Les routiers pyrénéens
Hautes-Pyrénées
département 65.


(Archives Départementales des Hautes-Pyrénées)



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On mesure l'extrême mobilité des routiers ; ces chevaliers d'aventure étaient partout à la fois, sûrs de trouver dans des places, comme Lourdes et Castelculier, un abri inexpugnable. Car la solidarité est un des traits les plus marquants de l'organisation mise en place par ces pillards.

Il reste à esquisser les destin, hors série, des capitaines de Lourdes, Pierre-Arnaud de Béarn et de son frère Jean de Béarn. Ces deux chevaliers étaient les cousins naturels de Gaston Fébus, leur père, Pey de Béarn, étant lui-même un bâtard de Gaston II de Foix-Béarn. Sans s'éloigner beaucoup du pays natal, Pierre-Arnaud et son frère cherchèrent fortune dans le métier des armes et surent choisir une place exceptionnelle puisque : "...ceulx de Lourde peuvent courir moult avant dedens le royaume d'Aragon et jusques en Castellongues et Barselone".

Il est difficile de décider à quelle date les béarnais s'installèrent à Lourdes, toujours est-il qu'ils furent confirmés capitaines de la place par le Prince Noir, en 1363. L'originalité de la position de Pierre-Arnaud fut donc de représenter officiellement le Prince de Galles à Lourdes et en Bigorre ; face au Duc d'Anjou, les routiers se défendront d'être de simples pillards et prétendront tenir au nom du roi d'angleterre. Leur situation ainsi officialisée par l'autorité anglaise, soutenus par leur puissant cousin, les deux frères devinrent des personnages importants et jouèrent un rôle politique non négligeable.

Installé, capitaine de Lourdes, au moins à partir de 1363, Pierre-Arnaud, l'aîné devint après la rupture du traité de Brétigny, un allié de Gaston Fébus. Vers le milieu de 1370, l'ensemble du Comté de Bigorre fut recouvré par les Français malgré l'énergique résistance du Captal de Buch. Les Anglais perdirent toute la plaine bigourdane et ne gardèrent que Lourdes et les sept vallées. Livrés à leurs seules forces les Compagnons n'auraient su tenir et durent chercher un protecteur. Parents du Comte de Foix, Pierre-Arnaud et son frère se tournèrent d'autant plus naturellement vers lui. Progressivement, le capitaine de Lourdes passa de plus en plus directement au service de Gaston Fébus au point qu'en 1373, le Duc d'Anjou en fit le reproche au Comte car il savait très bien : "...que ses gens de Berne tenoient contre lui Lourde et n'en pouoit avoir raison".

Cette même année 1373, Pierre-Arnaud reçut le 13 janvier la maison noble d'Esgorrabaque et le 18 septembre de la même année il fut reçut dans le conseil du Comte. En 1376, on le rencontre dans les rôles de l'ost de Fébus ; il participa certainement à la guerre de Comminges à la tête des Compagnons. Il semble bien qu'après les vaines démarches du Duc d'Anjou auprès de Fébus en 1377, Pierre-Arnaud ait laissé le commandement effectif de Lourdes à son frère et se soit mis indirectement au service du Comte. Son absence lors de la signature de 1379 peut renforcer cette hypothèse. Aussi l'anecdote rapportée par Froissart et selon laquelle le Comte de Fois aurait : "...feri de sa dague sur le chevalier par tele manière que il le navra moult villainement en cinq lieux", relève du mélodrame. Froissart nous apporte les moyens de rectifier l'erreur : ne fait-il pas assister Pierre-Arnaud, lui-même, aux obsèques de son prétendu meurtrier. Il était, au contraire, devenu l'homme de confiance du Comte qui le nomma lieutenant général de Marsan, le 28 octobre 1378. Nous le retrouverons à la tête des bandes béarnaises qui ravagèrent le pays de Castejaloux. Après la mort de Gaston Fébus, Pierre-Arnaud siégea aux États du Béarn (9 août 1391) et fut nommé le 10 décembre 1398, lieutenant général en Pays de Foix par Archambaud de Grailly. Il disparaît ainsi à l'extrême fin de XIV e siècle, sans que nous connaissions la date exacte de sa mort.

Jean de Béarn paraît avoir joué un rôle politique moindre et s'être surtout réservé le commandement de Lourdes. Le 12 novembre 1379 ; en l'absence de son frère, ce fut lui qui signa la convention avec Fébus. La même année, le roi d'Angleterre le nomma sénéchal de Bigorre et Henri IV devait même lui conférer le titre de bourgeois de Bordeaux. En 1407, lors du siège de Lourdes (1 er janvier 1406 - 12 octobre 1407) il était toujours capitaine de Lourdes. Après la reddition de la place qui eut lieu, semble t-il en son absence, Jean de Béarn se retira auprès de Charles III de Navarre, dit le Bon. Les relations entre la couronne de Navarre et Jean de Béarn avaient été étroites. Les Comptes de la Couronne de Navarre nous permettent d'en suivre brièvement l'évolution. Elles ne sont mentionnées pour la première fois qu'en 1386, mais tout laisse à penser qu'elles étaient déjà anciennes.




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