaud de Villers dit Espiote, originaire d'Espiute.
BOSONET DE PAU : avant d'être engagé par Du Guesclin, en 1368, il avait été au service des Anglais. Inculpé de trahison, il fut noyé dans la Garonne le 11 mars 1369 sur ordre du Duc d'Anjou.
GUILLONET DE PAU : appelé aussi Guillaume de Pans ou de Paus, écuyer d'honneur du Comte de Foix, il s'était engagé au service des Anglais. Il avait dû prendre le nom de son pays d'origine.
BERTRAND DE BAREGES OU DE BARUGE : en 1374, il fut au service de Robert Knolles et participa à une sortie sous les murs de Derval. En 1376, il figure dans l'ost du Comte de Foix. En 1384, il passa au service du roi de Castille ; il fut fait chevalier à Aljubarrota et fut tué le jour suivant.
TAILLARDON : écuyer du Comte de Foix, il tenait le fort de Montpin contre Thomas Trivet en 1378. Il faisait partie des bandes de "bretons" qui ravagèrent le bassin de l'Adour.
ESPAGNOLET : un des rares basques attaché à Lourdes et à Castelculier. En 1380, il commandait les bandes qui bloquaient Toulouse. Il s'empara et rançonna deux fois, coup sur coup, le château de Curvale. Il est aussi appelé Espagnolet de Paperan.Si certains de ces hommes appartenaient, même indirectement, à la classe seigneuriale, la grande majorité devait être issue des classes les plus humbles. Le Béarnais, Arnaut de Saberbie qui s'engagea, certainement, dans les bandes de Du Guesclin, vers 1366, et participa à la première expédition de Castille n'était point fils de noble. Peut-être est-ce pour cela qu'il avait moins bonne conscience que le Bascot de Mauléon, et sitôt revenu il entreprit un pélerinage à Notre Dame de Berlane pour dire une neuvaine. Ayant réalisé quelques sommes dans son équipée, il s'établit à Gan, après avoir passé six mois chez un de ses amis palois, Bozom de la Fiite.
Les Compagnons de Lourdes, eux-mêmes, n'étaient point tous bâtards de grandes familles comme leurs chefs.
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